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09/02/2011



EXTRAITS D' OUVRAGES

EXTRAITS DU MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON ED. DE L'AMANDIER 2013

Editions Via Valeriano- Léo Scheer-( Théâtre)- Création Théâtre de la Minoterie à Marseille et au Théâtre Antoine Vitez à Aix avril 2003, mise en scène Mathieu Cipriani.



EXTRAITS DU MONOLOGUE DU PRENEUR SE SON


MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON, SÉQUENCE 1 TEMPS 2 (EXTRAIT 1)


OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
1 100 % d’inflation en Amérique du Sud,
33 millions de noirs dans les ghettos des
USA dont 50 % des 15-20 ans en prison et
je ne sais plus combien de viols. Vous
rechercherez. Mais passez vite. Donner des
chiffres fait sérieux mais empoisonne tout le
monde. Surtout choisissez bien les images
qui passent dessus. Du pittoresque.
N’importe quoi mais qui arrache l’oeil.
L’Amazonie si vous voulez. Ou ce qu’il en
reste ! Encore une chose, entre les morts de
famine, de sida ou de massacres, vous
trierez. Pas tout ensemble la même fois.
Inutile de brûler d’entrée vos meilleures
cartouches. Un final sur les Top Model est
toujours bienvenu ; ce sont les étoiles de
notre crépuscule. Je ne sais plus laquelle dit
n’accepter de sortir de son lit que pour
gagner en une heure le salaire d’une vie
entière d’un ouvrier ou le coût de la
construction d’un puits pour 250 Africains
assoiffés. C’est le genre d’obscénité
qu’adorent les ménagères. L’attendrissement
scandalisé a des vertus érotiques. Appuyez
ce qu’il faut mais sans trop insister car votre
salaire aussi est obscène. Vos états d’âme en
sont le luxe.

NO-LA-FEMME-NO
je suis là et je dis me voilà me voilà
pleine de peine et de colère
je dis me voilà comme
me présentant à des orbites vides

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
La moitié du monde se noie dans la merde
et le sang. L’océan devient une poubelle, la
terre un contener de déchets imputrescibles
et la voûte céleste le pot d’échappement des
marmites nucléaires qui se fissurent en nous
lâchant leurs pets radioactifs à la figure. Et
alors ? Ce sont d’excellentes rentes de
situation pour nous qui gagnons notre
audience à le dire. Celui qui, dans cinquante
ou cent ans, commercialisera la lessive
cosmique, nous distillera de l’eau buvable et
de l’air respirable fera une fortune
"kolossale". Ce sera un bienfaiteur de
l’humanité. Mais ces bienfaiteurs là
préfèrent qu’on leur lèchent les bottes plutôt
qu’on leur allume des cierges. Ou alors pas
n’importe quel cierge !

NO-LA-FEMME-NO
moi ici pleine de peine et de colère si autre
devenue et quoi devenue ?
et en même temps présente ici me voilà
moi ici

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Ma vulgarité vous choquerait-elle plus que ce
que je viens de dire ? Elle n’est pas pire que
Bach sur le fromage ou Mozart vantant les
mérites du cassoulet. Vous êtes une
pharisienne chère amie. Une charmante et
délicieuse hypocrite qui tient au civilisé des
apparences et peu importe que sous le
couvercle du chaudron doré pourrisse un
charnier de cadavres. Il ne faut l’entrebâiller
qu’à heure fixe et en des termes recevables. Je
pratique comme vous dans la même église de
la bonne conscience, mais seulement en
public. En privé je suis encore capable de
savoir à quoi m’en tenir. C’est une question
d’hygiène.

