BIOBIBLIOGRAPHIE
PUBLICATIONS]b
°Job, Mélusine travaillés par le corps de Sappho
( Editions de l’Athanor, 1976 )
La mémoire écorchée
( La mémoire écorchée/Abattoirs La Mouche, avec Laurent Malone,
Editions Jean-Michel Place, 1981 )
°La nuit mortelle
( Atelier des Grames, 1982 )
Partition blanche
( Editions Verdier, 1983 )
La nuit des Ignes
( Atelier des Grames, 1986 )
°Tour Aurore, place des Reflets
( Atelier des Grames, 1987 )
°L’Y
( Atelier des Grames, 1987 )
°17 compliments érudits
( Atelier des Grames, 1989 )
°Récit-gît
( Atelier des Grames, 1989 )
°Où la langue ...
( in : L’en-versée d’Ebs, Atelier des Grames, 1990 )
°Récit
( Atelier des Grames, 1990 )
L’épreuve du paysage
( in : Aubrac, Itinéraires littéraires en Lozère, Editions J. Brémond, 1990 )
Lettre à Hippocrate ( Histoire d’une incision )
( Editions Jacques Brémond, 1991 )
Ce qui tombe
( in : NON, Editions Jacques Brémond, 1991 )
La ville est mosaïque
( Editions Cadex, 1992 et traduction italienne partielle par G. Neri, in revue
Si scrive, 1996 )
Vladivostok, aller simple
( Editions Cadex, 1993 )
L’enceinte
( Editions Cadex, 1993 et sous le titre La Madonna del Parto,
traduction de Donatella Bisutti, Ed. Joker, 1997 )
°Qui voit sépare
( Atelier des Grames, 1994 )
Le grand chantier
( Via Valeriano, 1996 )
°Jour un
( L’Amourier, 1996 )
°L’imaginaire et matières du seuil
( Editions Cadex, 1996)
La sente étroite du Bout-du-Monde
(Editions de l’Amourier, 1996)
°La terre envisagée
( Atelier des Grames, 1997)
Démarcations (Théâtre), in Brèves du Terral
( Editions Domens, 1997 )
°Cérémonies d’exil
( Editions Jacques Brémond, 1997)
°Le lit (en pays de rupture et d'absence)
(Editions de l'Amourier, 1997)
Fondations / Quelqu'un
( in Petit, petit, petit, éd. Gare au théâtre, 1998)
°La table (incantations, Babel)
(Editions de l'Amourier, 1999)
L’a bordée
( Atelier des Grames, 1999)
Implosions
(in Le bocal agité n°5, éd. Gare au théâtre, 2000)
Comédies enfantines (Territoires de la guerre,1)
( Editions Jacques Brémond, 2000)
°Couve le feu
( Atelier des Grames, 2000)
°Impératif
(L'atelier contemporain 1, 2000)
°Le couteau
(Editions de l'Amourier, 2000)
Avant qu'il ne soit trop tard...
(Via Valeriano, 2000)
°D'après nature
(Editions Voix d'encres, 2000)
°Inventaire des nuits, peut-être
(Editions Tant & Temps, 2000)
Abîmes/Bakélite
(in Gare au théâtre, 2001)
2 648 000 minutes de silence
(in Gare au théâtre, 2001)
°Cette chose là, ma mère
( Editions Jacques Brémond, 2002)
Rien à dire
(in éd. Gare au théâtre, 2002)
L’Amour/ Le Puits/ Petit monologue de l’enrhumé
(in éd. Gare au théâtre, 2002)
°Théâtre de l’encrier
( Atelier des Grames , 2003)
°Le berceau et la tombe
(éd. de l’Amourier, 2003)
Une besace
in Kaboul (éd. Espace 34, 2003)
Stabat ira laetitiae
in Monologues pour (éd. Espace 34, 2003)
°Le pain trempé de pluie
(in “J’ai embrassé l’aube d’été”, La passe des vents, 2004)
°Méditation sur un squelette d’ange (avec Jean-Pierre Chambon)
(L’Amourier, 2004)
°Histoire d’un crayon
(Atelier des Grames, 2004)
Côté chœur, côté jardin
(in Passants, éd. Aedelsa, 2004)
°sépare et multiplie
(Laps n° 9, Le suc et l’absinthe, 2005)
°L’échelle
(éd. de l’Amourier, 2005)
°L’enfant et le vent
(Atelier des Grames, 2006)
Oranges
(éd. Espaces 34, 2006)
Le majeur
(in Les cinq doigts de la main, Actes-sud Papiers 2006)
Obstination des heures
(Le Temps volé, 2006)
L’enfant et le vent
(Atelier des Grames, 2006)
Deuxième suite pour la terre sans nous
(éd. Jacques Brémond, 2007)
Figures inachevées avec vue sur la mer
(Apogée, 2007)
Robert suivi de L’espèce
(Le Temps volé, 2007)
améthyste djoldjolân bâdindjân - peintures Anne Slacik,
(éd. des Rivières, octobre 2007)
glotte serai, I - peintures Anne Slacik,
trace / carte / écart / creta
(éd. des Rivières, octobre 2007
peaux d’lapin, pour une maison d’enfance
(éditions Wigwam, 2008)
tentative désespérée d’inventaire
(le temps volé, 2008)
glotte serai, II - peintures Paola di Prima
terre / eau / air / feu
(éd. des Rivières, janvier 2008)
glotte serai, III – peintures André-Pierre Arnal
nord / sud / est / ouest
(éd. des Rivières, janvier 2008)
sous la langue - peintures Claude Clarbous
(éd. des Rivières, février 2008)
mater colorosa - peinture Julius Baltazar
(éd. des Rivières, février 2008)
comme un p’tit coqu’licot - peintures Martine Lafon
(éd. des Rivières, février 2008)
ponctuation de l’hiver - peintures Marie Warscotte
(éd. des Rivières, février 2008)
proférations de la viande
(publie.net, octobre 2008)
la loque
(remue.net, hiver 2008)
le repos
(L’Amourier, 2008)
un vent saxiphrage – photographies Marie-Christine Schrijen
(Rivières, février 2009))
LIVRES A QUATRE MAINS
avec le peintre Jacques Clauzel
Commencements d’yeux ( 1994 )
Nuit d’yeux ( 1994 )
Pas (1995)
Cours élémentaire (1995)
Absence d’yeux (1995)
avec le peintre et sculpteur Dominique Friedrich
La nuit rebelle, chant un (1991)
Ciel est un mot d’absence ( 1991 )
avec le peintre et sculpteur Riba
Fragments d’un journal de voyages (1995)
Plis (1995)
Le fleuve ( 1995 )
avec le peintre André-Pierre Arnal
De la séparation, I, II, II, IV, V (2005)
avec le peintre Youl
Ponctuations (2005)
avec le peintre Anne Slacik
Émeraudes (2006)
TRADUCTIONS
Carlo Sgorlon : Le trône de bois
( Editions Flammarion, 1980 )
Poètes futuristes italiens
( in : Dada, Editions Jean-Michel Place, 1981 )
Carlo Goldoni : Le café
( Création par le Théâtre de la Jacquerie, mise en scène Alain Mollot, 1988)
Nombreuses traductions de bandes dessinées italiennes
Beatrice Monroy : Barbablù
(Lecture par Fabienne Bargelli, Monastère de Saorge, mai 2004 )
Max Frisch : Biedermann et les incendiaires
pour la Cie Juin 88, m. en sc. M. Heydorff, 2001 et nouvelle traduction, avec épilogue, pour la Comédie de St-Étienne, m. en sc. F. Rancillac, 2005
LIVRETS
Sept moments d’un nuage
( Musique : Frank Royon Le Mée. Fragments publiés in : Drailles n°7/8, 1987 )
Love in memoriam, trois chants d’amour
( Musique : Barry Schrader, Création Festival de Musique Contemporaine de Bourges, 1989 )
Cosmogonie
( Musique : Marco-Antonio Pérez-Ramirez, création Orchestre National de Montpellier, février 2006)
Astrophones
( Musique : Richard Dubugnon, création Orchestre National de Montpellier, janvier 2008)
en préparation
Galax
( Musique : Philippe Schoeller, création Orchestre National de Montpellier, 2010)
ARTICLES ET AUTRES COURTS TEXTES
D’une voix qui se grave dans la pierre
( in : Supports/Ecrits, Bibliothèque de la Ville de Lyon, 1983 )
Marges du jour
( in : Textuerre n°57/58, 1986 )
La nuit rebelle, premier chant
( in Voix d’encre n°5, 1991 )
Le poème de l’incertitude
( Préface pour La Beauté du Givre, La Domitienne, 1992 )
Au train où vont les choses
( in : Les Grandes Lignes, Maison de La Villette, 1992 )
Avec corps enlacés
( in : Jacques Brianti, catalogue exposition, Encamp, 1993 )
La nuit faussaire
( in Voix d’encre n°9, 1993 )
Un cabinet de lecture
( in : Instants d’éternité, photographies de J. Milan, Grenoble 1994 )
D’après nature
( in : Alliage n° 22, 1995 )
Petite suite pour la terre sans nous
( in Mémoires de la terre, revue Propos de campagne & Ed. J. Brémond, 1995 )
Un corps de verre
( in : Voix d’encre n°13, 1995 )
Impératif
( Quarante poèmes d'un livre homonyme inédit, in Théodore Balmoral, 1997 repris intégralement in Atelier contemporain n°1, réédition à paraître chez J. Brémond 2009)
L'imparfait du subjectif
( in : Mateï Negreanou, Ed. H.D. Nick, 1998 )
Journal de voyage, IV
( in : Riba, Ed. H.D. Nick, 1998)
Forge de la lumière, précédé de Hors de l'arche
(in Marisa & Alain Begou, Ed. H.D. Nick, 1998)
Journal de voyage,V
( in : Pierre RIBA , catalogue Musée de Valréas, 1999)
Syntaxes du temps ou De la mystique matérialiste
( in : André-Pierre Arnal, Chemins dans la couleur, Actes sud, 1999 )
Les ravins de l'amnésie
( in Voix d'encre n°21, 1999)
Temps variable
( in il faudra que je me coupe les doigts... Voix d'encre, 2000 )
Robert
Supplément à la revue Contrepoint(s) n°10, 2003 )
Trente trois portraits de langue
( in Une ville en personne publication Centre culturel Théo Argence, Ville de Saint-Priest, 2004 )
Miniatures au bord du silence
( Fragments in partage des jardins secrets, Bacchanales n°34, 2004 )
Trente trois portraits de langue
( in Une ville en personne publication Centre culturel Théo Argence, Ville de Saint-Priest, 2004 )
5 poèmes
( in Discords d’Objets Les Cahiers de Poésie-Rencontres n° 52, 2005)
Une pointe d’ail
( in Le jardin de l’éditeur L’Amourier 2005 )
Labyrinthes de la mémoire
( in Estuaire n° 124, 2006 )
Riverains
( in Levant n°9, 2008 )
D’une Jérusalem absente...
( in Levant n°10, 2008 )
ÉCRITS POUR LA SCÈNE (seuls les titres précédés d'un astérisque ont été à ce jour édités)
L’édredon rouge, a été créé par Gislaine Drahy-Théâtre-Narration, Lyon 1985. Nouvelle création, Sonia Givry, mise en scène D. Givry , Montpellier 1997, reprise Montpellier mars 1999.
