BIOBIBLIOGRAPHIE
Né en 1951 à Rieux-Minervois (Aude). Origines aragonaises (Pyrénées espagnoles). Vit en Haute-Ardèche, après avoir vécu plus de quinze ans à Montpellier et dans les Cévennes. Conservateur en chef des bibliothèques. Écrivain, traducteur de l’espagnol, éditeur (directeur de la collection Lettre Suit, maintenant aux éditions Jacques Brémond, après une co-édition Atelier des Grames-Brémond) ). Co-dirige avec Anik Vinay la collection Espaces de peu aux éditions Atelier des Grames. Prépare l’édition d’inédits de Joë Bousquet , ainsi que deux essais : sur le livre et la lecture, sur le livre d’artiste.
Livres courants ou livres d’artistes. Textes de critique d’art.
Nombreuses lectures publiques ou conférences de 1980 à 2017.
Commissaire d'expositions : en 1988 pour la BDP de l'Ardèche: « Eloge du papier » avec des ma-nuscrits inédits d'une trentaine d'écrivains dont Michel Butor, Charles Juliet, Bernard Noël.... , les peintres Monique Frydman et Jan Voss, les photographes William Betsch et John Batho et depuis 2000, pour le Groupe d'Art Contemporain d'Annonay: les peintres ou sculpteurs Anne Slacik, Janos Ber, Jacques Clerc, Alexandre Hollan, Christian Jaccard , Jean-Luc Meyssonnier, Fabrice Rebey-rolle, Jan Voss, les photographes Brigitte Palaggi, Jacqueline Salmon et Francis Helgorsky…
Livres (éditions courantes)
– L’Affouillé (éd. Jacques Brémond, 1980) avec des encres de Luce Guilbaud
– Memoria de una excavacion: entretiens avec Bernard Derrieu (éd.Sculpt-Script, 1982)
– La Main de Julien, récit (éd. Atelier des Grames, 1986)
– L’Eau (éd. Atelier des Grames, 1989) avec des papiers d’Anik Vinay et Emile-Bernard Souchière
- Mandorle (éd. Tarabuste, 1992 ) avec une peinture d’Anne Deguelle
– Le Lointain est bleu (éd. Comp’act, 1994 ) avec une adresse au lecteur de Roger Munier et des dessins de Claire Dumonteil (réédition en livre numé-rique, éd. Comp’Act, 2016)
– Vers le regard (éd. L’Art et la Manière, 1994) avec des dessins de Martine Lafon
– Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache
– là-bas là-bas (éd. à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik
- Terre d’ombre (éd. Voix d’encre, 2001) avec une préface de Bernard Noël et des monotypes d’Anne Slacik
– La Terre cette couleur (éd. du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik
– D’un retrait, un (éd. Atelier des Grames, 2003) avec une gravure d’Anik Vinay, bilingue français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
- Neige, in Le Livre l’autre (éditions Atelier des Grames, 2003)
– Buée (éd. Jacques Brémond, 2003) avec des encres de Joël Frémiot
– Le Livre le livre (éd. Jean-Pierre Huguet, 2008) avec des lithos-offset de Michel Duport, sur l'espace du livre
- Je serai ton silence (éd. Propos 2, 2008) avec des dessins de Jean-Gilles Badaire
– Faire la lumière (éd. Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V
– Un mot, mendiant (éd. Jacques Brémond, 2009) dans une mise en espace de Jacques Brémond
– Carnet d’A. in A port de temps (éd. Atelier des Grames, 2009) en collabora-tion avec d'autres auteurs et dans une mise à livre d’Anik Vinay
– D’un retrait, deux (éd.Atelier des Grames, 2010) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay, bilingue, français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
- Partir, d'où, torrent (éd. Le Cadran ligné, 2010)
– Le Pays d'en haut, avec des photographies de Jean-Luc Meyssonnier (éd. du Chassel, 2011) en collaboration livre bilingue français-anglais (traductions de Delia Morris)
- L’Envers (éd. Le Cadratin, 2011)
- Et la terre, rien (éd. Créaphis, 2014) avec des photographies de Francis Hel-gorsky
- Ecrire la lumière (éd. La Voix du poèmes, 2015) avec une photographie de Joëlle Jourdan
- Un printemps sans vie brûle : avec Pier Paolo Pasolini (éd. La Passe du Vent, 2015) en collaboration avec d’autres auteurs
- Ce moment seul (éd. Le Cadratin, 2016) typographie de Jean-Renaud Dagon
- Nouer (éd. Color Gang, 2018) estampes et typographie d’Yves Olry
- La Vie qui lui manque in En el vuelo de la memoria : para Angel Campos Pampano - collectif, direction Suso Diaz (Editora Regional de Extremadura, 2018)
- Tarrampeu in Le Livre des Fraux (éd. du Frau, 2018) avec des travaux d’Odile Fix
à paraître
- S’amuïr, suivi de Résister aux mêmes et d’un entretien avec Thierry Renard (éd. La Passe du Vent, 2019)
- Un voyage poétique in Le Voyage poétique - collectif, direction d’Evelyne Lloze et Idoli Castro (éd. Hermann, 2019) > actes du colloque international Université Jean Monnet en 2017
Livres d’artistes, livres singuliers
– Mandorle (éd. Tarabuste, 1992 ) avec une peinture d’Anne Deguelle
– Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache
- Trouver l’absence (Atelier Anne Slacik, 1997) avec des peintures d’Anne Slacik
– La Terre cette couleur (Atelier Anne Slacik, 1997) avec des peintures d’Anne Slacik
Terreta (éd. Atelier des Grames, 1999) avec une mise en objet d’Emile-Bernard Souchière
– Sur le sol sec de la figure (éd. Post-Rodo, 1999) avec des gravures de Ma-rine Lafon
– là-bas là-bas (éd. à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik
Noir lumière (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fau-thoux
– Feu dehors nuit noire (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fauthoux
– Dehors n’est pas déshabité (éd. L’Amourier, 2000) avec des gravures de Serge Plagnol
L’Odeur de brûler l’oubli (éd. Zéro l’infini, 2000) avec des peintures et pho-tographies de Joël Leick
- Moins un corps (éd. Atelier Joël Leick, 2000) avec des peintures de Joël Leick
– Le Moins que l’on puisse dire (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de l’auteur
– Âpre aveuglement (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de Claire Dumonteil
– La Terre cette couleur (éd. du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik
– Pierrier. Fleur (Atelier Anne Slacik, 2002) avec des peintures d’Anne Sla-cik-- Non sans (éd. Filigranes, 2003) avec une photographie de Jacqueline Salmon
– L’Envers de l’eau (éd. Fata Morgana, 2005) avec des photographies de Jac-queline Salmon
– Stèle du seul encore (éd. La Sétérée, 2005) avec des gravures de Jacques Clerc
– Une prière nue, d’emblée (Éd. Atelier des Grames, 2005) avec une mise en livre et des gravures d’Anik Vinay
– Rien de trop (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Plus bas que terre (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Une Page d’oubli et d’ombre (Atelier de Lavis, 2006) avec des collages de Roger Dérieux
- Vallée (éd. Atelier des Grames, 2008) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay
– Basso ostinato (éd. Mains-Soleil, 2008-2009) avec des peintures de Fabrice Rebeyrolle
– Faire la lumière (éd. Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V
– Tourner la page (éd. Atelier des Grames, 2009) avec une gravure de l’auteur
– La Lumière d’un peu (éd. Livre pauvre, 2009) avec une peinture de Jean-Gilles Badaire
– Un mot, mendiant (éd. Atelier des Grames, 2009) dans une mise à livre d’Anik Vinay
– Rouge passé lequel (éd. Méridianes / Pierre Manuel, 2009 / 2010) avec des peintures de Martine Lafon
– Noirs dans la neige (éd. Cahiers du Museur / A côté, 2010) avec une pein-ture de Fabrice Rebeyrolle
– Musica callada (éd. Livre pauvre / Daniel Leuwers, 2010) avec une pein-ture de Jean-Gilles Badaire
– Nuidité du feu (éd. Jean-Pierre Huguet, 2010) avec des combustions de Christian Jaccard
– Sable, sable / Arena, arena (Atelier Catherine Liégeois, 2011) avec des tra-vaux de Catherine Liégeois, bilingue français-espagnol (traduction de Elisa Luengo Albuquerque)
– Une Conversation (éd. Trames, 2011), avec des gravures de Gérard Truilhé
- Tas (éd. La Margeride, 2011) avec des peintures de Robert Lobet
- Voyageur de l’invisible (éd. Les Arêtes, 2012) avec des peintures de Guy Ca-lamusa
- Respira su sombra / Respire son ombre (éd. A côté / Alain Freixe, 2012) avec une peinture de Christian Sorg
- A l’écart d’oubli (éd. La Petite Fabrique, 2012) avec Anne-Laure Héritier Blanc
- Talus (éd. La Féline, 2013) avec une estampe photographique de Jean Rigaud
- Répétition de la neige (Atelier Jacquie Barral, 2013) avec des peintures de Jacquie Barral
- Ouvrant la fin (éd. Gestes et Traces, 2013) avec des gravures de Gérard Serée
- Question de la lumière (éd. Rencontres, 2014) avec des peintures de Christine Valcke
- Note de fond (Atelier Catherine Liégeois, 2014) avec des gravures de Da-nielle Berthet et Jean-Paul Meiser
- Nuidité du fragment (éd SD, 2016) avec des travaux de Sylvie Deparis
- Nuidité du seul (éd. La Canopée, 2016) avec des travaux de Thierry Le Saëc
- Tset, tsvet (éd. Centrifuges , 2016) avec des peintures de Claude Viallat
- Maison, où… (éd. Méridianes, 2016) avec des peintures de José Manuel Bro-to
- Pessakh Antschel & Bachmann Apside (éd. Collodion, 2016) avec des pein-tures d’Anne Slacik
- Ce moment seul (éd. Le Cadratin, 2016) avec une typographie de Jean-Renaud Dagon
- Epeler l’arbre (éd. Galerie du Bourdaric, 2017) avec des travaux de Mireille Fulpius, Isabelle Grasset (Yzo), Alexandre Hollan, Jean-Luc Meyssonnier
- Presque le ciel / El Cielo casi (éd. Atelier Carole Texier, 2017) avec des gra-vures de Carole Texier
- Coscojuela (éd. Catherine Liégeois , 2018) avec des gravures de Catherine Liégeois et des photographies de Jean-Luc Meyssonnier
- Partita (éd. Voix-Richard Meier, 2018) avec des peintures de Hélène Peytavi
- Ocell (éd. Le Livre pauvre, 2018) avec des peintures de Thierry Le Saëc
- L’Oubli ostinato (éd. Trames, 2018) avec des peintures d’Anne Slacik
- Vertige du seuil (éd. Les Yeux le mains, 2018) avec des peintures de Thierry Le Saëc
- Nouer (éd. Color Gang, 2018) avec des gravures d’Yves Olry
- L’Accompagnement (éditions L3V, 2018) avec des peintures de Michel Re-maud Nuidité du papier, avec Michel Butor (éd. Rivières, 2018) avec des peintures d’Anne Slacik
En cours
- Tieda (éd. Livre pauvre, 2018) avec des peintures de Michel Remaud
- Llum / Lumière (éd. Les Yeux les mains, 2018) avec des peintures de Gaetano Persechini
- Mendiant d’un long voyage (éd. Atelier Martine Jaquemet, 2018) avec des peintures de Martine Jaquemet
- Debaxo (éd. Izella, 2018 ou 2019) avec des peintures de Michel Remaud
Certains livres font l’objet d’une édition courante et d’une édition livre d’artiste.
