BIOBIBLIOGRAPHIE
Mme Desautels recevra officiellement le prix Athanase-David, décerné dans le domaine de la littérature, à l'occasion de la remise des Prix du Québec à l'Assemblée nationale, à Québec, le 3 novembre 2009. C'est la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, qui lui remettra ce prix. Le prix Athanase-David est l'un des onze Prix du Québec décernés à des personnalités de la science et de la culture pour l'ensemble de leur carrière.
DENISE DESAUTELS
Membre de l’Académie des lettres du Québec
Depuis 1975, elle a publié un récit, Ce fauve, le Bonheur (Éditions de l’Hexagone, 1998), un abécédaire, Ce désir toujours (Éditions Leméac, 2005), et une vingtaine d’ouvrages de poésie, qui lui ont valu de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières pour Leçons de Venise (Éditions du Noroît, 1990), les prix du Gouverneur général du Canada et de la revue Estuaire pour Le saut de l'ange (coédition Le Noroît et L'Arbre à paroles, 1992), et les prix de la Société des écrivains canadiens et de la Société Radio-Canada pour Tombeau de Lou (Éditions du Noroît, 2000). Elle a collaboré à une quinzaine de livres d’artistes réalisés, à Montréal, aux Éditions Roselin et, en France, chez Collectif Génération, à La Cour Pavée, à La Sétérée et chez Noria Éditions, entre autres. Elle est aussi l’auteure de cinq dramatiques radiophoniques, dont l’une, Voix, enregistrée à Cologne et mise en ondes par le réalisateur suisse Michel Corod, a été primée par les radios publiques de langue française. Mémoires parallèles, une anthologie de son travail poétique — choix et présentation de Paul Chamberland —, a été publié aux Éditions du Noroît, en 2004, et The Night Will Be Insistent, Selected Poems : 1987-2002 — traduction de Daniel Sloate —, chez Guernica Editions (Toronto), en 2007. Ses deux derniers ouvrages, Le cœur et autres mélancolies (Éditions Apogée, Rennes) et L’œil au ralenti (Éditions du Noroît), sont également parus en 2007. Plu¬sieurs des textes de Denise Desautels se retrouvent dans des revues et des anthologies, d’ici et d’ailleurs, et ont été traduits dans diverses langues.
Vice-présidente de l’Académie des lettres du Québec, de 1996 à 2002, membre du comité organisateur de la Rencontre québécoise internationale des écrivains, depuis 1997, et membre de nombreux jurys de bourses et de prix littéraires, Denise Desautels a été à plusieurs reprises boursière du Conseil des Arts du Canada, et du Conseil des arts et des lettres du Québec, ce dernier lui ayant accordé, en mars 2005, une bourse de carrière pour sa «contribution exceptionnelle à la culture québécoise». La «Médaille Échelon Vermeil», la plus haute distinction ac¬cordée par la ville de Paris, lui a été remise, en mars 1999, au moment du Salon du livre de Paris où le Québec était à l’honneur.
Denise Desautels a été écrivaine en résidence à la Villa Beauséjour (Rennes), à l’automne 2005, et à la Maison des Ailleurs (Charleville), au printemps 2009.
Bibliographie Denise Desautels
Poésie
L’œil au ralenti, postface de Lise Lamarche, Montréal, Éditions du Noroît, 2007.
Le cœur et autres mélancolies, Rennes, Villa Beauséjour et Éditions Apogée, coll. «Piqué d’étoiles», 2007.
The Night Will Be Insistent, Selected Poems : 1997-2002, traduit par Daniel Sloate, Toronto, Guernica Editions, 2007.
Ce désir toujours, Un abécédaire, Montréal, Éditions Leméac, coll. «ici/l’ailleurs», 2005.
Mémoires parallèles, anthologie (choix et présentation de Paul Chamberland), Montréal, Éditions du Noroît, coll. «Ovale», 2004.
Pendant la mort, Montréal, Éditions Québec Amérique, coll. «Mains libres», 2002.
Tombeau de Lou, autour de Visions domestiques, photographies d’Alain Laframboise, Montréal, Éditions du Noroît, 2000. Prix des écrivains canadiens et prix de la Société Radio-Canada.
«Ma joie», crie-t-elle, avec huit dessins de Francine Simonin, Montréal, Éditions du Noroît, 1996.
Cimetières : la rage muette, autour de photographies de Monique Bertrand, Montréal, Éditions Dazibao, coll. «Des photographes», 1995.
Le saut de l'ange, autour de quelques objets de Martha Townsend, Montréal et Amay (Belgique), coédition Le Noroît et L'Arbre à paroles, 1992. Prix du Gouverneur général du Canada, prix du Signet d’or de Radio-Québec et prix Terrasses Saint-Sulpice de la revue Estuaire.
Leçons de Venise, autour de trois sculptures de Michel Goulet, Saint-Lambert, Éditions du No¬roît, 1990. Prix de la Fondation Les Forges.
Mais la menace est une belle extravagance, avec des photographies d’Ariane Thézé, suivi du Signe discret, Saint-Lam¬bert, Éditions du Noroît, 1989. Prix du Journal de Montréal.
Le signe discret, avec des dessins de Francine Simonin, Lausanne, Éditions Pierre-Alain Pin¬goud, 1987.
Un livre de Kafka à la main, avec des photographies de Jocelyne Alloucherie, suivi de La blessure, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1987.
Écritures / Ratures, «textes d'atelier», avec des dessins de Francine Simonin. Saint-Lambert, Éditions du Noroît, coll. «Écritures / Ratures», 1986.
La répétition, avec des photographies de La salle de classe, installation d’Irene F. Whittome, Montréal, Éditions de La nouvelle barre du jour, 1986.
Nous en reparlerons sans doute, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, à partir de cinq photographies de Raymonde April, Laval, Éditions Trois, 1986.
: dimanche, Montréal, Éditions de La nouvelle barre du jour, 1985.
L’écran précédé de Aires du temps, avec deux dessins de Francine Simonin, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1983.
En état d’urgence, avec un dessin de Francine Simonin, Montréal, Éditions Estérel, 1982.
La promeneuse et l’oiseau suivi de Journal de la promeneuse, avec une gaufrure et un dessin de Lucie Laporte, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1980.
Marie, tout s’éteignait en moi, avec des dessins de Léon Bellefleur, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1977.
Comme miroirs en feuilles, avec un dessin de Léon Bellefleur, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1975.
Poésie jeunesse
La marathonienne, avec des reproductions d’estampes de Maria Cronopoulos, Montréal, Éditions de La courte échelle, coll. «Poésie», 2003. Mention spéciale du jury du Prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature jeunesse 2005.
Récit
Ce fauve, le Bonheur, Montréal, Éditions de l’Hexagone, coll. «Fictions», 1998.
Correspondance
Lettres à Cassandre, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, postface de Louise Dupré, Laval, Éditions Trois, 1994.
Livres d'artistes
Quai Rimbaud, en collaboration avec Gabriel Belgeonne et Jacques Fournier, Gerpinnes (Belgique) et Montréal, Éditions Tandem et Éditions Roselin, à paraître novembre 2009.
Sainte Sébastienne II, hommage à Louise Bourgeois, en collaboration avec Hélène Dorion, Jacques Fournier et Françoise Sullivan, Montréal, Éditions Roselin, 2007.
