BIOBIBLIOGRAPHIE
Laurent Fourcaut, né en 1950 à Alger, est professeur émérite de Sorbonne Université. Il est spécialiste de l’œuvre de Jean Giono, sur laquelle il a écrit de très nombreux articles et plusieurs livres, dont « Le Chant du monde » de Jean Giono (Gallimard, « Foliothèque », 1996). Il a longtemps dirigé la série Jean Giono de La Revue des Lettres Modernes. Dernier numéro paru : « “Jean le Bleu”, l’apprentissage de la création », Jean Giono 11, La Revue des Lettres Modernes (Lettres Modernes-Minard/Classiques Garnier, 2020).
Il travaille aussi sur l’œuvre de Georges Simenon. Derniers livres parus : Georges Simenon, la rédemption du faussaire. Les romans des années trente (Sorbonne Université Presses, « Sorbonne Essais », 2018) ; Simenon, pas de vie sans les livres (Suisse, Éditions Infolio, « Presto », 2019).
Il travaille enfin sur la poésie contemporaine : Lectures de la poésie française moderne et contemporaine (A. Colin, 2005) ; « Alcools » d'Apollinaire : je est plein d'autres, remembrement et polyphonie (Éditions Calliopées, 2015) ; L’Œuvre poétique de Dominique Fourcade. Un lyrisme lessivé à mort du réel (Classiques Garnier, 2018) ; Christian Prigent, contre le réel, tout contre (Sorbonne Université Presses, à paraître en 2021). Il a dirigé le numéro de la revue Nu(e) sur Esther Tellermann (no 39, Nice, juin 2008). En collaboration avec Laure Michel et Michel Murat, Dominique Fourcade : lyriques déclics, Actes du colloque international Dominique Fourcade, Paris-Sorbonne, 31 mai et 1er juin 2018 (Paris, Éditions Hermann, 2020).
Il est rédacteur en chef de la revue de poésie de Sorbonne Université, Place de la Sorbonne. Dix numéros parus. Le no 11 paraîtra au printemps 2021.
Poète, il est l’auteur de plusieurs livres de poésie :
* « encore (play it again) » in Triages Anthologie 2004, « Voix unes & premières », Saint-Benoît-du-Sault, Éditions Tarabuste, « Triages », 2004, p. 74-91.
* Sonnets pour rien, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2006.
* En attendant la fin du moi, sonnets, Paris, Éditions Bérénice, « Élan », 2010.
* Par-dessus tête (sonnets renversés), in Triages Anthologie Vol. II 2015, « Voix unes & premières », Éditions Tarabuste, « Triages », 2015, p. 40-60.
* Du vent, poème cinématographique, Vénissieux, Éditions La Passe du Vent, 2017.
* Arrière-saison, Genève, Le Miel de l’Ours, 2016.
* Or le réel est là…, sonnets élisabéthains, postface de l’auteur avec William Cliff, Montreuil, Le Merle moqueur, 2017.
* Joyeuses Parques, sonnets, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2017.
* Dedans Dehors, sonnets contemporains, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2021.
À paraître :
* n’étaient messieurs les bêtes, sonnets désobligeants, à paraître au Merle moqueur, Éditions Manifeste !
* Journal de l’année du Covid, sonnets confinés, postface de Christian Prigent.
* Climat, sonnets.
* un coin de ciel, sonnets.
Il travaille aussi sur l’œuvre de Georges Simenon. Derniers livres parus : Georges Simenon, la rédemption du faussaire. Les romans des années trente (Sorbonne Université Presses, « Sorbonne Essais », 2018) ; Simenon, pas de vie sans les livres (Suisse, Éditions Infolio, « Presto », 2019).
Il travaille enfin sur la poésie contemporaine : Lectures de la poésie française moderne et contemporaine (A. Colin, 2005) ; « Alcools » d'Apollinaire : je est plein d'autres, remembrement et polyphonie (Éditions Calliopées, 2015) ; L’Œuvre poétique de Dominique Fourcade. Un lyrisme lessivé à mort du réel (Classiques Garnier, 2018) ; Christian Prigent, contre le réel, tout contre (Sorbonne Université Presses, à paraître en 2021). Il a dirigé le numéro de la revue Nu(e) sur Esther Tellermann (no 39, Nice, juin 2008). En collaboration avec Laure Michel et Michel Murat, Dominique Fourcade : lyriques déclics, Actes du colloque international Dominique Fourcade, Paris-Sorbonne, 31 mai et 1er juin 2018 (Paris, Éditions Hermann, 2020).