Publications dans des anthologies
- A Navata in Ah ! Que le temps vienne où les coeurs s’éprennent (éditions Comp(act / Festival de Soulac, 1986) avec des dessins de Patrick Colson et Henri Jaboulay
- Maintenant & (extrait de L’Erre et l’air) in Anthologie Voix de la Méditerranée (éditions Clapas, 2009)
- A l’écart d’oubli in Calendrier de la poésie francophone (éditions
Alhambra Publishing, 2008.
- Pour Pierre Soulages (extrait de Nuidité du noir) in Anthologie Voix de la Méditerranée (éditions La Passe du Vent, 2013)
- Nuidités in Les Cahiers Ephémérides: poésie contemporaine, 1992-2015, une anthologie (éditions Marie Delarbre, 2015)
Traductions de l’espagnol
- José Luis Jover La Nuit écrite (éd. Atelier des Grames, 2006) avec une mise à livre d’Anik Vinay
- Alfonso Alegre Heitzmann Le Chemin de l’aube (éd. Voix d’Encre, 2006) avec des dessins d’Albert Rafols-Casamada
- Miguel Casado Théorie de la couleur (éditions Propos2, 2006)
- Albert Rafols-Casamada La Voix de la peinture (éd. La Sétérée, 2008) avec un dessin d’ Albert Rafols-Casamada
- Alfonso Alegre Heitzmann Ombre et matière (éd. Atelier des Grames, 2010) avec une mise à livre d’Anik Vinay
Travail avec les revues
Textes et traductions dans de nombreuses revues depuis 1970,
en France : Actuels, L’Affiche, Aires, Anima, Arpa, Banana Split, Le Bout des Bordes, Les Cahiers de la Vierge Noire, Le Cahier du Refuge, Cahiers Joë Bousquet et son temps, La Canopée, Chimères, Contre-Allées, Contre-points, Entailles, L’Etrangère, Europe, La Fabrique, Faire Part, Friches, Héra-clite, Impressions du Sud, L’Instant d’après, Jalouse Pratique, Jungle, La Main de Singe, maulpoix.net, N4728, Noire et Blanche, Notes (sur Internet), Le Nouveau Recueil, Nunc, Passages d’Encre, Pictura Edelweiss, Poésie 92, 94 & 95, Propos de Campagne, Recueil, remue.net, Résonance, Scherzo, Sot-to Voce, Sous Aucun Prétexte, Terriers, Textuerre, Thauma, Triages, Tribu , Voix d’encre et en Belgique , L'Arbre à paroles, Filigranes, Le Journal des Poètes, Revue et Corrigée, Terre à Ciel (sur Internet), Vérités, La Vigie des Minuits Polaires
en Espagne : Alora, Cuadernos de Filologia Francesa, Espacio/Espaço Escri-to, , La Ortiga, Paradiso, Rosa Cubica, El Signo del Gorrion, Syntaxis., Zur-gaï... Prochainement : Sibila
en Italie : Offerta Speciale
en Macédoine : Diversity
Co-direction de numéros spéciaux de revues (papier ou sur Internet) de-puis 1980
en France (Faire Part, Hippocampe, Nunc, Terriers) et en Espagne (Rosa Cu-bica) autour de Joë Bousquet, Martine Broda, Paul Celan, Jacques Dupin, Li-liane Giraudon, Jean-Marie Gleize, Philippe Jaccottet, Gil Jouanard, Charles Juliet, Hubert Lucot, Jean-Michel Maulpoix, Henri Meschonnic, Thierry Metz, Bernard Noël, Jean Paulhan, Pierre Reverdy, Caroline Sagot Duvau-roux, José Angel Valente… et sur la Grotte Chauvet.
Livres courants ou livres d’artistes. Textes de critique d’art.
Nombreuses lectures publiques ou conférences de 1980 à 2017.
Commissaire d'expositions : en 1988 pour la BDP de l'Ardèche: « Eloge du papier » avec des ma-nuscrits inédits d'une trentaine d'écrivains dont Michel Butor, Charles Juliet, Bernard Noël.... , les peintres Monique Frydman et Jan Voss, les photographes William Betsch et John Batho et depuis 2000, pour le Groupe d'Art Contemporain d'Annonay: les peintres ou sculpteurs Anne Slacik, Janos Ber, Jacques Clerc, Alexandre Hollan, Christian Jaccard , Jean-Luc Meyssonnier, Fabrice Rebey-rolle, Jan Voss, les photographes Brigitte Palaggi, Jacqueline Salmon et Francis Helgorsky…
Livres (éditions courantes)
– L’Affouillé (éd. Jacques Brémond, 1980) avec des encres de Luce Guilbaud
– Memoria de una excavacion: entretiens avec Bernard Derrieu (éd.Sculpt-Script, 1982)
– La Main de Julien, récit (éd. Atelier des Grames, 1986)
– L’Eau (éd. Atelier des Grames, 1989) avec des papiers d’Anik Vinay et Emile-Bernard Souchière
- Mandorle (éd. Tarabuste, 1992 ) avec une peinture d’Anne Deguelle
– Le Lointain est bleu (éd. Comp’act, 1994 ) avec une adresse au lecteur de Roger Munier et des dessins de Claire Dumonteil (réédition en livre numé-rique, éd. Comp’Act, 2016)
– Vers le regard (éd. L’Art et la Manière, 1994) avec des dessins de Martine Lafon
– Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache
– là-bas là-bas (éd. à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik
- Terre d’ombre (éd. Voix d’encre, 2001) avec une préface de Bernard Noël et des monotypes d’Anne Slacik
– La Terre cette couleur (éd. du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik
– D’un retrait, un (éd. Atelier des Grames, 2003) avec une gravure d’Anik Vinay, bilingue français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
- Neige, in Le Livre l’autre (éditions Atelier des Grames, 2003)
– Buée (éd. Jacques Brémond, 2003) avec des encres de Joël Frémiot
– Le Livre le livre (éd. Jean-Pierre Huguet, 2008) avec des lithos-offset de Michel Duport, sur l'espace du livre
- Je serai ton silence (éd. Propos 2, 2008) avec des dessins de Jean-Gilles Badaire
– Faire la lumière (éd. Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V
– Un mot, mendiant (éd. Jacques Brémond, 2009) dans une mise en espace de Jacques Brémond
– Carnet d’A. in A port de temps (éd. Atelier des Grames, 2009) en collabora-tion avec d'autres auteurs et dans une mise à livre d’Anik Vinay
– D’un retrait, deux (éd.Atelier des Grames, 2010) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay, bilingue, français-espagnol (traduction de José Luis Reina Palazon)
- Partir, d'où, torrent (éd. Le Cadran ligné, 2010)
– Le Pays d'en haut, avec des photographies de Jean-Luc Meyssonnier (éd. du Chassel, 2011) en collaboration livre bilingue français-anglais (traductions de Delia Morris)
- L’Envers (éd. Le Cadratin, 2011)
- Et la terre, rien (éd. Créaphis, 2014) avec des photographies de Francis Hel-gorsky
- Ecrire la lumière (éd. La Voix du poèmes, 2015) avec une photographie de Joëlle Jourdan
- Un printemps sans vie brûle : avec Pier Paolo Pasolini (éd. La Passe du Vent, 2015) en collaboration avec d’autres auteurs
- Ce moment seul (éd. Le Cadratin, 2016) typographie de Jean-Renaud Dagon
- Nouer (éd. Color Gang, 2018) estampes et typographie d’Yves Olry
- La Vie qui lui manque in En el vuelo de la memoria : para Angel Campos Pampano - collectif, direction Suso Diaz (Editora Regional de Extremadura, 2018)
- Tarrampeu in Le Livre des Fraux (éd. du Frau, 2018) avec des travaux d’Odile Fix
à paraître