Le rire de l’aveugle, co-adaptation, avec Paul Fructus, de mon livre *Partition blanche. Création au C.D.A.C. Martigues, 1990, mise en scène Pierre Aufrey
Tisseurs de rêves, mise en scène Michèle Heydorff, création décembre 1996, au C.D.N.Théâtre des 13 vents Montpellier.
La Kahina, création novembre 1997, mise en scène Isabelle Pillot
*Démarcations, création 11 mars 1997 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène R. Djaïm.
L'expédition, théâtre pour la jeunesse, création janvier 1998 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène Christiane Hugel.
*Fondations, création Compagnie Labyrinthes, m. en scène. J.M.Bourg, octobre 1998.
L'homme numéroté, lecture dirigée par Julien Bouffier (Cie Adesso e Sempre) avec Gabriel Monet, F.N.A.C. Montpellier, décembre 1998.
Sabliers, création Compagnie Labyrinthes, m. en s. J.M.Bourg, Enfantillages, Montpellier mai 1999.
*Implosions, mise en scène Danièle Labaki, novembre 1999, à Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine.
Ovo, théâtre pour l'enfance, création décembre 1999 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène Christiane Hugel.
*Comédies enfantines , Création Compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, février-mars 2000, C.D.N. Théâtre des Treize Vents, Montpellier.
Le majeur, in Les cinq doigts de la main, création Compagnie Labyrinthes, m. en s. J.M.Bourg, Enfantillages, Montpellier mai 2000
* Quelqu'un, mise en scène Moustafa Aouar, Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine, octobre 2000
*Abîmes (m. en sc. Luc Sabot) Bakélite (variations Cie Zéline Zonzon), Bocal agité Nîmes, mars 2001, Gare au Théâtre, 2001
La langue de l’ours (m. en sc. J. Noguès) création T.N.T. Toulouse, 2001
L'entrée des musiciens, création à la Chartreuse de Villeneuve lès Avignon, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, Festival d'Avignon, juillet 2001
Isola sola, monologue pour Fabienne Bargelli, première ébauche présentée au festival Auteurs en acte, l’Isle sur la Sorgue, 2 août 2002, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, création février 2004, théâtre du hangar, Montpellier.
*Stabat ira laetitiae, monologue pour Catherine Vasseur, les Lunatiques 2002, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg
Ultra marine, (écrit avec J-P Chambon) création 2005, mise en scène Christiane Hugel.
Sanguine, (écrit avec J-P Chambon) création 2006, mise en scène Christiane Hugel.
Tracés, création 2006, mise en scène Catherine Humbert
Icône, de l’ombre à la lumière, création 2007, mise en scène Christiane Hugel.
*Robert , m-en-scène Angela Conrad, Opening Night & 3bis f, Aix en Provence (2004) *L’espèce, création festival de l’intime Théâtre de Jarnisy
Chromatique, (écrit avec J-P Chambon) création 2008, mise en scène Christiane Hugel.
*Oranges (éd. Espaces 34, 2006), lecture mise en espace direction C. Taponnard, théâtre des Célestins, mars 2008
Michaël Glück
naissance le 10 juin 1946 à Paris
Ecrivain, traducteur.
- Enseignant (lettres, philosophie) de 1969 à 1983
- Lecteur, traducteur dans l’édition (Flammarion, Ed. Jean-Michel Place 1980-1982)
- Directeur du théâtre la Colonne, Miramas (1985-1989)
Se consacre essentiellement à l’écriture depuis une vingtaine d’années. Lectures, performances, conférences, sessions d’écriture théâtrale (universités de Lyon et Bordeaux) participation aux festivals (Biennale d’Alessandria, Italie – La nuit des mille et un contes, Palerme-Italie - Festival de Bienne, Suisse – Voix de la Méditerranée, Lodève, France – Festival d’Avignon, Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon - Marché de la Poésie et Marché de l’édition théâtrale, Paris, Festival International de Poésie de Curtea di Argès, Roumanie) Nombreuses résidences d’écrivain.
- Multiples collaborations artistiques
Théâtre : Théâtre-Narration (Gislaine Drahy),Théâtre de la Jacquerie (Alain Mollot), Théâtre de la Chrysalide (F.Coupat, D.Pouthier), Cie le Temps de dire (P.Fructus), Cie Juin 88 (M. Heydorff), Cie Adesso e sempre (J. Bouffier), Cie Anabase (M. Baylet), Cie L’Atalante (C. Hugel), Compagnie Amédée (Flavio Polizzy), Cie Labyrinthes (J-M. Bourg), Théâtre du Jarnisy (B. Beuvelot), Comédie de Saint-Etienne
Danse : Cie Raphaël Djaïm, Cie M. Ettori,, Compagnie Artefact (M. Vincent)
Marionnettes : Eidolon (Pupella /Nogues), A ciel ouvert (Catherine Humbert)
Arts plastiques : Anik Vinay & Emile-Bernard Souchière (Ateliers des Grames) J.Brianti, D.Friedrich, Riba, D. Givry, C.Hugel, J. Clauzel, A-P. Arnal, A. Slacik, P. di Prima, E. Castro
Musique : Frank Royon Le Mée, Barry Schrader, Albert Tovi, Serge Monségu, Eric Guennou, Maguelonne Vidal, Henri d’Artois, Marco-Antonio Pérez-Ramirez, Richard Dubugnon, Mark Lockett, André Dion, Michel Bismuth
Cinéma, video : Mohamed Bouamari, Andrew Kötting
Boursier C. N. L. en 1981 et 2000, Bourse Direction du Théâtre, 1997, Aide à l’écriture, D.M.D.T.S. 2000, Bourse de création 2005, poésie (C.N.L)
Prix des créateurs 1981.
Prix Antonin Artaud 2004, membre du jury de ce prix depuis 2006
Élu membre de l’Académie internationale de poésie Orient-Occident, Curtea de Argès, Roumanie en juillet 2007
°Job, Mélusine travaillés par le corps de Sappho
( Editions de l’Athanor, 1976 )
La mémoire écorchée
( La mémoire écorchée/Abattoirs La Mouche, avec Laurent Malone,
Editions Jean-Michel Place, 1981 )
°La nuit mortelle
( Atelier des Grames, 1982 )
Partition blanche
( Editions Verdier, 1983 )
La nuit des Ignes
( Atelier des Grames, 1986 )
°Tour Aurore, place des Reflets
( Atelier des Grames, 1987 )
°L’Y
( Atelier des Grames, 1987 )
°17 compliments érudits
( Atelier des Grames, 1989 )
°Récit-gît
( Atelier des Grames, 1989 )
°Où la langue ...
( in : L’en-versée d’Ebs, Atelier des Grames, 1990 )
°Récit
( Atelier des Grames, 1990 )
L’épreuve du paysage
( in : Aubrac, Itinéraires littéraires en Lozère, Editions J. Brémond, 1990 )
Lettre à Hippocrate ( Histoire d’une incision )
( Editions Jacques Brémond, 1991 )
Ce qui tombe
( in : NON, Editions Jacques Brémond, 1991 )
La ville est mosaïque
( Editions Cadex, 1992 et traduction italienne partielle par G. Neri, in revue
Si scrive, 1996 )
Vladivostok, aller simple
( Editions Cadex, 1993 )
L’enceinte
( Editions Cadex, 1993 et sous le titre La Madonna del Parto,
traduction de Donatella Bisutti, Ed. Joker, 1997 )
°Qui voit sépare
( Atelier des Grames, 1994 )
Le grand chantier
( Via Valeriano, 1996 )
°Jour un
( L’Amourier, 1996 )
°L’imaginaire et matières du seuil
( Editions Cadex, 1996)
La sente étroite du Bout-du-Monde
(Editions de l’Amourier, 1996)
°La terre envisagée
( Atelier des Grames, 1997)
Démarcations (Théâtre), in Brèves du Terral
( Editions Domens, 1997 )
°Cérémonies d’exil
( Editions Jacques Brémond, 1997)
°Le lit (en pays de rupture et d'absence)
(Editions de l'Amourier, 1997)
Fondations / Quelqu'un
( in Petit, petit, petit, éd. Gare au théâtre, 1998)
°La table (incantations, Babel)
(Editions de l'Amourier, 1999)
L’a bordée
( Atelier des Grames, 1999)
Implosions
(in Le bocal agité n°5, éd. Gare au théâtre, 2000)
Comédies enfantines (Territoires de la guerre,1)
( Editions Jacques Brémond, 2000)
°Couve le feu
( Atelier des Grames, 2000)
°Impératif
(L'atelier contemporain 1, 2000)
°Le couteau
(Editions de l'Amourier, 2000)
Avant qu'il ne soit trop tard...
