BIOBIBLIOGRAPHIE

Auteure et peintre née dans la région lyonnaise, partage son temps depuis 1992 entre l’Inde et le sud de la France. Elle dirige la collection « Le vent refuse », livres d’artistes, créée en 2004. Cent un livres HC de 1 à 5 exemplaires avec des œuvres originales sont parus à ce jour avec des poèmes entre autres de Patrick Beurard-Valdoye, Nelly Sachs, Paul Celan, Jacques Dupin, Marina Tsvétaïéva, Ingeborg Bachmann, Frédérique Guétat-Liviani, Jean Luc Bayard, Annie Salager, Claude Margat…
Elle a publié huit récits aux Editions des femmes-Antoinette Fouque dont The Black Sunday, L’ère du chien endormi, Presque africaine, Tenir le coup, Jusqu’à ma petite …
Deux récits à L’Escampette Editions : Juste une fin du monde, Voyager jusqu’à mourir.
De la poésie à La main courante, à Fidel Anthelme X, El Bagatt, et autres éditeurs.
« Ces pères-là », poésie, dont voici des extraits est paru aux Editions Des femmes Antoinette-Fouque en janvier 2016. Il a reçu la mention spéciale du prix Vénus Khoury-Gatha en juin 2016. A paraître cet automne « Lotus d’air » avec des illustrations de Martina Kramer aux éditions « La rumeur libre ».
Elle a exposé dans des galeries ou lieux institutionnels en France, Italie, Allemagne ainsi qu’en Inde.
Elle a publié huit récits aux Editions des femmes-Antoinette Fouque dont The Black Sunday, L’ère du chien endormi, Presque africaine, Tenir le coup, Jusqu’à ma petite …
Deux récits à L’Escampette Editions : Juste une fin du monde, Voyager jusqu’à mourir.
De la poésie à La main courante, à Fidel Anthelme X, El Bagatt, et autres éditeurs.
« Ces pères-là », poésie, dont voici des extraits est paru aux Editions Des femmes Antoinette-Fouque en janvier 2016. Il a reçu la mention spéciale du prix Vénus Khoury-Gatha en juin 2016. A paraître cet automne « Lotus d’air » avec des illustrations de Martina Kramer aux éditions « La rumeur libre ».
Elle a exposé dans des galeries ou lieux institutionnels en France, Italie, Allemagne ainsi qu’en Inde.
EXTRAITS
Extraits de « Ces pères-là »
Editions Des femmes-Antoinette Fouque
100 pages avec lavis de l’auteure 18 euros
masse de pères
la même tête d’homme
vivait ça, l’enfant le vivait comme pas du rien
envidée dans la voix ça compte jusqu’à
vouloir
plus rien
mais
pas
morte
la petite s’appuie sur du sourire de sa maman
sa bouche pas peinte
aux sons talismaniques
que va-t-elle sortir de sa bouche en posant ses doigts sur la vaisselle sale ?
laver les plis, les graisses, on invente beaucoup en attendant un nuage blanc, on cherche son nom
la barque vide
filait sur la crue du fleuve qu’est en bas de la colline
et des visages vides dans nos cuisines immobiles
effleurements de faits, des nuages imprécis qui tombent
c’est pas rond ces bruits, tout un chapelet cassé
jusqu’à quelle nuit ?
