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09/02/2011



L'invité du mois

LA FORÊT DES SIGNES (P4)



ANNE SLACIK

LA FORÊT DES SIGNES (P4)
Bleu Lumière diptyque huile sur toile 2010 195x260 cm
site

ANTONIO MACHADO

Jamais je n’ai cherché la gloire

Ni voulu dans la mémoire des hommes

Laisser mes chansons

Mais j’aime les mondes subtils

Aériens et délicats

Comme des bulles de savon.

J’aime les voir s’envoler,

Se colorer de soleil et de pourpre,

Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,

Puis éclater.

À demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps

Et à des questions sans réponse

Qui donc pourrait te répondre ?

Chantez en cœur avec moi :
Savoir ?
Nous ne savons rien

Venus d’une mer de mystère

Vers une mer inconnue nous allons

Et entre les deux mystères

Règne la grave énigme

Une clef inconnue ferme les trois coffres

Le savant n’enseigne rien, lumière n’éclaire pas

Que disent les mots ?

Et que dit l’eau du rocher ?

Voyageur, le chemin

C’est les traces de tes pas

C’est tout ; voyageur,
 il n’y a pas de chemin,

Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant

Et quand tu regardes en arrière

Tu vois le sentier que jamais

Tu ne dois à nouveau fouler

Voyageur ! Il n’y a pas de chemins

Rien que des sillages sur la mer.

Tout passe et tout demeure

Mais notre affaire est de passer

De passer en traçant

Des chemins

Des chemins sur la mer

Antonio Machado
In Champs de Castille, éditions Gallimard /collection Poésie


COLETTE NYS-MAZURE

Comme toi


Elle craint l'aube et l'ombre
redoute le chantage du silence
prend peur et prête foi
prétend vivre et finir
rallier contredire
veut la lune et rien

S'enferre un peu plus chaque jour
proie de tous les dilemmes

Dilapidée riche

Colette Nys-Mazure,
Feux dans la nuit, anthologie Ed. Espace Nord




PAUL CELAN

cristal

Ne cherche pas sur mes lèvres ta bouche,
ni devant le portail l’étranger,
ni dans l’œil la larme.

Sept nuits plus haut s’en va vers rouge,
sept cœurs plus bas la main cogne au portail,
sept roses plus tard la fontaine bruit.

Paul Celan
(traduction Jean-Pierre Lefebvre)
In Pavot et mémoire, Choix de poèmes, Poésie/Gallimard, 1998
envoi Cécile Oumhani

***

Corona

L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :
le temps retourne à l’écale.

Dans le miroir, c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi
la bouche parle sans mentir.

Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :
nous nous regardons
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune

Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent depuis la rue :
Il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir.
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.

Il est temps.

Paul Celan,
Choix de poèmes réunis par l’auteur, Traduction de Jean-Pierre Lefebvre, Ed. Poésie/Gallimard



YITSKHOK KATZENHELSON

II

Je joue... je me suis assis bas contre terre endeuillé
j'ai joué et tristement chanté: ô mon peuple!
Des millions de <juifs dressés autour de moi pour m'écouter
Des millions d'assassinés pour m'entendre - vaste auditoire

Vaste auditoire, une foule immense, ô immense! La vallée d'Ezéchiel
emplie d'ossements pourrait ici se terrer dans un coin.
Et lui, le prophète n'aurait plus cette fierté d'autrefois, cette foi en le ciel,
pour parler aux massacrés comme moi il se tordrait les mains,

Comme moi démuni, comme moi rejetant en arrière son front lourd
Pour contempler hagard le ciel gris et lointain, et désolé alentour,
Et laisserait retomber sa tête de tout son poids,
Rocher pétrifié courbé plus bas que terre, et sans voix.