- S’amuïr, suivi de Résister aux mêmes et d’un entretien avec Thierry Renard (éd. La Passe du Vent, 2019)
- Un voyage poétique in Le Voyage poétique - collectif, direction d’Evelyne Lloze et Idoli Castro (éd. Hermann, 2019) > actes du colloque international Université Jean Monnet en 2017
Livres d’artistes, livres singuliers
– Mandorle (éd. Tarabuste, 1992 ) avec une peinture d’Anne Deguelle
– Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995) avec des dessins de Djamel Meskache
- Trouver l’absence (Atelier Anne Slacik, 1997) avec des peintures d’Anne Slacik
– La Terre cette couleur (Atelier Anne Slacik, 1997) avec des peintures d’Anne Slacik
Terreta (éd. Atelier des Grames, 1999) avec une mise en objet d’Emile-Bernard Souchière
– Sur le sol sec de la figure (éd. Post-Rodo, 1999) avec des gravures de Ma-rine Lafon
– là-bas là-bas (éd. à Demeure, 2000) avec des monotypes d’Anne Slacik
Noir lumière (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fau-thoux
– Feu dehors nuit noire (Atelier Fauthoux, 2000) avec des papiers de Jean-Louis Fauthoux
– Dehors n’est pas déshabité (éd. L’Amourier, 2000) avec des gravures de Serge Plagnol
L’Odeur de brûler l’oubli (éd. Zéro l’infini, 2000) avec des peintures et pho-tographies de Joël Leick
- Moins un corps (éd. Atelier Joël Leick, 2000) avec des peintures de Joël Leick
– Le Moins que l’on puisse dire (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de l’auteur
– Âpre aveuglement (éd. La Porte, 2002) avec un dessin de Claire Dumonteil
– La Terre cette couleur (éd. du Hanneton, 2002) avec une gravure d’Anne Slacik
– Pierrier. Fleur (Atelier Anne Slacik, 2002) avec des peintures d’Anne Sla-cik-- Non sans (éd. Filigranes, 2003) avec une photographie de Jacqueline Salmon
– L’Envers de l’eau (éd. Fata Morgana, 2005) avec des photographies de Jac-queline Salmon
– Stèle du seul encore (éd. La Sétérée, 2005) avec des gravures de Jacques Clerc
– Une prière nue, d’emblée (Éd. Atelier des Grames, 2005) avec une mise en livre et des gravures d’Anik Vinay
– Rien de trop (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Plus bas que terre (Atelier Youl, 2006) avec des peintures de Youl
– Une Page d’oubli et d’ombre (Atelier de Lavis, 2006) avec des collages de Roger Dérieux
- Vallée (éd. Atelier des Grames, 2008) avec une une gravure et mise en livre d’Anik Vinay
– Basso ostinato (éd. Mains-Soleil, 2008-2009) avec des peintures de Fabrice Rebeyrolle
– Faire la lumière (éd. Atelier des Grames, 2009) avec des dessins de Thémis S / V
– Tourner la page (éd. Atelier des Grames, 2009) avec une gravure de l’auteur
– La Lumière d’un peu (éd. Livre pauvre, 2009) avec une peinture de Jean-Gilles Badaire
– Un mot, mendiant (éd. Atelier des Grames, 2009) dans une mise à livre d’Anik Vinay
– Rouge passé lequel (éd. Méridianes / Pierre Manuel, 2009 / 2010) avec des peintures de Martine Lafon
– Noirs dans la neige (éd. Cahiers du Museur / A côté, 2010) avec une pein-ture de Fabrice Rebeyrolle
– Musica callada (éd. Livre pauvre / Daniel Leuwers, 2010) avec une pein-ture de Jean-Gilles Badaire
– Nuidité du feu (éd. Jean-Pierre Huguet, 2010) avec des combustions de Christian Jaccard
– Sable, sable / Arena, arena (Atelier Catherine Liégeois, 2011) avec des tra-vaux de Catherine Liégeois, bilingue français-espagnol (traduction de Elisa Luengo Albuquerque)
– Une Conversation (éd. Trames, 2011), avec des gravures de Gérard Truilhé
- Tas (éd. La Margeride, 2011) avec des peintures de Robert Lobet
- Voyageur de l’invisible (éd. Les Arêtes, 2012) avec des peintures de Guy Ca-lamusa
- Respira su sombra / Respire son ombre (éd. A côté / Alain Freixe, 2012) avec une peinture de Christian Sorg
- A l’écart d’oubli (éd. La Petite Fabrique, 2012) avec Anne-Laure Héritier Blanc
- Talus (éd. La Féline, 2013) avec une estampe photographique de Jean Rigaud
- Répétition de la neige (Atelier Jacquie Barral, 2013) avec des peintures de Jacquie Barral
- Ouvrant la fin (éd. Gestes et Traces, 2013) avec des gravures de Gérard Serée
- Question de la lumière (éd. Rencontres, 2014) avec des peintures de Christine Valcke
- Note de fond (Atelier Catherine Liégeois, 2014) avec des gravures de Da-nielle Berthet et Jean-Paul Meiser
- Nuidité du fragment (éd SD, 2016) avec des travaux de Sylvie Deparis
- Nuidité du seul (éd. La Canopée, 2016) avec des travaux de Thierry Le Saëc
- Tset, tsvet (éd. Centrifuges , 2016) avec des peintures de Claude Viallat
- Maison, où… (éd. Méridianes, 2016) avec des peintures de José Manuel Bro-to
- Pessakh Antschel & Bachmann Apside (éd. Collodion, 2016) avec des pein-tures d’Anne Slacik
- Ce moment seul (éd. Le Cadratin, 2016) avec une typographie de Jean-Renaud Dagon
- Epeler l’arbre (éd. Galerie du Bourdaric, 2017) avec des travaux de Mireille Fulpius, Isabelle Grasset (Yzo), Alexandre Hollan, Jean-Luc Meyssonnier
- Presque le ciel / El Cielo casi (éd. Atelier Carole Texier, 2017) avec des gra-vures de Carole Texier
- Coscojuela (éd. Catherine Liégeois , 2018) avec des gravures de Catherine Liégeois et des photographies de Jean-Luc Meyssonnier
- Partita (éd. Voix-Richard Meier, 2018) avec des peintures de Hélène Peytavi
- Ocell (éd. Le Livre pauvre, 2018) avec des peintures de Thierry Le Saëc
- L’Oubli ostinato (éd. Trames, 2018) avec des peintures d’Anne Slacik
- Vertige du seuil (éd. Les Yeux le mains, 2018) avec des peintures de Thierry Le Saëc
- Nouer (éd. Color Gang, 2018) avec des gravures d’Yves Olry
- L’Accompagnement (éditions L3V, 2018) avec des peintures de Michel Re-maud Nuidité du papier, avec Michel Butor (éd. Rivières, 2018) avec des peintures d’Anne Slacik
En cours
- Tieda (éd. Livre pauvre, 2018) avec des peintures de Michel Remaud
- Llum / Lumière (éd. Les Yeux les mains, 2018) avec des peintures de Gaetano Persechini
- Mendiant d’un long voyage (éd. Atelier Martine Jaquemet, 2018) avec des peintures de Martine Jaquemet
- Debaxo (éd. Izella, 2018 ou 2019) avec des peintures de Michel Remaud
Certains livres font l’objet d’une édition courante et d’une édition livre d’artiste.
Publications dans des anthologies
- A Navata in Ah ! Que le temps vienne où les coeurs s’éprennent (éditions Comp(act / Festival de Soulac, 1986) avec des dessins de Patrick Colson et Henri Jaboulay
- Maintenant & (extrait de L’Erre et l’air) in Anthologie Voix de la Méditerranée (éditions Clapas, 2009)
- A l’écart d’oubli in Calendrier de la poésie francophone (éditions
Alhambra Publishing, 2008.
