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09/02/2011



L'invité du mois

Laurine ROUSSELET



BIOBIBLIOGRAPHIE

Photographie Nuno Judice
Photographie Nuno Judice
Née en 1974, Laurine Rousselet est une poète et prosatrice d’expression française. Elle parle une langue-poésie, qu’elle façonne depuis ses débuts. Ses premiers poèmes paraissent dans la revue « Digraphe » en 1998, suivis d’un premier recueil Tambour aux éditions Bernard Dumerchez. Sa littérature est faite de déplacements et d’éclats – quelque chose qui peut s’apparenter à une littérature de frontière, non seulement à la frontière entre les langues, mais aussi entre les modes d’expression artistique. Sa voix est souvent accompagnée par le travail de peintres et graveurs (Vladimir Veličković, Serge Kantorowicz, José Ramón Díaz Alejandro), par celui musical (notamment avec le compositeur Abdelhadi El Rharbi), et enfin par la danse avec le danseur Vincent Chaillet, ancien premier danseur au sein du Ballet de l’Opéra national de Paris, et plus récemment avec la danseuse Sara Orselli de la compagnie Carolyn Carlson. Cette rencontre a donné naissance à l’un de ses derniers recueils, Émergence, chez L’Inventaire en 2022. Réponses à la lumière, écrit avec le poète Nuno Júdice, est paru aux éditions de l’Aigrette en 2023. Elle a collaboré à différentes revues culturelles et dirige Les Cahiers de l’Approche depuis 2011. Son dernier recueil s’intitule Danser dans l’immensité, 2023.
Site https://www.laurine-rousselet.fr/

PUBLICATIONS

POESIE

Tambour, Dumerchez, Paris, 2003.
Mémoire de sel (en bilingue français/arabe), L’Inventaire, Paris, 2004.
Séquelles, Dumerchez, Paris, 2005.
Journal de l’attente, Isabelle Sauvage, Plounéour-Ménez, 2013.
Crisálida, L’Inventaire, Paris, 2013.
Nuit témoin, Isabelle Sauvage, Plounéour-Ménez, 2016
Ruine balance, Isabelle Sauvage, Plounéour-Ménez, 2019
Barcelona, La Part Commune, Rennes, 2020
Rue Ion Brezoianu, L’Inventaire, Paris, 2021.
Émergence, L’Inventaire, Paris, 2022.
Réponses à la lumière, avec Nuno Júdice, De l’Aigrette, Marseille, 2023.
Danser dans l’immensité, L’échappée belle, Paris, 2024.

RÉCIT

De l’or havanais, Apogée, Rennes, 2010.
La Mise en jeu, Apogée, Rennes, 2012.
L’été de la trente et unième, De l’Aigrette, Marseille, 2021.

AUTRE
Hasardismes, aphorismes, L’Inventaire, Paris, 2011.
Syrie, ce proche ailleurs, L’Harmattan, Paris, 2015.
Correspondance avec Bernard Noël,
Artaud à La Havane, L’Harmattan, Paris, 2021.


EXTRAITS

Laurine Rousselet, Nuno Judice
Extraits de Réponses à la Lumière
Ed. de l’Aigrette


le risque sombre lorsque le corps refuse
ruisselants d’amour

l’arbre et son écorce débordent dans l’air

et le secret cuirassé d’or éclaire joie et beauté
le fleuve n’entend-il pas la passion solidifiée ?

la solitude est un territoire tressé

qui enfle et qui monte

la table ne s’use jamais contre la surface des choses
crire avec les doigts enroulés à ton corps

ramasser un cri ou deux

jusqu’à mes tempes la vérité occupe

puis courir jusqu’au rivage sans attendre

le souffle se charge de secouer le silence
connaître la distance pour réaliser le saut
la présence s’enflamme

échanger dans nos lectures les affinités
les galets sont signes de la lucidité
les roses trémières à la vue de tous

chaque jour le chant ouvre sur le saisissement
le calme aussi a la face du soleil

la chance de vivre la main qui tache d’encre
les forces recouvertes d’intimité

*

la couleur des lèvres l’épaisseur
rouge l’étourdissement étincelle
dans la marge gauche du cahier
noter les bruits de pas dans l’escalier
à mains nues empoigner la vitesse

les étagères tenaillent le temps

la beauté s’impatiente dans les nerfs

la lecture du lendemain s’entretient
avec la position des aiguilles affolées
boire chaque question à grande gorgée

