SARAH MOSTREL
La fin d'un monde
LAURE GAUTHIER
La forêt blanche
Nous allons à la forêt comme à la vie
en vrac de soi
attendant tout des branches mais
la promenade n’enclenche plus les marionnettes de la pensée, et les arbres restent au bord sans parler, une écume verte où se perdre sans mots
je marche à la forêt sans noms
les arbres me regardent, des bulles vides que je ne sais remplir au-dessus de chaque feuillage, sur chaque buisson, et la mousse donc ! J’ai l’humeur à marée basse, car, à mesure que je m’avance sur le chemin de bitume, de terre, puis de racines et d’herbes, plus les mots se retirent. Comme s’ils s’accrochaient aux ronces, aux viornes et aux branches pour me laisser en haillons avec des phrases déchirées. Je pense « chêne » à chaque nouveau tronc sans être capable de me raviser, je ne sais dire que cloportes et papillons en soulevant une pierre ou ouvrant un buisson, et le nom générique « roche » avec sa variante « rocher » est le seul qui me vienne à l’esprit devant le sec minéral ; avec ces quatre termes je continue, pas à pas, et je m’enfonce, j’oublie d’où je viens et bricole encore quelques phrases avec mes quatre mots, le papillon de pierre se retourne au cloporte près des chênes, le chêne de pierre est pareil au papillon devenu cloporte, le cloporte derrière tout papillon surgit derrière la pierre couleur chêne, le chêne couleur papillon me fait penser au cloporte de pierre. Petite promenade sur digestion et prestidigitation. Ha si, là je reconnais les fougères, je sais même que leurs bras laissent de petites marques de couleur quand on les touche, je sais aussi qu’on se fait mal à la peau en essayant de les couper à doigts nus. La mousse, ça je n’ai pas oublié non plus ! et les sorties de classes à la champignonnière avec tous les termes sous serre, je me souviens de la cohue et de la fatigue pour deviner les trop petites et trop nombreuses pancartes et l’odeur de l’humide. Je continue d’avancer et veux me débarrasser des mots sertis dans l’ambre de l’usage. Cette broche convenue épinglée à ma promenade. Promenade overdressed. La vulgarité du mot trop huppé.
Je marche de façon un peu irrégulière, trop rapide, un peu époumonée puis lente, paralysée par les mots qui construisent malgré eux une pensée qui m’encombre et pèsent plus lourd que mon sac léger. Je regarde ces bosquets qui passent devant moi comme un pécheur qui a oublié son hameçon observe les truites en contrebas. Je les regarde mais ne peux accrocher de mots à mon regard.
Mais bientôt en cherchant l’air, le cœur se régule et le bruit de l’inspiration recouvre l’échafaudage du discours (ne jamais passer sous un échafaudage!); j’entends le bruit de l’humide et aussi le glissement de la plante
du pied sur la partie lisse des racines et l’intermède sec de la roche, je ne suis qu’instruments pour mes pas, je profite du spectacle, et, à mon insu au fil des ballottements de droite et de gauche du corps qui suit le sentier crrrr, sssss, foooffff, surgissent des mots nouveaux au souffle qui s’épaissit. J’ai perdu les lexiques en chemin comme d’autres font tomber des manches leurs carrés d’as ; non, je ne ferai pas d’herbier ;
je fais garrot à toutes les analogies, l’arbre n’est que lui-même, pas de forêt aux troncs majestueux pour mon cheval blanc, pas de sang de dragon ni de troncs droits élevés comme les arbres de la connaissance. Je m’enfonce je ne sais où sans vraiment pouvoir me perdre, mais peut-être un peu, comme on se perd à moitié sachant qu’on s’y retrouvera de toutes les façons,
et je me parle en silence comme un manuscrit rescapé,
A la fatigue des pieds, à force de cailloux, des mots-Sappho hoquettent au milieu du blanc
Le taillis émeraude pierre et les yeux
….. au loin des visages
….. la sueur retournée
Je rentre dans mon souffle, qui s’évase,
La sueur qui coule sur le dos de haut en bas chatouille un peu et soudain, devant l’écume d’un feuillage nouveau, petite allégresse sourde, je lance mes mains en l’air, chaudes de marcher, je les lance comme je n’oserais peut-être pas les lancer devant des visages, un geste à la vie comme on jette une torche dans la nuit sans prétendre apercevoir autre chose que le vent noir mais l’envie de la torche !