Il est rédacteur en chef de la revue de poésie de Sorbonne Université, Place de la Sorbonne. Dix numéros parus. Le no 11 paraîtra au printemps 2021.
Poète, il est l’auteur de plusieurs livres de poésie :
* « encore (play it again) » in Triages Anthologie 2004, « Voix unes & premières », Saint-Benoît-du-Sault, Éditions Tarabuste, « Triages », 2004, p. 74-91.
* Sonnets pour rien, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2006.
* En attendant la fin du moi, sonnets, Paris, Éditions Bérénice, « Élan », 2010.
* Par-dessus tête (sonnets renversés), in Triages Anthologie Vol. II 2015, « Voix unes & premières », Éditions Tarabuste, « Triages », 2015, p. 40-60.
* Du vent, poème cinématographique, Vénissieux, Éditions La Passe du Vent, 2017.
* Arrière-saison, Genève, Le Miel de l’Ours, 2016.
* Or le réel est là…, sonnets élisabéthains, postface de l’auteur avec William Cliff, Montreuil, Le Merle moqueur, 2017.
* Joyeuses Parques, sonnets, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2017.
* Dedans Dehors, sonnets contemporains, Éditions Tarabuste, « DOUTE B.A.T », 2021.
À paraître :
* n’étaient messieurs les bêtes, sonnets désobligeants, à paraître au Merle moqueur, Éditions Manifeste !
* Journal de l’année du Covid, sonnets confinés, postface de Christian Prigent.
* Climat, sonnets.
* un coin de ciel, sonnets.
TEXTES
CONTREFAÇONS
Retrouvant Paris on a droit au morne flux
menstruel de la ville le flux des bagnoles
l’asphalte mouillé luit sous les phares les lu
mières bouffeuses d’énergie les roubignolles
se déchargent d’autant vu que le mont velu
est ratatiné plus que terre sous les grolles
par l’absurde va-vient – finira-t-on reclus
dans sa province humide mais pauvre en girolles ?
Heureusement incorruptibles les bistros
font une bulle d’esprit bel pour les accros
du trait maigre sur le plan lavé de la page
enseigne laforêt blanc sur bleu c’est l’horreur
contrefaçon risible du long pucelage
des forêts où les loups ravissent l’âme sœur
Dedans Dehors, Saint-Benoît-sur-Sault, éditions Tarabuste, 2021.
***
Décoré pour Noël tel est le Bar du Centre
les poivrots font au zinc un avachi cordon
mais tendre et rigolard encor trois jours on entre
dans l'an nouveau il va falloir mourir au don
bien aimé quichottisme en retournant au ventre
renaître adéquat au monde que Flash Gordon
annonça dès longtemps qui passe en épouvante
le moribond romain empire ah ! si le don
j'avions du bilieux Juvénal en ses satires
je liquiderais en vers l'odieux capital
dont l'infâme avarice nourrit la saine ire
qui va faire sauter tantôt l'occipital
voilà d'ailleurs un aspect neuf de la chaudière
intime qu'avait pas prévu Freud l'incendiaire
Or le réel est là…, Montreuil, Le Merle moqueur, 2017.
***
INCANTATION
Le printemps est encor comme encastré
dans l’hiver l’air est doux mais plombé terne
le désir renaissant en est castré
sur la hampe le drapeau est en berne
on croit subir le sort à Holopherne
sûr que la pandémie n’arrange rien
fermé partout l’enfer est sartrien
à l’envers : ce qui manque c’est les autres
les bipèdes qui parlent les terriens
la tendre pâte humaine où on se vautre
Inédit.