17 complices de Julius Baltazar, avec des poèmes de Paul Bélanger, Jacques Brault, Michel Butor, Georges-Emmanuel Clancier, Guy Cloutier, Philippe Delaveau, Denise Desautels, Guy Goffette, Thierry Laget, Luis Mizon, Pierre Oster, Yves Peyré, Lionel Ray, Roumanes, James Sacré, Bernard Vargaftig, Joshua Watsky, et quatre dessins de Julius Baltazar sur pierre lithographique, tirés sur les presses de l’Atelier Arte-Maeght, Paris, 2006.
Quinte et Sens, coffret édité par BPI d’après une idée originale de Christine Jeangrand et Hugues Saint-Gaudens, avec cinq gravures originales de Jean-Paul Gaultier, Issey Miyake, Jacqueline Ricard, Narciso Rodriguez et Donatella T., et cinq textes inédits de Philippe Delerm, Denise Desautels, Charles Juliet, Dominique Noguez et Chantal Portillo, Paris, 2005.
Apparitions, avec des estampes numériques de Bonnie Baxter, conception et réalisation Jac¬ques Fournier, imprimé à l’atelier Sagamie, 2005.
Une solitude exemplaire, avec sept aquatintes en relief de Jacques Clerc, Crest (France), Éditions La Sétérée, 2004.
L’enfant mauve, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et Éditions La Cour pavée, 2004.
«Avant l’aurore», poésie, in Noir, portfolio réalisé en collaboration avec les artistes Tony Soulié, Axel Cassel, Charles Bezié, Malgorzata Pazko, Liliane Muller, Nacer Adjer et Jacques Clerc, Paris, Noria Éditions/Karin Haddad, 2002.
Novembre, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et La Cour pavée, 2001.
Architectures, en collaboration avec Gabriel Belgeonne, Jacques Clerc et Jacques Fournier, Gerpinnes (Belgique), Crest (France) et Montréal, Éditions Tandem, La Sétérée et Roselin, 2001.
Parfois les astres, en collaboration avec Louise Dupré et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 2000.
De la douceur, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et Éditions La Cour pavée, 1997.
L’écho, La chambre, La nuit, triptyque dont chaque titre comprend deux gravures de Jacqueline Ricard, Paris, Éditions Raina Lupa, 1996.
L’acier le bleu, avec une gravure de Jacqueline Ricard, Paris, Éditions Raina Lupa, 1996.
La passion du sens, en collaboration avec Sylvia Safdie et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 1996.
Le vif de l’étreinte, avec vingt aquarelles originales de Claire Beaulieu, reliure Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 1996.
Théâtre pourpre, avec dix peintures originales de Jean-Luc Herman, Paris, Éditions Jean-Luc Herman, 1993.
Black Words, avec trois dessins originaux et sept impressions laser de Betty Good¬win, Paris, Éditions Collectif Génération, 1991.
Documents audio (sélection)
VERSschmuggel / reversible, anthologie trilingue — anglais, français, allemand —, publiée sous la direction d’Aurélie Maurin et de Tho¬mas Wohlfahrt, Berlin / Montréal / Berlin, Wunderhorn / Éditions du Noroît / Literaturwerkstaat, 2008, 222p. Ce livre est accompagné de deux cd.
12 Poètes Francophones chantés par Bernard Ascal, CD, Paris, EPM, 2005.
Gare maritime 2004, CD inséré dans la revue de poésie contemporaine écrite et orale, Maison de la Poésie de Nantes, 2004.
Autour du temps, anthologie de poètes québécois contemporains, CD, Mon¬tréal, Éditions du Noroît, 1997.
Alternances, cassette-audio réalisée en collaboration avec Hélène Dorion et Violaine Corradi, Montréal, Éditions du Noroît et Production Angelo, 1992.
Lettres à Cassandre, cassette-audio réalisée en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, Laval, Productions A.M.A., 1990.
Documents vidéo (sélection)
Un cri au bonheur (2007), 21 poèmes mis en images par onze cinéastes dans un film signé Philippe Baylaucq et produit par Les Productions Virages en coproduction avec l’Office national du film du Canada. (Le film sur le poème de Denise Desautels, «Rose lent, rose obscur» a été réalisé par Marie-Julie Dallaire, avec la comédienne Micheline Lanctôt.)
Si Sullivan m’était contée (2007), écrit et réalisé par Lauraine André-G, et distribué par Vidéo¬graphe, 2007. (Denise Desautels y fait la lecture d’un texte inédit.)
Sylvia Safdie, gardienne de pierres (2000), écrit, réalisé et produit par Doïna Harap, mention d’honneur au Festival de Colombus (Ohio) et au FIFA à Montréal en 2001. (Denise Desautels y fait la lecture du texte du livre d’artistes La passion du sens)
La Nuit de la poésie 15 mars 1991, réalisée par Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse, et produit par l’Office national du film
Profession: poète: Denise Desautels, émission de télévision d'une demi-heure produite par SDA pour le réseau Quatre Saisons et diffusée par la chaîne TV5, septembre 1988.
DENISE DESAUTELS
Membre de l’Académie des lettres du Québec
Depuis 1975, elle a publié un récit, Ce fauve, le Bonheur (Éditions de l’Hexagone, 1998), un abécédaire, Ce désir toujours (Éditions Leméac, 2005), et une vingtaine d’ouvrages de poésie, qui lui ont valu de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le prix du Festival international de poésie de Trois-Rivières pour Leçons de Venise (Éditions du Noroît, 1990), les prix du Gouverneur général du Canada et de la revue Estuaire pour Le saut de l'ange (coédition Le Noroît et L'Arbre à paroles, 1992), et les prix de la Société des écrivains canadiens et de la Société Radio-Canada pour Tombeau de Lou (Éditions du Noroît, 2000). Elle a collaboré à une quinzaine de livres d’artistes réalisés, à Montréal, aux Éditions Roselin et, en France, chez Collectif Génération, à La Cour Pavée, à La Sétérée et chez Noria Éditions, entre autres. Elle est aussi l’auteure de cinq dramatiques radiophoniques, dont l’une, Voix, enregistrée à Cologne et mise en ondes par le réalisateur suisse Michel Corod, a été primée par les radios publiques de langue française. Mémoires parallèles, une anthologie de son travail poétique — choix et présentation de Paul Chamberland —, a été publié aux Éditions du Noroît, en 2004, et The Night Will Be Insistent, Selected Poems : 1987-2002 — traduction de Daniel Sloate —, chez Guernica Editions (Toronto), en 2007. Ses deux derniers ouvrages, Le cœur et autres mélancolies (Éditions Apogée, Rennes) et L’œil au ralenti (Éditions du Noroît), sont également parus en 2007. Plu¬sieurs des textes de Denise Desautels se retrouvent dans des revues et des anthologies, d’ici et d’ailleurs, et ont été traduits dans diverses langues.