honteuse à l’écrire
je suis esquintante
le silence des familles
homme-lave, père des nuages brûlés, longue
guerre dans les maisons fermées
des brise-tout criant, frappant
pas noyée la maman, elle tient debout
avec sa voix-à-elle
à petits coups
enlisements, copeaux moisis
des ferrailles
dans la tête des filles de ces pères-là
à faire son sac, à se sauver, cours vite
derrière la porte y’avait une route avec des nuages rapides
qui filaient vers le sud
et pas pouvoir courir comme eux
ça fait pleurer d’être encore trop petite
elle défait les tresses de sa fille
sa main chaude comme un bouquet d’été
courir toute seule c’est difficile
maison qui continue à faire des trous
dans le maquillage d’une enfance
qu’on aurait aimée
pas eue
nos langes de malédictions
torgnole au coeur
sa voix
frappe
pas la chair, l’autre lieu battu
qu’on ne sait plus l’herbe des mots
se noie dans le fleuve
ma colère est toute rouge
mais on ne frappe pas son père
on ne sait pas disparaître non plus
on reste dans une cuisine avec frigo, gazinière et pendule
il est devant la table avec sa crécelle-voix et son œil bleu
s’en aller vite fait, cours toi aussi
rideaux qui collent la pluie et la nuit à côté de l’évier
une tasse ébréchée
les larmes sur un oreiller plein de plumes d’oiseaux
bras dessus bras dessous
dans les champs, les cabanes, les voitures, les bars, les usines
les foutraques, les démons
les possédés jusqu’à trépas
dans les miettes d’un récit monotone
miettes insonores le long du fleuve, partout
pas dire mal du père puis en dire aussi
collines glissant dans la brume
déjà avant, même paysage, des arbres en plus dans le jardin
nombril sans rose ni lotus
depuis le premier jour
sous son hachoir
à traduire que noir le roulis
du fleuve en bas de la route et ton nom
on envie la mort du père des autres
une délivrance on se dit sans avoir du père
car ça prenait la fourche du père du père
ça prenait un pic
ça prenait une trique
grosseur d’un coup
vers le ventre de sa fille aux cheveux de femme
pas fait le coup
mais tellement pensé
des nerfs, des pierres, la cuisine est pleine
et tout autour le monde
comme ça
on respire pas beaucoup
irrespirablement, ces pères-là
sur le gravier de la cour, sur le volet en fer, la nuit tombée avec la pluie
on envie, c’est inévitable, la mort du père des autres
la fin de leur père qui décède le tyran
le père mal père tout oublié
la mère va coudre
sur son visage
des larmes
collant sa vie sur cette mort trop tôt
le reste
à oublier, à dire même pardon, mais à qui ?
l’enfant se dit l’autre histoire
écarquillée, entassée, pêle-mêle
un tapis plein de nœuds serrés
des morceaux d’images
un mauvais chantier
dans la cave des bocaux vides entassés, c’est à peine éclairé, sauf le petit bruit qui va mourir sur une vieille couverture
c’est toujours un peu de biais qu’on se dit :
la mort- peut-être- les rend mieux père
tamisés, remplacés par du papa
génial et bon fut mon père, mon regret pour toujours
dieu l’a dit
le prophète l’a dit
le bouddha l’a dit
tout le totem le dit
un père est glorieux
tout en redit de cette gloire
alors qu’ils disparaissent ces pères-là
forcément ça se dit tout caché au fond de soi
pas même on voit le bas de la route, le brouillard, nos murmures, sans prier rien
raga
des soucis
tempo gris fatigué, que du gris bien épais
quelle tête fera-t-il en revenant ?
le livre des heures d’une maison bien tenue
on y lave tout à grandes eaux, sauf ça
quand
il dormira dans le caveau est-ce qu’on va mieux respirer ?
son nom gravé c’est bien assez ou trop pour se souvenir, dis-tu
chrysanthèmes et petite ondée sur le marbre
une langue monocorde et le reste au burin
paysage bosselé
on fera le tour du cimetière sans respirer vraiment
ce nom doré sur une stèle
sera le tien sans savoir où l’effacer du paysage dedans
ce sera toujours mon père comme ça
j’en aurai jamais d’autre à mettre par dessus le mien
quand
il dormira dans la tombe
se dire m’a fait du mal sans écouter l’entassement
des mots filant à l’envers
parce qu’une tombe est une tombe avec plus personne dedans
puis
caresser la petite
qui sait ce qu’elle a toujours oublié
de dire avec la langue
du père
un bon père, un vrai père
un fœtus de rêve
s’en va dans la terre
pas l’autre père accroché à ces filles-là
son éternité malfaisante
marouflée sur leur peau
c’est dans l’air du monde
ça n’ira pas dans la terre
mais on les regrette comme on regrette la neige
ça ferait du bien d’oublier jusqu’au bout leurs noms, dis-tu
un nom a-t-il une peau ?
