BIOBIBLIOGRAPHIE
Fabienne Courtade est poète, elle vit et travaille à Paris.
Depuis Nous, infiniment risqués (1987) paru aux éditions Verdier, Fabienne Courtade est l’auteur d une douzaine d'ouvrages, notamment aux éditions Unes et Flammarion.
Ses trois derniers livres : Il reste (2003), Table des bouchers (2008) et Le même geste (2012 ) sont parus dans la collection Poésie, aux éditions Flammarion.
"Tout est plus réel que moi, dans cet espace ce n'est pas moi, ce sont les mots qui prennent leur place, (…)
avec le risque de s'interrompre encore de se briser. Les mots sont toujours à retrouver, le possible reste toujours un peu éloigné (…) j'invente ce qui passe, c'est un signe que j'adresse à quelqu'un, quelqu'un qui n'existe pas." Cahier des rencontres poétiques de Montpellier, 2004
Principales publications:
Le même geste, éditions Flammarion, 2012
Table des bouchers, éditions Flammarion, 2008
Il reste, éditions Flammarion, 2003
Ciel inversé (II), Cadex éditions, 2002
Nuit comme jours, éditions Unes, 1999
Lenteur d’horizon, éditions Unes, 1999
Entre ciel , accompagné d’aquarelles originales de Frédéric Benrath, éditions Unes, 1998
Ciel inversé (I), Cadex éditions, 1998
Quel est ce silence, éditions Unes, 1993
Nous, infiniment risqués, éditions Verdier, 1987
Livres d’artistes : avec notamment Frédéric Benrath, Gilbert Pastor, Joël Leick, Thierry le Saëc, Jean-Michel Marchetti, Jean Brault, Philippe Guitton, Philippe Hélénon.
Fabienne Courtade a participé à des ouvrages collectifs et à de nombreuses revues, parmi lesquelles : Ralentir travaux (comité de rédaction), La Main de singe, La Rivière échappée, La Polygraphe, Action poétique, Neige d’août, Le Nouveau Recueil, Rehauts, La Revue littéraire, La Canopée, Gare maritime, Le Préau des collines, N 4728, Europe, Lampe-tempête…
A collaboré à la traduction collective de nouvelles et de poèmes de langue persane, et à des traductions de poèmes (tout particulièrement au Monténégro, en Finlande, au Portugal et en Allemagne).
A animé des ateliers de poésie et de lecture, et participe à des groupes de parole en milieu hospitalier (psychiatrie adulte). Continue à se consacrer à la lecture, à la réécriture et à la révision de « manuscrits». Participe à des lectures et à des rencontres publiques.
Membre du jury du Prix Ilarie Voronca, membre du Prix de La Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la vocation, ancien membre de la commission CNL poésie.
Quelques articles, extraits.
Extrait d’un article de Dominique Grandmont, paru dans L’Humanité, 1998, à propos de Ciel inversé, éditions Cadex.
« Un poème de Fabienne Courtade est comme une échappée, une trouée de lumière dans un ciel lourd de nuages. Et ce qui est imprimé, c'est le ciel inversé de la page, noire d'écriture, dont paroles et images s'annuleraient pour atteindre à sa blancheur seconde. Sur cette étendue de sens se lève la voile d'une parenthèse. Le phrasé se froisse et se brise comme une vague. Un coup de vent vient coucher les lettres en italique. On est dans un univers d'embruns et de rumeurs océanes, et la lecture s'apparente à une traversée (…) Mais les mots d'un poème, ce sont aussi les mille noms de l'absence inscrits sur une pierre, le long des murs ou dans les flaques. La matière en est innombrable. Les sensations fourmillent. Le voyage nous entraîne au-delà de la mémoire. Et l'espoir qu'on croyait perdu précède l'horizon d'une angoisse. Son empreinte dans la boue reflète les étoiles. (… ) un auteur de pointe, à l'émotivité ombrageuse, portée à l'expérience des extrêmes, stupeur, vertige, orage. Sentier frontalier que le sien pour aller de l'autre côté de sa propre peur. (… ) C'est en physicienne du verbe, en prenant le risque d'interroger son regard que Fabienne Courtade scrute l'horizon de son existence propre. » Dominique Grandmont.