- Pour Pierre Soulages (extrait de Nuidité du noir) in Anthologie Voix de la Méditerranée (éditions La Passe du Vent, 2013)
- Nuidités in Les Cahiers Ephémérides: poésie contemporaine, 1992-2015, une anthologie (éditions Marie Delarbre, 2015)
Traductions de l’espagnol
- José Luis Jover La Nuit écrite (éd. Atelier des Grames, 2006) avec une mise à livre d’Anik Vinay
- Alfonso Alegre Heitzmann Le Chemin de l’aube (éd. Voix d’Encre, 2006) avec des dessins d’Albert Rafols-Casamada
- Miguel Casado Théorie de la couleur (éditions Propos2, 2006)
- Albert Rafols-Casamada La Voix de la peinture (éd. La Sétérée, 2008) avec un dessin d’ Albert Rafols-Casamada
- Alfonso Alegre Heitzmann Ombre et matière (éd. Atelier des Grames, 2010) avec une mise à livre d’Anik Vinay
Travail avec les revues
Textes et traductions dans de nombreuses revues depuis 1970,
en France : Actuels, L’Affiche, Aires, Anima, Arpa, Banana Split, Le Bout des Bordes, Les Cahiers de la Vierge Noire, Le Cahier du Refuge, Cahiers Joë Bousquet et son temps, La Canopée, Chimères, Contre-Allées, Contre-points, Entailles, L’Etrangère, Europe, La Fabrique, Faire Part, Friches, Héra-clite, Impressions du Sud, L’Instant d’après, Jalouse Pratique, Jungle, La Main de Singe, maulpoix.net, N4728, Noire et Blanche, Notes (sur Internet), Le Nouveau Recueil, Nunc, Passages d’Encre, Pictura Edelweiss, Poésie 92, 94 & 95, Propos de Campagne, Recueil, remue.net, Résonance, Scherzo, Sot-to Voce, Sous Aucun Prétexte, Terriers, Textuerre, Thauma, Triages, Tribu , Voix d’encre et en Belgique , L'Arbre à paroles, Filigranes, Le Journal des Poètes, Revue et Corrigée, Terre à Ciel (sur Internet), Vérités, La Vigie des Minuits Polaires
en Espagne : Alora, Cuadernos de Filologia Francesa, Espacio/Espaço Escri-to, , La Ortiga, Paradiso, Rosa Cubica, El Signo del Gorrion, Syntaxis., Zur-gaï... Prochainement : Sibila
en Italie : Offerta Speciale
en Macédoine : Diversity
Co-direction de numéros spéciaux de revues (papier ou sur Internet) de-puis 1980
en France (Faire Part, Hippocampe, Nunc, Terriers) et en Espagne (Rosa Cu-bica) autour de Joë Bousquet, Martine Broda, Paul Celan, Jacques Dupin, Li-liane Giraudon, Jean-Marie Gleize, Philippe Jaccottet, Gil Jouanard, Charles Juliet, Hubert Lucot, Jean-Michel Maulpoix, Henri Meschonnic, Thierry Metz, Bernard Noël, Jean Paulhan, Pierre Reverdy, Caroline Sagot Duvau-roux, José Angel Valente… et sur la Grotte Chauvet.
EXTRAITS
TEXTES INÉDITS
L'AMOUR DU CHEMIN
à Manuel Lamana
Rien ni personne. Comme si vous pénétriez dans les Pyrénées et rien de plus. Absolument rien. Tout est montagne.
Manuel Lamana
Là où d'autres butent contre des murs et des montagnes, là aussi il voit un chemin.... Il place l'existence dans les ruines, non pour l'amour des
ruines, mais pour l'amour du chemin qui se fraie un passage au travers. Walter Benjamin
Du bois des sept pins,
frayer le passage
jusqu'au dernier escarpement.
Avec la boue,
avec l'eau avalée
sur le chemin de la soif,
affouiller l’inconnu.
À un mot de la frontière,
sur la ligne de crête,
laisser une sacoche de mots
et de lumière noire.
Unos papeles más
de contenido desconocido.
Avec quelques papiers de plus,
serrer l’oubli,
ouvrir les voix de personne,
l'amour du chemin.
Au lieu dit de l’absent,
avaler les mots,
le temps de traverser le silence.
*
CRÊTRE
à Franck Christoph Yeznikian, à Michel Ménaché
en pensant à Walter Benjamin
Ce passage de témoins
dans la ligne de « crêtre »
Franck Christoph Yeznikian
Ce nom dit: il fait oublier et en même temps ne pas oublier.
Michel Ménaché
Ligne.
Crêtre.
Passage
si étroit
de témoins.
Ligne.
Crête
Etre.
Etre
au passage
où l'oubli
se fait
mais aussi
où l'oubli
est
insupportable
et
impossible.
Sur sa fin,
l'oubli
ne se fait pas
oublier.
Ce nom dit.
Il porte déjà
son silence.
Tu es
ce chemin,
ce pas
où tu portes
ton absence.
Tu marches,
tu sais
ton absence
dans ton dos,
sans savoir
si c'est l'oubli
si l'oubli se fait
ou pas.
Tu es ce chemin.
Ce nom dit
pas.
L'oubli porte
son pas
dans ce passage
étroit.
C'est ligne,
crête,
être.
Tu n'oublies
rien
de l'abrupt
en chemin,
tu fais
la lumière
avec l'oubli.
Le nom
dit
reste
en chemin
sur la ligne
tracée,
haute
de ton pas.
Au moment même
où l'oubli
se fait
impossible,
insupportable.
Au moment même
de ce passage
au seuil du silence.
*
TALUS
à Nadia Katz et Jean Rigaud
Il est temps que le temps soit
Il est temps
Talus, remblais, lieux vides, gravats
Paul Celan
traduction Gil Pressnitzer
1.
L'oubli n'empiète pas sur la mémoire, il est sa frontière, sa terre d'ombre ou noire, son abandon, son attente.
Que faisons-nous du commencement ou du recommencement ? Nous nous souvenons difficilement de la nudité, de la dénudation. Nous gardons l'invisible dans nos yeux. Nous le nommons. Oubli. Ou rien. Il n'y a plus rien.
La terre et la talus. Rien. Le talus est ce lieu: rien. A moins. A moins de faire un tour, marcher, arpenter le rien, sans empiéter sur la nudité, la dénudation du lieu, sans la peur de l'oubli, rester poreux avec le lieu, le peu, le rien de ce fragment de terre, terreta (1).
Je suis du petit monde (2).
Le petit monde de cette terre en pente, à peine, est un lieu . Reste maintenant une photographie: ce talus, le temps, quelques petites pierres laissées là dans l'adieu. La terre n'écarte pas les petites pierres, ni l'ombre du ciel, près de l'eau.
C'est là. C'est cela. Un hameau de bord de terre, d'eau et de ciel. Et de maison, plus. De maison, plus que le talus au bout du chemin. Que le talus où habiter du regard terre, eau et ciel. Ile de terre où le regard s'enterre, s'immerge et s’encielle (3). S'enfouit, recommence terre à terre.
Reste l'image nue d'un corps sur le talus, d'un corps qui regarde et s'absente du secret de la nuit ou du secret du jour, d'un corps orphelin de maison et de chemin. Le talus est le temps qui lui reste.
C'est là. C'est cela. Le corps reste sur le talus. C'est là que le silence tient. Le silence se tient. Où. Que faire de la nuit ? Que faire du jour ? Le talus tient. Le talus se tient image nue dans le temps qui reste. Le corps, tel le regard, s'enterre, s'immerge et s’encielle (3) . Le talus est l'autre nom du temps et un nom nomade pour la terre, l'eau et le ciel.
Dans la montagne. Sur un repli.
Le corps écrit une trop longue absence sur le talus.
Il n' y a pas d'angle mort dans le paysage, sur le talus, si ce n'est ce temps vif sur la pente, le pli que fait la terre à terre où la lumière et l'ombre se nouent, y venant le jour, y venant la nuit.
Le temps s'y retire un instant. Le talus est un repli de terre à ciel, la mémoire s'y oublie.
L'oubli, c'est sur le talus le temps, toucher la terre, l'eau et le ciel.
Dans ce dernier paysage, le temps d'un retrait, reste l'image nue d'un corps sur le talus, veilleur, qui tient le journal d'inconnu.
C'est où.
Il n'y a plus rien. Nous ne disons jamais rien. Ou presque. Nous n'avons manqué de rien. Nous composons le silence avec chaque mot, avant même le mot. Un poème n’existe pas si ne s’y entend, avant ses mots, son silence (4). Le talus porte en terre la couleur nue, inouïe, chaque mot silencieusement venu dans la marche, le silence avant le mot.
Il est temps que le temps soit (5).
2.
Il n'y a plus rien. Nous ne disons jamais rien. Ou presque. Nous n'avons manqué de rien. Nous composons le silence avec chaque mot, avant même le mot.
− Vous trouvez votre vie ?
− Il n'y a pas de mots pour le dire. Il n'y a pas de mots pour la nudité.
(1) en fabla aragonesa: petit lopin de terre; (fig.) pays natal
(2) Samuel Beckett
(3) Jacques Estager
(4)José Angel Valente
(5)Paul Celan
Fragment 42
La mémoire vers moins ressemble en revanche à un sapeur du
dépouillement,
qui progressivement écarte les parasites à la recherche du filon le plus
enfoui, au bord du rien,
dans la vapeur étrangement créatrice qui s’échappe du vide.
La poésie oeuvre avec la mémoire vers moins où en pleine liberté,
l’imagination est
consubstantielle à la réalité et ses révélations extrêmes.