(Via Valeriano, 2000)
°D'après nature
(Editions Voix d'encres, 2000)
°Inventaire des nuits, peut-être
(Editions Tant & Temps, 2000)
Abîmes/Bakélite
(in Gare au théâtre, 2001)
2 648 000 minutes de silence
(in Gare au théâtre, 2001)
°Cette chose là, ma mère
( Editions Jacques Brémond, 2002)
Rien à dire
(in éd. Gare au théâtre, 2002)
L’Amour/ Le Puits/ Petit monologue de l’enrhumé
(in éd. Gare au théâtre, 2002)
°Théâtre de l’encrier
( Atelier des Grames , 2003)
°Le berceau et la tombe
(éd. de l’Amourier, 2003)
Une besace
in Kaboul (éd. Espace 34, 2003)
Stabat ira laetitiae
in Monologues pour (éd. Espace 34, 2003)
°Le pain trempé de pluie
(in “J’ai embrassé l’aube d’été”, La passe des vents, 2004)
°Méditation sur un squelette d’ange (avec Jean-Pierre Chambon)
(L’Amourier, 2004)
°Histoire d’un crayon
(Atelier des Grames, 2004)
Côté chœur, côté jardin
(in Passants, éd. Aedelsa, 2004)
°sépare et multiplie
(Laps n° 9, Le suc et l’absinthe, 2005)
°L’échelle
(éd. de l’Amourier, 2005)
°L’enfant et le vent
(Atelier des Grames, 2006)
Oranges
(éd. Espaces 34, 2006)
Le majeur
(in Les cinq doigts de la main, Actes-sud Papiers 2006)
Obstination des heures
(Le Temps volé, 2006)
L’enfant et le vent
(Atelier des Grames, 2006)
Deuxième suite pour la terre sans nous
(éd. Jacques Brémond, 2007)
Figures inachevées avec vue sur la mer
(Apogée, 2007)
Robert suivi de L’espèce
(Le Temps volé, 2007)
améthyste djoldjolân bâdindjân - peintures Anne Slacik,
(éd. des Rivières, octobre 2007)
glotte serai, I - peintures Anne Slacik,
trace / carte / écart / creta
(éd. des Rivières, octobre 2007
peaux d’lapin, pour une maison d’enfance
(éditions Wigwam, 2008)
tentative désespérée d’inventaire
(le temps volé, 2008)
glotte serai, II - peintures Paola di Prima
terre / eau / air / feu
(éd. des Rivières, janvier 2008)
glotte serai, III – peintures André-Pierre Arnal
nord / sud / est / ouest
(éd. des Rivières, janvier 2008)
sous la langue - peintures Claude Clarbous
(éd. des Rivières, février 2008)
mater colorosa - peinture Julius Baltazar
(éd. des Rivières, février 2008)
comme un p’tit coqu’licot - peintures Martine Lafon
(éd. des Rivières, février 2008)
ponctuation de l’hiver - peintures Marie Warscotte
(éd. des Rivières, février 2008)
proférations de la viande
(publie.net, octobre 2008)
la loque
(remue.net, hiver 2008)
le repos
(L’Amourier, 2008)
un vent saxiphrage – photographies Marie-Christine Schrijen
(Rivières, février 2009))
LIVRES A QUATRE MAINS
avec le peintre Jacques Clauzel
Commencements d’yeux ( 1994 )
Nuit d’yeux ( 1994 )
Pas (1995)
Cours élémentaire (1995)
Absence d’yeux (1995)
avec le peintre et sculpteur Dominique Friedrich
La nuit rebelle, chant un (1991)
Ciel est un mot d’absence ( 1991 )
avec le peintre et sculpteur Riba
Fragments d’un journal de voyages (1995)
Plis (1995)
Le fleuve ( 1995 )
avec le peintre André-Pierre Arnal
De la séparation, I, II, II, IV, V (2005)
avec le peintre Youl
Ponctuations (2005)
avec le peintre Anne Slacik
Émeraudes (2006)
TRADUCTIONS
Carlo Sgorlon : Le trône de bois
( Editions Flammarion, 1980 )
Poètes futuristes italiens
( in : Dada, Editions Jean-Michel Place, 1981 )
Carlo Goldoni : Le café
( Création par le Théâtre de la Jacquerie, mise en scène Alain Mollot, 1988)
Nombreuses traductions de bandes dessinées italiennes
Beatrice Monroy : Barbablù
(Lecture par Fabienne Bargelli, Monastère de Saorge, mai 2004 )
Max Frisch : Biedermann et les incendiaires
pour la Cie Juin 88, m. en sc. M. Heydorff, 2001 et nouvelle traduction, avec épilogue, pour la Comédie de St-Étienne, m. en sc. F. Rancillac, 2005
LIVRETS
Sept moments d’un nuage
( Musique : Frank Royon Le Mée. Fragments publiés in : Drailles n°7/8, 1987 )
Love in memoriam, trois chants d’amour
( Musique : Barry Schrader, Création Festival de Musique Contemporaine de Bourges, 1989 )
Cosmogonie
( Musique : Marco-Antonio Pérez-Ramirez, création Orchestre National de Montpellier, février 2006)
Astrophones
( Musique : Richard Dubugnon, création Orchestre National de Montpellier, janvier 2008)
en préparation
Galax
( Musique : Philippe Schoeller, création Orchestre National de Montpellier, 2010)
ARTICLES ET AUTRES COURTS TEXTES
D’une voix qui se grave dans la pierre
( in : Supports/Ecrits, Bibliothèque de la Ville de Lyon, 1983 )
Marges du jour
( in : Textuerre n°57/58, 1986 )
La nuit rebelle, premier chant
( in Voix d’encre n°5, 1991 )
Le poème de l’incertitude
( Préface pour La Beauté du Givre, La Domitienne, 1992 )
Au train où vont les choses
( in : Les Grandes Lignes, Maison de La Villette, 1992 )
Avec corps enlacés
( in : Jacques Brianti, catalogue exposition, Encamp, 1993 )
La nuit faussaire
( in Voix d’encre n°9, 1993 )
Un cabinet de lecture
( in : Instants d’éternité, photographies de J. Milan, Grenoble 1994 )
D’après nature
( in : Alliage n° 22, 1995 )
Petite suite pour la terre sans nous
( in Mémoires de la terre, revue Propos de campagne & Ed. J. Brémond, 1995 )
Un corps de verre
( in : Voix d’encre n°13, 1995 )
Impératif
( Quarante poèmes d'un livre homonyme inédit, in Théodore Balmoral, 1997 repris intégralement in Atelier contemporain n°1, réédition à paraître chez J. Brémond 2009)
L'imparfait du subjectif
( in : Mateï Negreanou, Ed. H.D. Nick, 1998 )
Journal de voyage, IV
( in : Riba, Ed. H.D. Nick, 1998)
Forge de la lumière, précédé de Hors de l'arche
(in Marisa & Alain Begou, Ed. H.D. Nick, 1998)
Journal de voyage,V
( in : Pierre RIBA , catalogue Musée de Valréas, 1999)
Syntaxes du temps ou De la mystique matérialiste
( in : André-Pierre Arnal, Chemins dans la couleur, Actes sud, 1999 )
Les ravins de l'amnésie
( in Voix d'encre n°21, 1999)
Temps variable
( in il faudra que je me coupe les doigts... Voix d'encre, 2000 )
Robert
Supplément à la revue Contrepoint(s) n°10, 2003 )
Trente trois portraits de langue
( in Une ville en personne publication Centre culturel Théo Argence, Ville de Saint-Priest, 2004 )
Miniatures au bord du silence
( Fragments in partage des jardins secrets, Bacchanales n°34, 2004 )
Trente trois portraits de langue
( in Une ville en personne publication Centre culturel Théo Argence, Ville de Saint-Priest, 2004 )
5 poèmes
( in Discords d’Objets Les Cahiers de Poésie-Rencontres n° 52, 2005)
Une pointe d’ail
( in Le jardin de l’éditeur L’Amourier 2005 )
Labyrinthes de la mémoire
( in Estuaire n° 124, 2006 )
Riverains
( in Levant n°9, 2008 )
D’une Jérusalem absente...
( in Levant n°10, 2008 )
ÉCRITS POUR LA SCÈNE (seuls les titres précédés d'un astérisque ont été à ce jour édités)
L’édredon rouge, a été créé par Gislaine Drahy-Théâtre-Narration, Lyon 1985. Nouvelle création, Sonia Givry, mise en scène D. Givry , Montpellier 1997, reprise Montpellier mars 1999.
Le rire de l’aveugle, co-adaptation, avec Paul Fructus, de mon livre *Partition blanche. Création au C.D.A.C. Martigues, 1990, mise en scène Pierre Aufrey
Tisseurs de rêves, mise en scène Michèle Heydorff, création décembre 1996, au C.D.N.Théâtre des 13 vents Montpellier.
La Kahina, création novembre 1997, mise en scène Isabelle Pillot
*Démarcations, création 11 mars 1997 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène R. Djaïm.
L'expédition, théâtre pour la jeunesse, création janvier 1998 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène Christiane Hugel.
*Fondations, création Compagnie Labyrinthes, m. en scène. J.M.Bourg, octobre 1998.
L'homme numéroté, lecture dirigée par Julien Bouffier (Cie Adesso e Sempre) avec Gabriel Monet, F.N.A.C. Montpellier, décembre 1998.
Sabliers, création Compagnie Labyrinthes, m. en s. J.M.Bourg, Enfantillages, Montpellier mai 1999.
*Implosions, mise en scène Danièle Labaki, novembre 1999, à Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine.
Ovo, théâtre pour l'enfance, création décembre 1999 au Chai du Terral (St Jean de Védas) mise en scène Christiane Hugel.
*Comédies enfantines , Création Compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, février-mars 2000, C.D.N. Théâtre des Treize Vents, Montpellier.
Le majeur, in Les cinq doigts de la main, création Compagnie Labyrinthes, m. en s. J.M.Bourg, Enfantillages, Montpellier mai 2000
* Quelqu'un, mise en scène Moustafa Aouar, Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine, octobre 2000
*Abîmes (m. en sc. Luc Sabot) Bakélite (variations Cie Zéline Zonzon), Bocal agité Nîmes, mars 2001, Gare au Théâtre, 2001
La langue de l’ours (m. en sc. J. Noguès) création T.N.T. Toulouse, 2001
L'entrée des musiciens, création à la Chartreuse de Villeneuve lès Avignon, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, Festival d'Avignon, juillet 2001
Isola sola, monologue pour Fabienne Bargelli, première ébauche présentée au festival Auteurs en acte, l’Isle sur la Sorgue, 2 août 2002, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg, création février 2004, théâtre du hangar, Montpellier.
*Stabat ira laetitiae, monologue pour Catherine Vasseur, les Lunatiques 2002, compagnie Labyrinthes, m. en scène J.M. Bourg
Ultra marine, (écrit avec J-P Chambon) création 2005, mise en scène Christiane Hugel.
Sanguine, (écrit avec J-P Chambon) création 2006, mise en scène Christiane Hugel.
Tracés, création 2006, mise en scène Catherine Humbert
Icône, de l’ombre à la lumière, création 2007, mise en scène Christiane Hugel.
*Robert , m-en-scène Angela Conrad, Opening Night & 3bis f, Aix en Provence (2004) *L’espèce, création festival de l’intime Théâtre de Jarnisy
Chromatique, (écrit avec J-P Chambon) création 2008, mise en scène Christiane Hugel.
*Oranges (éd. Espaces 34, 2006), lecture mise en espace direction C. Taponnard, théâtre des Célestins, mars 2008
Michaël Glück
naissance le 10 juin 1946 à Paris
Ecrivain, traducteur.
- Enseignant (lettres, philosophie) de 1969 à 1983
- Lecteur, traducteur dans l’édition (Flammarion, Ed. Jean-Michel Place 1980-1982)
- Directeur du théâtre la Colonne, Miramas (1985-1989)
Se consacre essentiellement à l’écriture depuis une vingtaine d’années. Lectures, performances, conférences, sessions d’écriture théâtrale (universités de Lyon et Bordeaux) participation aux festivals (Biennale d’Alessandria, Italie – La nuit des mille et un contes, Palerme-Italie - Festival de Bienne, Suisse – Voix de la Méditerranée, Lodève, France – Festival d’Avignon, Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon - Marché de la Poésie et Marché de l’édition théâtrale, Paris, Festival International de Poésie de Curtea di Argès, Roumanie) Nombreuses résidences d’écrivain.
- Multiples collaborations artistiques
Théâtre : Théâtre-Narration (Gislaine Drahy),Théâtre de la Jacquerie (Alain Mollot), Théâtre de la Chrysalide (F.Coupat, D.Pouthier), Cie le Temps de dire (P.Fructus), Cie Juin 88 (M. Heydorff), Cie Adesso e sempre (J. Bouffier), Cie Anabase (M. Baylet), Cie L’Atalante (C. Hugel), Compagnie Amédée (Flavio Polizzy), Cie Labyrinthes (J-M. Bourg), Théâtre du Jarnisy (B. Beuvelot), Comédie de Saint-Etienne
Danse : Cie Raphaël Djaïm, Cie M. Ettori,, Compagnie Artefact (M. Vincent)
Marionnettes : Eidolon (Pupella /Nogues), A ciel ouvert (Catherine Humbert)
Arts plastiques : Anik Vinay & Emile-Bernard Souchière (Ateliers des Grames) J.Brianti, D.Friedrich, Riba, D. Givry, C.Hugel, J. Clauzel, A-P. Arnal, A. Slacik, P. di Prima, E. Castro
Musique : Frank Royon Le Mée, Barry Schrader, Albert Tovi, Serge Monségu, Eric Guennou, Maguelonne Vidal, Henri d’Artois, Marco-Antonio Pérez-Ramirez, Richard Dubugnon, Mark Lockett, André Dion, Michel Bismuth
Cinéma, video : Mohamed Bouamari, Andrew Kötting
Boursier C. N. L. en 1981 et 2000, Bourse Direction du Théâtre, 1997, Aide à l’écriture, D.M.D.T.S. 2000, Bourse de création 2005, poésie (C.N.L)
Prix des créateurs 1981.