Extrait d’un article de Monique Pétillon, paru dans Le Monde, octobre 2012
à propos du livre Le même geste ; éditions Flammarion.
« Voyage sans fin
Sans oublier
Depuis plus de vingt ans, Fabienne Courtade élabore une oeuvre poétique d'une bouleversante intensité (…) elle poursuit, dans ses recueils, une obsédante narration, hantée par la disparition. A la mémoire se mêlent le rêve et l'imaginaire : une " histoire " énigmatique se déroule, des " scènes " se succèdent, comme dans un film silencieux, en " noir en blanc ". C'est un " voyage " sans fin - la traversée d'une marcheuse " somnambule ", qui passe de l'effroi à la grâce, de l'opacité à l'" éblouissement ". L'expérience des extrêmes était déjà à l'oeuvre dans les deux volumes de Ciel inversé (Cadex, 1998 et 2002). A la souffrance de penser à un corps brisé, accidenté, peut succéder une " douceur infinie ". »
Monique Pétillon
Véronique Pittolo, in Sitaudis. : http://www.sitaudis.fr/Source/GF/le-meme-geste-de-fabienne-courtade.jpg
« Chaque livre de Fabienne Courtade nous confronte à un univers à la fois singulier et plein de réminiscences. Que ce soit Roger Laporte ou M. Blanchot, Anne-Marie Albiach ou Danielle Collobert, on y retrouve une poésie épurée (…), une syntaxe qui procure une respiration ample et fluide, affranchie du pathos qui caractérise parfois ses aînés. Une poésie qu’on lit comme une narration trouée, tronquée, éclaircie, tant la prose du monde universellement polluante est dégagée ici de toute fioriture. (… ).Un poème de Courtade, à quelque page qu’on ouvre le livre, est toujours premier, il réactive une sensation originelle (…).
( … )On voyage dans ce livre comme dans une zone extrême, une campagne non encore explorée, une rue où la lumière a du mal à se fixer mais prend néanmoins quelque chose, accroche (…) une abstraction paradoxale, entre l’aveuglement et la vision pure, nette, envoûtante. »
Véronique Pittolo – Sitaudis, décembre 2012.
Voir également les articles de :
Marie Etienne, publié dans La Quinzaine littéraire – n° 1071, 1er novembre 2012, ou encore celui de Antoine Emaz, dans Poezibao : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/11/note-de-lecture-le-m%C3%AAme-geste-de-fabienne-courtade-par-antoine-emaz.html
Fabienne Courtade sur internet
Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/11/note-de-lecture-le-m%C3%AAme-geste-de-fabienne-courtade-par-antoine-emaz.html
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/01/table-des-bouch.html
Sitaudis : http://www.sitaudis.fr/Parutions/le-meme-geste-de-fabienne-courtade.php
Ça rime à quoi, émission du 20 janvier 2013
France-Culture : http://www.franceculture.fr/emission-ca-rime-a-quoi
Remue.net et Publie net- avec François Rannou : http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504462/quels-infinis-paysages
Maison des écrivains et de la littérature : http://www.m-e-l.fr/fabienne-courtade,ec,811
Le Printemps des poètes : http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=151
Terres de femmes : http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2010/02/fabienne-courtade-sans-titre.html
Terre à ciel http://terreaciel.free.fr/poetes/courtade.htm
Blog poésie de la Quinzaine littéraire mars 2012 http://blogdepoesiedelaquinzainelitteraire.wordpress.com/2012/03/05/anthilogie-de-poesie-marie-etienne-14-fabienne-courtade/#more-106
Lampe tempête: http://www.lampe-tempete.fr/courtadetable.html
• et : http://lampe-tempete.fr/sommaire9.html
Depuis Nous, infiniment risqués (1987) paru aux éditions Verdier, Fabienne Courtade est l’auteur d une douzaine d'ouvrages, notamment aux éditions Unes et Flammarion.
Ses trois derniers livres : Il reste (2003), Table des bouchers (2008) et Le même geste (2012 ) sont parus dans la collection Poésie, aux éditions Flammarion.