NO-LA-FEMME-NO moi ici me voilà pleine de peine
et de colère
fermée enfermée sans plus
d’oreille pour entendre
ici en silence murée emmurée dans
le silence

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
C’est cela le fond du fond. Suivre la vague. Et il
y faut plus d’effort que vous ne croyez. Un
instinct de chasseur. L’immémorial art de la
chasse. Je l’ai regardée, moi, votre masse et
écoutée et observée et je m’y suis fondu pour
saisir la quintessence de son désir secret. Et je le
comble ce désir. Je le guette et traque sans cesse
car il est versatile et surprenant.Mais là est le
plaisir du chasseur. Je crains que votre nature
féminine ne vous empêche de me bien
comprendre. Vous connaissez ma misogynie.
Dès que les femmes courent après l’intelligence,
elles perdent tout instinct et pour séduire les
foules ce qu’il faut c’est de la force et de
l’instinct. Et

NO-LA-FEMME-NO
pleine de peine et de colère moi ici pleine
de peine et de colère
fermée enfermée sans plus d’oreille pour
rien
parce que pas d’oreille nulle part pas
à longs cris de peine et de colère à très
longs cris de peine et de colère
pour entendre comme
on ne peut pas exprimer ni entendre la
peine et la colère
alors moi ici murée emmurée fermée
enfermée pleine de peine et de colère
moi ici qui ai tant aimé tant célébré ici
moi ici

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Croyez-vous que les preux chevaliers
considéraient les manants qu’ils piétinaient
sous leurs chevaux et que le patricien romain
se souciait de la plèbe autrement que pour
veiller à ce qu’elle se tienne tranquille ? Chair
à canons, chair à image, vos opprimés et
leurs misères constituent une part de votre
fond de commerce. N’usurpez pas ce qui
leur reste : le privilège de l’humanité. C’est
le seul endroit où elle subsiste, du côté des
victimes. Dès que l’occasion leur est donnée
d’étriper à leur tour, ils se régalent vos
opprimés d’hier et produisent leur lot de
nouvelles victimes de façon à alimenter le
cycle d’un indispensable renouvellement du
stock de pauvres diables dont la fonction est
de nous rappeler qu’une conscience palpite
au fond de notre ordure. Alors, palpitez,
mais ne vous appropriez pas la seule chose
qui leur reste.
L’histoire s’écrit en technicolor par les
vainqueurs. Les salauds meurent béats dans
leur lit et la défense des pauvres types

NO-LA-FEMME-NO
pas d’oreille nulle part pour entendre les
peines
les miennes et toute les autres murées
fermées enferméespas
d’oreille jamais pour entendre
comme il faudrait
à longs cris de peine et de colère à très
longs cris de peine et de colère

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Vous êtes ici dans l’Eglise des temps
modernes. Un mélange de bordel, de
conciergerie et de prêche. Regardez, mais
regardez donc nos écrans. Vous y voyez
défiler le monde entier, le meurtre, la
fornication, le viol, la guerre, les
tremblements de terre et les épidémies et, à
côté, le raffinement exquis de l’art et de
l’intelligence, les bons sentiments sincères
et fictifs, l’obstination obtuse des uns,
l’opportunisme profiteur des autres et la
courageuse sagacité de quelques uns, tout
défile sous vos yeux en une chronique
inimaginable même au plus grand des
poètes et face à un public qu’aucun
prédicateur n’aurait osé rêver.
Que croyez-vous que ce soit, sinon le plus
vieux visage du monde : celui de la
puissance. Ce n’est pas parce que
n’importe qui peut du fond de son canapé
assister à la jouissance ou à la mort de son
semblable que quoi que ce soit a changé.

NO-LA-FEMME-NO
Pas d’oreille nulle part pour entendre les
peines
pour entendre peine et colère
pas d’oreille jamais pour entendre
comme il faudrait
à longs cris de peine et de colère à très
longs cris de peine et de colère
pour entendre comme
on ne peut pas exprimer ni entendre la
peine et la colère
alors moi ici murée emmurée fermée
enfermée pleine de peine et de colère
moi ici qui ai tant aimé tant célébré ici
moi ici


OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Croyez-vous que les preux chevaliers
considéraient les manants qu’ils piétinaient
sous leurs chevaux et que le patricien romain
se souciait de la plèbe autrement que pour
veiller à ce qu’elle se tienne tranquille ? Chair
à canons, chair à image, vos opprimés et
leurs misères constituent une part de votre
fond de commerce. N’usurpez pas ce qui
leur reste : le privilège de l’humanité. C’est
le seul endroit où elle subsiste, du côté des
victimes. Dès que l’occasion leur est donnée
d’étriper à leur tour, ils se régalent vos
opprimés d’hier et produisent leur lot de
nouvelles victimes de façon à alimenter le
cycle d’un indispensable renouvellement du
stock de pauvres diables dont la fonction est
de nous rappeler qu’une conscience palpite
au fond de notre ordure. Alors, palpitez,
mais ne vous appropriez pas la seule chose
qui leur reste.
L’histoire s’écrit en technicolor par les
vainqueurs. Les salauds meurent béats dans
leur lit et la défense des pauvres types
rapporte à la fois confort et bonne
conscience. Spécialisez-vous là dedans
puisque tel est votre talent, mais ne vous
en vantez pas auprès de moi.

(…)

MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON, SÉQUENCE 1 TEMPS 2 (EXTRAIT 2)

DOTY-LA-SOEUR-DE

Je rêve d’assassiner mon voisin.
Je rêve de tuer
mon voisin
de l’exterminer, de l’étriper, de le réduire à
néant je rêve
Je rêve de
le tuer, exterminer, étriper, égorger.
Car mon voisin hurle. Il hurle d’une
manière folle, déraisonnable, révoltante,
insupportable. Il hurle comme un perdu en
grattant sa guitare ou plutôt en écorchant sa
guitare, en arrachant les cordes de ce que je
suppose être une guitare et en arrachant les
cordes de ce que je suppose être sa voix, de
ce qui voudrait être une voix ou un chant
mais qui est une agonie du chant, une
torsion désespéré du chant pour échapper à
l’agonie que lui fait subir mon voisin qui
est une sorte de sadique du chant et de la
musique et qui les cloue, les tord, les pèle,
les tabasse jusqu’à ce qu’ils meurent dans
des hurlements.
Mon voisin
est un
malade profond du chant et de la musique
qui les traque d’une passion forcenée et
morbide,
d’une passion aveugle et douloureuse, sans
espoir et sans retour, sans parvenir jamais à
sortir une note juste de sa gorge ni un
accord de ses doigts. Mon voisin est un
bourreau de la musique qui s’obstine de
façon obsédante à la poursuivre et
l’étreindre jusqu’à ce qu’elle agonise
exsangue dans sa bouche et entre ses
mains. Mon voisin est un meurtrier de la
musique qui depuis dix ans perpètre
chaque jour le même crime sans parvenir à
sortir de sa folie compulsive.
Mon voisin est un monstre
de bêtise et de surdité.
Un monstre
d’égoïsme et d’aveuglement.
Mon voisin est un fléau pour tous ceux qui
l’entendent de force et qui comme moi
rêvent de lui rentrer ses braillements dans
la gorge.
Et je rêve de tout mon être qu’il m’est enfin
possible de le faire définitivement taire.
Je rêve allongée sur mon lit tandis que ses
cris d’orfraie me déchirent les oreilles,
Je rêve que ces cris sont des tessons qui lui
déchirent la gorge et qu’il meurt
déchiqueté par l’horreur sortie de sa
bouche, que cette monstruosité produite
par sa voix se matérialise en scie et lui
découpe la langue et ces images ont pour
moi la valeur sublime d’une rédemption.
Je respire
Je respire plus légèrement
Je respire
J’ai envie de lui crier « respire, abruti,
respire ! », mais je sais que mon cri serait
vain tant l’abrutissement de cet homme est
profond et…
Et je vois cet insondable abrutissement
s’étirer comme une immense steppe où je
pourrais enfin fuir ses hurlements
misérables. Mais les hurlements me
poursuivent, la steppe s’évanouit et à
nouveau cette horreur de voix hurlante
maculée de lambeaux de musique écorchée
dégringole sur mon lit.
Je vais m’élancer, bondir, grimper jusqu’à
l’étage du dessus et décharger un revolver
sur mon voisin
mais je ne le fais pas
je ne peux pas
je n’arrive pas
mais je meurs d’envie de le faire
je suis malade d’envie de le faire
malade d’envie je suis malade.