Retrouvant Paris on a droit au morne flux
menstruel de la ville le flux des bagnoles
l’asphalte mouillé luit sous les phares les lu
mières bouffeuses d’énergie les roubignolles
se déchargent d’autant vu que le mont velu
est ratatiné plus que terre sous les grolles
par l’absurde va-vient – finira-t-on reclus
dans sa province humide mais pauvre en girolles ?
Heureusement incorruptibles les bistros
font une bulle d’esprit bel pour les accros
du trait maigre sur le plan lavé de la page
enseigne laforêt blanc sur bleu c’est l’horreur
contrefaçon risible du long pucelage
des forêts où les loups ravissent l’âme sœur
Dedans Dehors, Saint-Benoît-sur-Sault, éditions Tarabuste, 2021.
***
Décoré pour Noël tel est le Bar du Centre
les poivrots font au zinc un avachi cordon
mais tendre et rigolard encor trois jours on entre
dans l'an nouveau il va falloir mourir au don
bien aimé quichottisme en retournant au ventre
renaître adéquat au monde que Flash Gordon
annonça dès longtemps qui passe en épouvante
le moribond romain empire ah ! si le don
j'avions du bilieux Juvénal en ses satires
je liquiderais en vers l'odieux capital
dont l'infâme avarice nourrit la saine ire
qui va faire sauter tantôt l'occipital
voilà d'ailleurs un aspect neuf de la chaudière
intime qu'avait pas prévu Freud l'incendiaire
Or le réel est là…, Montreuil, Le Merle moqueur, 2017.
***
INCANTATION
Le printemps est encor comme encastré
dans l’hiver l’air est doux mais plombé terne
le désir renaissant en est castré
sur la hampe le drapeau est en berne
on croit subir le sort à Holopherne
sûr que la pandémie n’arrange rien
fermé partout l’enfer est sartrien
à l’envers : ce qui manque c’est les autres
les bipèdes qui parlent les terriens
la tendre pâte humaine où on se vautre
Inédit.
Laurent Fourcaut
Dedans dehors
Sonnets contemporains
NOTE D’INTENTION
Ce livre, Dedans dehors, est né d’une constatation amère : que, dans les sociétés d’aujourd’hui, l’écart se creusait tragiquement entre la sphère humaine, toujours plus assujettie aux désordres multiples engendrés par une financiarisation galopante de l’économie et des rapports sociaux en découlant, d’une part ; et, d’autre part, un ordre naturel toujours plus dédaigné, dévasté, et finalement refoulé, les dérèglements liés au réchauffement climatique n’étant qu’un effet parmi d’autres, à vrai dire particulièrement inquiétant, des violences infligées à la nature.
Or ce livre n’est évidemment pas un essai de politique ou d’économie ou d’écologie, mais bien un livre de poèmes : de sonnets qui sont résolument contemporains parce qu’ils se réfèrent constamment à ce grave désordre du monde.
Les questions dont il se fait l’écho, il les aborde et les traite dans son champ et avec ses moyens propres, qui sont ceux de la poésie.
L’horizon du poème est toujours ce « monde muet » qui est, selon Ponge, « notre vraie patrie ». Il l’est pour l’homme, cet animal parlant que le langage exile peu ou prou de son berceau naturel, lequel devient pour lui le dehors, un dehors qui lui apparaît d’autant plus inhumain, donc inhabitable, que la société, les outils et les mœurs actuels, en forgeant continûment la fable, obscène, d’une réalité lisse, où tout serait à portée de désir, le rendent chaque jour plus illisible en l’occultant toujours davantage : entreprise suicidaire de dénégation. La frontière est par conséquent de plus en plus étanche entre ce dehors et toutes les formes de dedans : moi, l’individu, la fable mensongère de mon identité stable et close, mon désir dévoyé sur des cibles qui sont autant de miroirs aux alouettes, la fantasmagorie des récits de toutes sortes (les livres, les films, les publicités, la légende empoisonnée que distillent les chroniqueurs quotidiens, politiques et autres) qui me font prendre les vessies pour des lanternes, et le bagne généralisé pour le vrai monde, etc.