Prix Antonin Artaud 2004, membre du jury de ce prix depuis 2006
Élu membre de l’Académie internationale de poésie Orient-Occident, Curtea de Argès, Roumanie en juillet 2007
EXTRAITS
... une joie avec tragédie une joie...
en écoutant Leos Janacek string quartet n° 1
1.
Chaque fois, l’attaque, comme une déchirure, une faille qui s’ouvre, un cri qui entre en moi, chaque fois un étonnement une déflagration, quelque chose qui se met à brûler au fond de moi, avec élans et pauses, je ne sais, quelque chose qui, comment dire, cela un deux trois quatre cinq six, et cela repart avec pause à nouveau, le violoncelle et l’alto qui ouvrent une béance, une
Et cela guilleret presque qui repart et tout aussitôt derrière la mélodie, une danse, ce frottis-là ce frottement des cordes, cette gravité qui vient alentir l’enjouement d’une danse, comme une entrave dans la joie qui, de vivre pourrait s’élancer, une déchirure encore avec ce decrescendo, avouer qu’au bord des larmes, je suis dans le violoncelle, qui derrière ponctue la nuit lacérée de cris, lamento, en bordure lamento, cela s’élève au-dessus de la blessure
Pizzicati je ne sais, chaque fois mon ignorance et au-delà de celle-ci, pourtant quoi me surprend m’arrache à la douleur de vivre, une joie avec tragédie une joie. Ou je ne sais une plainte qui vient qui s’alentit, l’obstination, derrière, l’obstination d’un chant, qui me brise et m’emporte mélodie non une berceuse mais une plainte, oui, une plainte qui emporte loin, plus loin
Et reprise comme du premier mouvement, cette gravité reprise avec nuances. Variations, solo questions réponses, solo, ces dialogues avec le violon à pleurer, je pleure, à pleurer vous dis-je, ne me demandez pas d’expliquer, je ne sais, la musique est là, plus grande que tout ce que jamais je pourrai écrire. Saute hors du temps et pizzicati à nouveau, si simple et pourtant si simple et ce qui s’effondre de l’élan ce qui se relance et repart. Musique au plus haut ce qui me couche au plus bas avec à nouveau cris dans la solitude, cris. Je ne sais qui parle derrière mes oreilles.
inédit
automne 2007, au monastère de Saorge.
cette chose-là, ma mère (fragments)
I
1.
Est une bouche
à nourrir. Pour que ça
tienne. S'étale à peine
occupe. Bouche en trop.
Trop de bouche. Casser
les dents. Coudre les lèvres.
2.
La voix s'estompe.
Souffle à quoi bon.
Image. Obturer.
La lumière, dit-il,
je sais faire.
L'ange aussi.
Et l'écorché.
3.
Des cailloux.
Pas de syllabes.
Des cailloux.
Pour éroder l'air
dans les caries.
4.
Creuse. Autour
la pensée, l'énigme.
Sert à quoi.
De la cendre. De la boue.
Colmater.
5.
A peine lever
la main. Serrer
les gencives. Siffler.
Même pas. Même
pas ça. Siffler
6
Les yeux. Comment
savoir les yeux.
Comment savoir si
tomber dans les yeux
encore on peut.
7.
Ou un mot.
La lumière d'un mot
là-dedans. Et si
dedans rien n'était.
Pur miroir.
8.
Glisse. La buée
en se penchant sur ça
colle les cils. Alourdit
les paupières. Fatigue
les pupilles. Noir.
9.
Ce qui dure. Le
moindre geste ou
l'article. Non.
Ciment de nuit dans
l'articulation.
Rien ne bouge.
10.
Lenteur.
Ne tient plus
sur les jambes.
Ni la voix
dans la bouche.
12.
Quoi. Cela là.
Quoi. L'abécédaire
des cernes sous les yeux.
Instantané. Pas grand-chose.
La violence fugitive.
Tourner le dos.
Ou la page.
13.
Jetée. Là phrase jetée.
Avec les orties. Ou foulée.
La poussière sur les pieds.
Ou la neige. Le froid
dans la gorge.
Le deuil des mots.
14.
Plus à faire.
Vider le contenu.
Trajet de la cuillère
de l'assiette au trou.
Évacuer.
Ce qui a brûlé.
15.
Digne. Proférer
l'insulte. Pour arrêter.
Pour. En vain.
Sans destination.
17.
Ce qui est
sans insistance ici
pourtant persiste.
Est assisté.
18.
Oui. A quoi bon.
Désormais, à quoi bon.
Du temps ajouté à du temps.
Pas plus. A peine cela.
De la matière tenue
dans la durée. Pour éviter.
Quoi. La temps peut-être.
19.
On entendrait
un bruit de pompe
le lent essoufflement
du moteur ralenti par
la tombée de la nuit.
On poserait le pouce
sur ce creux du poignet
où bat la mémoire des écluses.
21.
Qui dans l'œil éteint
s'est éteint. Mémoire
morte. Ou bien.
Quoi ou bien.
Mémoire morte.
On vous dit.
II
La chose, là, quelque chose informe, qui insiste dans l'informe, qui persiste, informe, infirme, cette chose assise, hiératique, immobile, pas même un signe, insensée, effarée, cette chose-là qui regarde ou dont les yeux semblent aller vers quelque point obscur, en amont ou en aval d'une faible lueur, comment savoir, cette chose est ou fut autre que chose.
Le bleu des iris a été lavé par le temps jusqu'à devenir opalescent, comme aveugle. Le désordre des rides nie le peu qui reste d'un visage. La chose, posée dans un fauteuil près de la fenêtre, respire, ronfle même quand paraissent les taies qui alourdissent les paupières. La voix, car parfois le souffle prend voix, est fragile lamento. La voix est sans adresse, toute destination abolie. La voix a quitté les mots. Un long et lent divorce d'avec le monde.
La chose s'obstine pourtant, s'est enflée avec persévérance, occupe l'espace, résiste.
Oublie pourtant qu'elle résiste, ou qu'elle a résisté. Cette chose oublie qu'elle eut visage, se vide.
Bloc 11. Oswiècim. Dans mon rêve je sais qu'il s'agit du bloc 11; une voix off l'a annoncé. Le baraquement est emballé de feutre gris. C'est une œuvre de Joseph Beuys. Il n'y a pas une fenêtre. Ou une seule. Je ne sais pas si cette trouée dans le feutre est trouée d'une fenêtre ou bien une photographie dans son cadre. Fenêtre pourtant; une femme, jeune, y est accoudée, radieuse, belle. C'est ma mère. Elle est apaisée comme jamais elle ne fut. Là, enfin. Là où toujours elle voulut être. Dans la mort des siens. Elle est comme soulagée. Elle me donne à voir cela, cet horrible soulagement. Je suis, moi aussi, dans le rêve, soulagé. Et terriblement coupable de l'être.
Quand la chose parle, la langue se délite, les mots sont pulvérisés. La langue retourne à la poussière. A quoi bon. Vanité. La chose est murée de silence. Enfermement d'un cri.
Le bleu des iris, verroteries de Murano. Il y eut ce voyage à Venise. Il y eut. Cette chose-là est objet d'un récit, fut autre que chose ou objet, puisqu'elle eut lieu à Venise. D'autres lieux encore. Qu'il me faut retrouver. Tandis que tout se décompose. Ce qu'elle fut a cessé d'être depuis qu'elle s'est immobilisée dans la douleur des choses. Cette présence de la chose est le point d'arrivée d'une longue absence à elle-même. J'en recherche les commencements.
Hôpital Sainte-Anne, Paris. Une grande salle commune. Passé le seuil, quelques marches sur la droite. Deux rangées de lits. Elle est allongée. Reconnaît les enfants. Visage inexpressif. Dans la mémoire visage inexpressif. Puis soudain, gestes d'embrassades. Expressions dans les gestes. Étouffants.
Elle est tombée. La chose est tombée en arrière. S'est renversée. S'est vidée. Encrier. L'humeur noire et fétide de la langue enfouie. L'encrier n'écrit pas. Comment lire. Délire.
Elle est allongée. Elle s'en va. Ambulance. La vie de château.
Les mains sous le robinet. Savonnées. Elle cherche à faire glisser l'alliance, à l'ôter, l'arracher à son doigt. Elle ne crie pas. Elle hurle. Hurle.
Aujourd'hui, la chose est fermée sur le hurlement. N'a plus d'accès vers le dehors. Ce qui peut sortir pue. Fumier de l'âme. La paille et le purin de ce qui s'est décomposé, de ce qui a pourri à l'intérieur. La fumée du souvenir. Fumée. Fumée.
Hôpital Foch, Suresnes. Ce jour-là elle saisit violemment le poignet de mon père, regarde la montre. Elle est jolie cette phosphate, dit-elle. Première perte du langage.
Qu'est-ce qu'une chose? Un tampon buvard sur la table, un cendrier, une montre, un dictionnaire. Cette chose-là posée dans un fauteuil, près de la fenêtre. Posée, qui s'est posée. Comment dire de ce qui est posé, c'est une chose.
9 décembre 1996 – 7 juillet 1997
éditions Jacques Brémond, 2002
prix Antonin Artaud 2004
côté jardin, côté chœur (fragments)
1.
Egypte, main humaine momifiée – amulette en faïence (bleu cobalt) entre les doigts, don anonyme 1998 – Egypte encore, mains humaines tirant petit hors matrice de vache vêlant, main humaine tenant pinceau, tenant ciseau, sous la main de Bourdelle main de Carpeaux portant ébauche de femme – l’autre aux doigts enfoncés dans la gangue des jours - mains d’Ugolin dévorateur saisissant enfants, mains absentes, mains invisibles, mains qui ont caressé, pétri, torturé, qui ont battu la terre, mains des jardiniers dans les espaces fleuris du cloître, clos, enclos, paradis, main comme d’Adam commençant le monde, enserrant en son poing les gestes du labeur et de l’ombre qui fuit, mains qui se dressent irritées et mauvaises, mains qui semblent aboyer avec leurs cinq doigts hérissés, comme les cinq gorges d’un chien d’enfer mains qui marchent mains qui dorment °, main gauche de L’Âge d’airain, dernière phalange manquante à l’index, mains de l’étreinte des gisants dans le repos du monument aux morts de Bartholomé, main et avant-bras gauches perdus de la Vierge toscane – bois de noyer polychrome -, main caressant perroquet, mains clouées, mains déclouées, mains déroulant les phylactères du silence, main tenant oiseau, main arrêtée par l’Emotion – marbre inachevé – mains des amours adolescentes, mains des étreintes entre violence et tendresse, faisant brouillons des voluptés sous la voûte des galeries, ouvrant le livre, mains tavelées d’un vieil homme assis, face à L’Ombre, sur le banc encore humide après l’orage de la nuit, mains du balayeur du matin – la senestre est couverte de pansements – avec gestes d’automne déjà, main tendant une image aux visiteurs – coupe d’Emile Gallé, 1904 – billet d’entrée pour le musée, mains déliées expertes à l’analyse, doigts longs et mobiles du raisonneur, mains prophétiques baignées de fluides, mains spirituelles dont l’inaction même a de la grâce et du trait, mains tendres °°, mains d’Hippocrate appuyant crâne sur genou gauche, mains du joueur de flûte, doigts cherchant la note juste – Delorme 1861, fondu par Thiébaut -, main à plume, main de fer, main à la pâte, main de plâtre ou de cire patinée par les siècles, embaumée par la mémoire, main d’argile, main de pierre, main de marbre, main de bronze, main de chair déposant crayon sur papier pour dessin, ébauche, débauche, écriture, mains d’imagiers, faiseurs d’ymaiges et entailleurs, main tenant pinceau, tenant ciseau, tenant marteau, tenant le monde qui vient
° Rainer Maria Rilke : Auguste Rodin
°° Henri Focillon : Eloge de la main, in La vie des formes
2.