(…)

MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON TEMPS 3 (EXTRAIT 3)

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Il y a le fou ou la folle qui écrit des lettres
d’au-delà et se fait appeler le poète mort ou
la poète morte je crois.

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
A moins qu’il ou elle ne soit vraiment mort
ou morte. Il paraît que devant sa tombe sa
mère a dit : “tu aurais mieux fait de ne pas
naître”.

DOTY-LA-SOEUR-DE
C’est ce que raconte Rauber qui l’aimait
avant sa mort ou sa folie et encore
maintenant dans sa mort ou sa folie.

NO-LA-FEMME-NO
C’est pour ça qu’il ne parle presque plus sauf
avec cette âme morte.

FILS-LE-FILS-POUR-TOUJOURS
Et aussi avec la Femme-No qui maintenant se
le partage avec l’âme morte.

DOTY-LA-SOEUR-DE
Et dans tout ce silence il écoute.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Il paraît qu’il enregistre tout…

NO-LA-FEMME-NO
Pour faire comme faire comme la vie qui passe
et clouer la mort

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
C’est sa façon à lui de…

NO-LA-FEMME-NO
Comme sa soeur a sa haine.

FILS-LE-FILS-POUR-TOUJOURS
Ils ont fini par se haïr après s’être aimés.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Je ne sais plus très bien parce que c’est trop
lointain. Trop passé.

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Peu importe, aujourd’hui ils se détestent.

DOTY-LA-SOEUR-DE
Lui il aime son âme morte et une femme dont
je ne connais que le surnom de No.

FILS-LE-FILS-POUR-TOUJOURS
On dit qu’elle, elle est de passage.

NO-LA-FEMME-NO
De passage partout et même avec ellemême

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
On pense qu’elle l’aime aussi mais que la
colère l’habite…

DOTY-LA-SOEUR-DE
Et qu’elle finira par le sacrifier à cela qui
l’habite.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
À la colère qu’elle a…

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS
Il parait qu’elle vient du mépris qu’elle aurait
reçu avant, ailleurs ou d’autre chose
d’identique.

FILS-LE-FILS-POUR-TOUJOURS
De choses humiliantes, humiliantes ou
terribles ou les deux.

OTTO-LOYAS-LE-MEDIABOSS On ne sait pas mais c’est sûr qu’elle se
vengera…


MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON, SÉQUENCE 1 TEMPS 3 (EXTRAIT 4)

DOTY-LA-SOEUR-DE
Tu te prends pour le Christ !

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Cette méchanceté immédiate chez toi !

NO-LA-FEMME-NO/ LE-LA-POÈTE-MORT(E)
recenser j’ai pensé il fallait recenser
toujours ainsi commencer par compter des
groupes populations masses recenser
classer compter ordonner afin que dans
le chaos dans l’immensité du chaos
entre un ordre pénètre comme l’illusion
d’un ordre je me suis dit qu’il fallait
rassembler des mots comme des morceaux
des miettes des tronçons de mots et
j’ai…

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Il suffit que j’apparaisse pour que tu vires
infecte. Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu
me détestes autant que tu m’as aimé ? La
racine du mal est toujours là : dans l’amour.
On ne devrait jamais accepter. Un nid
d’étoiles et puis après… une férocité rapace
qui vous éclôt sous le ventre et finit par vous
arracher les boyaux. Ca s’appelle couver un
serpent en son sein puis tomber sur un bec !
Ris, mais ris donc !

DOTY-LA-SOEUR-DE Ridicule. Il faut toujours que tu en fasses
trop ou pas assez. Tu te juches sur les
sommets ou te jettes dans le précipice. Mais
tu n’es que comme tout le monde mon
pauvre.
RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Ce savoir du mal et le plaisir que tu en tires,
je ne sais pas qu’en faire. Comme devant ce
jeune homme maigre et sanguinolent debout
au milieu des cadavres de femmes et
d’enfants qu’il venait d’égorger. Avec ces
yeux si vides qui creusaient une tombe au
milieu de son visage. La pitié m’a submergé
et j’ai vidé mon chargeur sur lui dans un
sursaut comme si je cherchais à tuer le mal
même avec son visage d’adolescent égaré.
Après j’ai vomi et j’ai eu honte.

