BIOBIBLIOGRAPHIE
HELENE SANGUINETTI
Hélène Sanguinetti, née à Marseille en 1951,
écrit ardemment depuis toujours.
Sans jamais quitter le poème, elle répond à l'urgence de vivre et de transmettre au quotidien et "retarde" la venue au jour d'une œuvre menée longtemps dans le retrait.
Son premier livre paraît en 1999.
Claude Adelen, poète et critique, parle, pour qualifier son écriture, de «noblesse et roture du langage» et de «souveraineté radieuse» (L’Émotion concrète, Fonds Comp’Act, 2004).
Le Héros, dont plusieurs extraits ont figuré dans Le Nouveau Recueil, Rehauts, RBL, Passages à l’Act, Europe, va paraître chez Flammarion en avril 2008.
Livres parus :
Gora soli, avec des peintures d’Anna Baranek (l’attentive, janvier 2008)
Hence this cradle, bilingue, trad. Ann Cefola, Otis Books / Seismicity Éditions, Los Angeles, 2007
Alparegho, Pareil-à-rien L'ACT MEM, Fonds Comp'Act, 2005
D'ici, de ce berceau Coll. Poésie/Flammarion, 2003
De la main gauche, exploratrice Coll. Poésie/Flammarion, 1999
Et voici la chanson, Editions de l'Amandier 2012
Hélène Sanguinetti publie dans des revues françaises et américaines, et sur le Net; participe à plusieurs anthologies, des émissions radiophoniques, lectures publiques, rencontres et entretiens, en France et aux USA.
« Cher ange » est publié dans le dossier "Lettres imaginaires" du Nouveau Recueil de décembre 2007 (n°85). Un choix de textes dans le : Calendrier de la poésie francophone 2008 (Alhambra Publishing, Belgium, 2007).
On pourra retrouver un extrait d’un travail en cours, “Joug 1”, dans une prochaine livraison de la revue Rehauts (n°21, avril 2008).
Très proche de la chorégraphie contemporaine, Hélène Sanguinetti a été invitée par La Maison des Écrivains et le Festival de danse d'auteurs "Faits d'Hiver" (Janvier 2005, Paris).
Très proche de toutes les expressions plastiques, elle travaille depuis 2006 avec une artiste polonaise, Anna Baranek ( http://remue.net/spip.php?article1788). Et poursuit son compagnonnage avec les corps en mouvement (travail en cours avec la chorégraphe Muriel Piqué, Cie comme ça).
écrit ardemment depuis toujours.
Sans jamais quitter le poème, elle répond à l'urgence de vivre et de transmettre au quotidien et "retarde" la venue au jour d'une œuvre menée longtemps dans le retrait.
Son premier livre paraît en 1999.
Claude Adelen, poète et critique, parle, pour qualifier son écriture, de «noblesse et roture du langage» et de «souveraineté radieuse» (L’Émotion concrète, Fonds Comp’Act, 2004).
Le Héros, dont plusieurs extraits ont figuré dans Le Nouveau Recueil, Rehauts, RBL, Passages à l’Act, Europe, va paraître chez Flammarion en avril 2008.
Livres parus :
Gora soli, avec des peintures d’Anna Baranek (l’attentive, janvier 2008)
Hence this cradle, bilingue, trad. Ann Cefola, Otis Books / Seismicity Éditions, Los Angeles, 2007
Alparegho, Pareil-à-rien L'ACT MEM, Fonds Comp'Act, 2005
D'ici, de ce berceau Coll. Poésie/Flammarion, 2003
De la main gauche, exploratrice Coll. Poésie/Flammarion, 1999
Et voici la chanson, Editions de l'Amandier 2012
Hélène Sanguinetti publie dans des revues françaises et américaines, et sur le Net; participe à plusieurs anthologies, des émissions radiophoniques, lectures publiques, rencontres et entretiens, en France et aux USA.
« Cher ange » est publié dans le dossier "Lettres imaginaires" du Nouveau Recueil de décembre 2007 (n°85). Un choix de textes dans le : Calendrier de la poésie francophone 2008 (Alhambra Publishing, Belgium, 2007).
On pourra retrouver un extrait d’un travail en cours, “Joug 1”, dans une prochaine livraison de la revue Rehauts (n°21, avril 2008).