Conversations muettes. Monologues intérieurs. Dans les yeux - iris et pupilles évidés avec parfois légère saillie accrochant la lumière – une vieille terreur. Cris et malédictions depuis les voûtes de la chapelle jusqu’au ciel du jardin du cloître. Comme si l’Abbaye avait été le déversoir des paroles prononcées sur la scène du Théâtre Provisoire qui, jadis, occupa le centre de la place des Terreaux ou comme si les répliques, ayant trop longtemps erré dans les galeries et les cellules avaient enfin trouvé dans les bouches feintes par l’art, le lieu d’une nouvelle profération.
La pluie sur le Palais saint-Pierre garde mémoire de la sueur ou des larmes et l’orage mémoire de la terre, des clameurs hantées par d’effroyables et divins ahans qui peuplaient autrefois les rêves des dames de saint-Pierre, mémoire du fracas et des éclats de marbre, de l’épouvante, des coulées de bronze. D’un lieu à l’autre, échos, dialogues féroces. Dans la nuit, les statues descendent de leurs socles et règlent les vieux comptes de l’espèce. Dans la nuit, cette humanité, suspendue plus que figée, se réveille. Les vociférations commencent. Un peuple enfermé s’insurge. Le Palais, le jardin du cloître, la chapelle sont habités par un groupe* d’ombres qui se hèlent avec des signes mutilés.
Dans sa vitrine des Antiquités égyptiennes, la main, la vieille main momifiée, la mienne peut-être, pauvre sismographe de cuir, de peau tavelée, enregistre les lamentations inaudibles. Dans la nuit du chaos, mille récits se croisent improbables, anachroniques. Les maillets de Carpeaux et de Bouchard sont devenus marteaux, armes lourdes dans des mains rebelles, iconoclastes. Pointes et ciseaux taillent dans le vif et dans le mort. Nez de gypse brisés, corps émasculés, visages défoncés par quelque sombre fureur, champs de batailles, guerres. Et nénies et thrènes. Poussière de marbre sur les lèvres d’airain, cendres jetées sur les têtes.
mère ma mère mon absente ma folle ma morte ma douleur / mère aux cendres dans la bouche / mère aux cris comme d’une Camille Claudel égarée dans l’obscénité du siècle vingtième / mère qui n’a rien voulu ou rien su m’apprendre de ce que tes mains savaient / les ciseaux taillent dans la peau qui tient autour des os qui ressembleront aux tiens / je crie dans la nuit avec les statues de Rodin perdues entre jardin du cloître et chapelle / je crie / je prends la vie à contre-fil / je crie / j’aime / je crie / le saxophone dans le souffle de Jan Gabarek hurle dans ma tête et voix d’Ustad Fateh Ali Khan / dans la fumée des nuits
et qui me lit soudain ici ne comprend rien / rien ne comprend / ni pourquoi ici en ces pages / pourquoi soudain tu fais irruption / au milieu des bronzes et des marbres / ni pourquoi il y a gémissement des généalogies dans le peu qui prolonge la main / écriture écriture / par défaut /
et tant pis / tant pis si / tant pis si nul ne comprend pourquoi ici tu surgis / si pourquoi ici source / dans les rondes-bosses des jours tu viens ou tu reviens / mère mon absente ma folle / et comprenne qui pourra si je dis / comprenne / si je dis que je suis né ici entre dehors et dedans / de mon père et de toi ici / dehors et dedans / même si cela n’est pas vrai / même si vous vous êtes rencontrés un peu plus loin / en ce lieu qui n’était pas alors la cafétéria du T.N.P. / pas encore / et que sous ces voûtes des galeries du cloître / non / pas ici / mon père et toi
et tu m’as dit / j’avais seize ans / tu m’as dit / ou crié peut-être / si j’avais encore la force / le bois / pas à contre-fil / et la terre et les pierres / si j’avais encore la force / comment faire / je te montrerais / je et quatuor n° 3 de Bright Cheng dans la nuit / cellule 12 monastère de Saorge / après que j’ai commencé les premiers mots face à L’Ombre, jardin du cloître des dames de saint-Pierre / déchirures / nénies et thrènes /poussière de marbre / tu m’as dit / mais pourquoi pourquoi / le bois à contre-fil
sculpture personne / sculpture personne / pour ce livre personne n’avait choisi d’en parler / et pourquoi / mais bon sang pourquoi / avez-vous lui / moi / lui écrire à propose de / écrire lui / moi / peut-être / saviez-vous que / avis-je eu l’occasion de vous dire que / mère et père en cette ville s’étaient rencontrés / dans la Résistance s’étaient rencontrés / ou à la Libération / et vous avais-je dis que mère / élève et modèle d’un sculpteur avait été / non / je ne crois pas non / mais c’est soudain tout un livre qui ici commence / et je ne peux la guerre / les guerres / saviez-vous le vif / saviez-vous / l’au-delà des morts
Le sang des statues gargouille sous l’ondée. Là-bas, à l’intérieur, dans la chapelle, la folie, que relâche nos lèvres, se met à danser.
* Dans le vocabulaire de la sculpture, on appelle groupe plusieurs statues représentant une action commune.
in Passants,
aedelsa éditions, novembre 2004
obstination des heures (fragments)
pas mieux qu’hier le monde ne va
gésir, dehors déjà
la mule tire sur sa chaîne
jean-baptiste para
un jour ou l’autre
on sait cela les lèvres
descellées
ouvertes ou béantes
offertes consentantes
au vide qui ne comble
rien
lèvres absentes
ou qui ne sont plus
ou qui ont renoncé
à la figure
au moindre mot à la
syntaxe d’une phrase
un jour ou l’autre
les lèvres
ne sont plus
n’énoncent plus
accoutumées qu’elles sont
au rien qui les dessine
un jour ou l’autre et nuit
nuit et jour
effondrés déjà
dépossédés
d’aubes et de ténèbres
après que la lumière a quitté les yeux
un feu follet
peut-être
gémit
derrière les dents
contre la carie des heures
on ne sait rien
on connaît
ce penchant vers l’inerte
qui nourrit le vivant
ainsi
oui ainsi
cela oui cela
simplement cela
aller vers le rien
nous ne sommes rien
outils du vivant
qui se perpétue
surnuméraires
outils de la matière
modalités de la matière
une donnée statistique nous sommes
chacun moment possible
incertain nécessaire
vient le temps
de peser les gestes
la question à quoi bon
pèse si peu
chacun ne fait que ce peu
en répond face au rien
et le rien
ne répond de rien
ou bien
/ c’est fin de vie à se jeter
par la fenêtre / mais pourquoi
et si corps / dans sa chute
venait à souiller / l’enfer
d’une marelle / où danse
un enfant /
ou bien
/ pas une vie ça / une vie
ouvrir le gaz oui peut-être
mais / si quelqu’un
en sonnant à la porte /
venait à faire sauter
l’immeuble /
ou bien
qu’est-ce que j’ai fait /
fatigue / lasse / dit-elle /
vivre lasse / use / et souffrance /
qu’est-ce que j’ai fait / vieilles /
prières / vieilles / de l’enfance /
prières / font retour dans la
bouche / un goût d’enfance /
dans la bouche / prières inutiles /
depuis l’enfance / qui raccrochent
à / une autre langue / je perds
le langage / dit-elle / je perds
ou bien tout le corps lové dans la douleur
langues fragmentées / bribes
d’hébreu / allemand / tchèque / slovaque / yiddish /
hongrois / et nomination des lieux /
l’histoire ah / l’histoire / rien
ne change / rien ne marche /
marcher me fait si mal / si mal /
dit-elle / j’ai voyagé pourtant
parfois au bout du voyage
la pensée s’arrête avant le corps
esprit plus essoufflé que
la matière esprit-matière
plus épuisé encore
obstination du corps obstination
quand la pensée lâche prise
on je rien
l’indifférencié rien
un jour ou l’autre on
se demande quand
ont commencé jour et nuit
le déclin
sur les étagères
les livres nous ressemblent
s’empoussièrent
/ je veux / être / incinérée /
qu’on disperse / après / la lignée
après / rien
le temps me brise le temps
se brise entre les dents
s’arrête avec
les derniers mots
une ampoule de verre
entre les dents la nuit
la lumière
dans la bouche la lumière
l’illusion des premiers mots
/ ça dure / trop dure
la vie pas une vie ça /
éditions Le temps volé, février 2006
améthyste djoldjolân bâdindjân (fragments)
pour des peintures d’anne slacik
le moindre mot posé
tire toute la langue
l’écheveau n’en finit pas
échevelé de dévider
ses nuages d’encre
alors des pâles parmes
aux très sombres vineux
la palette écolière
décline son lexique
à l’envers des buvards
il pleut des violettes
sur la porcelaine
au coin de la table
l’enfant rêve l’orthographe
déchirant sa blouse grise
djoldjolân djoldjolân
un mot de passe suffit
les yeux s’ouvrent
le zinzolin s’éveille
au fond de la caverne
c’est un grain de sésame
écrasé pour la nuit
dans le mortier du vif
ou bien un trait de fard
qui dort sous les paupières
le moindre mot fait tache
la couleur se répand
entre ligne des yeux
et ligne de vie
sur les cahiers de brouillon
le moindre mot se cache
sous l’émouvante gorge
de pigeon qui roucoule
sans jamais trop comprendre
la beauté de son chant
colombin colombine
il y a des pierrots
à collerette mauve
qui se pendent parfois
au croissant de la lune
et chacun lit entre les lignes
ligne de vie ligne d’amour
il y a des violuptés de Laforgue
qui chantent blues entre deux ciels
ciel bleu ciel rouge
ciel contre ciel ciel lilas
qui se souvient du sang
autant que de l’azur
ciel tombé dans l’herbe
ciel timide sous les feuilles
allez savoir pourquoi
la Sanseverina
traverse la pelouse
pourquoi les pages tournent
et fondent les glaciers
il y a des couchants
plus violets que les larmes
un cordon de velours