***
RODEZ BLUES
Ai vu gémir le bossu pauvre
traverser l’aveyronnais,
des contrées que tu ne sais plus nommer, un paysage non préparé ni visité,
où tu n’as pas prévu d’aller,
le plateau sur le segala, le causse comtal, les terres caillouteuses,
Tu as 6 parfums de carambar en poche, mais ne connais le nom des roches,
Soudain tu as vu la clocharde du monde et elle te criait
« J’AI VU MOURIR LES MUSEES »
« J’ai vu mourir les musées, derrière la montagne », a-t-elle répétée
On refait les visages, morts, les remodèle,
On refait les voix des acteurs morts, les réarticule,
On refait les grottes en plastok, les duplique,
Et on marche à reculons,
Atrophiés du toucher
Je vois le clochard du monde reconnaître la peur à l’odeur,
deviner la maladie sous la peau
J’ai vu les causses et les collines et apparaître l’OBTURÉ !
les accumulés, les entassés se sont mis à danser
avec la maladresse de ceux qui ont perdu la confiance
d’un rite mal en point, criblé d’objets
danser leur entravement avec rage,
les empavés, les sous la plage, se mouvaient
nils et nelles tombent en rythme sur des clairières nouvelles
laissant les danses macabres aux influenceurs
Tu dois réapprendre les noms, et inventer
Accepter de regarder les hommes percés,
qui prennent l’eau,
les hommes ébréchés
par milliers
au travers desquels on aperçoit des alisiers blancs, des camerisiers et des châtaigniers,
Et la peau à hauteur de nuage, il n’y a plus de chiffres ni de cercles au sol,
Tout est recouvert, et tu ne veux plus fouiller le passé, ça suffit,
Mieux vaut danser en titubant sans savoir,
Un chemin se trouvera
Sur les plateaux de pierre
Les pauvres du monde apparaissent
Proférant des mots que je ne comprends
L’ellipse généralisée de sens dansant
Dans les forêts, serrés, de vieux messieurs en costumes parlent d’eux et disent qu’ils écrivent des poèmes de forêt et se disputent sur la forme, il y en a d’autres qui installent des arbres en photo et en film, pensant qu’on gagne au tirage et au grattage,
Tu vois la charrue avant les bœufs, à perte de vue
Laure Gauthier
Nous allons à la forêt comme à la vie
en vrac de soi
attendant tout des branches mais
la promenade n’enclenche plus les marionnettes de la pensée, et les arbres restent au bord sans parler, une écume verte où se perdre sans mots
je marche à la forêt sans noms
les arbres me regardent, des bulles vides que je ne sais remplir au-dessus de chaque feuillage, sur chaque buisson, et la mousse donc ! J’ai l’humeur à marée basse, car, à mesure que je m’avance sur le chemin de bitume, de terre, puis de racines et d’herbes, plus les mots se retirent. Comme s’ils s’accrochaient aux ronces, aux viornes et aux branches pour me laisser en haillons avec des phrases déchirées. Je pense « chêne » à chaque nouveau tronc sans être capable de me raviser, je ne sais dire que cloportes et papillons en soulevant une pierre ou ouvrant un buisson, et le nom générique « roche » avec sa variante « rocher » est le seul qui me vienne à l’esprit devant le sec minéral ; avec ces quatre termes je continue, pas à pas, et je m’enfonce, j’oublie d’où je viens et bricole encore quelques phrases avec mes quatre mots, le papillon de pierre se retourne au cloporte près des chênes, le chêne de pierre est pareil au papillon devenu cloporte, le cloporte derrière tout papillon surgit derrière la pierre couleur chêne, le chêne couleur papillon me fait penser au cloporte de pierre. Petite promenade sur digestion et prestidigitation. Ha si, là je reconnais les fougères, je sais même que leurs bras laissent de petites marques de couleur quand on les touche, je sais aussi qu’on se fait mal à la peau en essayant de les couper à doigts nus. La mousse, ça je n’ai pas oublié non plus ! et les sorties de classes à la champignonnière avec tous les termes sous serre, je me souviens de la cohue et de la fatigue pour deviner les trop petites et trop nombreuses pancartes et l’odeur de l’humide. Je continue d’avancer et veux me débarrasser des mots sertis dans l’ambre de l’usage. Cette broche convenue épinglée à ma promenade. Promenade overdressed. La vulgarité du mot trop huppé.