"Tout est plus réel que moi, dans cet espace ce n'est pas moi, ce sont les mots qui prennent leur place, (…)
avec le risque de s'interrompre encore de se briser. Les mots sont toujours à retrouver, le possible reste toujours un peu éloigné (…) j'invente ce qui passe, c'est un signe que j'adresse à quelqu'un, quelqu'un qui n'existe pas." Cahier des rencontres poétiques de Montpellier, 2004
Principales publications:
Le même geste, éditions Flammarion, 2012
Table des bouchers, éditions Flammarion, 2008
Il reste, éditions Flammarion, 2003
Ciel inversé (II), Cadex éditions, 2002
Nuit comme jours, éditions Unes, 1999
Lenteur d’horizon, éditions Unes, 1999
Entre ciel , accompagné d’aquarelles originales de Frédéric Benrath, éditions Unes, 1998
Ciel inversé (I), Cadex éditions, 1998
Quel est ce silence, éditions Unes, 1993
Nous, infiniment risqués, éditions Verdier, 1987
Livres d’artistes : avec notamment Frédéric Benrath, Gilbert Pastor, Joël Leick, Thierry le Saëc, Jean-Michel Marchetti, Jean Brault, Philippe Guitton, Philippe Hélénon.
Fabienne Courtade a participé à des ouvrages collectifs et à de nombreuses revues, parmi lesquelles : Ralentir travaux (comité de rédaction), La Main de singe, La Rivière échappée, La Polygraphe, Action poétique, Neige d’août, Le Nouveau Recueil, Rehauts, La Revue littéraire, La Canopée, Gare maritime, Le Préau des collines, N 4728, Europe, Lampe-tempête…
A collaboré à la traduction collective de nouvelles et de poèmes de langue persane, et à des traductions de poèmes (tout particulièrement au Monténégro, en Finlande, au Portugal et en Allemagne).
A animé des ateliers de poésie et de lecture, et participe à des groupes de parole en milieu hospitalier (psychiatrie adulte). Continue à se consacrer à la lecture, à la réécriture et à la révision de « manuscrits». Participe à des lectures et à des rencontres publiques.
Membre du jury du Prix Ilarie Voronca, membre du Prix de La Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la vocation, ancien membre de la commission CNL poésie.
Quelques articles, extraits.
Extrait d’un article de Dominique Grandmont, paru dans L’Humanité, 1998, à propos de Ciel inversé, éditions Cadex.
« Un poème de Fabienne Courtade est comme une échappée, une trouée de lumière dans un ciel lourd de nuages. Et ce qui est imprimé, c'est le ciel inversé de la page, noire d'écriture, dont paroles et images s'annuleraient pour atteindre à sa blancheur seconde. Sur cette étendue de sens se lève la voile d'une parenthèse. Le phrasé se froisse et se brise comme une vague. Un coup de vent vient coucher les lettres en italique. On est dans un univers d'embruns et de rumeurs océanes, et la lecture s'apparente à une traversée (…) Mais les mots d'un poème, ce sont aussi les mille noms de l'absence inscrits sur une pierre, le long des murs ou dans les flaques. La matière en est innombrable. Les sensations fourmillent. Le voyage nous entraîne au-delà de la mémoire. Et l'espoir qu'on croyait perdu précède l'horizon d'une angoisse. Son empreinte dans la boue reflète les étoiles. (… ) un auteur de pointe, à l'émotivité ombrageuse, portée à l'expérience des extrêmes, stupeur, vertige, orage. Sentier frontalier que le sien pour aller de l'autre côté de sa propre peur. (… ) C'est en physicienne du verbe, en prenant le risque d'interroger son regard que Fabienne Courtade scrute l'horizon de son existence propre. » Dominique Grandmont.
Extrait d’un article de Monique Pétillon, paru dans Le Monde, octobre 2012
à propos du livre Le même geste ; éditions Flammarion.