au cou d’une Olympia
qui meurt sous le pinceau
djoldjolân djoldjolân
un mot de passe suffit
bâdindjân lilas lilag
entend-on ce que l’on voit
les cris étouffés sous les draps
cramoisi magenta
c’est comme une
longue litanie des morts
sous les balles de Mac-Mahon
le sabreur de la Commune
ou d’autres corps encore
la peau violace sous les coups
des domesticités ordinaires
n’en restent que les bleus de l’âme
noyée d’ivresse et de misère
sésame ces améthystes
qu’on baise et qui blesse les lèvres
pierre du châtiment sacré coeur
sur la main de l’évêque
ah ce violet robe des prostituées
quelque chose aussi comme
ce qu’on dit au Poète à propos des Fleurs
crachats sucrés
des Nymphes noires… O bleu…
O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux
jardin de mauve et de réglisse
entre les fleurs la mort se glisse
puant la peur le sang la pisse
les araignées lentement tissent
gris de lin seul dans le Grévisse
le moindre mot posé
travaille la grammaire
mot posé contre mot
le nuancier des phrases tremble
sur l’éventail de l’Histoire
rivières, août 2007
le repos (fragments)
01
pose tout
le corps
et les outils
du corps
pose la faim
au bord de l'assiette
l'eau dans la cruche
la soif entre les lèvres
pose les yeux
sur la nuit
pose la peau
hors de ses plis
laisse les draps
sur le fil
pose
pose la poussière
au milieu des mots
pose tes mains
sur les côtés du livre
pose
sur la chaise le temps
élime
les vêtements du jour
02
pose tout
l'incendie
la soif
le sexe
contre la cuisse
pose les os
sous les muscles
le couteau
au pied du lit
pose le livre
pose
pose-le
sur la table
pose la douleur
derrière
les dents
la rancune
sous le miel
dans l'armoire
est pendu le manteau
la fatigue
dort dans les poches
pose le front
contre le ciel
un mot
s'y retire
03
pose le pied
sur le sol
respire
pose
le poids de la semaine
pose-le sur le sol
de l'empreinte du pas
renais
pose la voix
dans le nid
de la bouche
n'avance pas
vers la meule
ni l'échange
rien ne vaut
pose
pose
oublie
04
pose tout
le moins
laisse le lendemain
à la lenteur
pose l'attente
le chemin au clou
laisse le pas
à la boue de la veille
laisse la pluie
contre le carreau
ou le givre
ou la neige
ou l'ocre
après le sirocco
pose les vieux chiffons
le fagot des genêts
pose la pensée
le pur et l'impur
les portulans
les astrolabes
pose l'horloge
les bougeoirs
05
pose le crayon
dans les marges
une voyelle
entre les pierres
le grain de la voix
sous la farine
pose la joie
sur le seuil
pose le deuil
la tristesse
n'éprouve rien
si ce n'est
la venue du rien
06
pose l'oreille
contre le bois
ou le sommeil
écoute
frottements d'élytres
consonnes
renonce au métier
de la prière
ne tisse pas les noms
pose tout
et tout pose
ce peu de toi
tout
papiers d'identité
sous un verre d'eau
pose en un lieu
ce qui n'est d'aucun
un cil
perd mesure
clepsydre
07
pose la boue
sur le seuil
le pain
sous le linge
un vélo rouille
dans l'ombre du mur
le pédalier
est soleil arrêté
pose les gestes
pose les gants
les scalpels
08
pose tout
la sueur
la carpe
les grains de pavot
renonce
à l'oeuvre
renonce
pose
syllabe
après syllabe
égrène
le souffle
sur la chaise
la robe est dénudée
les bas
sans mémoire
pendent
ne dors pas
vénère
09
pose tout
ce qui est fait
est fait
a été
fut
pose
tu n'es plus
dans ce que tu as fait
pose
pose tes biens
jette
ouvre tes mains
à qui se dérobe
10
pose le jour
pose la nuit
ce sont draps
de ton lit
berceau
cercueil
autre
vient
pose tout
dans l'ombre
soleil ou lune
pose
ne refais pas
l'ourlet
rouvre
la cicatrice
l'éloge du
temps
11
à quoi bon
l'effort d'un jour
encore
la lumière est là
vacillante
un peu ivre
une danse
oui cela
une danse
un verre de vin
dans la chaleur des paumes
à quoi bon
ni bon
ni mal
la plaine est là
un ventre
des yeux humides
12
récit fut donné
des commencements
de la séparation
des commencements
ce qui commence
entre les épaules
colonne vertébrale
de la parole
ce qui commence
ne raconte plus
maintenant
oui montre
maintenant
après la déchirure
montre
13
bélier
couteau
la clarté d'un mot
chant d'une lettre
maison
échelle meunière
cave et grenier
saisons sommeils
dans les silos
l'encre engrange
les voyelles perdues
tu dis
la main
le pain
le sexe
tu dis
sans réserve
14
ce jour-là
ce jour posé là
ce jour d'absence
là
dans le compte des jours
ce jour-là
sans compte
sans récit non plus
ce jour-là
est de la bouche
entre la faim et le poème
ce jour-là
de la nuit à la nuit
15
poser sur la table
quelques assiettes
plus nombreuses
que la faim
poser autour de la table
plus de chaises
que de convives
poser les bougeoirs
la lumière du temps
le repas
le repos
il y a toujours
plus qu'il ne faut
pour aller
jusqu'au lendemain
commencer
recommencer le temps
plus
plus
16
suspendre
l'économie des jours
poser
entre la fourche et le couteau
le peu
même cela le peu
à partager
deux mesures de farine
sont ce jour-là
plus que deux
l'assiette pour l'absent
le verre tourne
la mémoire
redresse la table
elle est une porte
l'étranger
franchit le seuil
17
il n'y a
qu'un poème
à se mettre
sous la dent
il n'y a
que cela
nos molaires
broient l'encre
la faim
la grande faim
est toujours à venir
pose ce jour-là
la faim de ce jour
un peu d'eau
un peu de lumière
une table
quelques chaises
le livre sur la table
est un vase
dans l'attente du bouquet
18
ne rien faire
dans le temps de l'horloge
dans l'exactitude des heures
ne rien faire
dans ce temps-là des pointeuses
et des cours de la Bourse
rythme des pages tournées
ce rythme seulement
le livre sur la table
le temps des yeux
entre les mots
laisser aux mots le temps
de descendre dans la bouche
avec le vin
avec la salive
19
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
épeler
nommer
appeler
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
ce jour-là
rien d'autre
épeler
nommer
appeler
convoquer chaque lettre
l'inviter à danser
dans les yeux
dans la bouche
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
dans la nuit
veiller
chaque lettre
une flamme
20
ce jour-là au moins
ce jour-là sans image
la présence dans tes yeux
pas plus
la présence
le vacillement de la présence
dans tes yeux
pas plus
trou noir de la pupille
où la lumière s'abîme
ce jour-là au moins
ce jour-là sans image
éditions de l’Amourier, 2008
impératif
1.
ne rien montrer
dire et nommer
un chien est un chien.
la lune aboie,
quelqu’un écoute
2.
un mot épuise et tire
toute langue.
ce qui est enfoncé
dans les yeux
fut sans voix.
6.
on oubliera la lampe
le chevet tatoué
l’insomnie
le journal plié
qui brûle sur l’ampoule.
8.
nous fûmes
stèles et fumées
nous fûmes
interlignes du sang.
qui parlera?
10.
nous ne cessons de
marcher dans les bottes
dont nous avons
dépouillé les ancêtres.
bourreaux fils de bourreaux.
14.
la main maigre
écrit maigre
dépèce les mots
cherche
le squelette sous la voix.
16.
nommer nommer
une rose une rose
un vase vide
une table muette
un livre fermé.
22.
l’oiseau
en vol
chie sur nos têtes.
alors nous regardons
le ciel.
24.
il y eut même des violons,
orchestre d’âmes.
l’âme n’eut jamais
d’autre nom
musique, musique.
28.
que faire
du mot : enfance?
une bougie
un chandelier
une torche.
32.
dans l’encadrement
de la fenêtre, au loin
la haute cheminée
d’un four.
le pain des hommes.
33.
l’exercice quotidien.
tenir un vers
une strophe.
tenir un mot
dans un peu de soupe.
42.
folie de croire
que le pire
a eu lieu.
folie d’attendre
son retour.
50.
pas d’espoir, il ne s’agit
pas de cela. descendre
est aussi marcher.
la dignité est dans le pas.
la pensée n’est qu’un bâton.
54.
la faim bien sûr
et la soif
détruisent la langue.
les mains font le bol
où tombe la nuit.
57.
ceux qui ne m’ont
jamais embrassé
dans la nuit parfois
je dessine leurs lèvres.
absentes, absentes.
62.
qu’ai-je fait dans la cave?
me suis caché dans un tonneau.
qu’ai-je fait au grenier?
me suis noyé dans l’encrier.
lapin pendu, chapelet d’ails.
63.
le journal est sur la table.
chaque matin
la profanation côtoie
le bol, une tranche de pain.
fluctuations de la bourse.
98.
des étoiles
des croix des roues
le rouet de la haine.
l’urine cristallise
en plein midi.
106.
certains jours
il faisait si beau.
nous disions
il fait beau.
pour y croire.
108.
rien n’est grave.
rien, rien.
rien ne pèse.
un jour se lève.
un jour de moins.
114.
comment l’ombre
pouvait-elle
toucher l’ombre.
un sein d’ombre
un enfant d’ombre.
116.
qu’est-il devenu
celui qui collectionnait
pour son père rescapé
des bouts
de fil barbelé?
119.
une carpe dans la baignoire
odeur de vase trois jours
durant et changer l’eau.
les morceaux frétillent
sur la planche près du couteau.
127.
ombre, non
la fumée
âme, non
la fumée.
nulle métaphore.
136.
ils vont mourir
en épelant
les premiers mots
du livre.
enfants.
154.
paroles de chaque jour.
j’ai chaud j’ai froid
j’ai faim j’ai soif
j’ai sommeil j’ai peur.
et les paroles d’aucun jour.
266.
je n’écris pas.
des voix
déposent dans l’encre
la fumée de l’absence.
choeur.
267.
les morts réclament
l’accès à la parole.
ils sont là sur nos lèvres
un peu de salive
coule sur l’oreiller.
Impératif est une suite de 365 poèmes.
Les quarante premiers ont paru in Theodore Balmoral n°26/27,
dirigé par F-M. Deyrolle qui en a repris l’intégralité dans sa revue
L’Atelier contemporain n° 1.