Très proche de la chorégraphie contemporaine, Hélène Sanguinetti a été invitée par La Maison des Écrivains et le Festival de danse d'auteurs "Faits d'Hiver" (Janvier 2005, Paris).
Très proche de toutes les expressions plastiques, elle travaille depuis 2006 avec une artiste polonaise, Anna Baranek ( http://remue.net/spip.php?article1788). Et poursuit son compagnonnage avec les corps en mouvement (travail en cours avec la chorégraphe Muriel Piqué, Cie comme ça).
EXTRAITS
L E S M A I S O N S
Car toujours, poesia : joie horreur
Bon ! Petit Soleil et Petite-Soie sont revenus sur la pelouse glisse
l'étrange spectacle de leur amour glisse une barque revenue elle aussi
un père fourbu sans poisson, et il rentre et il dit à la
famille dans la maison "Ciel ! qu'il fera bon plus tard dans la vie !" bon !
La lampe est allumée elle respire, le plancher respire, il n'est pas tard, de
la pluie parfume la gouttière et les vitres, et personne n’a froid,
/
Maison dernier abri posé quitté, après après, de l'air et des fourmis et
autres visiteurs butés habitués, Ça sent le chocolat un chaton jeté par la
fenêtre Épargné rebondissant sur les dahlias,
Bienvenue Vie de plus tard
Bienvenue Inaccessible amour
Bienvenue à la Colère de Pleurer
Colère et joie sortis du flacon dans le ruisseau ! des bulles pour
malheureux et leurs ballots dans le chemin, des bulles et des bulles pour
Averell Dalton-rêvassant poursuivi par le shérif
/
Puis si grands arbres leur poitrine écureuil, deux chaussures reposent en
bas, sur l'ombre, Fatigue et Avide liberté reposent aussi sur le côté,
pieds nus dans l'allée un héros cherche les noms des fleurs
un nuage
un héron de fer
une fille à cheval
D'où venez-vous.........., Il cherche..........................., ne vous comprends
que sur la pointe ou dans l'encoignure de la fenêtre, Et cherche encore
poings serrés, grâce que le jour de pluie dépose ici si près de l'océan,
ne cessent pas : Penser– Espérer –Luire mieux,
/
Il donne un baiser de pluie, mange au bord de l'océan, il a vieilli et ses
chiens ont vieilli, trop pour les noyer mais les aimer encore, les faire se
coucher au pied d'une bibliothèque de rochers, et d'eau brillante
Elle vieillit et ses soeurs vieillissent,
––––––– comment t'Échapper, Petit Bourreau aux Lèvres Sucrées,
disent-elles et se souviennent : lianes, soeurs ! et de cuivre ! – comment
au frais talus en bas de la Sierra, et à l'autre Crochue,
/
poesia-visage-violet-crevé-empoisonné, Autre Bossue derrière la fenêtre
entre avec pomme si ronde et rouge et douce de caramel, mange blanche
fille crève blanche
et soudain à la Fanfare, meilleurs clairons enrubannés ?
LE HÉROS (Flammarion, avril 2008)
****************************************
Ainsi disait
en se touchant les lèvres, qui saignaient encore un peu, celle du bas saignait encore,
très peu.
De quel pays vraiment
venez-vous,
se peut-il qu'une mule
et même courageuse,
fasse tant de kilomètres
dans la brume,
consente à passer l'eau
se peut-il qu'existe une mule d'aujourd'hui, une
fille assez têtue pour passer en soulevant du ciel, en résistant aux flèches, aux flammes ?
" Mon fils a cette même lèvre
mon enfant, seul garçon !
Je suis
du pays de l'homme aux
bandelettes,
l'homme rafistolé,
il a
moitié soleil et moitié lune dans ses yeux,
oui,
il s'appelle Alparegho,
Pareil-à-rien."
Petite voix qui insiste
douce et dure
de très loin,
avec des flèches, et beaucoup d'eau
De quel pays êtes-vous, de quel pays, lequel
s'il existe ?
" Car nous n'attendons personne qui vous
ressemble même un peu "
(Quelqu'un, petits yeux,
en prenant l'air, sur sa porte)
/
Tant de manières mènent à la patience, et à l'admiration d'un coucher de soleil sur la mer.
(Oui, mou, trop patient, trop content d'admirer.)
Et langue et oeil perdent leurs bons habitants teigneux,
teigneux piquants qui font trouver.