Ces sonnets développent donc d’un bout à l’autre une façon de dialectique entre dehors et dedans : le plus souvent pour crever la baudruche du dedans afin de rouvrir un libre accès au dehors – au sauvage, aux arbres, aux bêtes, les vrais vivants, aux saisons, à l’air, à la lumière, aux fruits : au réel –, la femme, merveille, étant l’intermédiaire, la médiatrice entre les deux ; parfois, car on n’est qu’un homme, pour se calfeutrer dans le dedans par peur panique du dehors.
Une synthèse est bien entendu cherchée entre ces deux postulations. Certains lieux semblent en offrir la promesse, comme le cloître, dedans ouvert sur le divin dehors. Quant au sonnet contemporain, avec ses licences de tous (dés)ordres, le mélange insolent de ses niveaux de langue, ses rythmes qui trouvent jouissance à boiter, la main qu’il donne à la littérature et le bras d’honneur qu’il lui fait, il est un mixte, lui aussi, lui d’abord, de forme rigoureusement réglée, centrée sur elle-même, et de forme éclatée, pour mieux donner, pour mieux ouvrir sur son dehors.
Dedans dehors
Sonnets contemporains
NOTE D’INTENTION
Ce livre, Dedans dehors, est né d’une constatation amère : que, dans les sociétés d’aujourd’hui, l’écart se creusait tragiquement entre la sphère humaine, toujours plus assujettie aux désordres multiples engendrés par une financiarisation galopante de l’économie et des rapports sociaux en découlant, d’une part ; et, d’autre part, un ordre naturel toujours plus dédaigné, dévasté, et finalement refoulé, les dérèglements liés au réchauffement climatique n’étant qu’un effet parmi d’autres, à vrai dire particulièrement inquiétant, des violences infligées à la nature.
Or ce livre n’est évidemment pas un essai de politique ou d’économie ou d’écologie, mais bien un livre de poèmes : de sonnets qui sont résolument contemporains parce qu’ils se réfèrent constamment à ce grave désordre du monde.
Les questions dont il se fait l’écho, il les aborde et les traite dans son champ et avec ses moyens propres, qui sont ceux de la poésie.
L’horizon du poème est toujours ce « monde muet » qui est, selon Ponge, « notre vraie patrie ». Il l’est pour l’homme, cet animal parlant que le langage exile peu ou prou de son berceau naturel, lequel devient pour lui le dehors, un dehors qui lui apparaît d’autant plus inhumain, donc inhabitable, que la société, les outils et les mœurs actuels, en forgeant continûment la fable, obscène, d’une réalité lisse, où tout serait à portée de désir, le rendent chaque jour plus illisible en l’occultant toujours davantage : entreprise suicidaire de dénégation. La frontière est par conséquent de plus en plus étanche entre ce dehors et toutes les formes de dedans : moi, l’individu, la fable mensongère de mon identité stable et close, mon désir dévoyé sur des cibles qui sont autant de miroirs aux alouettes, la fantasmagorie des récits de toutes sortes (les livres, les films, les publicités, la légende empoisonnée que distillent les chroniqueurs quotidiens, politiques et autres) qui me font prendre les vessies pour des lanternes, et le bagne généralisé pour le vrai monde, etc.
Ces sonnets développent donc d’un bout à l’autre une façon de dialectique entre dehors et dedans : le plus souvent pour crever la baudruche du dedans afin de rouvrir un libre accès au dehors – au sauvage, aux arbres, aux bêtes, les vrais vivants, aux saisons, à l’air, à la lumière, aux fruits : au réel –, la femme, merveille, étant l’intermédiaire, la médiatrice entre les deux ; parfois, car on n’est qu’un homme, pour se calfeutrer dans le dedans par peur panique du dehors.
Une synthèse est bien entendu cherchée entre ces deux postulations. Certains lieux semblent en offrir la promesse, comme le cloître, dedans ouvert sur le divin dehors. Quant au sonnet contemporain, avec ses licences de tous (dés)ordres, le mélange insolent de ses niveaux de langue, ses rythmes qui trouvent jouissance à boiter, la main qu’il donne à la littérature et le bras d’honneur qu’il lui fait, il est un mixte, lui aussi, lui d’abord, de forme rigoureusement réglée, centrée sur elle-même, et de forme éclatée, pour mieux donner, pour mieux ouvrir sur son dehors.