Impératif sera édité cette année par les éditions Jacques Brémond
passion canavesio
moi, judas
chant I
dans un ciel d’hiver tremble
l’étoile de Judas
un visage est frappé
sous la doublure de la nuit
des hommes attablés
rêvent de longs couteaux
les commensaux rompent le pain
chacun
mâche le reniement
ils sont là les Treize
et deux plus seuls encore
partagent la faim brûlante
l’un est la face
l’autre le profil
monnaie des morts
Douze ont monnaie des morts
qui nimbe le visage
l’incendie brode
la tête du treizième
où sont les noms
les chandeliers et les servantes
dans le vin pâle
quatre flammes se noient
consonnes absentes
où sont les femmes qui les portent
où sont leurs mains
la farine et l’eau
le pain le vin l’agneau
nimbes et limbes
âmes errantes
l’homme au pied nu
trois sont les heures de la nuit
la face et l’endormi
le profil
trois sont amande ouverte
dont l’un l’amertume
ou bien ou bien
treize hommes sont entrés dans la ville
ont trouvé table mise
l’un d’eux a parlé
un seul est sans visage
l’homme au pied nu
un seul est sans visage
car n’est pas un visage
ce profil de Judas
dont les dents de la mort
mangent déjà les lèvres
un seul n’est plus qui nous ressemble
treize sont là
moins un homme
avers de la monnaie profil bas
un homme moins un
profil bas moins que rien
n’est pas n’est plus moins un
moins que rien ecce
homo
voici l’homme
qui n’est pas
un homme
couteau de Pierre
car n’est pas un visage ce nom
qui décline les noms de son peuple
ecce homo judeo
voici la table du procès
passion-Judas
bouche ouverte
quels mots sont descellés
le cercle des convives
est brisé
le cercle des hommes
est rompu
lui au bout du banc
est assis de travers
lui
est mis au ban
quel diable déchire
le symbole
quand ils viennent
les fidèles
quand ils viennent dans l’hiver de l’homme
les cierges à la main
dans la nef l’épouvante
les saisit
ils ne voient pas ce qu’ils savent déjà
ils ne voient que l’apôtre
qui n’est plus
l’apôtre
les mèches de cheveux dressées
l’enfer qui ouvre le crâne
la pensée-trahison qui prend feu
feu qui brûle le feu
l’auréole noire
quand ils viennent
les fidèles
ils ne voient pas ce qu’ils savent déjà
mais l’homme là
qui leur ressemble
le Juif en chacun d’eux
celui qui va
quitter la table
mille
quatre cent
quatre vingt
douze
sang et vin
inédit
à paraître éditions de l’Amourier 2010
en écoutant Philip Glass string quartet n° 5
1. Allez savoir pourquoi au bord des larmes je suis, savoir pourquoi cette simplicité de la ligne mélodique m’attrape et je ne sais où m’attrape allez savoir pourquoi je suis près de fondre en larmes comme un enfant après je ne sais plus quel premier chagrin quelle première douleur quelque chose toujours ici se brise malgré un je ne sais quoi de jubilation quelque chose entre saut à la corde et pendaison
2. relance dés jetés hâte ça va ça vient ça va ça vient ce mouvement fort und da fort und da primitive primitive like a nursery rime excès excès allez ça voir pourquoi savoir rien savoir ça bruisse bruisse et voluptueuse la tueuse voluptueuse va et vient primitive nursery rime primitive je ne sais écoute et tremble et pleure pleure pourquoi pourquoi pleure qui pleure
3. lente lente plainte lente lente plainte plainte lente douceur et plainte et pleure et je ne sais qui moi qui est moi écoutant cela ce lent mouvement de plainte ou je ne sais si plainte et cette ligne comme pourtant dérisoire des pompiers devant l’incendie qui mais qui dites-moi qui brûle sous les sons qui brûle derrière quelle douleur d’être qui et puis s’éteint lentement si long longuement
4. et cela comme flots de printemps cela jaillit avec éclats de cristal ou je ne sais quoi éclat brusquement je me perds j’entends je ne sais ce que j’entends sinon cette précipitation notes notes qui surgit entre les notes ou quoi plainte plainte encore
5. trop vite trop vite et cette insistance si vive à être entre les notes entre les silences déchirure et vl’a v’la cela va vl’al cela musique lancinante comme façon d’en finir avec le bâillon là enfoncé dans la bouche et cri oui cri contre bâillon enfoncé dans la nuit de la bouche j’ n’en peux plus je ne peux dire ni taire cela me hante et harcèle dire j’aime cette musique non ne s’agit pas de cela ne s’agit pas d’aimer la musique ne s’agit pas d’aimer
en écoutant Philip Glass string quartet n° 4
1. autre chose longue entame dans le temps et temps qui récidive temps qui appelle et répète et temps qui vague et vaque temps qui avance et lance relance et temps que je ne sais nommer je ne sais appeler de cris en cris de notes brisées pizzicati et notes non mais entendez-vous cela me vient cela m’emporte où je ne sais j’écris dans ce temps j’écris entre les notes à l’écart et je ne sais ce que j’écris je me perds je laisse venir notes après notes et quiconque viendrais entendre après moi entendre dirait ne dirait rien rien à dire laisser musique laisser musique avancer dans la tendresse pourquoi tendresse vient et violence
2. et encore encore se répète se répète se prolonge façon de ne pas finir de ne pas en finir please une ligne encore please une mélodie une lamentation ou presque lamento douceur d’un lamento vous entendez cela ce qui n’est pas écrit vous entendez sous ce qui n’est pas écrit
3. comme une scie musicale ce serait presque un cliché un sirupeux commentaire d’une scène voluptueuse ou presque vous entendez c’est je ne sais ce que c’est vous entendez la musique quand l’image se tait la musique quand le baiser s’estompe dans
4. la lumière c’est un peu ridicule je vous l’accorde désaccorde mais c’est ou autre chose lentissimo long baiser d’écran ou autre chose sur une image sonore n’importe quelle chute pourrait ou rien allez allez cliché cliché et pourtant
en écoutant Philip Glass string quartet n° 2
1.
2. hurler lentement hurler à voix basse hurler comme s’il fallait en finir et que rien ne pouvait advenir qu’en finir rien sinon pire encore dissoudre dissoudre toute possibilité même d’en finir
3. l’à quoi bon de toute parole l’aqua où toute parole quoi qu’il en soit finit par se dissoudre et rien de triste à cela seulement cela à quoi bon même dissoudre
4. et cela reprend reprend reprend et gémit ce pourrait être je ne sais quel os au travers de la gorge ou jene sais quel os qui se plante dans la pupille et quelque chose dit quelque chose commence recommence à n’en pas finir de finir et rien cela pleure sans quiconque cela pleure cela vivre à quoi bon cela cap je ne dis pas cap vers quoi que quoi
en écoutant Philip Glass string quartet n° 3
1. je ne sais je
2. ni qui se tue ni qui
3. ni rien de ce qui
4. quoi ne commence
5. quoi ne commence pas ni ne s’achève ni qui ne se tue d’épuisement ni quand ni quelle histoire à laquelle je ne peux ni meurtre ni meurtre ni fin de qui ni commencement de qui ni lumière ni ténèbre non plus ni quoi ni que ni silence
6. je peux toujours écrire ce nom là mishima je peux mais je ne sais nô je ne sais quel terme
inédits
en écoutant Leos Janacek string quartet n° 1
1.
Chaque fois, l’attaque, comme une déchirure, une faille qui s’ouvre, un cri qui entre en moi, chaque fois un étonnement une déflagration, quelque chose qui se met à brûler au fond de moi, avec élans et pauses, je ne sais, quelque chose qui, comment dire, cela un deux trois quatre cinq six, et cela repart avec pause à nouveau, le violoncelle et l’alto qui ouvrent une béance, une
Et cela guilleret presque qui repart et tout aussitôt derrière la mélodie, une danse, ce frottis-là ce frottement des cordes, cette gravité qui vient alentir l’enjouement d’une danse, comme une entrave dans la joie qui, de vivre pourrait s’élancer, une déchirure encore avec ce decrescendo, avouer qu’au bord des larmes, je suis dans le violoncelle, qui derrière ponctue la nuit lacérée de cris, lamento, en bordure lamento, cela s’élève au-dessus de la blessure
Pizzicati je ne sais, chaque fois mon ignorance et au-delà de celle-ci, pourtant quoi me surprend m’arrache à la douleur de vivre, une joie avec tragédie une joie. Ou je ne sais une plainte qui vient qui s’alentit, l’obstination, derrière, l’obstination d’un chant, qui me brise et m’emporte mélodie non une berceuse mais une plainte, oui, une plainte qui emporte loin, plus loin
Et reprise comme du premier mouvement, cette gravité reprise avec nuances. Variations, solo questions réponses, solo, ces dialogues avec le violon à pleurer, je pleure, à pleurer vous dis-je, ne me demandez pas d’expliquer, je ne sais, la musique est là, plus grande que tout ce que jamais je pourrai écrire. Saute hors du temps et pizzicati à nouveau, si simple et pourtant si simple et ce qui s’effondre de l’élan ce qui se relance et repart. Musique au plus haut ce qui me couche au plus bas avec à nouveau cris dans la solitude, cris. Je ne sais qui parle derrière mes oreilles.
inédit
automne 2007, au monastère de Saorge.
cette chose-là, ma mère (fragments)
I
1.
Est une bouche
à nourrir. Pour que ça
tienne. S'étale à peine
occupe. Bouche en trop.
Trop de bouche. Casser
les dents. Coudre les lèvres.
2.
La voix s'estompe.
Souffle à quoi bon.
Image. Obturer.
La lumière, dit-il,
je sais faire.
L'ange aussi.
Et l'écorché.
3.
Des cailloux.
Pas de syllabes.
Des cailloux.
Pour éroder l'air
dans les caries.
4.
Creuse. Autour
la pensée, l'énigme.
Sert à quoi.
De la cendre. De la boue.
Colmater.
5.
A peine lever
la main. Serrer
les gencives. Siffler.
Même pas. Même
pas ça. Siffler
6
Les yeux. Comment
savoir les yeux.
Comment savoir si
tomber dans les yeux
encore on peut.
7.
Ou un mot.
La lumière d'un mot
là-dedans. Et si
dedans rien n'était.
Pur miroir.
8.
Glisse. La buée
en se penchant sur ça
colle les cils. Alourdit
les paupières. Fatigue
les pupilles. Noir.
9.
Ce qui dure. Le
moindre geste ou
l'article. Non.
Ciment de nuit dans
l'articulation.
Rien ne bouge.
10.
Lenteur.
Ne tient plus
sur les jambes.
Ni la voix
dans la bouche.
12.
Quoi. Cela là.
Quoi. L'abécédaire
des cernes sous les yeux.
Instantané. Pas grand-chose.
La violence fugitive.
Tourner le dos.
Ou la page.
13.
Jetée. Là phrase jetée.
Avec les orties. Ou foulée.
La poussière sur les pieds.
Ou la neige. Le froid
dans la gorge.
Le deuil des mots.
14.
Plus à faire.
Vider le contenu.
Trajet de la cuillère
de l'assiette au trou.
Évacuer.
Ce qui a brûlé.
15.
Digne. Proférer
l'insulte. Pour arrêter.
Pour. En vain.
Sans destination.
17.
Ce qui est
sans insistance ici
pourtant persiste.
Est assisté.
18.
Oui. A quoi bon.
Désormais, à quoi bon.
Du temps ajouté à du temps.
Pas plus. A peine cela.
De la matière tenue
dans la durée. Pour éviter.
Quoi. La temps peut-être.
19.
On entendrait
un bruit de pompe
le lent essoufflement
du moteur ralenti par
la tombée de la nuit.
On poserait le pouce
sur ce creux du poignet
où bat la mémoire des écluses.
21.
Qui dans l'œil éteint
s'est éteint. Mémoire
morte. Ou bien.
Quoi ou bien.
Mémoire morte.
On vous dit.
II
La chose, là, quelque chose informe, qui insiste dans l'informe, qui persiste, informe, infirme, cette chose assise, hiératique, immobile, pas même un signe, insensée, effarée, cette chose-là qui regarde ou dont les yeux semblent aller vers quelque point obscur, en amont ou en aval d'une faible lueur, comment savoir, cette chose est ou fut autre que chose.
Le bleu des iris a été lavé par le temps jusqu'à devenir opalescent, comme aveugle. Le désordre des rides nie le peu qui reste d'un visage. La chose, posée dans un fauteuil près de la fenêtre, respire, ronfle même quand paraissent les taies qui alourdissent les paupières. La voix, car parfois le souffle prend voix, est fragile lamento. La voix est sans adresse, toute destination abolie. La voix a quitté les mots. Un long et lent divorce d'avec le monde.
La chose s'obstine pourtant, s'est enflée avec persévérance, occupe l'espace, résiste.
Oublie pourtant qu'elle résiste, ou qu'elle a résisté. Cette chose oublie qu'elle eut visage, se vide.