Yitskhok Katzenhelson
extrait de Le chant du peuple juif assassiné. Editions Zulma 2007
Envoi Maya Nahum

NAZIM HIKMET

Pense Taranta-Babu :
Le coeur
La tête
et le bras de l'homme
fouillant les entrailles de la terre
ont créé de tels dieux d'acier aux yeux de feu
qu'ils peuvent écraser la terre
d'un coup de poing.

L'arbre qui donne des grenades une fois par an
peut en donner mille fois plus.


Si grand, si beau est notre monde
et si vaste, si vaste, le bord des mers
que nous pouvons tous chaque nuit
nous allongeant côte à côte
sur les sables d'or chanter les eaux étoilées.


Que c'est beau de vivre, Taranta-Babu

Que c'est beau de vivre
comprenant le monde comme un livre
le sentant comme un chant d'amour
s'étonnant comme un enfant
VIVRE !


Vivre un à un
et tous ensemble
comme on tisse une étoffe de soie

Vivre comme on chante en choeur
un hymne à la joie


Vivre...


Et pourtant quelle drôle d'affaire Taranta-Babu

Quelle drôle d'histoire

Que cette chose incroyablement belle
que cette chose indiciblement joyeuse
soit tellement dure aujourd'hui
tellement étroite
tellement sanglante
tellement dégoûtante

Vivre

Nazim Hikmet
in Il neige dans la nuit et autres poèmes
(collection Poésie/Gallimard, 1999)

ALAIN LANCE

Entre DJ autistes
Et Djihadistes
(Mais n’oublions pas le changement climatique
Ni la révolution numérique)
Nous vivons un moment historique
Ou l’approche du désert ?

Sur le fil électrique
Le merle s’en balance

Explosions hystériques
Le malheur aveugle adresse une semonce

Nous n’aurons pour tout dessert
Que parasites et ronces.

Quel coucou s’obstine à trouer mon silence ?


Extrait de Alain Lance, Fantômémoires, éditions Tarabuste, 2019

LAURE CAMBAU

ICONE

Tu suis les pas des lèvres déposées
lèvre historique
nuage d'une âme envolée
une mélodie peut-être
un peu de buée sur l'icône centrale
quelques gouttes d'or cassé
arrosé du lait vert des absents
et les traces de toutes les lèvres ferventes
sur toutes les langues restent gravées
intempestibles
et la Vierge noire se réveille
humide sous les caresses répétées
le Pope -barbe en terre barbe en eau-
la surveille et
avec soin range les extases
huile encens
la Vierge noire prend l'eau
morte pour la forme
vivante dans le désordre
des souffles idolâtres.

Laure Cambau
inédit

ROLAND CHOPARD

SOLiLOque DANS LA FORÊT

Qu’ont-ils arraché à la forêt et que la forêt lentement leur livre ?
Antonin Artaud

Suite et variation n° 6
(…)

Mais il faut tout de même qu’elle entre dans la forêt. La forêt est touffue, c’est difficile. Au début elle reste à proximité de l’orée, elle commence à couper quelques branches de noisetier, à s’imprégner de cette odeur humide, elle est encore un peu proche de la vraisemblance parce que c’est nouveau. La naïveté est encore là. Le parcours est hésitant.

L’orée franchie, toutes les épreuves surgissent aux détours, dans le dédale. Ce cheminement est une épreuve salutaire : il permet d’oublier les tabous, les habitudes, de chercher à dépasser les limites jusqu’aux « désordres des sens », de jouer avec le feu, avec l’oubli, les questions, la peur, de braver les obstacles, les difficultés de repérage.

(…)

La clairière est le lieu idéal pour le rite et le sublime expérimental, une aire de repos « loin des sons absurdes qui hantent les vies comme des bruits mensongers, loin des multiples gesticulations et turpitudes de ceux qui veulent étouffer les voix, loin des apprentis sorciers qui rêvent de museler les désirs ». Cela peut même être « claironné », oui claironné ». La fête peut commencer. Ce n’est pas un cri, c’est comme un appel. Dans cette aire, la voix peut profiter de cet écho discret. La forêt se peuple alors de présences : « Quand ils surgissent à la queu leu leu dans cette clairière, ils sont surpris par cette exubérance, encore perdus mais saisissant déjà quelques morceaux de cette expérience singulière, quelques signes indiquant l’ampleur de cette piste ». Un musicien souffle dans un instrument qui propage des sons dans les arbres. Des sons inouïs, des sens inouïs. De la musique avant tout. Les prémisses de la parole.

