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Rien ne rappelle les arbres. Ils se rappellent à eux-mêmes. Appelant aux voix des chênes de Dodone. Dans la feuille, la feuille où j’écris la raconte. Aux cycles de l’histoire dans le compas des troncs coupés. Ses miettes muettes. Le bois des lances et des épieux. L’olivier d’Athéna. Le gui des Banfilés et des Bandruis. Les vieilles bavardant sous le micocoulier, près du cimetière. Joues appuyées contre le rugueux de l’écorce, le disparu et le vif collent les lèvres à la résine. Comme s’il devenait possible d’imaginer la mort.
***
Le pin du portail qui accueille et raccompagne, la nuit courbée à son portique. Le néflier, ses feuilles sombres luisantes glacées. Où nichent des fruits divisés à cavités de grottes. L’élégance du cèdre dans son dressé. Au théâtre des arbres ils deviennent nous et nos déplis. La face d’Hermès dans une branche cachée. Les visages qui en adviennent. Chacun d’eux loge en lui-même ce qu’il lui est possible d’être. Entre la perpendiculaire des branches et la déclinaison incertaine des mots. Avec l’exactitude d’arbres s’enracinant.
***
Hésitation soudaine dans la buée des treillis. Dans le roux et le doux de septembre avancé. Le diable dénudé des branches fourchues dans la nuit basse. Interrogeant. Les arbres vont comme les pierres. Dans leur être. Et nous genoux pliés, jarret tendus, dans l’incertitude du nôtre. Creusant sous nos pieds l’indécidable. Comme à la ligne d’arbres des pampilles de givre allumées par les phares éclairent leurs rameaux sous des pattes de pies.
***
Un arbre tremble. Son ombre plus encore. Manteau dans l’accroc qui la partage. Drap de frais tendu sur un lit d’herbe. Des bouts de rien dans sa treille. Barque de branches courtes qui étreint du temps. Posé visible. Croître mûrir vivre et déjà de mort dormir entre des bras potelés de feuilles.
***
Je compte : les pins, le mimosa, le figuier, le plaqueminier, l’olivier, le néflier, le citronnier, le mandarinier, l’amandier, l’acacia, le cèdre, les cyprès, le palmier et j’ai fait le tour des arbres du jardin mer. Chez moi. Sur la colline cerclée par la mer. Sa masse de bleu compact et minéral. Je compte : les noisetiers, les noyers, les cerisiers, les pruniers, les châtaigniers, les pommiers, les sapins, les mélèzes, les chênes et j’ai fait le tour du jardin haut perché contre la pente des adrets. Chez moi. Dans la vallée qui serpente de part et d’autre du torrent. Des deux je suis née. Des deux je suis accompagnée. Flanquée de ma troupe d’arbres pacifiques. De mes gardiens de bois sereins. Compatissants à toute peine. Compagnons fervents et sûrs. Taciturnes et gais aussi dans la floraison printanière et l’abondance des fruits. Ce sont mes familiers. Dont l’ombrage m’abrite jusque dans les villes dures où je vis. Avec ma paysannerie maladroite. Mon pas lourd comme eux. Leur lointain qui fait mon âme libre. Chevillée à leurs troncs. Dispersée dans leur roulis de feuilles labiles. Ils sont mon silence. Aux nervures palimpsestes de leur écorce, j’ai appris, avant toute parole, d’où je venais et où je retourne. Dans leur debout doublé d’ombre couchée.
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Le pin du portail qui accueille et raccompagne, la nuit courbée à son portique. Le néflier, ses feuilles sombres luisantes glacées. Où nichent des fruits divisés à cavités de grottes. L’élégance du cèdre dans son dressé. Au théâtre des arbres ils deviennent nous et nos déplis. La face d’Hermès dans une branche cachée. Les visages qui en adviennent. Chacun d’eux loge en lui-même ce qu’il lui est possible d’être. Entre la perpendiculaire des branches et la déclinaison incertaine des mots. Avec l’exactitude d’arbres s’enracinant.
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Hésitation soudaine dans la buée des treillis. Dans le roux et le doux de septembre avancé. Le diable dénudé des branches fourchues dans la nuit basse. Interrogeant. Les arbres vont comme les pierres. Dans leur être. Et nous genoux pliés, jarret tendus, dans l’incertitude du nôtre. Creusant sous nos pieds l’indécidable. Comme à la ligne d’arbres des pampilles de givre allumées par les phares éclairent leurs rameaux sous des pattes de pies.
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Un arbre tremble. Son ombre plus encore. Manteau dans l’accroc qui la partage. Drap de frais tendu sur un lit d’herbe. Des bouts de rien dans sa treille. Barque de branches courtes qui étreint du temps. Posé visible. Croître mûrir vivre et déjà de mort dormir entre des bras potelés de feuilles.
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Je compte : les pins, le mimosa, le figuier, le plaqueminier, l’olivier, le néflier, le citronnier, le mandarinier, l’amandier, l’acacia, le cèdre, les cyprès, le palmier et j’ai fait le tour des arbres du jardin mer. Chez moi. Sur la colline cerclée par la mer. Sa masse de bleu compact et minéral. Je compte : les noisetiers, les noyers, les cerisiers, les pruniers, les châtaigniers, les pommiers, les sapins, les mélèzes, les chênes et j’ai fait le tour du jardin haut perché contre la pente des adrets. Chez moi. Dans la vallée qui serpente de part et d’autre du torrent. Des deux je suis née. Des deux je suis accompagnée. Flanquée de ma troupe d’arbres pacifiques. De mes gardiens de bois sereins. Compatissants à toute peine. Compagnons fervents et sûrs. Taciturnes et gais aussi dans la floraison printanière et l’abondance des fruits. Ce sont mes familiers. Dont l’ombrage m’abrite jusque dans les villes dures où je vis. Avec ma paysannerie maladroite. Mon pas lourd comme eux. Leur lointain qui fait mon âme libre. Chevillée à leurs troncs. Dispersée dans leur roulis de feuilles labiles. Ils sont mon silence. Aux nervures palimpsestes de leur écorce, j’ai appris, avant toute parole, d’où je venais et où je retourne. Dans leur debout doublé d’ombre couchée.