« Voyage sans fin
Sans oublier
Depuis plus de vingt ans, Fabienne Courtade élabore une oeuvre poétique d'une bouleversante intensité (…) elle poursuit, dans ses recueils, une obsédante narration, hantée par la disparition. A la mémoire se mêlent le rêve et l'imaginaire : une " histoire " énigmatique se déroule, des " scènes " se succèdent, comme dans un film silencieux, en " noir en blanc ". C'est un " voyage " sans fin - la traversée d'une marcheuse " somnambule ", qui passe de l'effroi à la grâce, de l'opacité à l'" éblouissement ". L'expérience des extrêmes était déjà à l'oeuvre dans les deux volumes de Ciel inversé (Cadex, 1998 et 2002). A la souffrance de penser à un corps brisé, accidenté, peut succéder une " douceur infinie ". »
Monique Pétillon
Véronique Pittolo, in Sitaudis. : http://www.sitaudis.fr/Source/GF/le-meme-geste-de-fabienne-courtade.jpg
« Chaque livre de Fabienne Courtade nous confronte à un univers à la fois singulier et plein de réminiscences. Que ce soit Roger Laporte ou M. Blanchot, Anne-Marie Albiach ou Danielle Collobert, on y retrouve une poésie épurée (…), une syntaxe qui procure une respiration ample et fluide, affranchie du pathos qui caractérise parfois ses aînés. Une poésie qu’on lit comme une narration trouée, tronquée, éclaircie, tant la prose du monde universellement polluante est dégagée ici de toute fioriture. (… ).Un poème de Courtade, à quelque page qu’on ouvre le livre, est toujours premier, il réactive une sensation originelle (…).
( … )On voyage dans ce livre comme dans une zone extrême, une campagne non encore explorée, une rue où la lumière a du mal à se fixer mais prend néanmoins quelque chose, accroche (…) une abstraction paradoxale, entre l’aveuglement et la vision pure, nette, envoûtante. »
Véronique Pittolo – Sitaudis, décembre 2012.
Voir également les articles de :
Marie Etienne, publié dans La Quinzaine littéraire – n° 1071, 1er novembre 2012, ou encore celui de Antoine Emaz, dans Poezibao : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/11/note-de-lecture-le-m%C3%AAme-geste-de-fabienne-courtade-par-antoine-emaz.html
Fabienne Courtade sur internet
Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/11/note-de-lecture-le-m%C3%AAme-geste-de-fabienne-courtade-par-antoine-emaz.html
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/01/table-des-bouch.html
Sitaudis : http://www.sitaudis.fr/Parutions/le-meme-geste-de-fabienne-courtade.php
Ça rime à quoi, émission du 20 janvier 2013
France-Culture : http://www.franceculture.fr/emission-ca-rime-a-quoi
Remue.net et Publie net- avec François Rannou : http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504462/quels-infinis-paysages
Maison des écrivains et de la littérature : http://www.m-e-l.fr/fabienne-courtade,ec,811
Le Printemps des poètes : http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=151
Terres de femmes : http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2010/02/fabienne-courtade-sans-titre.html
Terre à ciel http://terreaciel.free.fr/poetes/courtade.htm
Blog poésie de la Quinzaine littéraire mars 2012 http://blogdepoesiedelaquinzainelitteraire.wordpress.com/2012/03/05/anthilogie-de-poesie-marie-etienne-14-fabienne-courtade/#more-106
Lampe tempête: http://www.lampe-tempete.fr/courtadetable.html
• et : http://lampe-tempete.fr/sommaire9.html
EXTRAITS
Le même geste, F. Courtade, éd. Flammarion, octobre 2012
« Le même geste prolonge le singulier projet que Fabienne Courtade a entrepris ces dernières années et qui consiste (entre autres) à réintroduire la narration dans l'écriture poétique : aussi a-t-on moins affaire ici à une suite de poèmes, au sens courant du terme, qu'à un récit en vers, plus elliptique bien sûr et plus lacunaire que celui de la prose ordinaire : les traces déposées s'interrompent, bifurquent, se reprennent, de grands blancs viennent trouer les ébauches narratives que les strophes recomposent ensuite, selon leur logique propre…
Une histoire se déroule pourtant (…).