Vice-présidente de l’Académie des lettres du Québec, de 1996 à 2002, membre du comité organisateur de la Rencontre québécoise internationale des écrivains, depuis 1997, et membre de nombreux jurys de bourses et de prix littéraires, Denise Desautels a été à plusieurs reprises boursière du Conseil des Arts du Canada, et du Conseil des arts et des lettres du Québec, ce dernier lui ayant accordé, en mars 2005, une bourse de carrière pour sa «contribution exceptionnelle à la culture québécoise». La «Médaille Échelon Vermeil», la plus haute distinction ac¬cordée par la ville de Paris, lui a été remise, en mars 1999, au moment du Salon du livre de Paris où le Québec était à l’honneur.
Denise Desautels a été écrivaine en résidence à la Villa Beauséjour (Rennes), à l’automne 2005, et à la Maison des Ailleurs (Charleville), au printemps 2009.
Bibliographie Denise Desautels
Poésie
L’œil au ralenti, postface de Lise Lamarche, Montréal, Éditions du Noroît, 2007.
Le cœur et autres mélancolies, Rennes, Villa Beauséjour et Éditions Apogée, coll. «Piqué d’étoiles», 2007.
The Night Will Be Insistent, Selected Poems : 1997-2002, traduit par Daniel Sloate, Toronto, Guernica Editions, 2007.
Ce désir toujours, Un abécédaire, Montréal, Éditions Leméac, coll. «ici/l’ailleurs», 2005.
Mémoires parallèles, anthologie (choix et présentation de Paul Chamberland), Montréal, Éditions du Noroît, coll. «Ovale», 2004.
Pendant la mort, Montréal, Éditions Québec Amérique, coll. «Mains libres», 2002.
Tombeau de Lou, autour de Visions domestiques, photographies d’Alain Laframboise, Montréal, Éditions du Noroît, 2000. Prix des écrivains canadiens et prix de la Société Radio-Canada.
«Ma joie», crie-t-elle, avec huit dessins de Francine Simonin, Montréal, Éditions du Noroît, 1996.
Cimetières : la rage muette, autour de photographies de Monique Bertrand, Montréal, Éditions Dazibao, coll. «Des photographes», 1995.
Le saut de l'ange, autour de quelques objets de Martha Townsend, Montréal et Amay (Belgique), coédition Le Noroît et L'Arbre à paroles, 1992. Prix du Gouverneur général du Canada, prix du Signet d’or de Radio-Québec et prix Terrasses Saint-Sulpice de la revue Estuaire.
Leçons de Venise, autour de trois sculptures de Michel Goulet, Saint-Lambert, Éditions du No¬roît, 1990. Prix de la Fondation Les Forges.
Mais la menace est une belle extravagance, avec des photographies d’Ariane Thézé, suivi du Signe discret, Saint-Lam¬bert, Éditions du Noroît, 1989. Prix du Journal de Montréal.
Le signe discret, avec des dessins de Francine Simonin, Lausanne, Éditions Pierre-Alain Pin¬goud, 1987.
Un livre de Kafka à la main, avec des photographies de Jocelyne Alloucherie, suivi de La blessure, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1987.
Écritures / Ratures, «textes d'atelier», avec des dessins de Francine Simonin. Saint-Lambert, Éditions du Noroît, coll. «Écritures / Ratures», 1986.
La répétition, avec des photographies de La salle de classe, installation d’Irene F. Whittome, Montréal, Éditions de La nouvelle barre du jour, 1986.
Nous en reparlerons sans doute, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, à partir de cinq photographies de Raymonde April, Laval, Éditions Trois, 1986.
: dimanche, Montréal, Éditions de La nouvelle barre du jour, 1985.
L’écran précédé de Aires du temps, avec deux dessins de Francine Simonin, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1983.
En état d’urgence, avec un dessin de Francine Simonin, Montréal, Éditions Estérel, 1982.
La promeneuse et l’oiseau suivi de Journal de la promeneuse, avec une gaufrure et un dessin de Lucie Laporte, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1980.
Marie, tout s’éteignait en moi, avec des dessins de Léon Bellefleur, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1977.
Comme miroirs en feuilles, avec un dessin de Léon Bellefleur, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1975.
Poésie jeunesse
La marathonienne, avec des reproductions d’estampes de Maria Cronopoulos, Montréal, Éditions de La courte échelle, coll. «Poésie», 2003. Mention spéciale du jury du Prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature jeunesse 2005.
Récit
Ce fauve, le Bonheur, Montréal, Éditions de l’Hexagone, coll. «Fictions», 1998.
Correspondance
Lettres à Cassandre, en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, postface de Louise Dupré, Laval, Éditions Trois, 1994.
Livres d'artistes
Quai Rimbaud, en collaboration avec Gabriel Belgeonne et Jacques Fournier, Gerpinnes (Belgique) et Montréal, Éditions Tandem et Éditions Roselin, à paraître novembre 2009.
Sainte Sébastienne II, hommage à Louise Bourgeois, en collaboration avec Hélène Dorion, Jacques Fournier et Françoise Sullivan, Montréal, Éditions Roselin, 2007.
17 complices de Julius Baltazar, avec des poèmes de Paul Bélanger, Jacques Brault, Michel Butor, Georges-Emmanuel Clancier, Guy Cloutier, Philippe Delaveau, Denise Desautels, Guy Goffette, Thierry Laget, Luis Mizon, Pierre Oster, Yves Peyré, Lionel Ray, Roumanes, James Sacré, Bernard Vargaftig, Joshua Watsky, et quatre dessins de Julius Baltazar sur pierre lithographique, tirés sur les presses de l’Atelier Arte-Maeght, Paris, 2006.
Quinte et Sens, coffret édité par BPI d’après une idée originale de Christine Jeangrand et Hugues Saint-Gaudens, avec cinq gravures originales de Jean-Paul Gaultier, Issey Miyake, Jacqueline Ricard, Narciso Rodriguez et Donatella T., et cinq textes inédits de Philippe Delerm, Denise Desautels, Charles Juliet, Dominique Noguez et Chantal Portillo, Paris, 2005.
Apparitions, avec des estampes numériques de Bonnie Baxter, conception et réalisation Jac¬ques Fournier, imprimé à l’atelier Sagamie, 2005.
Une solitude exemplaire, avec sept aquatintes en relief de Jacques Clerc, Crest (France), Éditions La Sétérée, 2004.
L’enfant mauve, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et Éditions La Cour pavée, 2004.
«Avant l’aurore», poésie, in Noir, portfolio réalisé en collaboration avec les artistes Tony Soulié, Axel Cassel, Charles Bezié, Malgorzata Pazko, Liliane Muller, Nacer Adjer et Jacques Clerc, Paris, Noria Éditions/Karin Haddad, 2002.
Novembre, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et La Cour pavée, 2001.
Architectures, en collaboration avec Gabriel Belgeonne, Jacques Clerc et Jacques Fournier, Gerpinnes (Belgique), Crest (France) et Montréal, Éditions Tandem, La Sétérée et Roselin, 2001.
Parfois les astres, en collaboration avec Louise Dupré et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 2000.
De la douceur, en collaboration avec Jacques Fournier et Jacqueline Ricard, Montréal et Paris, Éditions Roselin et Éditions La Cour pavée, 1997.
L’écho, La chambre, La nuit, triptyque dont chaque titre comprend deux gravures de Jacqueline Ricard, Paris, Éditions Raina Lupa, 1996.
L’acier le bleu, avec une gravure de Jacqueline Ricard, Paris, Éditions Raina Lupa, 1996.