Je marche de façon un peu irrégulière, trop rapide, un peu époumonée puis lente, paralysée par les mots qui construisent malgré eux une pensée qui m’encombre et pèsent plus lourd que mon sac léger. Je regarde ces bosquets qui passent devant moi comme un pécheur qui a oublié son hameçon observe les truites en contrebas. Je les regarde mais ne peux accrocher de mots à mon regard.
Mais bientôt en cherchant l’air, le cœur se régule et le bruit de l’inspiration recouvre l’échafaudage du discours (ne jamais passer sous un échafaudage!); j’entends le bruit de l’humide et aussi le glissement de la plante
du pied sur la partie lisse des racines et l’intermède sec de la roche, je ne suis qu’instruments pour mes pas, je profite du spectacle, et, à mon insu au fil des ballottements de droite et de gauche du corps qui suit le sentier crrrr, sssss, foooffff, surgissent des mots nouveaux au souffle qui s’épaissit. J’ai perdu les lexiques en chemin comme d’autres font tomber des manches leurs carrés d’as ; non, je ne ferai pas d’herbier ;
je fais garrot à toutes les analogies, l’arbre n’est que lui-même, pas de forêt aux troncs majestueux pour mon cheval blanc, pas de sang de dragon ni de troncs droits élevés comme les arbres de la connaissance. Je m’enfonce je ne sais où sans vraiment pouvoir me perdre, mais peut-être un peu, comme on se perd à moitié sachant qu’on s’y retrouvera de toutes les façons,
et je me parle en silence comme un manuscrit rescapé,
A la fatigue des pieds, à force de cailloux, des mots-Sappho hoquettent au milieu du blanc
Le taillis émeraude pierre et les yeux
….. au loin des visages
….. la sueur retournée
Je rentre dans mon souffle, qui s’évase,
La sueur qui coule sur le dos de haut en bas chatouille un peu et soudain, devant l’écume d’un feuillage nouveau, petite allégresse sourde, je lance mes mains en l’air, chaudes de marcher, je les lance comme je n’oserais peut-être pas les lancer devant des visages, un geste à la vie comme on jette une torche dans la nuit sans prétendre apercevoir autre chose que le vent noir mais l’envie de la torche !
***
RODEZ BLUES
Ai vu gémir le bossu pauvre
traverser l’aveyronnais,
des contrées que tu ne sais plus nommer, un paysage non préparé ni visité,
où tu n’as pas prévu d’aller,
le plateau sur le segala, le causse comtal, les terres caillouteuses,
Tu as 6 parfums de carambar en poche, mais ne connais le nom des roches,
Soudain tu as vu la clocharde du monde et elle te criait
« J’AI VU MOURIR LES MUSEES »
« J’ai vu mourir les musées, derrière la montagne », a-t-elle répétée
On refait les visages, morts, les remodèle,
On refait les voix des acteurs morts, les réarticule,
On refait les grottes en plastok, les duplique,
Et on marche à reculons,
Atrophiés du toucher
Je vois le clochard du monde reconnaître la peur à l’odeur,
deviner la maladie sous la peau
J’ai vu les causses et les collines et apparaître l’OBTURÉ !