Fragment 145
Pour aller de l'avant, il faut beaucoup d'oubli,
pour continuer à écrire, encore plus.
Roberto Juarroz
LE DOS DE SAUL
à Lazlo Nemes
à Géza Rhörig
à Georges Didi-Huberman
Saul
regarde
et porte
le secret,
le mourir,
ne pas
le perdre
de vue,
ne pas
le perdre
de vie.
Rester
dans son dos,
être avec lui
à son épaule
à ses côtés.
Ne plus échapper
à son regard,
même si les choses
restent
dans l’invisible,
presque
l’indicible.
Le secret
porte
la lumière
dans le noir,
porte
la lumière
sur son dos,
à son épaule.
Traverser
le noir
et le flou
de quelques images
seules,
soudain
de la chambre,
et la porte
soudain
vers dehors,
et des corps
soudain
vers la forêt,
au milieu
des bruits,
des cris,
l’invisible,
presque
l’indicible .
S’obstiner
à regarder
dans peu
d’espace,
d’insupportable.
Ne pas fuir
le regard de Saul,
le suivant,
lui,
dos,
épaule.
Sur son dos,
à son épaule,
plus tard
il porte
le corps
de l’enfant,
le grain,
la matière
de regard,
pour
ne rien perdre
de l’invisible,
presque de l’indicible,
de l’insupportable,
du manque,
ne pas perdre,
porter
ce regard
de près
qui veut
sortir du noir.
Corps
déjà
traversant
le mourir,
les bruits,
les cris,
la peur,
tout près
ce peu
de temps,
ce peu
d’espace
dans la chambre
et dans la forêt ,
nommant
encore
un nous.
Toujours
suivre
le dos de Saul,
il porte
l’enfant
sur son dos,
à l’épaule,
il traverse
malgré tout
la lumière
qui reste
avec l’enfant
mort
sans nom.
La terre
se baisse
jusqu’aux mots
des morts
Avec Saul,
quitter
la chambre,
la forêt,
creuser
la terre,
donner
le corps
de l’enfant
mort
à l’eau.
La mort
a pris
un autre
visage.
Des yeux,
des mains,
des mots,
se saisir
de l’insaisissable.
Dans le regard
des mourants,
il y a la montée
de leur propre
oubli;
dans les yeux
des morts,
il y a
notre oubli.
Saisir l’oubli,
saisir
l’inoubliable.
Retourner voir,
sortir du noir,
traverser
malgré tout,
l’oubli ne se dérobe
pas,
jamais,
l’oubli,
reste
sur son dos,
à l’épaule,
dans nos yeux,
dans nos mains,
dans nos mots.
avec des mots de Walter Benjamin, Georges Didi-Huberman, Bernard Noël
*
PAS D’OUBLI
À Siham Bouhlal
Ecrire, c'est marcher.
Jacques Dupin
On peut se faire une compagnie du perdu ; on peut héler le perdu.
Pascal Quignard
Nous partageons deux terres, deux langues, deux langues de terre, et d'être aussi, ainsi, partagés entre enracinement et arrachement, avec l'oubli intense, l'oubli qui fait partie de nous, que nous ne pouvons jamais déserté, nous lui donnons alors le nom de nous.
Nous marchons et nous portons l'oubli; il est au coeur de nos vies, malgré l'absence que nous trouvons, marchant, dans notre dos.
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar. (1)
Sans nous retourner, l'oubli est là, nous accompagnant.
Marchant, nous croisons quelques mots: maisons, arbres, feux, cendres, lumières, ombres, même au loin, pour continuer à marcher.
Sur les chemins, la terre se baisse jusqu'aux mots des morts. Il n'y a pas d'adieu. Nous marchons nus dans l'oubli. Avec ces mots seuls, non seuls. Il y a lieu de l'oubli sur les chemins.
Nous reste le lumière déplacée de la faim seule (2).
De longtemps, les mots sont nus. Sur les chemins d'un insupportable retour, insupportable et pourtant. Maintenant et pour les jours qui viennent, les mots sont nus. Et nous gardons ces mots, ces dernières phrases, obstinément.
Nous abordons toujours l’oubli avec ces mots.
La nudité
de la naissance
et de
l’amour
la nudité
de la mort. (3)
Ecrire l’oubli à mains nues, dans le temps qui reste, dans les angles à vif de la vie.
Nous veillons à trouver l’oubli, tombé ciel à terre, sur une montagne. Dans le tréfonds, même tombé, ciel à terre.
L’oubli est une langue inconnue qui nous habite et nous déplace, la plupart du temps à notre insu.
Comment restons-nous, ici, là, là-bas, où « nous » reste aussi, à habiter la terre ? Nous ne disons jamais adieu à l’oubli.
Dans le temps qui nous donne encore lieu, l’oubli ne disparaît jamais.
Il survit à l’absence, il est là à terre, luciole, bord du chemin.
L’oubli est la vie retirée, silencieuse et souterraine de la mémoire, source profonde de la mémoire qui ne peut tout retenir dans l’immédiateté, vient se ressourcer, quand tout est trop à vif du manque, de la perte de vivre.
L’oubli est insupportable, lieu secret du temps que nous perdons souvent ou dont nous oublions le nom. Dans un repli de ciel.
(1) Antonio Machado
(2) Ives Roqueta
(3) Joseph Guglielmi
Jean Gabriel Cosculluela
copyright 2018 pour l’ensemble des textes
Sources
L’Amour du chemin , in revue Le Nouveau Recueil n° 55 (2000), Crêtre , in revue Recours au poème (2013), le texte Talus, livre d’artiste aux éd. La Féline (2013), Le Dos de Saul, inédit.Ces textes seront tous repris dans un livre à paraître en 2019 aux éd. La Passe du Vent.
&
Pas d’oubli, inédit.
L'AMOUR DU CHEMIN
à Manuel Lamana
Rien ni personne. Comme si vous pénétriez dans les Pyrénées et rien de plus. Absolument rien. Tout est montagne.
Manuel Lamana
Là où d'autres butent contre des murs et des montagnes, là aussi il voit un chemin.... Il place l'existence dans les ruines, non pour l'amour des
ruines, mais pour l'amour du chemin qui se fraie un passage au travers. Walter Benjamin
Du bois des sept pins,
frayer le passage
jusqu'au dernier escarpement.
Avec la boue,
avec l'eau avalée
sur le chemin de la soif,
affouiller l’inconnu.
À un mot de la frontière,
sur la ligne de crête,
laisser une sacoche de mots
et de lumière noire.
Unos papeles más
de contenido desconocido.
Avec quelques papiers de plus,
serrer l’oubli,
ouvrir les voix de personne,
l'amour du chemin.
Au lieu dit de l’absent,
avaler les mots,
le temps de traverser le silence.
*
CRÊTRE
à Franck Christoph Yeznikian, à Michel Ménaché
en pensant à Walter Benjamin
Ce passage de témoins
dans la ligne de « crêtre »
Franck Christoph Yeznikian
Ce nom dit: il fait oublier et en même temps ne pas oublier.
Michel Ménaché
Ligne.
Crêtre.
Passage
si étroit
de témoins.
Ligne.
Crête
Etre.
Etre
au passage
où l'oubli
se fait
mais aussi
où l'oubli
est
insupportable
et
impossible.
Sur sa fin,
l'oubli
ne se fait pas
oublier.
Ce nom dit.
Il porte déjà
son silence.
Tu es
ce chemin,
ce pas
où tu portes
ton absence.
Tu marches,
tu sais
ton absence
dans ton dos,
sans savoir
si c'est l'oubli
si l'oubli se fait
ou pas.
Tu es ce chemin.
Ce nom dit
pas.
L'oubli porte
son pas
dans ce passage
étroit.
C'est ligne,
crête,
être.
Tu n'oublies
rien
de l'abrupt
en chemin,
tu fais
la lumière
avec l'oubli.
Le nom
dit
reste
en chemin
sur la ligne
tracée,
haute
de ton pas.
Au moment même
où l'oubli
se fait
impossible,
insupportable.
Au moment même
de ce passage
au seuil du silence.
*
TALUS
à Nadia Katz et Jean Rigaud
Il est temps que le temps soit
Il est temps
Talus, remblais, lieux vides, gravats
Paul Celan
traduction Gil Pressnitzer
1.
L'oubli n'empiète pas sur la mémoire, il est sa frontière, sa terre d'ombre ou noire, son abandon, son attente.
Que faisons-nous du commencement ou du recommencement ? Nous nous souvenons difficilement de la nudité, de la dénudation. Nous gardons l'invisible dans nos yeux. Nous le nommons. Oubli. Ou rien. Il n'y a plus rien.
La terre et la talus. Rien. Le talus est ce lieu: rien. A moins. A moins de faire un tour, marcher, arpenter le rien, sans empiéter sur la nudité, la dénudation du lieu, sans la peur de l'oubli, rester poreux avec le lieu, le peu, le rien de ce fragment de terre, terreta (1).
Je suis du petit monde (2).
Le petit monde de cette terre en pente, à peine, est un lieu . Reste maintenant une photographie: ce talus, le temps, quelques petites pierres laissées là dans l'adieu. La terre n'écarte pas les petites pierres, ni l'ombre du ciel, près de l'eau.