l’ouverture attrape la distance

de grandes montées

des détours invraisemblables

cartes et frontières cannelées

les déplacements s’élancent en plein orage

vers toi le sourire reprend

l’émotion passionnée autour du regard
l’énergie qui enjambe le calendrier

la volonté circule sans hésitation

penser le mois prochain

à grimper sur-le-champ dans un Bela-Sombra

*

humer le parfum de ta terre natale

de loin la limpidité du voyage se prépare

le chemin à éclairer pour te comprendre

le passage silencieux des signes

sur la table ou nappe imprimée de nuances

dès lors partager tous deux la joie offerte
aux rayons rectilignes de la lumière

le hasard et ses volutes matinaux sur la côte
s’enraciner dans l’odeur de la mer

de la mousse

des coquillages et poisson
s
le silence des pêcheurs appelés à la patience
et régler le pas sur celui de l’arôme

de la prochaine terre mouillée à inspirer

le front haut

la rencontre est l’aveu du souffle
distinguer le dévoilement de la découverte
l’intonation de la déclaration

tracer la courbe de la connivence

les oscillations chahutant pour sourire

noter les couleurs du jour

des linges suspendus aux balcons de quartier

*

rencontre navigation possible
les mots rêvent pour s’émanciper
le réveil converse avec sourire
jour et la nuit l’amour s’incarne
désir tressage immensité
la conduite du cœur est ascensionnelle
l’épreuve se confronte au rayonnement

fenêtre ouverte la vitesse est offrande
s’attacher à aujourd’hui regard plongeant
écrire creuse mouvement et éclosion
accompagner la caresse des ans
régler nos voix sur l’inconnu

le dégagement se branche sur l’ardeur

le vent ne fait-il pas couloir dans les feuilles ?

la musique dans la nature espère

percevoir curiosité et composition

les pas dans un champ gelé en hiver

une buse là-haut dans le pourquoi de la bête
la fragilité règne aussi sur le silence
répondre à l’unique invitation
le corps appelé à vivre notre histoire

l’engagement est à construire

libération poésie enchantement

le regard se tourne vers le sud

les langues dans l’étrangeté du voyage

la clarté se vit dans l’adoration de l’équilibre
signe après signe déambuler dans les rues
rire avec toi dans la ville aux sept collines