Nouvelle étape d'une œuvre qui s'édifie sans hâte, dans une forme d'ascèse, Le même geste confirme l'exigence ( …) de Fabienne Courtade dans le paysage poétique actuel. » (Note de l’éditeur )
1)
1)
Dehors
les yeux sont ouverts
tous les points de la surface sont
lavés
pour soulever
perception troublée
trous de villes
sont les cadres précis
******
2)
Dehors
ce calme n’existe pas
l’herbe pousse par une fente
toutes mêlées d’air
je souffle
entre les doigts
visage de la blancheur
voix muettes
chuchotent
au même moment
j’aperçois de légers mouvements
******
3)
bleu jacinthe bleu fondu
ce sont froissement d’ailes rouges
sur bord de périphérie
je reviens sur mes pas
la lumière de la fenêtre est maintenant
à la verticale
gris noir
avec des variations
******
4)
la poussière se fractionne
le ciel est sec
et sans bruit
pas d’ombre non plus
je dessine un lieu circulaire
quelqu’un respire
en me retournant
je vois
******
5)
bleu fondu
les herbes se soulèvent
les bâches noires aussi
je grimpe sur les marches, tout en haut
je demande toujours
comment conjurer la mort
les formes changent sans cesse
si on lève les yeux
ligne soudaine apparaît
nette
dans le bleu opaque
les brumes sont d’intense chaleur
les « averses douces »
******
6)
les fleurs sont de l’autre côté
Je passe une journée
à attendre
marcher
Inventer
Me donne rendez-vous
dans Paris
Pas loin
dit-elle
Sur le trottoir de gauche entre Arts et Métiers et Hôtel de Ville
Allées et venues
En pleurs
Mains fermées
On a enfermé quelqu’un dans une chambre
On a jeté les clefs sur le palier
la porte est fermée
Quelqu’un que je ne reverrai pas
L’image de disparaître en fumée
est juste comme claquement dans l’air
mais sans l’oubli
*****
7)
L’air circule au dehors
chaque année
est très claire
au matin
on regarde une photographie
découpée dans un journal
années 90
C’est puiser extraire du compact
enfant il dessine des fleurs
sur des cahiers, les fleurs attendent d’être fleurs
avant de pencher
avec l’odeur des morts
la terre autour ne bouge pas
l’épaisseur trouée des feuilles de papier
jetée avec cailloux
vêtements suspendus aux poignées
ensuite il collectionne des papiers
****
8)
le sol est creusé
les objets arrêtent de tomber
le temps ne passe pas
je le retrouve
aussi transparent
avec autant de transparence
je regarde les papiers sur le sol
je dépose ses lèvres
prononcer
son nom
sans lieu
sans aucun son
dedans
je sais qu’il enferme
des années passées
des lettres dans la terre
humide et noire et un corps
pour qu’il ne remonte pas
*****
9)
j’ai senti des fleurs dans le vent
je ne sens que l’odeur de la terre
qui est étourdissante
les linges blancs sont disposés
un à un
sur les terres
le sol a presque disparu
sous la blancheur
les murs sont tout aussi étincelants
L’escalier est interminable
puisqu’on le sait :
sur chaque marche est posée une lumière
l’air du dehors s’agite, le peu de vent venu jusqu’ici nous froisse
mais les lumières ne bougent pas
une fenêtre est au-dehors
de mémoire enfantine
c’est le premier regard
*****
10)
sur le monde
elle se ramasse mais sur le sol
il reste un vide
que l’on ne comprend pas
autour
Pluie froide revenue
malgré la chaleur
les visages
devant la glace
des toilettes
publiques
elle dit qu’elle marche dans un couloir
elle se couche
pour voir la lumière du matin
quelqu’un parle
d’une porte claquée
elle dit qu’elle ne comprend pas
extraits de Le même geste, éditions Flammarion, 2012
.Fabienne Courtade
« Le même geste prolonge le singulier projet que Fabienne Courtade a entrepris ces dernières années et qui consiste (entre autres) à réintroduire la narration dans l'écriture poétique : aussi a-t-on moins affaire ici à une suite de poèmes, au sens courant du terme, qu'à un récit en vers, plus elliptique bien sûr et plus lacunaire que celui de la prose ordinaire : les traces déposées s'interrompent, bifurquent, se reprennent, de grands blancs viennent trouer les ébauches narratives que les strophes recomposent ensuite, selon leur logique propre…
Une histoire se déroule pourtant (…).