La passion du sens, en collaboration avec Sylvia Safdie et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 1996.
Le vif de l’étreinte, avec vingt aquarelles originales de Claire Beaulieu, reliure Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 1996.
Théâtre pourpre, avec dix peintures originales de Jean-Luc Herman, Paris, Éditions Jean-Luc Herman, 1993.
Black Words, avec trois dessins originaux et sept impressions laser de Betty Good¬win, Paris, Éditions Collectif Génération, 1991.
Documents audio (sélection)
VERSschmuggel / reversible, anthologie trilingue — anglais, français, allemand —, publiée sous la direction d’Aurélie Maurin et de Tho¬mas Wohlfahrt, Berlin / Montréal / Berlin, Wunderhorn / Éditions du Noroît / Literaturwerkstaat, 2008, 222p. Ce livre est accompagné de deux cd.
12 Poètes Francophones chantés par Bernard Ascal, CD, Paris, EPM, 2005.
Gare maritime 2004, CD inséré dans la revue de poésie contemporaine écrite et orale, Maison de la Poésie de Nantes, 2004.
Autour du temps, anthologie de poètes québécois contemporains, CD, Mon¬tréal, Éditions du Noroît, 1997.
Alternances, cassette-audio réalisée en collaboration avec Hélène Dorion et Violaine Corradi, Montréal, Éditions du Noroît et Production Angelo, 1992.
Lettres à Cassandre, cassette-audio réalisée en collaboration avec Anne-Marie Alonzo, Laval, Productions A.M.A., 1990.
Documents vidéo (sélection)
Un cri au bonheur (2007), 21 poèmes mis en images par onze cinéastes dans un film signé Philippe Baylaucq et produit par Les Productions Virages en coproduction avec l’Office national du film du Canada. (Le film sur le poème de Denise Desautels, «Rose lent, rose obscur» a été réalisé par Marie-Julie Dallaire, avec la comédienne Micheline Lanctôt.)
Si Sullivan m’était contée (2007), écrit et réalisé par Lauraine André-G, et distribué par Vidéo¬graphe, 2007. (Denise Desautels y fait la lecture d’un texte inédit.)
Sylvia Safdie, gardienne de pierres (2000), écrit, réalisé et produit par Doïna Harap, mention d’honneur au Festival de Colombus (Ohio) et au FIFA à Montréal en 2001. (Denise Desautels y fait la lecture du texte du livre d’artistes La passion du sens)
La Nuit de la poésie 15 mars 1991, réalisée par Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse, et produit par l’Office national du film
Profession: poète: Denise Desautels, émission de télévision d'une demi-heure produite par SDA pour le réseau Quatre Saisons et diffusée par la chaîne TV5, septembre 1988.
EXTRAITS
Le texte qui suit, extrait de L’œil au ralenti (Éditions du Noroît, 2007), a été écrit pour accompagner une œuvre de l’artiste visuelle Louise Viger, présentée dans le cadre d’une exposition qui avait pour titre Dépaysements de sens, à laquelle Jacques Fournier, concepteur de livres d’artiste et directeur des Éditions Roselin, était également associé.
AUTODAFÉ
Prise l
Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Un autodafé. Rien.
D’une génération à l’autre,
le rien pèse, le trop aussi.
Ne transmet-on jamais que du négatif ?
Lydia Flem
Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Brûlées vives. Rien. Un autodafé. Ma mère dit. Brûlées vives. Brûlées vives. Un autodafé. Rien. Le petit tas de cendres, l’allégement. Vives, brûlées, tes lettres. Ne s’en cache pas. Le joli feu. Le joli feu, l’a fait. Le petit tas de cendres, l’allégement. A pris sur elle de le faire. Sans préavis. Par surprise. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Sans préavis. Par surprise. Du temps d’enfance et d’aujourd’hui, de la mémoire dé¬truite. Brûlées vives. Calcinée parmi les cintres. Calcinée. Brûlées vives. Détruite. Le petit tas de cendres. Le joli feu. Le joli, joli, joli, joli feu. Une nuit, bouche cousue. Je n’ai plus de voix. Brûlées vives. Que de l’extrême absence. Rien. Un autodafé. Rien. Rien. Un autodafé. Une porte qu’on ouvre, qu’on ferme. À bout de souffle et de poitrine. A fabriqué du néant à mon insu, ma mère. Une fêlure. Une ombre à peine suspendue sur des signes déserts. Les gestes de la fin. Sourds-muets. Solitaires. Tout se tait. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Un autodafé. Rien. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Tes lettres, brûlées vives. Vives, brûlées, tes lettres. Réussi, le silence. Absolu. Absolu. Sans avoir à supplier, à l’exiger, à se battre. Comme si ces lettres, ces mots miens lui avaient brûlé. Doigts et désirs. Tu comprends ? Ma mère dit. Tu comprends ? Cœur, corps, placards, papiers en pile partout, ça pousse, pousse, pousse, pousse, se délabre vite, ça pousse. Ma mère dit. Les mots, consonnes et voyelles considérables, la chambre étroite, l’espace, l’éternité manque. Quel intérêt. Ma mère dit. Des bruits. Du vacarme. Elle marmonne, ma mère. Deux ou trois impertinences, une histoire. Brûlées vives. Ma mère dit. Et son regard fonce dans le sombre de mon épaule. Rien. Rien. Rien. Rien. À dormir debout. À volonté le bâillon. Sa longue main. Son habileté à nettoyer, trier, éliminer, vider, vider, vider, vider, vider, vider, museler. Sportive. Athlétique, sa longue main. Sa longue main fait de l’effet entre un mur et un visage. Étonnamment blanc. Étonnement blanc. Étonne blanc. Un la. Un la ou un fa. Rien. Une inquiétude revenue sous la robe. L’écho des cintres sous la peau. De la pensée oubliée. Un début de guerre, un long début de guerre, on dirait. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Vives. Rien. Mais trop tard pour les livres, tu ne peux plus rien contre eux. Je dis, ma mère. Je dis, ma mère. Les livres, tu ne peux plus rien contre eux. Rien. Leur écorchure sonore existe. Entends-la. Vois-la. Emporte-la. Un la ou un fa. Les livres, mes livres, tu ne peux plus rien, rien. L’air de famille en tout sens. Dans l’aigu de la blessure. Notre excédent de ciel, de mort, d’effroi s’est ouvert. Les livres. Déjà incurables au siècle dernier, les matières intimes vont, vont, vont, vont, vont, poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Sans toi, ma mère. Trop tard. Dévoilées. Imprimées. Chantantes presque. Et tu ne l’auras jamais supporté.