C'est là. C'est cela. Un hameau de bord de terre, d'eau et de ciel. Et de maison, plus. De maison, plus que le talus au bout du chemin. Que le talus où habiter du regard terre, eau et ciel. Ile de terre où le regard s'enterre, s'immerge et s’encielle (3). S'enfouit, recommence terre à terre.
Reste l'image nue d'un corps sur le talus, d'un corps qui regarde et s'absente du secret de la nuit ou du secret du jour, d'un corps orphelin de maison et de chemin. Le talus est le temps qui lui reste.
C'est là. C'est cela. Le corps reste sur le talus. C'est là que le silence tient. Le silence se tient. Où. Que faire de la nuit ? Que faire du jour ? Le talus tient. Le talus se tient image nue dans le temps qui reste. Le corps, tel le regard, s'enterre, s'immerge et s’encielle (3) . Le talus est l'autre nom du temps et un nom nomade pour la terre, l'eau et le ciel.
Dans la montagne. Sur un repli.
Le corps écrit une trop longue absence sur le talus.
Il n' y a pas d'angle mort dans le paysage, sur le talus, si ce n'est ce temps vif sur la pente, le pli que fait la terre à terre où la lumière et l'ombre se nouent, y venant le jour, y venant la nuit.
Le temps s'y retire un instant. Le talus est un repli de terre à ciel, la mémoire s'y oublie.
L'oubli, c'est sur le talus le temps, toucher la terre, l'eau et le ciel.
Dans ce dernier paysage, le temps d'un retrait, reste l'image nue d'un corps sur le talus, veilleur, qui tient le journal d'inconnu.
C'est où.
Il n'y a plus rien. Nous ne disons jamais rien. Ou presque. Nous n'avons manqué de rien. Nous composons le silence avec chaque mot, avant même le mot. Un poème n’existe pas si ne s’y entend, avant ses mots, son silence (4). Le talus porte en terre la couleur nue, inouïe, chaque mot silencieusement venu dans la marche, le silence avant le mot.
Il est temps que le temps soit (5).
2.
Il n'y a plus rien. Nous ne disons jamais rien. Ou presque. Nous n'avons manqué de rien. Nous composons le silence avec chaque mot, avant même le mot.
− Vous trouvez votre vie ?
− Il n'y a pas de mots pour le dire. Il n'y a pas de mots pour la nudité.
(1) en fabla aragonesa: petit lopin de terre; (fig.) pays natal
(2) Samuel Beckett
(3) Jacques Estager
(4)José Angel Valente
(5)Paul Celan
Fragment 42
La mémoire vers moins ressemble en revanche à un sapeur du
dépouillement,
qui progressivement écarte les parasites à la recherche du filon le plus
enfoui, au bord du rien,
dans la vapeur étrangement créatrice qui s’échappe du vide.
La poésie oeuvre avec la mémoire vers moins où en pleine liberté,
l’imagination est
consubstantielle à la réalité et ses révélations extrêmes.
Fragment 145
Pour aller de l'avant, il faut beaucoup d'oubli,
pour continuer à écrire, encore plus.
Roberto Juarroz
LE DOS DE SAUL
à Lazlo Nemes
à Géza Rhörig
à Georges Didi-Huberman
Saul
regarde
et porte
le secret,
le mourir,
ne pas
le perdre
de vue,
ne pas
le perdre
de vie.
Rester
dans son dos,
être avec lui
à son épaule
à ses côtés.
Ne plus échapper
à son regard,
même si les choses
restent
dans l’invisible,
presque
l’indicible.
Le secret
porte
la lumière
dans le noir,
porte
la lumière
sur son dos,
à son épaule.
Traverser
le noir
et le flou
de quelques images
seules,
soudain
de la chambre,
et la porte
soudain
vers dehors,
et des corps
soudain
vers la forêt,
au milieu
des bruits,
des cris,
l’invisible,
presque
l’indicible .
S’obstiner
à regarder
dans peu
d’espace,
d’insupportable.
Ne pas fuir
le regard de Saul,
le suivant,
lui,
dos,
épaule.
Sur son dos,
à son épaule,
plus tard
il porte
le corps
de l’enfant,
le grain,
la matière
de regard,
pour
ne rien perdre
de l’invisible,
presque de l’indicible,
de l’insupportable,
du manque,
ne pas perdre,
porter
ce regard
de près
qui veut
sortir du noir.
Corps
déjà
traversant
le mourir,
les bruits,
les cris,
la peur,
tout près
ce peu
de temps,
ce peu
d’espace
dans la chambre
et dans la forêt ,
nommant
encore
un nous.
Toujours
suivre
le dos de Saul,
il porte
l’enfant
sur son dos,
à l’épaule,
il traverse
malgré tout
la lumière
qui reste
avec l’enfant
mort
sans nom.
La terre
se baisse
jusqu’aux mots
des morts
Avec Saul,
quitter
la chambre,
la forêt,
creuser
la terre,
donner
le corps
de l’enfant
mort
à l’eau.
La mort
a pris
un autre
visage.
Des yeux,
des mains,
des mots,
se saisir
de l’insaisissable.
Dans le regard
des mourants,
il y a la montée
de leur propre
oubli;
dans les yeux
des morts,
il y a
notre oubli.
Saisir l’oubli,
saisir
l’inoubliable.
Retourner voir,
sortir du noir,
traverser
malgré tout,
l’oubli ne se dérobe
pas,
jamais,
l’oubli,
reste
sur son dos,
à l’épaule,
dans nos yeux,
dans nos mains,
dans nos mots.
avec des mots de Walter Benjamin, Georges Didi-Huberman, Bernard Noël
*
PAS D’OUBLI
À Siham Bouhlal
Ecrire, c'est marcher.
Jacques Dupin
On peut se faire une compagnie du perdu ; on peut héler le perdu.
Pascal Quignard
Nous partageons deux terres, deux langues, deux langues de terre, et d'être aussi, ainsi, partagés entre enracinement et arrachement, avec l'oubli intense, l'oubli qui fait partie de nous, que nous ne pouvons jamais déserté, nous lui donnons alors le nom de nous.
Nous marchons et nous portons l'oubli; il est au coeur de nos vies, malgré l'absence que nous trouvons, marchant, dans notre dos.
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar. (1)
Sans nous retourner, l'oubli est là, nous accompagnant.
Marchant, nous croisons quelques mots: maisons, arbres, feux, cendres, lumières, ombres, même au loin, pour continuer à marcher.
Sur les chemins, la terre se baisse jusqu'aux mots des morts. Il n'y a pas d'adieu. Nous marchons nus dans l'oubli. Avec ces mots seuls, non seuls. Il y a lieu de l'oubli sur les chemins.
Nous reste le lumière déplacée de la faim seule (2).
De longtemps, les mots sont nus. Sur les chemins d'un insupportable retour, insupportable et pourtant. Maintenant et pour les jours qui viennent, les mots sont nus. Et nous gardons ces mots, ces dernières phrases, obstinément.
Nous abordons toujours l’oubli avec ces mots.
La nudité
de la naissance
et de
l’amour
la nudité
de la mort. (3)
Ecrire l’oubli à mains nues, dans le temps qui reste, dans les angles à vif de la vie.
Nous veillons à trouver l’oubli, tombé ciel à terre, sur une montagne. Dans le tréfonds, même tombé, ciel à terre.
L’oubli est une langue inconnue qui nous habite et nous déplace, la plupart du temps à notre insu.
Comment restons-nous, ici, là, là-bas, où « nous » reste aussi, à habiter la terre ? Nous ne disons jamais adieu à l’oubli.
Dans le temps qui nous donne encore lieu, l’oubli ne disparaît jamais.
Il survit à l’absence, il est là à terre, luciole, bord du chemin.
L’oubli est la vie retirée, silencieuse et souterraine de la mémoire, source profonde de la mémoire qui ne peut tout retenir dans l’immédiateté, vient se ressourcer, quand tout est trop à vif du manque, de la perte de vivre.
L’oubli est insupportable, lieu secret du temps que nous perdons souvent ou dont nous oublions le nom. Dans un repli de ciel.
(1) Antonio Machado
(2) Ives Roqueta
(3) Joseph Guglielmi
Jean Gabriel Cosculluela
copyright 2018 pour l’ensemble des textes
Sources
L’Amour du chemin , in revue Le Nouveau Recueil n° 55 (2000), Crêtre , in revue Recours au poème (2013), le texte Talus, livre d’artiste aux éd. La Féline (2013), Le Dos de Saul, inédit.Ces textes seront tous repris dans un livre à paraître en 2019 aux éd. La Passe du Vent.
&
Pas d’oubli, inédit.
Sur des livres de Jean Gabriel Cosculluela
À propos de Le Lointain est bleu (éd. Comp'act, 1994 et repris en livre numérique éd. FeniXX, 2016)
Les textes qu’on va lire ne sont pas, comme on le dit de façon courante et souvent impropre des « fragments » . Il y a d’ailleurs dans ce mot je ne sais quoi qui évoque le débris d’une oeuvre ou d’un développement qui tourne court.