Nouvelle étape d'une œuvre qui s'édifie sans hâte, dans une forme d'ascèse, Le même geste confirme l'exigence ( …) de Fabienne Courtade dans le paysage poétique actuel. » (Note de l’éditeur )
1)
1)
Dehors
les yeux sont ouverts
tous les points de la surface sont
lavés
pour soulever
perception troublée
trous de villes
sont les cadres précis
******
2)
Dehors
ce calme n’existe pas
l’herbe pousse par une fente
toutes mêlées d’air
je souffle
entre les doigts
visage de la blancheur
voix muettes
chuchotent
au même moment
j’aperçois de légers mouvements
******
3)
bleu jacinthe bleu fondu
ce sont froissement d’ailes rouges
sur bord de périphérie
je reviens sur mes pas
la lumière de la fenêtre est maintenant
à la verticale
gris noir
avec des variations
******
4)
la poussière se fractionne
le ciel est sec
et sans bruit
pas d’ombre non plus
je dessine un lieu circulaire
quelqu’un respire
en me retournant
je vois
******
5)
bleu fondu
les herbes se soulèvent
les bâches noires aussi
je grimpe sur les marches, tout en haut
je demande toujours
comment conjurer la mort
les formes changent sans cesse
si on lève les yeux
ligne soudaine apparaît
nette
dans le bleu opaque
les brumes sont d’intense chaleur
les « averses douces »
******
6)
les fleurs sont de l’autre côté
Je passe une journée
à attendre
marcher
Inventer
Me donne rendez-vous
dans Paris
Pas loin
dit-elle
Sur le trottoir de gauche entre Arts et Métiers et Hôtel de Ville
Allées et venues
En pleurs
Mains fermées
On a enfermé quelqu’un dans une chambre
On a jeté les clefs sur le palier
la porte est fermée
Quelqu’un que je ne reverrai pas
L’image de disparaître en fumée
est juste comme claquement dans l’air
mais sans l’oubli
*****
7)
L’air circule au dehors
chaque année
est très claire
au matin
on regarde une photographie
découpée dans un journal
années 90
C’est puiser extraire du compact
enfant il dessine des fleurs
sur des cahiers, les fleurs attendent d’être fleurs
avant de pencher
avec l’odeur des morts
la terre autour ne bouge pas
l’épaisseur trouée des feuilles de papier
jetée avec cailloux
vêtements suspendus aux poignées
ensuite il collectionne des papiers
****
8)
le sol est creusé
les objets arrêtent de tomber
le temps ne passe pas
je le retrouve
aussi transparent
avec autant de transparence
je regarde les papiers sur le sol
je dépose ses lèvres
prononcer
son nom
sans lieu
sans aucun son
dedans
je sais qu’il enferme
des années passées
des lettres dans la terre
humide et noire et un corps
pour qu’il ne remonte pas
*****
9)
j’ai senti des fleurs dans le vent
je ne sens que l’odeur de la terre
qui est étourdissante
les linges blancs sont disposés
un à un
sur les terres
le sol a presque disparu
sous la blancheur
les murs sont tout aussi étincelants
L’escalier est interminable
puisqu’on le sait :
sur chaque marche est posée une lumière
l’air du dehors s’agite, le peu de vent venu jusqu’ici nous froisse
mais les lumières ne bougent pas
une fenêtre est au-dehors
de mémoire enfantine
c’est le premier regard
*****
10)
sur le monde
elle se ramasse mais sur le sol
il reste un vide
que l’on ne comprend pas
autour
Pluie froide revenue
malgré la chaleur
les visages
devant la glace
des toilettes
publiques
elle dit qu’elle marche dans un couloir
elle se couche
pour voir la lumière du matin
quelqu’un parle
d’une porte claquée
elle dit qu’elle ne comprend pas
extraits de Le même geste, éditions Flammarion, 2012
.Fabienne Courtade