AUTODAFÉ
Prise ll : contamination
Phrases. Alphabet. Incendies. Derrière / sous la solitude des fenêtres. Vif écho. Sous-sols, barbelés et prisons. Où en sont les actualités guerrières ? Se terrer. Se taire. Rien ne doit sortir de la close bouche. De la close bouche. Le monde se porte mieux, ma mère dit, enseveli derrière / sous le béton des hauts murs, béton des bouches. Caché. On ne parle pas de ce qui doit rester caché, occulté, masqué. Rester tu. On se tait. On n’en parle pas. On ne sait rien. On. On n’a rien vu, ni entendu, ni quoi que ce soit, ni personne, ni aujourd’hui, ni à tue-tête. On se barricade derrière / sous les tissus, les laines tissées, tissées serré, tissées fin. Fin de la famille. Entre nous, cela doit rester, ma mère dit. Viols, violences, guerres, guérillas, on ne voit rien. Rien. On. Ne sait rien. On. Se tait. On. Ne s’en mêle pas. S’en lave... les petites pattes. Mais ma mère ne dit pas : on s’en lave. Silencieuse, réservée, coite, ma mère, dans ces cas-là, les pattes sur ses gardes, on dirait. Trop occupée par sa fille, ma mère, par les mains et les mots de sa jeune fille, les pensées, l’âme, les intentions, les intuitions, les vêtements trop longs, trop courts, ma mère. On. A l’habitude des petites fuites, des petits replis, des petites trahisons, zon, zon, zon, zon, zon, zaire. On. A choisi de se réfugier dans l’ignorance, la réticence, la prolifération des inter¬dits. On. Laisse les choses humaines courir, courir, courir, pourrir. Mourir. La belle affaire. On. Au loin. Au loin. Dans l’extrême lointain des fonds de fleuves et de continents. Oh ! Si différent du nôtre, dangereux, périlleux, pourrait être mortel, ma mère dit, l’inconnu, l’étranger territoire. S’il fallait. S’il fallait. S’il fallait. Parfois le choc. Clac. Une larme tombe, et son claquement ne surprend personne. Parce qu’on a l’émotion à fleur de carapace dans la famille. Parce qu’on est, se montre, s’affiche sensible, si, si, si sensible de la corde. Clac. Parce qu’on a si facilement le pleur, la paupière salée dans la fa¬mille. Dans, c’est-à-dire à l’intérieur de ses murs et murailles, de sa surprotection familiale, carcérale. Spécialistes de la larme, du pleur, de la paupière inondée, noyée. On. Ne pense pas. On. Pleure, pleure, asperge tout, dans la famille. De folles éponges, ponges, poules, poules. Mais ailleurs… Oh ! Oh ! Pourquoi serait-il question d’un ailleurs ? On est si si bien ici, entre nous, hors de tout drame, de toute salissure, hors de danger, ma mère dit. Comme si elle mordait. Entre nous. Au quotidien, on se bouche oreilles, et yeux, et bouche, et bouche, et bouche, et langue, et gorge, et âme, et songe. On. Ferme tout. On. N’est pas concerné par ce qui hurle, hurle et se débat à l’autre bout de la table. On. Ne s’inquiète que du près voisinage, que du qu’en dira-t-on, des on-dit. Des apparences si essentielles. Qu’elles soient inattaquables, les apparences. S’il fallait que sa fille, sa jeune fififolle fille. S’il fallait. S’il fallait. S’il fallait. Oh ! Et les images à la une des journaux, et les images des autres jeunes filles, et de l’humanité, et de la terre tout entière, ma mère, atrocités, misères, têtes, gorges, ventres, espoirs ouverts, mis à nu ? Cet extrême ailleurs et son extrême solitude, et son extrême douleur, ma mère ? Et l’amour, ma mère ? Et ton amour ? Et ta foi ? Et ton Dieu ? Et son insolence, et son incharité, et son faux firmament ? Et tous ces bûchers qu’on allume ? Qu’on allume ? Et toutes ces cendres folles, véhémentes, exaltées, ma mère ?
Denise Desautels
L’œil au ralenti (Éditions du Noroît, 2007),
Ce désir toujours
Un abécédaire
Éditions Leméac, collection «ici / l’ailleurs», 2005
EXTRAIT
Yucatan*
Dans plusieurs de ses tableaux, Louise Robert demande : «Où est le Yucatan ?». Comme on s’informe : où commencent l’étrangeté, le vertige, l’infini humain, la plage sud de la joie ou son retentissement? où s’achèvent l’ombre, la détresse, le refus du corps et l’oubli ?
Le Yucatan, on l’imagine s’enfonçant dans la mer des Antilles, emporté par la haute vague. Il reste au fond, attend que la tempête se calme, qu’un certain espoir se redessine au loin. L’indice. Une main gauche. Celle de L.R. ou la mienne en quête de.
Gauches, la main et marge, étonnamment gauche, l’espoir, parmi les vérités du jour, quand le désir se rapproche de la toile : voir, imaginer, mordre, aimer, mourir. Or, tu les entends qui remuent, ces évidences offertes, désarmées par les effets du désir, vents larges et profonds entre ciel et œil, dans cette chambre sans mur où se croisent de lents visages. Tu les observes comme un avant, un après, confondus en une seule mémoire future que tu inventes, qui dépayse et allège toute fin.
De temps en temps, la réalité se déplie devant toi, va n’importe où, dans toutes les directions, jusqu’au bout des gris et des rouges appuyés les uns contre les autres, petites nostalgies de la langue, en carrés, en rectangles, qui tournoient, portées par un souffle dont l’ocre à l’improviste rapproche la terre et les anges ; dissonante, la réalité, jusqu’à la périphérie de la confidence ou du vide alors que la nuit monte haut. Il faudra sans doute que patiemment tu continues à regarder «passer le ciel».
Soudain un appel, un sursaut, une réponse, et la transcription de leurs échos fait tache à l’endos des cartes postales. Tu le sais, c’est chaque fois le même stratagème : les cris du monde survolent l’océan avant de t’atteindre, assise ou debout parmi des flots de pigments, tes doigts agrippés à la tasse de café, tes yeux soutenant l’insolence des mots, tes yeux plus avides qu’hier devant cette avalanche de vie. «Moi aussi de loin», t’ai-je répondu, j’essaie de freiner l’accélération du désordre.
«On a parfois des images», dis-tu, et on les plante dans un coin du jardin, on rêve d’arbres et d’heures immédiatement accessibles, sans souffrance, imperméable au souvenir, on joue et, c’est la surprise, on les entend qui poussent, nuit après nuit. Frivoles, les arbres et les heures, «quelque temps plus tard», au loin, toujours plus à gauche, mêlés à des récits de voyages où les vocables, dans l’attente d’une joie, s’emportent, récitent autrement colère et consolation, absence et désir, ruse et lumière.
Comme toi, je le cherche, ce «bleu rangé quelque part», égaré entre deux ou trois événements d’hier et l’indomptable aujourd’hui, oui, je le cherche dans l’oblique du tableau où, avec le temps, il se sera forcément mêlé aux inquiétudes en attente au fond de ton œil, dans l’oblique du paysage. De plus en plus indigo, de plus en plus nuit, le bleu, avant qu’il s’ouvre grand, et coule au-delà des coins et des bords, bien au-delà des paupières. Comme une mer de novembre.
J’écris, comme tu dis que tu peins, répétant, bafouillant, avec une main gauche qui s’obstine à raconter des bribes d’histoire venues de loin, enfouies sous tant de rumeurs, de renoncements ; une main qui marque et rature chaque surface polie, qui vrille la terre, villes et cimetières, jusqu’à ce qu’une hirondelle en jaillisse. Car ce qu’il y a de mouvant au creux de cette paume gauche s’ap¬pelle encore espoir.1
Le Yucatan ? Quelque part vers le Sud. Loin. Loin de la mort. Près du bleu, de tout ce bleu où mer et monde s’engouffrent dans les mots.