Faut couper bien vite cette langue alors, arracher ces yeux,
bien vite faire un noeud au paquet mou paquet sanglant,
et le jeter dans la descente,
et roulera jusqu'à la mer, s'enfoncera,
disparaîtra.
/
Dans la bouche, bientôt remontent les petits êtres, plus musclés, pleins d'air large,
et de cette mer rougie,
filles et fils de nos fils et de nos filles, et arrière, arrière,
les vrais, avec des fronts bombés,
le front du père,
très haut,
avec des lignes
EN –––––––––––
———–––––––––––
————
AVANT !
ALPAREGHO, PAREIL-A-RIEN (L’Act Mem, Fonds Comp’Act, juin 2005)
****************************************
«Avez-vous déjà senti dans votre dos,
entre les deux omoplates, cette excroissance
immaculée que les anges prennent pour des
ailes ? »
Il y a dans le ventre des baleines
une chambre d'amour pour taciturnes, bègues
et enfiévrés.
À leur retour - s'ils reviennent - on ne saura rien
de leur aventure.
« Inventez », diront-ils.
/
(...) mais ici, toujours terre, du ciel, et
poussière, comme jamais!
Peu d’or dans les cuves, Patron, la construction de
l’église ajoute au bruit infernal des purificateurs,
on se lave avec le gravier remonté du fond de la
rivière, coup de pied, coup de dent et coup de langue, oui comme ça, ah, Patron! mais les femmes
d’en bas aiment l'odeur de l'espèce ténèbres et
arrachement. Leurs épaules nues se tendent dans les
barges où nous tombons, elles ont la courbe fine
d'un galet roulé du bord. Les nôtres ont caché, avant
de dormir, leurs dents au fond d’un torchon dans le
placard, puis c'est l'aube, d'un baiser lointain sur le
seuil nous accompagne un papillon tout noir, une
aile est venue dans ma poche, l'autre est pour vous,
(...)
Tant de cris arrivent jusqu'à elles, les fleurs,
tant de coups dans coeur si mince ! Elles ont
vieilli les jeunes filles, comme celle-là fut
hirondelle plongeant entre les toits, et leurs
pétales en sont gonflés. Fleurs et filles rouillées souillées mangées que terre attend.
Tu colles encore tu craques, Tonimalt, entre les
pages, la pure Véra Lodorovna Chami Ivanovitch se
pâme dans les bras d'un troufion qui mord sa langue
de comtesse, tes larmes, Cosette, brûlent l'anse du
seau, coup de canon sur la lune, un père avide dans
la nuit –– sa voix
Au jour brillant.
Bienvenue.
Gloire.
Respect, pour cela entièrement: doigts de
terre, dévoreurs de pain.
Prince qui hais les comptes, respect.
/
À celui qui
Et que j’aime
Vésuve ne cesse pas de chuchoter avec le
ciel. Du vent venu de là et du silence qui
râpe, une invasion de fourmis lentes, les
Infatigables. Qu’en vois-tu depuis ta petite
fenêtre que je ne connais pas ?
Que reste-t-il de moi dans tes poumons
quand tu plonges, suis-je air ou vide brûlant,
déjà éponge et corail, déjà douceur et
douleur, et toujours le bienvenu retour au ciel,
là, retour enfin aux yeux, aux miens ?
Les petits pains dorés fabriqués par tes
doigts, déposés par tes doigts,
sont sur la coupe, je mords, l’oranger, tes
doigts. Collés à mon nord et mon sud, plus loin
que les boucles parfumées. Plus qu’envahie. Ennoiement.
D'ICI, DE CE BERCEAU
(Flammarion, avril 2003)
———————————————— Quand ils ont vu le premier pic, ils ont crié aaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! et Chango, Fils d’Antonio-José le Capitaine, Frère d’Emilio, éclaireur, a piqué la belle boule de coton à la pointe de flèche huilée depuis 3 jours, il a tendu son arc, tendu, et ————————————————————— ZZZZIIIiiippppppp ! ———————dans le soleil.
Nous sommes des voyageurs, rien de plus quotidien ni d’éternel, chacun marche et marche sans répit, même dans son sommeil, même mort peut-être, en dedans au-dessous il marche encore, ou il nage c’est pareil ——————————————————— Le premier pic brillait, brillait repu de neige et d’air.