les accumulés, les entassés se sont mis à danser
avec la maladresse de ceux qui ont perdu la confiance
d’un rite mal en point, criblé d’objets
danser leur entravement avec rage,
les empavés, les sous la plage, se mouvaient
nils et nelles tombent en rythme sur des clairières nouvelles
laissant les danses macabres aux influenceurs
Tu dois réapprendre les noms, et inventer
Accepter de regarder les hommes percés,
qui prennent l’eau,
les hommes ébréchés
par milliers
au travers desquels on aperçoit des alisiers blancs, des camerisiers et des châtaigniers,
Et la peau à hauteur de nuage, il n’y a plus de chiffres ni de cercles au sol,
Tout est recouvert, et tu ne veux plus fouiller le passé, ça suffit,
Mieux vaut danser en titubant sans savoir,
Un chemin se trouvera
Sur les plateaux de pierre
Les pauvres du monde apparaissent
Proférant des mots que je ne comprends
L’ellipse généralisée de sens dansant
Dans les forêts, serrés, de vieux messieurs en costumes parlent d’eux et disent qu’ils écrivent des poèmes de forêt et se disputent sur la forme, il y en a d’autres qui installent des arbres en photo et en film, pensant qu’on gagne au tirage et au grattage,
Tu vois la charrue avant les bœufs, à perte de vue
Laure Gauthier
FLORENCE B.
I'm in LoL with you
- Nos rêves rêvent de nous -
I'm in LoL with you
jusqu'à la poulpe des lois
dans l'enivrance roudoudou
par tout hubris oins-moi
Tu me panses et me danses
mine à dope à dopamine
anima mundi homo ridens
furfurole à gaieté contamine
I'm in LoL with you
tel milles myxomycètes
en éclats de paillettes
twistés en poilade pistou
Super chérie sans supercherie
au sourire du surire
à l'imagination pour seule nation
théorire en cosmodésir
Notre Umour vaincra
toutes les machines célibataires
machines conjugales, machines patrimoniales
toutes machines de guerre
Bon gré mal gré leur violence
nous ferons notre tofu soyeux
avec sapience et jubilance
fluence, joyance, actance et jeu.
Florence B.
- Nos rêves rêvent de nous -
I'm in LoL with you
jusqu'à la poulpe des lois
dans l'enivrance roudoudou
par tout hubris oins-moi
Tu me panses et me danses
mine à dope à dopamine
anima mundi homo ridens
furfurole à gaieté contamine
I'm in LoL with you
tel milles myxomycètes
en éclats de paillettes
twistés en poilade pistou
Super chérie sans supercherie
au sourire du surire
à l'imagination pour seule nation
théorire en cosmodésir
Notre Umour vaincra
toutes les machines célibataires
machines conjugales, machines patrimoniales
toutes machines de guerre
Bon gré mal gré leur violence
nous ferons notre tofu soyeux
avec sapience et jubilance
fluence, joyance, actance et jeu.
Florence B.
ROGER GONNET
Du haut de ma jeunesse tremblante, je dessine un jardin, les mains dans la terre
j'entend caqueter les poules : leurs mots n'ont plus de sens.
Roger Gonnet
(Terre lointaine, inédit)
j'entend caqueter les poules : leurs mots n'ont plus de sens.
Roger Gonnet
(Terre lointaine, inédit)
MARILOU AVIATKA
L'acte de création souvent
demande deux coeurs
un pour prendre racine
et un pour fleurir.
Un pour nourrir
pendant la sécheresse
et pour maintenir
contre les vents de la souffrance
la fragile floraison
qui dans la gloire
de son heure
affirme un coeur
non chanté, non vu.
Marilou Awiakta
De Selu (1993)
Traduit de l’anglais (américain) par Alice-Catherine Carls
Envoi Alice-Catherine Carls
demande deux coeurs
un pour prendre racine
et un pour fleurir.