Rien de tel dans les braises d’un autre feu ici rassemblées. Chacune d’elles est, en son éclat, comme un poème annoncé qui n’eut pas lieu. Ne fût-ce que pour échapper au discours plein de pièges, lorsqu’on écrit un « poème » dans un élan gouverné. L’élan est ici ponctuel, comme brisé. A la façon dont le monde nous apparaît, vient à nous, quand nous avons dominé le mouvement possessif et trompeur d’aller à lui avec nos pauvres armes.
Un certain « bleu » (est-ce bien celui de Hölderlin: « En bleu adorable ») parle à travers les moments extatiques et fixés dans l’éclair par Jean Gabriel Cosculluela. Il ne faut, à sa suite, que tenter de retrouver ces moments, au plus beau sens du terme, perdus. L’écriture du poète s’est à chaque fois perdue en eux, selon un mouvement dernier qui est celui de toutes choses, mais assez rarement consenti, il faut le dire, en littérature.
Comme le dit si bien Cosculluela: « Les mots viennent d’un dialogue ruiné avec le secret d’air et avec le silence ».
Roger Munier, adresse au lecteur, en ouverture du livre
Pour Cosculluela, l'enjeu de plaisir d'écriture est tout autre que la seule éventualité de séduire un lecteur. Dans l'entrelacement de ses textes, l'auteur de Le Lointain est bleu cherche à trouver un fil perdu qui doit permettre à l'errant (au fils perdu ?) de retrouver sa trace et sa trame à travers une mise en scène qui n'est rien d'autre qu'un travail de refonte et de refente pour une renaissance. Cette opération, très longue, s'est opérée par touches et retouches successives dans les différents textes antérieurs à celui qui paraît aujourd'hui et l'ensemble forme, d'une certaine manière, l'instauration d'une autobiographie de recouvrement.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. L'œuvre de Cosculluela est une autobiographie transposée capable de créer un autre moi. La machine autobiographique" devient ainsi à ce titre une machine "dé-formatrice". Elle ne joue plus le rôle d'un transfert de l'assouvissement narcissique et sort l'auteur d'un état d'auto-aliénation à une pseudo-vérité pour offrir à son lecteur une expérience transcendée et transmissible. La matière de mémoire ne mérite plus la première place. Il s'agit plutôt d'une "scriptographie" par laquelle le langage poétique ouvre sur un monde en abîme. Ce transfert stylistique donne ainsi à sa matière un regard contre l'imposture de l'ego. Pour l'auteur, en effet, il n'est pas question de se montrer, de s'exhiber mais de se réapproprier dans une partition et non dans une parturition.
De ce livre peut sortir ce que Louis Calaferte nomme "la bouche parlante aphasique" qui s'aventure vers l' inconnu. Comme un récit en fragments qui s'énumère de lui-même, le texte de Cosculluela creuse l'instant lourd de silence. Un silence qui prend gorge et voix. Sur le poème, le bleu et le blues de cette voix, au lointain, qui remontent. Cosculluela le dit lui-même: Les mots viennent d'un dialogue ruiné avec le secret d'air et avec le silence. D'où ces suites subtiles de courants qui traversent le poème, lieu ouvert, lieu fermé. Et ce bleu, comme une pluie dense, sombre qui passe en trame forte, jusqu'à ce que dans la pente quelque chose se casse, quelque chose qui fait penser de manière étrange, aux tableaux de Bram Van Velde. Alors quelque chose se passe: Ci-gît l'espace; L'eau est la lettre du dehors. Son bleu est la couleur du deuil; en amont, dans la neige, un seuil délité. Le poème comme un calvaire, dont chaque image s'amenuise. Le repère d'un lieu de douleur. Ou mieux: un non-lieu, un trou, un chaos de ravins au seuil du noir. Ici, le secret de toute cette force de l'écriture. Couleurs aveugles à l'intérieur. Le temps couche sur couche, tombant. Jusqu'à l'oubli. La cause (entendue) du silence dépliée sur le blanc.
Jean-Paul Gavard-Perret
*
À propos de Le Lointain est bleu (éd. Comp'act, 1994 et repris en livre numérique éd. FeniXX, 2016) et de Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995)
Le mystère de cette voix a laissé inscrit le silence, le voici maintenant chargé de résonances, peuplé de sillons invisibles comme ceux formés par une main à la surface de l’eau. La voix a fait retour au silence de son origine, oui, mais ses traces subsistent telles un chemin pour une autre voix, pour d’autres voix qui viendront nécessairement, sans cesse.
L’écriture de Jean Gabriel Cosculluela est cette monodie qui ausculte le silence et est auscultée par lui…
Ce petit « cycle du bleu » entre en résonance avec une certaine tradition poétique européenne de l’absence, de la mémoire détruite : Hölderlin - Mallarmé - Jabès - Celan - Du Bouchet - Valente. Malgré le risque de simplifier à l’excès, nous pourrions dire que la parole, ici, induit la libération du monde. Le poème se situe à l’horizon de l’indicible et prend conscience ce la précarité de sa propre condition : celle d’u n fragment abandonné dans l’infini, selon l’expression d’Ungaretti, un autre poète ayant fait sienne cette tradition. Se trouve mise en oeuvre donc, une critique du caractère discursif et pragmatique du langage, afin d’épurer les paroles du poème. Un retour à l’origine, oui, mais après la douleur et le sacrifice de la destruction. Après l’expérience de l’irrécupérable. L’étiage des voix dans l’absence sera finalement l’épreuve ultime des mots, la dissolution de toutes les images, de tous les visages, de toutes les voix dans l’infini du silence et pour finir les libèrera en tant que fragments lumineux, en tant que petites présences dressées face à l’éphémère.
Rafael José Diaz, in revista La Ortiga n°8 (diciembre de 1997-marzo de 1998) trad. Joséphine Philippot
*
À propos de Terre d’ombre (éd. Voix d’encre, 2001)
Quelqu’un est là sans être là, qui ne doit pas sa proximité à l’évocation, qui la doit toute à l’épaississement méticuleux de la trace qu’il a laissée. Ou à son creusement, bref au jeu patient de la contradiction entre le désir et l’insaisissable, le refus et l’acceptation, le oui de la venue et le non de l’effacement.
La Terre d’ombre de Jean Gabriel Cosculluela suggère tout cela dans l’infinie discrétion d’une parole chuchotée, qui toujours nuance, reprend, raréfie, affine, perfectionne, intensifie. L’élégie désaffublée du pathétique arrive enfin à cette nudité de langue, qui abolit la vieille confusion entre le sentiment et l’acte de poésie. La mort est irrémédiable, mais les mots, parce qu’ils sont faits de la même poussière d’ombre, soufflent vers nous la forme sans figure où la présence passe et repasse la porte de la disparition.
Bernard Noël, préface du livre
… Métamorphose envoûtante et qui laisse en nous, une fois le livre refermé, un profond sillage. Votre parole habite. S'insinue et habite, change la vision. Le bois parle, la neige parle, qui traversent vos mots. C'est cela: il y a vos mots sur eux, tout imprégnés de la présence du mort et il n'y a plus qu'eux, au terme et le mort en eux, comme douloureusement épars …
Roger Munier, lettre du 19 août 2002 à propos de Terre d’ombre
La mort d'un père mène dans les terres d'ombre de l'absence. Mais la poésie de Jean Gabriel Cosculluela nous révèle qu'il n'y a pas confusion entre l'absence et la disparition. De son écriture discrète ancrée dans les éléments primitifs (l'eau, le bois, la terre), traversée par la lumière, il affine patiemment une évocation, dessine les contours d'une réelle présence où la mémoire a moins d'importance que l'écriture elle-même.
Alain Boudet, à propos de Terre d’ombre
*
À propos de Et la terre, rien (éd. Créaphis, 2014)
Écrire pour « déterrer le silence du regard », telle est l’ascèse dont l’auteur infuse, plutôt qu’il ne les décrypte, les paysages nés de la marche dans les territoires de solitude du photographe : « il y a ici du secret à l’œil nu ». Ces photos en noir et blanc, le poète les désigne du mot de Denis Roche photolalies : « il y a ces photolalies, ces échos muets qui / surgissent des bords perdus et dans les écarts ». Le postulat du poète renverse l’usage commun de la parole : « le silence seul nomme les paysages nomades, / le silence seul empierre le pas ». Jouant sur les correspondances, il recourt au langage de la gravure pour guider le voyage de l’œil : « Et la terre, rien, sans la manière / noire du chemin dans la montagne, le torrent nu, / le rivage, et le blanc, invisibles du silence. » Revivre l’expérience pascalienne de toucher le vide pour mieux éprouver la plénitude du réel le plus dépouillé : « Pieds nus dans l’air nu : l’andain du photographe / vient rompre le vide et le visible. »
Accord à quatre mains. Lente alchimie du cheminement intérieur. Le photographe « attend sur le seuil. En pure perte. / Il lui reste / à émietter le noir et le blanc. »
Il peut alors accueillir l’abîme ouvert en soi…
Michel Ménaché
À propos de Le Lointain est bleu (éd. Comp'act, 1994 et repris en livre numérique éd. FeniXX, 2016)
Les textes qu’on va lire ne sont pas, comme on le dit de façon courante et souvent impropre des « fragments » . Il y a d’ailleurs dans ce mot je ne sais quoi qui évoque le débris d’une oeuvre ou d’un développement qui tourne court.