on lave les cadavres avec amour pour mettre de l’ordre dans les ombres
mes ténèbres
scandant
des équilibres de larmes
à côté d’une petite flaque
lumineuse d’un joli bleu
car un poème ça pourrait faire aussi un moment
tranquille
où savoir mettre des images où y’en avait jamais
mais les filles de ces pères-là font la langue pas tranquille
mes sœurs comme moi
nos patois de silencieuses qui se rebiffent,
quelle mauvaise langue de nous !
orpheline, ça aurait été aussi bien
sans père c’est quoi de toi qui vivrait ?
d’autres se voudraient tellement sans mère
famille comme un jardin avec plein de mauvaises herbes
vieux sac sur notre dos : dire pas
douleur rouge sous la langue qui parle
versant l’eau des pluies sur les plantes en délogeant la langue
faudra dépiauter
elle dit en remuant la couleur silencieuse des fleurs
sans pain à cause de lui
maudite ferme au versant nord
à moitié morte de faim
c’était encore plus mourir
de comprendre rien au monde
sa parlure adorée
ma muette est puissante
les têtes de l’homme font une montagne dans ses yeux
l’autre aurait pu apporter des fleurs vivantes, mais non
Editions Des femmes-Antoinette Fouque
100 pages avec lavis de l’auteure 18 euros
masse de pères
la même tête d’homme
vivait ça, l’enfant le vivait comme pas du rien
envidée dans la voix ça compte jusqu’à
vouloir
plus rien
mais
pas
morte
la petite s’appuie sur du sourire de sa maman
sa bouche pas peinte
aux sons talismaniques
que va-t-elle sortir de sa bouche en posant ses doigts sur la vaisselle sale ?
laver les plis, les graisses, on invente beaucoup en attendant un nuage blanc, on cherche son nom
la barque vide
filait sur la crue du fleuve qu’est en bas de la colline
et des visages vides dans nos cuisines immobiles
effleurements de faits, des nuages imprécis qui tombent
c’est pas rond ces bruits, tout un chapelet cassé
jusqu’à quelle nuit ?
honteuse à l’écrire
je suis esquintante
le silence des familles
homme-lave, père des nuages brûlés, longue
guerre dans les maisons fermées
des brise-tout criant, frappant
pas noyée la maman, elle tient debout
avec sa voix-à-elle
à petits coups
enlisements, copeaux moisis
des ferrailles
dans la tête des filles de ces pères-là
à faire son sac, à se sauver, cours vite
derrière la porte y’avait une route avec des nuages rapides
qui filaient vers le sud
et pas pouvoir courir comme eux
ça fait pleurer d’être encore trop petite
elle défait les tresses de sa fille
sa main chaude comme un bouquet d’été
courir toute seule c’est difficile
maison qui continue à faire des trous
dans le maquillage d’une enfance
qu’on aurait aimée
pas eue
nos langes de malédictions
torgnole au coeur
sa voix
frappe
pas la chair, l’autre lieu battu
qu’on ne sait plus l’herbe des mots
se noie dans le fleuve
ma colère est toute rouge
mais on ne frappe pas son père
on ne sait pas disparaître non plus
on reste dans une cuisine avec frigo, gazinière et pendule
il est devant la table avec sa crécelle-voix et son œil bleu
s’en aller vite fait, cours toi aussi
rideaux qui collent la pluie et la nuit à côté de l’évier
une tasse ébréchée
les larmes sur un oreiller plein de plumes d’oiseaux
bras dessus bras dessous
dans les champs, les cabanes, les voitures, les bars, les usines
les foutraques, les démons
les possédés jusqu’à trépas
dans les miettes d’un récit monotone
miettes insonores le long du fleuve, partout
pas dire mal du père puis en dire aussi
collines glissant dans la brume
déjà avant, même paysage, des arbres en plus dans le jardin
nombril sans rose ni lotus
depuis le premier jour
sous son hachoir
à traduire que noir le roulis
du fleuve en bas de la route et ton nom
on envie la mort du père des autres
une délivrance on se dit sans avoir du père
car ça prenait la fourche du père du père
ça prenait un pic
ça prenait une trique
grosseur d’un coup
vers le ventre de sa fille aux cheveux de femme
pas fait le coup
mais tellement pensé
des nerfs, des pierres, la cuisine est pleine
et tout autour le monde
comme ça
on respire pas beaucoup
irrespirablement, ces pères-là
sur le gravier de la cour, sur le volet en fer, la nuit tombée avec la pluie
on envie, c’est inévitable, la mort du père des autres
la fin de leur père qui décède le tyran
le père mal père tout oublié
la mère va coudre
sur son visage
des larmes
collant sa vie sur cette mort trop tôt
le reste
à oublier, à dire même pardon, mais à qui ?