* Ces textes accompagnaient les tableaux de Louise Robert, qui ont été exposés au Centre culturel de Trois-Rivières, à l’automne 2001, au moment du Festival international de poésie, et les citations en italique sont extraites de ces tableaux.
Denise Desautels
Ce désir toujours Un abécédaire
Éditions Leméac, collection «ici / l’ailleurs», 2005
Cimetières : la rage muette*
(extrait)
Les chuchotements et la caresse
*Cimetières : la rage muette, avec des photographies de Moni¬que Bertrand, Éditions Dazibao, collection «Des photographes», Montréal, 1995. (Texte repris dans Mémoires parallèles, Éditions du Noroît, collection «Ovale», Montréal, 2004.
Ni les abîmes de la caresse, ni son abandon, ni ses à-côtés périlleux, ni l'affolement de la main ou de la langue devant l'anonymat de la vague qui emporte loin le corps caressé, ni l'après, ni l'avant de la caresse, ni l'aveu de ses tâtonnements, ni l'aveuglement soudain de l'âme cajolée par ses reflets, ni les battements clignotants du cœur que la caresse aspire, ni le besoin de la caresse, ni sa bêtise, ni son bleu de houille qui se pose, tel une carapace, sur des muscles froissés, ni sa bordure, ni son bout, ni sa chute dans le roux de septembre, ni ce somptueux cimetière des caresses sur lequel les mots parfois s'attendrissent, ni le cinéma bruyant de ses artifices,
ni le comment de la caresse, si ses complots, ni sa cruauté, ni son démantèlement, ni les deuils entassés dans ses replis, ni les démentis de la caresse, ni sa douceur, ni ses effets à long terme, ni l'éloignement de la main ou de la langue, sournoisement attirée ailleurs, ni l'entêtement de la caresse, ni l'étincelle qu'elle aura fait jaillir, ni le brusque étouffement du corps quitté, ni les exigences de la caresse, ni sa faillite, ni sa féminité, ni ses flottements, ni son galop, ni le goût cuivré de son amertume, ni son guet-apens où se prend la chair vulnérable, ni son habileté, ni ses haltes, ni sa hâte, ni son huis clos intime, ni l'inconvenance de sa maîtrise
sur la fin d'un rêve, ni l'intention qu'elle camoufle derrière des naufrages stratégiques, ni ses interdits, ni son joug, ni son juste-milieu, ni les justifications trop câlines de sa lenteur, ni son lieu limite, ni la ligne courbe d'un dos et d'une épaule qu'elle remonte avec délicatesse, ni le livre de la caresse, ni sa loi, ni la mécanique astucieuse de son obscénité, ni sa mémoire, ni la menace de son savoir, ni la mollesse occasionnelle de son souffle, ni le mot qui la nomme, ni sa négation un soir de pleine lune, ni ses nœuds, ni sa nonchalance, ni son obstination à se mouvoir dans l'ombre, dans l'or, dans l'os d'une hanche, ni son odeur,
ni le pourquoi de la caresse, ni ses projets baroques, ni les quiproquos de ses rages, ni ses refuges, ni son relâchement ironique à la fin de la dernière nuit, ni ses remords, ni sa répétition, ni sa rigueur, ni ses sables mouvants, ni la splendide spirale de ses urgences, ni sa surdité, ni son utopie, ni la vacuité de son territoire un jour de vague à l'âme, ni le vagabondage de ses veloutés et de ses vertiges, ni le vêtement théâtral qu'endosse parfois la main ou la langue au moment de la caresse, ni sa volupté vieillissante, ni même sa dernière voltige. Rien que l'état pur de la sensation. Que le motif caresse au moment où il apparaît sur un corps.
Denise DESAUTELS
Mémoires parallèles,
Éditions du Noroît, collection «Ovale», Montréal, 2004.
L’angle noir de la joie
Une archéologie de l’intime
J’écris comme on fait des fouilles, en archéologue de l’intime, tâtonnant dans l’ombre touffue d’une mémoire, la mienne, si semblable à tant d’autres, tiraillée entre détresse et utopie. Sous de multiples couches de protection : l’obscurité d’un monde à déminer, à nettoyer, puis à disséquer. Car les secrets, souvent sournois et inavouables, ont besoin de lumière, c’est-à-dire de pensée, de langage, de voix, pour ne pas s’envenimer. Car c’est là, au coeur même de l’intimité, dans le plus noir des brouillards, que se fomentent les pires catastrophes. Car c’est là que ça se démène, ça lutte, ça pleure, ça crie, ça se donne bonne conscience, ça court à sa perte. Car il faut tenter, toujours tenter — aujourd’hui plus qu’hier peut-être — de désencombrer le monde, la mémoire et les mots ; de chercher des éclaircies, en contrepoint à la marche sombre des corps. Car il faut écrire. Car il faut lire et entendre. Jusque-là.
Décaper l’intimité. Soulever une ombre, puis une autre, il y a tant de résistances jusqu’à l’histoire vraie, l’ossature grêle qui protège l’âme.
Denise Desautels
Texte publié dans la revue À l’index, Épouville (France), no 17.
AUTODAFÉ
Prise l
Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Un autodafé. Rien.
D’une génération à l’autre,
le rien pèse, le trop aussi.
Ne transmet-on jamais que du négatif ?
Lydia Flem
Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Brûlées vives. Rien. Un autodafé. Ma mère dit. Brûlées vives. Brûlées vives. Un autodafé. Rien. Le petit tas de cendres, l’allégement. Vives, brûlées, tes lettres. Ne s’en cache pas. Le joli feu. Le joli feu, l’a fait. Le petit tas de cendres, l’allégement. A pris sur elle de le faire. Sans préavis. Par surprise. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Sans préavis. Par surprise. Du temps d’enfance et d’aujourd’hui, de la mémoire dé¬truite. Brûlées vives. Calcinée parmi les cintres. Calcinée. Brûlées vives. Détruite. Le petit tas de cendres. Le joli feu. Le joli, joli, joli, joli feu. Une nuit, bouche cousue. Je n’ai plus de voix. Brûlées vives. Que de l’extrême absence. Rien. Un autodafé. Rien. Rien. Un autodafé. Une porte qu’on ouvre, qu’on ferme. À bout de souffle et de poitrine. A fabriqué du néant à mon insu, ma mère. Une fêlure. Une ombre à peine suspendue sur des signes déserts. Les gestes de la fin. Sourds-muets. Solitaires. Tout se tait. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Un autodafé. Rien. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Tes lettres, brûlées vives. Vives, brûlées, tes lettres. Réussi, le silence. Absolu. Absolu. Sans avoir à supplier, à l’exiger, à se battre. Comme si ces lettres, ces mots miens lui avaient brûlé. Doigts et désirs. Tu comprends ? Ma mère dit. Tu comprends ? Cœur, corps, placards, papiers en pile partout, ça pousse, pousse, pousse, pousse, se délabre vite, ça pousse. Ma mère dit. Les mots, consonnes et voyelles considérables, la chambre étroite, l’espace, l’éternité manque. Quel intérêt. Ma mère dit. Des bruits. Du vacarme. Elle marmonne, ma mère. Deux ou trois impertinences, une histoire. Brûlées vives. Ma mère dit. Et son regard fonce dans le sombre de mon épaule. Rien. Rien. Rien. Rien. À dormir debout. À volonté le bâillon. Sa longue main. Son habileté à nettoyer, trier, éliminer, vider, vider, vider, vider, vider, vider, museler. Sportive. Athlétique, sa longue main. Sa longue main fait de l’effet entre un mur et un visage. Étonnamment blanc. Étonnement blanc. Étonne blanc. Un la. Un la ou un fa. Rien. Une inquiétude revenue sous la robe. L’écho des cintres sous la peau. De la pensée oubliée. Un début de guerre, un long début de guerre, on dirait. Brûlées vives, tes lettres. Ma mère dit. Vives. Rien. Mais trop tard pour les livres, tu ne peux plus rien contre eux. Je dis, ma mère. Je dis, ma mère. Les livres, tu ne peux plus rien contre eux. Rien. Leur écorchure sonore existe. Entends-la. Vois-la. Emporte-la. Un la ou un fa. Les livres, mes livres, tu ne peux plus rien, rien. L’air de famille en tout sens. Dans l’aigu de la blessure. Notre excédent de ciel, de mort, d’effroi s’est ouvert. Les livres. Déjà incurables au siècle dernier, les matières intimes vont, vont, vont, vont, vont, poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Sans toi, ma mère. Trop tard. Dévoilées. Imprimées. Chantantes presque. Et tu ne l’auras jamais supporté.