Rien de tel dans les braises d’un autre feu ici rassemblées. Chacune d’elles est, en son éclat, comme un poème annoncé qui n’eut pas lieu. Ne fût-ce que pour échapper au discours plein de pièges, lorsqu’on écrit un « poème » dans un élan gouverné. L’élan est ici ponctuel, comme brisé. A la façon dont le monde nous apparaît, vient à nous, quand nous avons dominé le mouvement possessif et trompeur d’aller à lui avec nos pauvres armes.
Un certain « bleu » (est-ce bien celui de Hölderlin: « En bleu adorable ») parle à travers les moments extatiques et fixés dans l’éclair par Jean Gabriel Cosculluela. Il ne faut, à sa suite, que tenter de retrouver ces moments, au plus beau sens du terme, perdus. L’écriture du poète s’est à chaque fois perdue en eux, selon un mouvement dernier qui est celui de toutes choses, mais assez rarement consenti, il faut le dire, en littérature.
Comme le dit si bien Cosculluela: « Les mots viennent d’un dialogue ruiné avec le secret d’air et avec le silence ».
Roger Munier, adresse au lecteur, en ouverture du livre
Pour Cosculluela, l'enjeu de plaisir d'écriture est tout autre que la seule éventualité de séduire un lecteur. Dans l'entrelacement de ses textes, l'auteur de Le Lointain est bleu cherche à trouver un fil perdu qui doit permettre à l'errant (au fils perdu ?) de retrouver sa trace et sa trame à travers une mise en scène qui n'est rien d'autre qu'un travail de refonte et de refente pour une renaissance. Cette opération, très longue, s'est opérée par touches et retouches successives dans les différents textes antérieurs à celui qui paraît aujourd'hui et l'ensemble forme, d'une certaine manière, l'instauration d'une autobiographie de recouvrement.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. L'œuvre de Cosculluela est une autobiographie transposée capable de créer un autre moi. La machine autobiographique" devient ainsi à ce titre une machine "dé-formatrice". Elle ne joue plus le rôle d'un transfert de l'assouvissement narcissique et sort l'auteur d'un état d'auto-aliénation à une pseudo-vérité pour offrir à son lecteur une expérience transcendée et transmissible. La matière de mémoire ne mérite plus la première place. Il s'agit plutôt d'une "scriptographie" par laquelle le langage poétique ouvre sur un monde en abîme. Ce transfert stylistique donne ainsi à sa matière un regard contre l'imposture de l'ego. Pour l'auteur, en effet, il n'est pas question de se montrer, de s'exhiber mais de se réapproprier dans une partition et non dans une parturition.
De ce livre peut sortir ce que Louis Calaferte nomme "la bouche parlante aphasique" qui s'aventure vers l' inconnu. Comme un récit en fragments qui s'énumère de lui-même, le texte de Cosculluela creuse l'instant lourd de silence. Un silence qui prend gorge et voix. Sur le poème, le bleu et le blues de cette voix, au lointain, qui remontent. Cosculluela le dit lui-même: Les mots viennent d'un dialogue ruiné avec le secret d'air et avec le silence. D'où ces suites subtiles de courants qui traversent le poème, lieu ouvert, lieu fermé. Et ce bleu, comme une pluie dense, sombre qui passe en trame forte, jusqu'à ce que dans la pente quelque chose se casse, quelque chose qui fait penser de manière étrange, aux tableaux de Bram Van Velde. Alors quelque chose se passe: Ci-gît l'espace; L'eau est la lettre du dehors. Son bleu est la couleur du deuil; en amont, dans la neige, un seuil délité. Le poème comme un calvaire, dont chaque image s'amenuise. Le repère d'un lieu de douleur. Ou mieux: un non-lieu, un trou, un chaos de ravins au seuil du noir. Ici, le secret de toute cette force de l'écriture. Couleurs aveugles à l'intérieur. Le temps couche sur couche, tombant. Jusqu'à l'oubli. La cause (entendue) du silence dépliée sur le blanc.
Jean-Paul Gavard-Perret
*
À propos de Le Lointain est bleu (éd. Comp'act, 1994 et repris en livre numérique éd. FeniXX, 2016) et de Terre et bleu (éd. Tarabuste, 1995)
Le mystère de cette voix a laissé inscrit le silence, le voici maintenant chargé de résonances, peuplé de sillons invisibles comme ceux formés par une main à la surface de l’eau. La voix a fait retour au silence de son origine, oui, mais ses traces subsistent telles un chemin pour une autre voix, pour d’autres voix qui viendront nécessairement, sans cesse.
L’écriture de Jean Gabriel Cosculluela est cette monodie qui ausculte le silence et est auscultée par lui…
Ce petit « cycle du bleu » entre en résonance avec une certaine tradition poétique européenne de l’absence, de la mémoire détruite : Hölderlin - Mallarmé - Jabès - Celan - Du Bouchet - Valente. Malgré le risque de simplifier à l’excès, nous pourrions dire que la parole, ici, induit la libération du monde. Le poème se situe à l’horizon de l’indicible et prend conscience ce la précarité de sa propre condition : celle d’u n fragment abandonné dans l’infini, selon l’expression d’Ungaretti, un autre poète ayant fait sienne cette tradition. Se trouve mise en oeuvre donc, une critique du caractère discursif et pragmatique du langage, afin d’épurer les paroles du poème. Un retour à l’origine, oui, mais après la douleur et le sacrifice de la destruction. Après l’expérience de l’irrécupérable. L’étiage des voix dans l’absence sera finalement l’épreuve ultime des mots, la dissolution de toutes les images, de tous les visages, de toutes les voix dans l’infini du silence et pour finir les libèrera en tant que fragments lumineux, en tant que petites présences dressées face à l’éphémère.
Rafael José Diaz, in revista La Ortiga n°8 (diciembre de 1997-marzo de 1998) trad. Joséphine Philippot
*
À propos de Terre d’ombre (éd. Voix d’encre, 2001)
Quelqu’un est là sans être là, qui ne doit pas sa proximité à l’évocation, qui la doit toute à l’épaississement méticuleux de la trace qu’il a laissée. Ou à son creusement, bref au jeu patient de la contradiction entre le désir et l’insaisissable, le refus et l’acceptation, le oui de la venue et le non de l’effacement.
La Terre d’ombre de Jean Gabriel Cosculluela suggère tout cela dans l’infinie discrétion d’une parole chuchotée, qui toujours nuance, reprend, raréfie, affine, perfectionne, intensifie. L’élégie désaffublée du pathétique arrive enfin à cette nudité de langue, qui abolit la vieille confusion entre le sentiment et l’acte de poésie. La mort est irrémédiable, mais les mots, parce qu’ils sont faits de la même poussière d’ombre, soufflent vers nous la forme sans figure où la présence passe et repasse la porte de la disparition.
Bernard Noël, préface du livre
… Métamorphose envoûtante et qui laisse en nous, une fois le livre refermé, un profond sillage. Votre parole habite. S'insinue et habite, change la vision. Le bois parle, la neige parle, qui traversent vos mots. C'est cela: il y a vos mots sur eux, tout imprégnés de la présence du mort et il n'y a plus qu'eux, au terme et le mort en eux, comme douloureusement épars …
Roger Munier, lettre du 19 août 2002 à propos de Terre d’ombre
La mort d'un père mène dans les terres d'ombre de l'absence. Mais la poésie de Jean Gabriel Cosculluela nous révèle qu'il n'y a pas confusion entre l'absence et la disparition. De son écriture discrète ancrée dans les éléments primitifs (l'eau, le bois, la terre), traversée par la lumière, il affine patiemment une évocation, dessine les contours d'une réelle présence où la mémoire a moins d'importance que l'écriture elle-même.
Alain Boudet, à propos de Terre d’ombre
*
À propos de Et la terre, rien (éd. Créaphis, 2014)
Écrire pour « déterrer le silence du regard », telle est l’ascèse dont l’auteur infuse, plutôt qu’il ne les décrypte, les paysages nés de la marche dans les territoires de solitude du photographe : « il y a ici du secret à l’œil nu ». Ces photos en noir et blanc, le poète les désigne du mot de Denis Roche photolalies : « il y a ces photolalies, ces échos muets qui / surgissent des bords perdus et dans les écarts ». Le postulat du poète renverse l’usage commun de la parole : « le silence seul nomme les paysages nomades, / le silence seul empierre le pas ». Jouant sur les correspondances, il recourt au langage de la gravure pour guider le voyage de l’œil : « Et la terre, rien, sans la manière / noire du chemin dans la montagne, le torrent nu, / le rivage, et le blanc, invisibles du silence. » Revivre l’expérience pascalienne de toucher le vide pour mieux éprouver la plénitude du réel le plus dépouillé : « Pieds nus dans l’air nu : l’andain du photographe / vient rompre le vide et le visible. »
Accord à quatre mains. Lente alchimie du cheminement intérieur. Le photographe « attend sur le seuil. En pure perte. / Il lui reste / à émietter le noir et le blanc. »
Il peut alors accueillir l’abîme ouvert en soi…
Michel Ménaché