NO-LA-FEMME-NO / LE-LA-POÈTE-MORT(E)
je me suis dit qu’il fallait sonder aller
voir puis rassembler entasser
mettre en tas les mots qui sortiraient et
alors il est sorti dans le désordre
les insultes puis encore les insultes puis
des tentatives de méchanceté dure et
cristalline et j’ai compté

DOTY-LA-SOEUR-DE
Je vais te plaindre !

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Je n’ai jamais pu admirer le mal. C’est ça que
tu ne supportes pas en moi : cette naïveté
douce qui t’émouvait autrefois. Le père avait
tort. C’est moi la fille selon son coeur avec
tout ce qu’il attendait toujours des femelles -
cette compassion qu’il y cherchait -. Les
autres femmes lui faisaient peur.

DOTY-LA-SOEUR-DE
Laisse nos parents tranquilles !

(…)

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Tu les adoreras jusqu’à ta mort ?

DOTY-LA-SOEUR-DE
Tu me dégoûtes.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
C’est que moi n’ai pas cédé. C’est pourtant
si forts le pouvoir, la cruauté. Dur. Net. A
côté de ces bites d’acier, la bonté est une pisse
tiède. Je…
DOTY-LA-SOEUR-DE
Tais-toi ! Respecte au moins ta propre
maison et tes propres morts.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON Ceux-là je te les interdis. Tu ne les touches
pas. Tu ne les approches pas. Ni mes morts
ni mes vivants. Va pondre tes oeufs ailleurs
que dans ma vie ! Et cesse de guetter l’heure
où je viendrai mendier ! N’y compte pas.
Jamais.Même en rampant, je foutrai encore
le camp pour aller crever à l’air libre.

(…)

DOTY-LA-SOEUR-DE
Tu es répugnant.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Laisse, laisse tomber ! Une chape de buis te
glissera des épaules. La paralytique jaillira de
son corset de fer. Tu pourras enfin cesser de
rentrer le cou. Tu ferais un grand
mouvement de tête et tu serais libre.
Débarrassée. C’est que je ne partage pas ta
haine qui la multiplie, mais je ne t’aime pas
assez pour te haïr.
Allez, abandonne. En souvenir du temps
où nous avions des rires et des nuits
entières pour nous raconter.

DOTY-LA-SOEUR-DE
Il y a longtemps que j’ai fait une croix dessus.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Tu auras fait tant de croix dans ta vie qu’elle
n’est plus qu’un cimetière. Mais qu’est-ce que
tu veux demoi ?Qu’est-ce que tu as rêvé ?Que
j’allais vivre avec toi ? Devenir ton amant ?

DOTY-LA-SOEUR-DE
Tu es obscène.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
Depuis la mort de la mère, tu cherches à
poursuivre avec moi votre querelle
inépuisable.

DOTY-LA-SOEUR-DE
Je t’interdis ! Crois-tu toujours tout savoir de
tous ! C’est ignoble cette prétention, cet
égoïsme, cet amour-propre qui te ferait
piétiner n’importe qui.

RAUBER-LE-PRENEUR-DE-SON
L’amour propre te va à toi, pas à moi. Moi,
j’ai l’amour sale. Celui du sexe et de la sueur.
Celui que tu n’as jamais voulu connaître.
Celui qui blesse, déchire, salit. Qui fend les
âmes et les corps. Tu n’as pas de fente. Pas de
fissure. Pas de corps par où être femme ou
homme. Seulement envier, haïr et serrer son
âme comme ses cuisses.

DOTY-LA-SOEUR-DE Salaud !

(…)

Vendredi 13 Mai 2005
Lu 2714 fois

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Revue Cités N°73,
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Anthologie du Printemps
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La beauté, éphéméride
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Anthologie
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Le désir aux couleurs du poème,
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cb
22/11/2010