/
Depuis 3 jours ils font des tas de cailloux à intervalles réguliers sur la steppe pour égarer les suiveurs. Le bruit des plumes, mélangé à l’odeur, et leur orgueil de rien peuvent tuer.
Oh oui.
Je te regarde petite place que je quitte, j’ai été là, merci, je vais plus loin ————————————
Tout fut chargé en un clin d’oeil, les ballots écrasaient les 4 dernières voitures du convoi, ―à quoi ça sert, comment devenir léger, fait d’un seul trait pour le corps et la tête ?‖ pensait Emilio appuyé contre son âne.
Et au bâton il se dessine dans le sable, l’humide sable mort.
Tu penses à elle toujours tu y penses, ou bien non, parfois c’est
elle qui revient traîtreusement s’abat, l’insupportable et douce
divagation, ce n’est pas elle si peu rusé voyageur ! minus chevalier, c’est toi encore qui tournes et tournes sur tes pieds, avec ta lance, homme soûl, et transpercé.
DE LA MAIN GAUCHE, EXPLORATRICE (Flammarion, janvier 1999)
**************************
Je prends l’encre sous la lumière et je dis :
" Soyez l’oeil, l’oreille, la bouche, l’attentif
dans l’osier du ruisseau, dans l’âme de la mousse,
avec la feuille grillée au feu, dans l’air d’en haut. "
Mémoire du vieillir, des ratures, du qui suis-je !
Je le dis et l’inscris, et encore ceci :
" Soyez la poudre de la main, le baiser du voyageur,
le rosier du silence. Soyez divins du détail, dans la sculpture
ou le mot. Sur la photographie, dans le tableau, le chant,
dans la journée.
Soyez humains du presque rien patient et doué d’infini. "
36
Fille de Jeanne-Félicie,
Fille de Louis-Joseph,
Fille de France, celle-là
et aucune autre, pour ce temps-là
et sur cette terre,
parmi nous.
37
Il pleut des âmes tièdes, une poitrine de fleur.
Jeunes filles, ne perdez pas la trace sous les arbres,
attendrissez votre fourrure, laissez couler vos seins
sur la mousse, algues des profondeurs, guidez-moi.
38
Car l’Aventure commence là où l’escorte se fie à l’épaisseur
de la poussière sous la charrette, les yeux clos.
FILLE DE JEANNE-FELICIE
(DE LA MAIN GAUCHE, EXPLORATRICE - Flammarion, janvier 1999)
Car toujours, poesia : joie horreur
Bon ! Petit Soleil et Petite-Soie sont revenus sur la pelouse glisse
l'étrange spectacle de leur amour glisse une barque revenue elle aussi
un père fourbu sans poisson, et il rentre et il dit à la
famille dans la maison "Ciel ! qu'il fera bon plus tard dans la vie !" bon !
La lampe est allumée elle respire, le plancher respire, il n'est pas tard, de
la pluie parfume la gouttière et les vitres, et personne n’a froid,
/
Maison dernier abri posé quitté, après après, de l'air et des fourmis et
autres visiteurs butés habitués, Ça sent le chocolat un chaton jeté par la
fenêtre Épargné rebondissant sur les dahlias,
Bienvenue Vie de plus tard
Bienvenue Inaccessible amour
Bienvenue à la Colère de Pleurer
Colère et joie sortis du flacon dans le ruisseau ! des bulles pour
malheureux et leurs ballots dans le chemin, des bulles et des bulles pour
Averell Dalton-rêvassant poursuivi par le shérif
/
Puis si grands arbres leur poitrine écureuil, deux chaussures reposent en
bas, sur l'ombre, Fatigue et Avide liberté reposent aussi sur le côté,
pieds nus dans l'allée un héros cherche les noms des fleurs
un nuage
un héron de fer
une fille à cheval
D'où venez-vous.........., Il cherche..........................., ne vous comprends
que sur la pointe ou dans l'encoignure de la fenêtre, Et cherche encore
poings serrés, grâce que le jour de pluie dépose ici si près de l'océan,
ne cessent pas : Penser– Espérer –Luire mieux,
/
Il donne un baiser de pluie, mange au bord de l'océan, il a vieilli et ses
chiens ont vieilli, trop pour les noyer mais les aimer encore, les faire se
coucher au pied d'une bibliothèque de rochers, et d'eau brillante
Elle vieillit et ses soeurs vieillissent,
––––––– comment t'Échapper, Petit Bourreau aux Lèvres Sucrées,
disent-elles et se souviennent : lianes, soeurs ! et de cuivre ! – comment
au frais talus en bas de la Sierra, et à l'autre Crochue,
/
poesia-visage-violet-crevé-empoisonné, Autre Bossue derrière la fenêtre
entre avec pomme si ronde et rouge et douce de caramel, mange blanche
fille crève blanche
et soudain à la Fanfare, meilleurs clairons enrubannés ?