Roland Chopard
Extrait de Sous la cendre , éditions Lettres Vives, 2016

VOLKER BRAUN

Les iguanes


Ils gisent indolents dans la grise rocaille
Des vestiges des temples qui leur indiffèrent
Parfois ce n'est qu'une paupière qui bâille
Corps gris minéral, roche à l'angle vif
Mais les pattes sont lestes, et d'un bond furtif
Ils happent les moustiques, c'est la grande affaire.

Nous autres iguanes, d'une espèce récente
Parquée face aux courbes des monnaies cassantes,
Voyons les banques s'effondrer en silence.
Pas même la colère, pas même un rire.
Le temps ? Le pouvoir ? Cela va pourrir
Et dans le jour neuf le soleil s'élance.

Volker Braun,
extrait de Poèmes choisis,
Traduit de l'allemand par Jean-Paul Barbe et Alain Lance
Préface d'Alain Lance, éditions Gallimard, 2018.

LILIANE GIRAUDON


BERNARD VARGAFTIG

Un cri nul désert

Un déplacement intérieur

Accomplissement exigence sans cesse.
Autant que le présent vient de naître

Distance éparpillée ouverte 

Une faille jamais éloignée

Avec la soudaineté pour devenir
Syllabe rien que l’incitation

La liberté n’est aucune autre

Ni la peur comme ne se répète

Aucun mot le linge au-devant de l’enfance

Le souffle d’un balancement

L’été l’été l’échelle courir

Sans voir dans l’ensoleillement impatient

Qu’il manque un instant

A quoi l’oubli échappe-t-il ?

Bernard Vargaftig
In Ce n'est que l'enfance Éditions Arfuyen, 2008
Envoi Antre lieu


SAMIRA NEGROUCHE

Dans l’espace entre nous
il y a beaucoup
il y a ce qui est dit
et ce qui ne le sera jamais.

Il y a ce qui est écrit
et ce qui ne le sera jamais.

Il y a ce qui est pensé
il y a aussi ce qui est négligé.

Dans l’espace entre nous
il y a une nuée d’impossibles
comme chants d’oiseaux
que nous ne savons pas
retranscrire.

Il y a le poids du temps
il y a le poids des histoires
que nous ne partageons pas.

Dans l’espace entre nous
il y a aussi les accidents
qui nous submergent
ceux qui ouvrent parfois
une porte.

Cette porte,
nous la voyons parfois
nous choisissons parfois
de l‘emprunter.

Si je te parle
c’est à partir
de ce qui nous manque
que je te parle.


Samira Negrouche
Extrait de « Traces », à paraître aux éditions Fidel Anthelme X

JEAN-LUC DESPAX

Signe de reconnaissance

Vous me reconnaîtrez

À ma cicatrice intérieure

J’aurai un sac de voyage
Posé sur la chaise

Il contient la moitié du jour

Et le sel bleu des choix

Je n’ai pas de fleurs pour vous 

Ni la rose du silence 

La table est petite et

Je ne veux pas insulter 

Votre beauté

J’ai commandé un café

En vous attendant 

Un café très fort,

Quoi qu’il arrive.

***

Le moineau

Pas de poème triste, ce jour

Car je pense à ta joie.

Je l’invente à vrai dire amour,

Je ne te connais pas.

Restons simple: je mange un croissant

En ville, quelques miettes

Régalent un moineau bondissant. 

Aurait-il la recette?

Tu serais à la table...

Eh, qui de nous deux vole en premier

La muse de cette fable?

Moi, qui ai commandé deux cafés?