AUTODAFÉ
Prise ll : contamination
Phrases. Alphabet. Incendies. Derrière / sous la solitude des fenêtres. Vif écho. Sous-sols, barbelés et prisons. Où en sont les actualités guerrières ? Se terrer. Se taire. Rien ne doit sortir de la close bouche. De la close bouche. Le monde se porte mieux, ma mère dit, enseveli derrière / sous le béton des hauts murs, béton des bouches. Caché. On ne parle pas de ce qui doit rester caché, occulté, masqué. Rester tu. On se tait. On n’en parle pas. On ne sait rien. On. On n’a rien vu, ni entendu, ni quoi que ce soit, ni personne, ni aujourd’hui, ni à tue-tête. On se barricade derrière / sous les tissus, les laines tissées, tissées serré, tissées fin. Fin de la famille. Entre nous, cela doit rester, ma mère dit. Viols, violences, guerres, guérillas, on ne voit rien. Rien. On. Ne sait rien. On. Se tait. On. Ne s’en mêle pas. S’en lave... les petites pattes. Mais ma mère ne dit pas : on s’en lave. Silencieuse, réservée, coite, ma mère, dans ces cas-là, les pattes sur ses gardes, on dirait. Trop occupée par sa fille, ma mère, par les mains et les mots de sa jeune fille, les pensées, l’âme, les intentions, les intuitions, les vêtements trop longs, trop courts, ma mère. On. A l’habitude des petites fuites, des petits replis, des petites trahisons, zon, zon, zon, zon, zon, zaire. On. A choisi de se réfugier dans l’ignorance, la réticence, la prolifération des inter¬dits. On. Laisse les choses humaines courir, courir, courir, pourrir. Mourir. La belle affaire. On. Au loin. Au loin. Dans l’extrême lointain des fonds de fleuves et de continents. Oh ! Si différent du nôtre, dangereux, périlleux, pourrait être mortel, ma mère dit, l’inconnu, l’étranger territoire. S’il fallait. S’il fallait. S’il fallait. Parfois le choc. Clac. Une larme tombe, et son claquement ne surprend personne. Parce qu’on a l’émotion à fleur de carapace dans la famille. Parce qu’on est, se montre, s’affiche sensible, si, si, si sensible de la corde. Clac. Parce qu’on a si facilement le pleur, la paupière salée dans la fa¬mille. Dans, c’est-à-dire à l’intérieur de ses murs et murailles, de sa surprotection familiale, carcérale. Spécialistes de la larme, du pleur, de la paupière inondée, noyée. On. Ne pense pas. On. Pleure, pleure, asperge tout, dans la famille. De folles éponges, ponges, poules, poules. Mais ailleurs… Oh ! Oh ! Pourquoi serait-il question d’un ailleurs ? On est si si bien ici, entre nous, hors de tout drame, de toute salissure, hors de danger, ma mère dit. Comme si elle mordait. Entre nous. Au quotidien, on se bouche oreilles, et yeux, et bouche, et bouche, et bouche, et langue, et gorge, et âme, et songe. On. Ferme tout. On. N’est pas concerné par ce qui hurle, hurle et se débat à l’autre bout de la table. On. Ne s’inquiète que du près voisinage, que du qu’en dira-t-on, des on-dit. Des apparences si essentielles. Qu’elles soient inattaquables, les apparences. S’il fallait que sa fille, sa jeune fififolle fille. S’il fallait. S’il fallait. S’il fallait. Oh ! Et les images à la une des journaux, et les images des autres jeunes filles, et de l’humanité, et de la terre tout entière, ma mère, atrocités, misères, têtes, gorges, ventres, espoirs ouverts, mis à nu ? Cet extrême ailleurs et son extrême solitude, et son extrême douleur, ma mère ? Et l’amour, ma mère ? Et ton amour ? Et ta foi ? Et ton Dieu ? Et son insolence, et son incharité, et son faux firmament ? Et tous ces bûchers qu’on allume ? Qu’on allume ? Et toutes ces cendres folles, véhémentes, exaltées, ma mère ?
Denise Desautels
L’œil au ralenti (Éditions du Noroît, 2007),
Ce désir toujours
Un abécédaire
Éditions Leméac, collection «ici / l’ailleurs», 2005
EXTRAIT
Yucatan*
Dans plusieurs de ses tableaux, Louise Robert demande : «Où est le Yucatan ?». Comme on s’informe : où commencent l’étrangeté, le vertige, l’infini humain, la plage sud de la joie ou son retentissement? où s’achèvent l’ombre, la détresse, le refus du corps et l’oubli ?
Le Yucatan, on l’imagine s’enfonçant dans la mer des Antilles, emporté par la haute vague. Il reste au fond, attend que la tempête se calme, qu’un certain espoir se redessine au loin. L’indice. Une main gauche. Celle de L.R. ou la mienne en quête de.
Gauches, la main et marge, étonnamment gauche, l’espoir, parmi les vérités du jour, quand le désir se rapproche de la toile : voir, imaginer, mordre, aimer, mourir. Or, tu les entends qui remuent, ces évidences offertes, désarmées par les effets du désir, vents larges et profonds entre ciel et œil, dans cette chambre sans mur où se croisent de lents visages. Tu les observes comme un avant, un après, confondus en une seule mémoire future que tu inventes, qui dépayse et allège toute fin.
De temps en temps, la réalité se déplie devant toi, va n’importe où, dans toutes les directions, jusqu’au bout des gris et des rouges appuyés les uns contre les autres, petites nostalgies de la langue, en carrés, en rectangles, qui tournoient, portées par un souffle dont l’ocre à l’improviste rapproche la terre et les anges ; dissonante, la réalité, jusqu’à la périphérie de la confidence ou du vide alors que la nuit monte haut. Il faudra sans doute que patiemment tu continues à regarder «passer le ciel».