LE HÉROS (Flammarion, avril 2008)
****************************************
Ainsi disait
en se touchant les lèvres, qui saignaient encore un peu, celle du bas saignait encore,
très peu.
De quel pays vraiment
venez-vous,
se peut-il qu'une mule
et même courageuse,
fasse tant de kilomètres
dans la brume,
consente à passer l'eau
se peut-il qu'existe une mule d'aujourd'hui, une
fille assez têtue pour passer en soulevant du ciel, en résistant aux flèches, aux flammes ?
" Mon fils a cette même lèvre
mon enfant, seul garçon !
Je suis
du pays de l'homme aux
bandelettes,
l'homme rafistolé,
il a
moitié soleil et moitié lune dans ses yeux,
oui,
il s'appelle Alparegho,
Pareil-à-rien."
Petite voix qui insiste
douce et dure
de très loin,
avec des flèches, et beaucoup d'eau
De quel pays êtes-vous, de quel pays, lequel
s'il existe ?
" Car nous n'attendons personne qui vous
ressemble même un peu "
(Quelqu'un, petits yeux,
en prenant l'air, sur sa porte)
/
Tant de manières mènent à la patience, et à l'admiration d'un coucher de soleil sur la mer.
(Oui, mou, trop patient, trop content d'admirer.)
Et langue et oeil perdent leurs bons habitants teigneux,
teigneux piquants qui font trouver.
Faut couper bien vite cette langue alors, arracher ces yeux,
bien vite faire un noeud au paquet mou paquet sanglant,
et le jeter dans la descente,
et roulera jusqu'à la mer, s'enfoncera,
disparaîtra.
/
Dans la bouche, bientôt remontent les petits êtres, plus musclés, pleins d'air large,
et de cette mer rougie,
filles et fils de nos fils et de nos filles, et arrière, arrière,
les vrais, avec des fronts bombés,
le front du père,
très haut,
avec des lignes
EN –––––––––––
———–––––––––––
————
AVANT !
ALPAREGHO, PAREIL-A-RIEN (L’Act Mem, Fonds Comp’Act, juin 2005)
****************************************
«Avez-vous déjà senti dans votre dos,
entre les deux omoplates, cette excroissance
immaculée que les anges prennent pour des
ailes ? »
Il y a dans le ventre des baleines
une chambre d'amour pour taciturnes, bègues
et enfiévrés.
À leur retour - s'ils reviennent - on ne saura rien
de leur aventure.
« Inventez », diront-ils.
/
(...) mais ici, toujours terre, du ciel, et
poussière, comme jamais!
Peu d’or dans les cuves, Patron, la construction de
l’église ajoute au bruit infernal des purificateurs,
on se lave avec le gravier remonté du fond de la
rivière, coup de pied, coup de dent et coup de langue, oui comme ça, ah, Patron! mais les femmes
d’en bas aiment l'odeur de l'espèce ténèbres et
arrachement. Leurs épaules nues se tendent dans les
barges où nous tombons, elles ont la courbe fine
d'un galet roulé du bord. Les nôtres ont caché, avant
de dormir, leurs dents au fond d’un torchon dans le
placard, puis c'est l'aube, d'un baiser lointain sur le
seuil nous accompagne un papillon tout noir, une
aile est venue dans ma poche, l'autre est pour vous,
(...)
Tant de cris arrivent jusqu'à elles, les fleurs,
tant de coups dans coeur si mince ! Elles ont
vieilli les jeunes filles, comme celle-là fut
hirondelle plongeant entre les toits, et leurs
pétales en sont gonflés. Fleurs et filles rouillées souillées mangées que terre attend.
Tu colles encore tu craques, Tonimalt, entre les
pages, la pure Véra Lodorovna Chami Ivanovitch se
pâme dans les bras d'un troufion qui mord sa langue
de comtesse, tes larmes, Cosette, brûlent l'anse du
seau, coup de canon sur la lune, un père avide dans
la nuit –– sa voix
Au jour brillant.