ARTICLE

Comment se décide-t-on à publier, lorsque l’on ne garde rien ? Laurine Rousselet ne se retourne pas sur elle-même, sur ce qu’elle a écrit en amont. Elle s’y refuse. Elle élimine et elle jette. Elle ne garde que ce qu’elle a décidé de choisir. C’est sans doute queLaurine Rousselet vit-écrit — les deux verbes sont inséparables — dans la fragmentation de l’instant, dans le galop de la double tension écrire/vivre. Dans la stupeur que l’étrangeté d’être suscite en elle continûment. Écrire, pour Laurine, est indissociable de la vie quotidienne. Écrire, c’est se laisser emmener par le choc premier de la sidération, c’est se laisser saisir par le fracas du silence. Écrire donc, « à brides abattues », très tôt le matin ou dans cet entre-deux qui sépare la nuit de l’aurore, et galoper, jusqu’au vertige, à la « vitesse du saisissement ».
À la question qui lui est posée « Que vouliez-vous faire à dix-sept ans ? », Laurine Rousselet répond : « Écrire. Je ne vois que ça ! » Née à Dreux (en Eure-et-Loir) en 1974, l’auteure publie ses premiers poèmes en 1998 dans le numéro 88 de la revue Digraphe, consacré à la poésie chilienne. Elle n’a cessé depuis d’apporter sa contribution à différentes revues en tant que rédactrice et traductrice. En juin 2002, sur l’invitation de Madame Arlette Albert-Birot, elle participe à la rencontre poétique du Marché de la poésie sur le thème « Rives et Dérives de la Méditerranée ». Laurine Rousselet monte sur le podium pour lire ses poèmes. C’est sans doute l’une des rares fois où la jeune poète, peu encline à s’inscrire dans le tourbillon des rencontres parisiennes de juin, se produit place Saint Sulpice. Pourtant, à partir de ce moment-là, son œuvre prend forme et les publications se succèdent au fil des ans. Tant dans le domaine de la poésie que dans ceux du récit et de l’aphorisme. Pour l’écrivaine, la question des genres, une question purement littéraire selon elle, ne la concerne pas. La poésie est un état. On peut la retrouver partout, sans se préoccuper de la cantonner et de l’enfermer dans un genre particulier.
L’année 2005 est une année marquante pour la poète. Sur l’invitation d’Arlette Albert-Birot, Laurine Rousselet effectue un voyage à Cuba, en compagnie de Bernard Noël. Tous trois participent à la Semaine de la Francophonie qui se tient à La Havane. La poète retournera à Cuba en 2009 en tant que boursière des missions Stendhal.
Parmi ses ouvrages les plus importants figurent le recueil poétique bilingue français-arabe Mémoire de sel, traduit par Abed Azrié (L’Inventaire, 2004) ; Séquelles (Dumerchez, 2005) pour lequel Bernard Noël souligne qu’il n’y a dans ce recueil « pas d’autre règle que cet ajustement soucieux de réunir dans une même scansion le verbe et la perception, le premier écorchant la seconde pour restituer la vibration nerveuse au lieu de l’imager » (note parue dans le numéro 5 du Marché des Lettres) ; El respir, recueil bilingue français-catalan traduit par Manuel Costa Pau (Llibres del Segle, Gaüses, 2008) ; Journal de l’attente (Isabelle Sauvage, 2013) ; Crisálida, dans lequel figure « Sans lui », un long poème dédié à Hubert Haddad, rencontré à l’âge de 25 ans (L’Inventaire, 2013) ; Nuit témoin (Isabelle Sauvage, 2016). Parmi les récits, citons L’Été de la trente et unième (L’Atelier des brisants, 2007) ; De l’or havanais (Apogée, 2010) ; La Mise en jeu (Apogée, 2010). Hasardismes enfin, recueil d’aphorismes (L’Inventaire, 2011) et l’essai-poésie Syrie, ce proche ailleurs (L’Harmattan, 2015). Laurine Rousselet est aussi à l’origine de nombreux livres d’artistes. L’Ange défunt, illustrations d’Hubert Haddad (Alain Lucien Benoit, 2003) ; Au jardin de la chair cernée, dessins de Thierry Le Saëc (La Canopée, 2008) ; Amaliamour, gravures d’Albert Woda (de l’Eau, 2010) ; Faim et Faim, peintures de Guillaume Guintrand (Approches, 2010) ; Vacarmes, photographies et collages d’Yves Picquet (Double Cloche, 2012), Ce matin six heures, gravures sur bois de Jacky Essirard, l'Atelier de Villemorge, 2013.
Depuis ses lointains débuts, l’écriture est en chemin. Elle évolue avec le temps dans une voix qui est, selon les mots de l’écrivain Marcel Moreau, une « grande voix ».
« De poème en poème, Laurine affine son art de grimper aux extrémités du non-dit. Elle a cette souplesse-là, si rare : cette pulsion-là si téméraire. On se demande ce qu’elle fait, dans les hauteurs du non-dit, à quel vertige elle s’initie, mais le certain, c’est quand elle redescend, elle est une Voix, déjà une grande voix. »
Laurine Rousselet réalise un « Sur les Docks », France Culture, sur Marcel Moreau, qu’elle nomme volontiers son « plus fidèle et vieux compagnon », ce « possédé des mots ». Diffusion le 4 janvier 2016.
Moreau, Haddad, Noël, les poètes composent une figure trinitaire fondatrice qui a orienté le destin de poète de Laurine Rousselet. Outre ces pères fondateurs, Laurine Rousselet évoque ses amis syriens dont elle épouse la cause. Dont le photographe et ami de Damas, Nassouh Zaghlouleh. Pour l’auteure, s’inscrire dans le monde, dénoncer les horreurs d’un conflit qui s’éternise, dénoncer la destruction organisée et systématique d’un pays, relève d’une volonté métaphysique quotidienne inébranlable. Et l’écriture participe à part entière de cette volonté.
En amont, parmi les poètes de sa jeunesse, figurent Marina Tsvetaïeva qui l’a autorisée à entrer en poésie et qui ne l’a jamais quittée. Et Alejandra Pizarnik. Antonin Artaud. Mais aussi les grands noms russes du siècle d’argent : Maïakovski, Pasternak, Mandelstam… Plus tard, Paul Celan.
Aujourd’hui, outre le temps qu’elle réserve à l’écriture de ses ouvrages poétiques, Laurine Rousselet poursuit son travail de revuiste. Elle dirige « Les Cahiers de l’Approche », plaquette de poésie bilingue, depuis 2011. Début 2016, elle a consacré deux articles au poète Serge Pey. L’un, « Manifeste magdalénien », pour la revue papier L’Actualité Poitou-Charentes ; l’autre pour le numéro 92 de la revue mexicaine Archipielago : « Serge Pey o el vidente del Nierika ».
France Culture a donné à entendre la voix de Laurine Rousselet à plusieurs reprises. L’émission « L’Effractionnaire » (L’Atelier de la création) est consacrée à son œuvre, au travers des voix d’Hubert Haddad et de Marcel Moreau. Réalisation par le compositeur Abdelhadi El Rharbi, textes lus par Anouk Grinberg.

Angèle Paoli.

Lundi 27 Janvier 2025
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Pour avoir vu un soir
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Anthologie du Printemps
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La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
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22/11/2010