Soudain un appel, un sursaut, une réponse, et la transcription de leurs échos fait tache à l’endos des cartes postales. Tu le sais, c’est chaque fois le même stratagème : les cris du monde survolent l’océan avant de t’atteindre, assise ou debout parmi des flots de pigments, tes doigts agrippés à la tasse de café, tes yeux soutenant l’insolence des mots, tes yeux plus avides qu’hier devant cette avalanche de vie. «Moi aussi de loin», t’ai-je répondu, j’essaie de freiner l’accélération du désordre.
«On a parfois des images», dis-tu, et on les plante dans un coin du jardin, on rêve d’arbres et d’heures immédiatement accessibles, sans souffrance, imperméable au souvenir, on joue et, c’est la surprise, on les entend qui poussent, nuit après nuit. Frivoles, les arbres et les heures, «quelque temps plus tard», au loin, toujours plus à gauche, mêlés à des récits de voyages où les vocables, dans l’attente d’une joie, s’emportent, récitent autrement colère et consolation, absence et désir, ruse et lumière.
Comme toi, je le cherche, ce «bleu rangé quelque part», égaré entre deux ou trois événements d’hier et l’indomptable aujourd’hui, oui, je le cherche dans l’oblique du tableau où, avec le temps, il se sera forcément mêlé aux inquiétudes en attente au fond de ton œil, dans l’oblique du paysage. De plus en plus indigo, de plus en plus nuit, le bleu, avant qu’il s’ouvre grand, et coule au-delà des coins et des bords, bien au-delà des paupières. Comme une mer de novembre.
J’écris, comme tu dis que tu peins, répétant, bafouillant, avec une main gauche qui s’obstine à raconter des bribes d’histoire venues de loin, enfouies sous tant de rumeurs, de renoncements ; une main qui marque et rature chaque surface polie, qui vrille la terre, villes et cimetières, jusqu’à ce qu’une hirondelle en jaillisse. Car ce qu’il y a de mouvant au creux de cette paume gauche s’ap¬pelle encore espoir.1
Le Yucatan ? Quelque part vers le Sud. Loin. Loin de la mort. Près du bleu, de tout ce bleu où mer et monde s’engouffrent dans les mots.
* Ces textes accompagnaient les tableaux de Louise Robert, qui ont été exposés au Centre culturel de Trois-Rivières, à l’automne 2001, au moment du Festival international de poésie, et les citations en italique sont extraites de ces tableaux.
Denise Desautels
Ce désir toujours Un abécédaire
Éditions Leméac, collection «ici / l’ailleurs», 2005
Cimetières : la rage muette*
(extrait)
Les chuchotements et la caresse
*Cimetières : la rage muette, avec des photographies de Moni¬que Bertrand, Éditions Dazibao, collection «Des photographes», Montréal, 1995. (Texte repris dans Mémoires parallèles, Éditions du Noroît, collection «Ovale», Montréal, 2004.
Ni les abîmes de la caresse, ni son abandon, ni ses à-côtés périlleux, ni l'affolement de la main ou de la langue devant l'anonymat de la vague qui emporte loin le corps caressé, ni l'après, ni l'avant de la caresse, ni l'aveu de ses tâtonnements, ni l'aveuglement soudain de l'âme cajolée par ses reflets, ni les battements clignotants du cœur que la caresse aspire, ni le besoin de la caresse, ni sa bêtise, ni son bleu de houille qui se pose, tel une carapace, sur des muscles froissés, ni sa bordure, ni son bout, ni sa chute dans le roux de septembre, ni ce somptueux cimetière des caresses sur lequel les mots parfois s'attendrissent, ni le cinéma bruyant de ses artifices,
ni le comment de la caresse, si ses complots, ni sa cruauté, ni son démantèlement, ni les deuils entassés dans ses replis, ni les démentis de la caresse, ni sa douceur, ni ses effets à long terme, ni l'éloignement de la main ou de la langue, sournoisement attirée ailleurs, ni l'entêtement de la caresse, ni l'étincelle qu'elle aura fait jaillir, ni le brusque étouffement du corps quitté, ni les exigences de la caresse, ni sa faillite, ni sa féminité, ni ses flottements, ni son galop, ni le goût cuivré de son amertume, ni son guet-apens où se prend la chair vulnérable, ni son habileté, ni ses haltes, ni sa hâte, ni son huis clos intime, ni l'inconvenance de sa maîtrise
sur la fin d'un rêve, ni l'intention qu'elle camoufle derrière des naufrages stratégiques, ni ses interdits, ni son joug, ni son juste-milieu, ni les justifications trop câlines de sa lenteur, ni son lieu limite, ni la ligne courbe d'un dos et d'une épaule qu'elle remonte avec délicatesse, ni le livre de la caresse, ni sa loi, ni la mécanique astucieuse de son obscénité, ni sa mémoire, ni la menace de son savoir, ni la mollesse occasionnelle de son souffle, ni le mot qui la nomme, ni sa négation un soir de pleine lune, ni ses nœuds, ni sa nonchalance, ni son obstination à se mouvoir dans l'ombre, dans l'or, dans l'os d'une hanche, ni son odeur,
ni le pourquoi de la caresse, ni ses projets baroques, ni les quiproquos de ses rages, ni ses refuges, ni son relâchement ironique à la fin de la dernière nuit, ni ses remords, ni sa répétition, ni sa rigueur, ni ses sables mouvants, ni la splendide spirale de ses urgences, ni sa surdité, ni son utopie, ni la vacuité de son territoire un jour de vague à l'âme, ni le vagabondage de ses veloutés et de ses vertiges, ni le vêtement théâtral qu'endosse parfois la main ou la langue au moment de la caresse, ni sa volupté vieillissante, ni même sa dernière voltige. Rien que l'état pur de la sensation. Que le motif caresse au moment où il apparaît sur un corps.
Denise DESAUTELS
Mémoires parallèles,
Éditions du Noroît, collection «Ovale», Montréal, 2004.
L’angle noir de la joie
Une archéologie de l’intime
J’écris comme on fait des fouilles, en archéologue de l’intime, tâtonnant dans l’ombre touffue d’une mémoire, la mienne, si semblable à tant d’autres, tiraillée entre détresse et utopie. Sous de multiples couches de protection : l’obscurité d’un monde à déminer, à nettoyer, puis à disséquer. Car les secrets, souvent sournois et inavouables, ont besoin de lumière, c’est-à-dire de pensée, de langage, de voix, pour ne pas s’envenimer. Car c’est là, au coeur même de l’intimité, dans le plus noir des brouillards, que se fomentent les pires catastrophes. Car c’est là que ça se démène, ça lutte, ça pleure, ça crie, ça se donne bonne conscience, ça court à sa perte. Car il faut tenter, toujours tenter — aujourd’hui plus qu’hier peut-être — de désencombrer le monde, la mémoire et les mots ; de chercher des éclaircies, en contrepoint à la marche sombre des corps. Car il faut écrire. Car il faut lire et entendre. Jusque-là.
Décaper l’intimité. Soulever une ombre, puis une autre, il y a tant de résistances jusqu’à l’histoire vraie, l’ossature grêle qui protège l’âme.
Denise Desautels
Texte publié dans la revue À l’index, Épouville (France), no 17.