***

Aux étoiles

Je compte les moutons

La volonté farouche 

De ne pas en être un

Fait tout recommencer

Je compte tous les loups 

Mais ils ont disparu 

Au radar, invincibles,

Et je crains pour nos jambes

Je compte les oiseaux 

Qui passent dans les films 

Des nuages réels 

Ils ne m’en veulent pas

Je compte tous les chiens 

Et notamment les miens 

M’ayant donné cet air 

D’être un peu plus humain

Je compte tous les textes 

Qu’il me faut entreprendre

Je me sens un peu bête 

Qu’ils se comptent sans moi

Je compte le bruit sec 

De la balle entreprise 

Au lancer de hasard 

Sur les murs incessants

Je compte

Tu comptes

Ils comptent 

Et m’endors aux étoiles

Jean-Luc Despax
Inédits

AARON SHABTAÏ

1
j’écris

une poésie

quitte
de double sens

mon sujet

c’est une âme
qui cherche racines

2

le sujet :
la fidélité

le style
propre à penser

les rapports sacrés

l’amour
et la fidélité

3

la fidélité

la constance

et la continuité

le travail

(le travail
à la maison
et au dehors)

la propreté

4

je vois

un meuble

une armoire pleine

en fait une caisse de bois

simplement peinte

qu’on appelle armoire

et meuble

5

et placé dans la cuisine

en face d’un meuble identique

je crois que dans la cuisine

il y a un paradis

de sagesse

Aaron Shabtaï
Le poème domestique, traduit de l’hébreu par Michel Eckhard-Elial. Éditions de l’éclat, 1987
envoi Daniel Biga

DANIEL BIGA

POURQUOI

…les sources recoulent-elles
quand le monde est en danger ?
pourquoi élaguer un orme énorme ?
pourquoi Tahar a-t-il peur en enfonçant sa main
toute entière dans le trou sur la berge du fleuve ?
pourquoi sur de longues tiges d’herbe
les fourmis font-elles leurs Tarzanes
pourquoi aimons-nous l’eau claire
dans un verre transparent ?
pourquoi faut-il méditer ? ou au moins écrire ?
pourquoi faut-il lire Arno Schmidt et Tarjei Vesaas
et André Dhôtel et Aaron Shabtaï …et…
( pourquoi les noms s’effacent-ils de ma mémoire ?)
quand ? tant qu’il est temps

ces questions essentielles superficielles
et tant d’autres
ALIMENTATION GÉNÉRALE tente de poser sinon de
répondre

Daniel Biga
Alimentation générale. Éditions Unes, 2014

RÉGIS LEFORT

Poème premier :

Il chercha longtemps la voie d’eau sans l’idée de la parcourir. Ce qu’il cherchait au juste, il ne le savait pas. Mais sa conviction allait vers l’iode et s’y rassemblait en un mouvement d’en-allée, en une façon simple de parcourir, en un sentiment abrupt et exact de devancer. Il marchait le long de la mousse des vagues. Ce n’était pas de l’écume. Cela aussi, il le savait. Et à tordre ses mollets, l’avenir s’affirmait comme la rouille des vents, rose sur son front. Il marchait. Il ne s’arrêtait que pour fixer le sable sans savoir pourquoi ou pour fouiller l’horizon de sa ligne qui séparait moins le paysage qu’elle ne séparait son cœur. Parfois, la fraîcheur lui venait de l’intérieur des joues et descendait vers la mer. Il était nu et courrouçait sans complément. Son ventre était son règne. Sa voix le tenait attaché à ce qui n’avait pas de voix. La conque n’est musicale qu’à souffrir l’ablation, se dit-il sans comprendre. Mais il parcourait, là était l’essentiel. Sa destination unitaire rougissait le soir. Il était nu de sa recherche. Il traversait le jour. Il traverserait un jour. Il traverserait. L’eau, le temps et les vagues extrêmes. L’archange lui tenait lieu de main.