l’enfant se dit l’autre histoire
écarquillée, entassée, pêle-mêle
un tapis plein de nœuds serrés
des morceaux d’images
un mauvais chantier
dans la cave des bocaux vides entassés, c’est à peine éclairé, sauf le petit bruit qui va mourir sur une vieille couverture
c’est toujours un peu de biais qu’on se dit :
la mort- peut-être- les rend mieux père
tamisés, remplacés par du papa
génial et bon fut mon père, mon regret pour toujours
dieu l’a dit
le prophète l’a dit
le bouddha l’a dit
tout le totem le dit
un père est glorieux
tout en redit de cette gloire
alors qu’ils disparaissent ces pères-là
forcément ça se dit tout caché au fond de soi
pas même on voit le bas de la route, le brouillard, nos murmures, sans prier rien
raga
des soucis
tempo gris fatigué, que du gris bien épais
quelle tête fera-t-il en revenant ?
le livre des heures d’une maison bien tenue
on y lave tout à grandes eaux, sauf ça
quand
il dormira dans le caveau est-ce qu’on va mieux respirer ?
son nom gravé c’est bien assez ou trop pour se souvenir, dis-tu
chrysanthèmes et petite ondée sur le marbre
une langue monocorde et le reste au burin
paysage bosselé
on fera le tour du cimetière sans respirer vraiment
ce nom doré sur une stèle
sera le tien sans savoir où l’effacer du paysage dedans
ce sera toujours mon père comme ça
j’en aurai jamais d’autre à mettre par dessus le mien
quand
il dormira dans la tombe
se dire m’a fait du mal sans écouter l’entassement
des mots filant à l’envers
parce qu’une tombe est une tombe avec plus personne dedans
puis
caresser la petite
qui sait ce qu’elle a toujours oublié
de dire avec la langue
du père
un bon père, un vrai père
un fœtus de rêve
s’en va dans la terre
pas l’autre père accroché à ces filles-là
son éternité malfaisante
marouflée sur leur peau
c’est dans l’air du monde
ça n’ira pas dans la terre
mais on les regrette comme on regrette la neige
ça ferait du bien d’oublier jusqu’au bout leurs noms, dis-tu
un nom a-t-il une peau ?
on lave les cadavres avec amour pour mettre de l’ordre dans les ombres
mes ténèbres
scandant
des équilibres de larmes
à côté d’une petite flaque
lumineuse d’un joli bleu
car un poème ça pourrait faire aussi un moment
tranquille
où savoir mettre des images où y’en avait jamais
mais les filles de ces pères-là font la langue pas tranquille
mes sœurs comme moi
nos patois de silencieuses qui se rebiffent,
quelle mauvaise langue de nous !
orpheline, ça aurait été aussi bien
sans père c’est quoi de toi qui vivrait ?
d’autres se voudraient tellement sans mère
famille comme un jardin avec plein de mauvaises herbes
vieux sac sur notre dos : dire pas
douleur rouge sous la langue qui parle
versant l’eau des pluies sur les plantes en délogeant la langue
faudra dépiauter
elle dit en remuant la couleur silencieuse des fleurs
sans pain à cause de lui
maudite ferme au versant nord
à moitié morte de faim
c’était encore plus mourir
de comprendre rien au monde
sa parlure adorée
ma muette est puissante
les têtes de l’homme font une montagne dans ses yeux
l’autre aurait pu apporter des fleurs vivantes, mais non