Bienvenue.
Gloire.
Respect, pour cela entièrement: doigts de
terre, dévoreurs de pain.
Prince qui hais les comptes, respect.
/
À celui qui
Et que j’aime
Vésuve ne cesse pas de chuchoter avec le
ciel. Du vent venu de là et du silence qui
râpe, une invasion de fourmis lentes, les
Infatigables. Qu’en vois-tu depuis ta petite
fenêtre que je ne connais pas ?
Que reste-t-il de moi dans tes poumons
quand tu plonges, suis-je air ou vide brûlant,
déjà éponge et corail, déjà douceur et
douleur, et toujours le bienvenu retour au ciel,
là, retour enfin aux yeux, aux miens ?
Les petits pains dorés fabriqués par tes
doigts, déposés par tes doigts,
sont sur la coupe, je mords, l’oranger, tes
doigts. Collés à mon nord et mon sud, plus loin
que les boucles parfumées. Plus qu’envahie. Ennoiement.
D'ICI, DE CE BERCEAU
(Flammarion, avril 2003)
———————————————— Quand ils ont vu le premier pic, ils ont crié aaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! et Chango, Fils d’Antonio-José le Capitaine, Frère d’Emilio, éclaireur, a piqué la belle boule de coton à la pointe de flèche huilée depuis 3 jours, il a tendu son arc, tendu, et ————————————————————— ZZZZIIIiiippppppp ! ———————dans le soleil.
Nous sommes des voyageurs, rien de plus quotidien ni d’éternel, chacun marche et marche sans répit, même dans son sommeil, même mort peut-être, en dedans au-dessous il marche encore, ou il nage c’est pareil ——————————————————— Le premier pic brillait, brillait repu de neige et d’air.
/
Depuis 3 jours ils font des tas de cailloux à intervalles réguliers sur la steppe pour égarer les suiveurs. Le bruit des plumes, mélangé à l’odeur, et leur orgueil de rien peuvent tuer.
Oh oui.
Je te regarde petite place que je quitte, j’ai été là, merci, je vais plus loin ————————————
Tout fut chargé en un clin d’oeil, les ballots écrasaient les 4 dernières voitures du convoi, ―à quoi ça sert, comment devenir léger, fait d’un seul trait pour le corps et la tête ?‖ pensait Emilio appuyé contre son âne.
Et au bâton il se dessine dans le sable, l’humide sable mort.
Tu penses à elle toujours tu y penses, ou bien non, parfois c’est
elle qui revient traîtreusement s’abat, l’insupportable et douce
divagation, ce n’est pas elle si peu rusé voyageur ! minus chevalier, c’est toi encore qui tournes et tournes sur tes pieds, avec ta lance, homme soûl, et transpercé.
DE LA MAIN GAUCHE, EXPLORATRICE (Flammarion, janvier 1999)
**************************
Je prends l’encre sous la lumière et je dis :
" Soyez l’oeil, l’oreille, la bouche, l’attentif
dans l’osier du ruisseau, dans l’âme de la mousse,
avec la feuille grillée au feu, dans l’air d’en haut. "
Mémoire du vieillir, des ratures, du qui suis-je !
Je le dis et l’inscris, et encore ceci :
" Soyez la poudre de la main, le baiser du voyageur,
le rosier du silence. Soyez divins du détail, dans la sculpture
ou le mot. Sur la photographie, dans le tableau, le chant,
dans la journée.
Soyez humains du presque rien patient et doué d’infini. "
36
Fille de Jeanne-Félicie,
Fille de Louis-Joseph,
Fille de France, celle-là
et aucune autre, pour ce temps-là
et sur cette terre,
parmi nous.
37
Il pleut des âmes tièdes, une poitrine de fleur.
Jeunes filles, ne perdez pas la trace sous les arbres,
attendrissez votre fourrure, laissez couler vos seins
sur la mousse, algues des profondeurs, guidez-moi.
38
Car l’Aventure commence là où l’escorte se fie à l’épaisseur
de la poussière sous la charrette, les yeux clos.
FILLE DE JEANNE-FELICIE
(DE LA MAIN GAUCHE, EXPLORATRICE - Flammarion, janvier 1999)