***

Poème dernier :
Il embrassa la nuit et la coucha, abstraite. Un bouillonnement s’était mis à dévaster, orange, son cœur. De petites déflagrations éruptives, dans lesquelles le mica renvoyait la lumière par intermittences, débordaient et commençaient à produire, au bord de ses yeux, un ru d’une épaisseur incompréhensible. Il pensa qu’il allait changer de temps. Il espérait, merveilleux, que viendrait bientôt celui de la rejoindre. Mais son corps semblait ne pas vouloir se décider à une nouvelle déflagration recomposition. Lorsque la lave commença à imprégner le sable, à ses pieds, il remonta ses ailes sur le haut de son corps pour éviter qu’elles ne fussent brûlées. Il n’était déjà plus que scintillement. Au loin, les montagnes tombaient dans la mer et menaçaient de s’affaisser sous la lumière maintenant unie à la couleur orange. Un chemin s’était ouvert sur lequel il semblait qu’il eût pu l’absorber. En son absence, il sentait plus que jamais l’irradiation de l’amour. Il allait vers l’iode pour s’y rassembler en un mouvement d’en-allée, en une façon simple de parcourir, en un sentiment abrupt et exact de devancer.

Régis Lefort,
Il, et sa nuit, Nevers, la tête à l’envers, 2020.

HABIB TENGOUR

Le temps du corona 2

Nous avons ri sommes sortis ce vendredi
Puis récidivé le samedi
Système plus malsain que virus nous avons dit
Ce que Dieu expédie on le supporte
Mais des militaires n’en voulons pas

Ce qu’on veut un Etat civil
Une justice sans téléphone
Des urnes non truquées
Le peuple libéré décide
L’armée aux casernes

Corona c’est votre pouvoir en place
Vos exactions y en a marre
Votre président maquillé
Tous ces brosseurs lorgnant portefeuilles
Finance culture écologie qu’importe

Vous désirez ce monde corrompu
Notre idéal est plus beau
Un pays libre sans entraves
Que vos chouraves ont dévasté
Les prisons regorgent d’innocents

Nous savons la pandémie très grave
La lutte continue autrement
Notre mouvement citoyen saura
Eradiquer ce mal et demain
Sortir plus résolu que jamais

Nos moyens sont faibles mais unis nous
Distribuons gel masques et nourritures
Aux démunis apportons espoir quand
Les hôpitaux déglingués paniquent
Paris n’est plus là pour vous soigner

Nous l’avons dit déjà marche arrière
Pas question nous enfants d’Amirouche
Ne craignons ni balles ni menottes
Sitôt levée du confinement nous
Reprendrons nos marches DEGAGEZ TOUS


Habib Tengour,
Inédit, Le Kremlin-Bicêtre, 27-31 mars/11 avril 2020

GUILLEVIC

Insensé:
Je rêve d’être l’azur
Et de là-haut regarder
Vivre les hommes.

Pour me calmer
Je me dis que l’azur
Ne se préoccupe pas de nous

Et que d’ailleurs
Il ne sait même pas
Ce qu’il fait là,
Même pas qu’il existe.

― Moi, si j’étais l’azur
Le monde serait-il
Mon atelier ?

Guillevic
extrait du recueil Quotidiennes, (1995)
Envoi Manuel Charrier



LA FORÊT DES SIGNES SUITE P5


Lundi 20 Avril 2020
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ANTHOLOGIES ET PUBLICATIONS COLLECTIVES

Revue Cités N°73,
Effraction/ diffraction/
mouvement,
la place du poète
dans la Cité,
mars 2018.

Pour avoir vu un soir
la beauté passer

Anthologie du Printemps
des poètes,
Castor Astral, 2019

La beauté, éphéméride
poétique pour chanter la vie
,
Anthologie
Editions Bruno Doucey, 2019.

Le désir aux couleurs du poème,
anthologie éd
Bruno Doucey 2020.







cb
22/11/2010