Un pour nourrir
pendant la sécheresse
et pour maintenir
contre les vents de la souffrance
la fragile floraison
qui dans la gloire
de son heure
affirme un coeur
non chanté, non vu.
Marilou Awiakta
De Selu (1993)
Traduit de l’anglais (américain) par Alice-Catherine Carls
Envoi Alice-Catherine Carls
PIERRE DROGI
par cette pluie distante
par cette pluie et la crue persistante
les cormorans sont lassés
s’ébrouent sous les jets de pluie
décollent à renforts impressionnants
de gouttes
ajoutées
que rendons-nous lisible ?
de cœur la corne de zinc sourde-aveugle rappelle les troupeaux
ce qui mérite d’arriver aux mots depuis le silence
filtrer
puiser
et boire
Pierre Drogi,
suite tremblante (extrait), inédit
par cette pluie et la crue persistante
les cormorans sont lassés
s’ébrouent sous les jets de pluie
décollent à renforts impressionnants
de gouttes
ajoutées
que rendons-nous lisible ?
de cœur la corne de zinc sourde-aveugle rappelle les troupeaux
ce qui mérite d’arriver aux mots depuis le silence
filtrer
puiser
et boire
Pierre Drogi,
suite tremblante (extrait), inédit
ET POUR CLORE: EUGÈNE GUILLEVIC
Je fore
Je creuse.
Je fore
Dans le silence
Ou plutôt
Dans du silence,
Celui qu’en moi
Je fais.
Et je fore, je creuse
Vers plus de silence,
Vers le grand,
Le total silence en ma vie
Où le monde, je l’espère
Me révèlera quelque chose de lui.
Je veux entrer
Mais je ne sais
Ni où ni dans quoi.
Il semblerait que ce soit là
Où je me confondrais
Avec la source de ce
Dont j’ai toujours eu besoin.
Mon royaume
C’est du silence
Où je ne règne pas,
Je ne régente pas.
Je le laisse me posséder.
Je l’aide en cela
Par tout ce qui me crée.
Je me baigne en lui
Comme si je le touchais
Par quelque chose en moi
Dont je ne connais
Que l’existence
Et-ce que de l’immensité
Il assigne à mon désir.
C’est le silence
Qui m’apporte, qui me donne
Le souffle du monde.
Il me permet
De me connaître en lui
A l’écoute
De mon être
Tel que je le pressens.
Il m’ouvre une porte
Sur une espace de calme
Où s’éclaire la présence
Indispensable.
Dans mon royaume
Je sens soudain passer par moi
Le constant croisement
De l’espace et du temps.
Eugène Guillevic
In Possibles futurs poèmes 1982-1994
Éditions Gallimard
Je creuse.
Je fore
Dans le silence
Ou plutôt
Dans du silence,
Celui qu’en moi
Je fais.
Et je fore, je creuse
Vers plus de silence,
Vers le grand,
Le total silence en ma vie
Où le monde, je l’espère
Me révèlera quelque chose de lui.
Je veux entrer
Mais je ne sais
Ni où ni dans quoi.
Il semblerait que ce soit là
Où je me confondrais
Avec la source de ce
Dont j’ai toujours eu besoin.
Mon royaume
C’est du silence
Où je ne règne pas,
Je ne régente pas.
Je le laisse me posséder.
Je l’aide en cela
Par tout ce qui me crée.
Je me baigne en lui
Comme si je le touchais
Par quelque chose en moi
Dont je ne connais
Que l’existence
Et-ce que de l’immensité
Il assigne à mon désir.
C’est le silence
Qui m’apporte, qui me donne
Le souffle du monde.
Il me permet
De me connaître en lui
A l’écoute
De mon être
Tel que je le pressens.
Il m’ouvre une porte
Sur une espace de calme
Où s’éclaire la présence
Indispensable.
Dans mon royaume
Je sens soudain passer par moi
Le constant croisement
De l’espace et du temps.
Eugène Guillevic
In Possibles futurs poèmes 1982-1994
Éditions Gallimard