Bloc 11. Oswiècim. Dans mon rêve je sais qu'il s'agit du bloc 11; une voix off l'a annoncé. Le baraquement est emballé de feutre gris. C'est une œuvre de Joseph Beuys. Il n'y a pas une fenêtre. Ou une seule. Je ne sais pas si cette trouée dans le feutre est trouée d'une fenêtre ou bien une photographie dans son cadre. Fenêtre pourtant; une femme, jeune, y est accoudée, radieuse, belle. C'est ma mère. Elle est apaisée comme jamais elle ne fut. Là, enfin. Là où toujours elle voulut être. Dans la mort des siens. Elle est comme soulagée. Elle me donne à voir cela, cet horrible soulagement. Je suis, moi aussi, dans le rêve, soulagé. Et terriblement coupable de l'être.
Quand la chose parle, la langue se délite, les mots sont pulvérisés. La langue retourne à la poussière. A quoi bon. Vanité. La chose est murée de silence. Enfermement d'un cri.
Le bleu des iris, verroteries de Murano. Il y eut ce voyage à Venise. Il y eut. Cette chose-là est objet d'un récit, fut autre que chose ou objet, puisqu'elle eut lieu à Venise. D'autres lieux encore. Qu'il me faut retrouver. Tandis que tout se décompose. Ce qu'elle fut a cessé d'être depuis qu'elle s'est immobilisée dans la douleur des choses. Cette présence de la chose est le point d'arrivée d'une longue absence à elle-même. J'en recherche les commencements.
Hôpital Sainte-Anne, Paris. Une grande salle commune. Passé le seuil, quelques marches sur la droite. Deux rangées de lits. Elle est allongée. Reconnaît les enfants. Visage inexpressif. Dans la mémoire visage inexpressif. Puis soudain, gestes d'embrassades. Expressions dans les gestes. Étouffants.
Elle est tombée. La chose est tombée en arrière. S'est renversée. S'est vidée. Encrier. L'humeur noire et fétide de la langue enfouie. L'encrier n'écrit pas. Comment lire. Délire.
Elle est allongée. Elle s'en va. Ambulance. La vie de château.
Les mains sous le robinet. Savonnées. Elle cherche à faire glisser l'alliance, à l'ôter, l'arracher à son doigt. Elle ne crie pas. Elle hurle. Hurle.
Aujourd'hui, la chose est fermée sur le hurlement. N'a plus d'accès vers le dehors. Ce qui peut sortir pue. Fumier de l'âme. La paille et le purin de ce qui s'est décomposé, de ce qui a pourri à l'intérieur. La fumée du souvenir. Fumée. Fumée.
Hôpital Foch, Suresnes. Ce jour-là elle saisit violemment le poignet de mon père, regarde la montre. Elle est jolie cette phosphate, dit-elle. Première perte du langage.
Qu'est-ce qu'une chose? Un tampon buvard sur la table, un cendrier, une montre, un dictionnaire. Cette chose-là posée dans un fauteuil, près de la fenêtre. Posée, qui s'est posée. Comment dire de ce qui est posé, c'est une chose.
9 décembre 1996 – 7 juillet 1997
éditions Jacques Brémond, 2002
prix Antonin Artaud 2004
côté jardin, côté chœur (fragments)
1.
Egypte, main humaine momifiée – amulette en faïence (bleu cobalt) entre les doigts, don anonyme 1998 – Egypte encore, mains humaines tirant petit hors matrice de vache vêlant, main humaine tenant pinceau, tenant ciseau, sous la main de Bourdelle main de Carpeaux portant ébauche de femme – l’autre aux doigts enfoncés dans la gangue des jours - mains d’Ugolin dévorateur saisissant enfants, mains absentes, mains invisibles, mains qui ont caressé, pétri, torturé, qui ont battu la terre, mains des jardiniers dans les espaces fleuris du cloître, clos, enclos, paradis, main comme d’Adam commençant le monde, enserrant en son poing les gestes du labeur et de l’ombre qui fuit, mains qui se dressent irritées et mauvaises, mains qui semblent aboyer avec leurs cinq doigts hérissés, comme les cinq gorges d’un chien d’enfer mains qui marchent mains qui dorment °, main gauche de L’Âge d’airain, dernière phalange manquante à l’index, mains de l’étreinte des gisants dans le repos du monument aux morts de Bartholomé, main et avant-bras gauches perdus de la Vierge toscane – bois de noyer polychrome -, main caressant perroquet, mains clouées, mains déclouées, mains déroulant les phylactères du silence, main tenant oiseau, main arrêtée par l’Emotion – marbre inachevé – mains des amours adolescentes, mains des étreintes entre violence et tendresse, faisant brouillons des voluptés sous la voûte des galeries, ouvrant le livre, mains tavelées d’un vieil homme assis, face à L’Ombre, sur le banc encore humide après l’orage de la nuit, mains du balayeur du matin – la senestre est couverte de pansements – avec gestes d’automne déjà, main tendant une image aux visiteurs – coupe d’Emile Gallé, 1904 – billet d’entrée pour le musée, mains déliées expertes à l’analyse, doigts longs et mobiles du raisonneur, mains prophétiques baignées de fluides, mains spirituelles dont l’inaction même a de la grâce et du trait, mains tendres °°, mains d’Hippocrate appuyant crâne sur genou gauche, mains du joueur de flûte, doigts cherchant la note juste – Delorme 1861, fondu par Thiébaut -, main à plume, main de fer, main à la pâte, main de plâtre ou de cire patinée par les siècles, embaumée par la mémoire, main d’argile, main de pierre, main de marbre, main de bronze, main de chair déposant crayon sur papier pour dessin, ébauche, débauche, écriture, mains d’imagiers, faiseurs d’ymaiges et entailleurs, main tenant pinceau, tenant ciseau, tenant marteau, tenant le monde qui vient
° Rainer Maria Rilke : Auguste Rodin
°° Henri Focillon : Eloge de la main, in La vie des formes
2.
Conversations muettes. Monologues intérieurs. Dans les yeux - iris et pupilles évidés avec parfois légère saillie accrochant la lumière – une vieille terreur. Cris et malédictions depuis les voûtes de la chapelle jusqu’au ciel du jardin du cloître. Comme si l’Abbaye avait été le déversoir des paroles prononcées sur la scène du Théâtre Provisoire qui, jadis, occupa le centre de la place des Terreaux ou comme si les répliques, ayant trop longtemps erré dans les galeries et les cellules avaient enfin trouvé dans les bouches feintes par l’art, le lieu d’une nouvelle profération.
La pluie sur le Palais saint-Pierre garde mémoire de la sueur ou des larmes et l’orage mémoire de la terre, des clameurs hantées par d’effroyables et divins ahans qui peuplaient autrefois les rêves des dames de saint-Pierre, mémoire du fracas et des éclats de marbre, de l’épouvante, des coulées de bronze. D’un lieu à l’autre, échos, dialogues féroces. Dans la nuit, les statues descendent de leurs socles et règlent les vieux comptes de l’espèce. Dans la nuit, cette humanité, suspendue plus que figée, se réveille. Les vociférations commencent. Un peuple enfermé s’insurge. Le Palais, le jardin du cloître, la chapelle sont habités par un groupe* d’ombres qui se hèlent avec des signes mutilés.
Dans sa vitrine des Antiquités égyptiennes, la main, la vieille main momifiée, la mienne peut-être, pauvre sismographe de cuir, de peau tavelée, enregistre les lamentations inaudibles. Dans la nuit du chaos, mille récits se croisent improbables, anachroniques. Les maillets de Carpeaux et de Bouchard sont devenus marteaux, armes lourdes dans des mains rebelles, iconoclastes. Pointes et ciseaux taillent dans le vif et dans le mort. Nez de gypse brisés, corps émasculés, visages défoncés par quelque sombre fureur, champs de batailles, guerres. Et nénies et thrènes. Poussière de marbre sur les lèvres d’airain, cendres jetées sur les têtes.
mère ma mère mon absente ma folle ma morte ma douleur / mère aux cendres dans la bouche / mère aux cris comme d’une Camille Claudel égarée dans l’obscénité du siècle vingtième / mère qui n’a rien voulu ou rien su m’apprendre de ce que tes mains savaient / les ciseaux taillent dans la peau qui tient autour des os qui ressembleront aux tiens / je crie dans la nuit avec les statues de Rodin perdues entre jardin du cloître et chapelle / je crie / je prends la vie à contre-fil / je crie / j’aime / je crie / le saxophone dans le souffle de Jan Gabarek hurle dans ma tête et voix d’Ustad Fateh Ali Khan / dans la fumée des nuits
et qui me lit soudain ici ne comprend rien / rien ne comprend / ni pourquoi ici en ces pages / pourquoi soudain tu fais irruption / au milieu des bronzes et des marbres / ni pourquoi il y a gémissement des généalogies dans le peu qui prolonge la main / écriture écriture / par défaut /
et tant pis / tant pis si / tant pis si nul ne comprend pourquoi ici tu surgis / si pourquoi ici source / dans les rondes-bosses des jours tu viens ou tu reviens / mère mon absente ma folle / et comprenne qui pourra si je dis / comprenne / si je dis que je suis né ici entre dehors et dedans / de mon père et de toi ici / dehors et dedans / même si cela n’est pas vrai / même si vous vous êtes rencontrés un peu plus loin / en ce lieu qui n’était pas alors la cafétéria du T.N.P. / pas encore / et que sous ces voûtes des galeries du cloître / non / pas ici / mon père et toi
et tu m’as dit / j’avais seize ans / tu m’as dit / ou crié peut-être / si j’avais encore la force / le bois / pas à contre-fil / et la terre et les pierres / si j’avais encore la force / comment faire / je te montrerais / je et quatuor n° 3 de Bright Cheng dans la nuit / cellule 12 monastère de Saorge / après que j’ai commencé les premiers mots face à L’Ombre, jardin du cloître des dames de saint-Pierre / déchirures / nénies et thrènes /poussière de marbre / tu m’as dit / mais pourquoi pourquoi / le bois à contre-fil
sculpture personne / sculpture personne / pour ce livre personne n’avait choisi d’en parler / et pourquoi / mais bon sang pourquoi / avez-vous lui / moi / lui écrire à propose de / écrire lui / moi / peut-être / saviez-vous que / avis-je eu l’occasion de vous dire que / mère et père en cette ville s’étaient rencontrés / dans la Résistance s’étaient rencontrés / ou à la Libération / et vous avais-je dis que mère / élève et modèle d’un sculpteur avait été / non / je ne crois pas non / mais c’est soudain tout un livre qui ici commence / et je ne peux la guerre / les guerres / saviez-vous le vif / saviez-vous / l’au-delà des morts
Le sang des statues gargouille sous l’ondée. Là-bas, à l’intérieur, dans la chapelle, la folie, que relâche nos lèvres, se met à danser.
* Dans le vocabulaire de la sculpture, on appelle groupe plusieurs statues représentant une action commune.
in Passants,
aedelsa éditions, novembre 2004
obstination des heures (fragments)
pas mieux qu’hier le monde ne va
gésir, dehors déjà
la mule tire sur sa chaîne
jean-baptiste para
un jour ou l’autre
on sait cela les lèvres
descellées
ouvertes ou béantes
offertes consentantes
au vide qui ne comble
rien
lèvres absentes
ou qui ne sont plus
ou qui ont renoncé
à la figure
au moindre mot à la
syntaxe d’une phrase
un jour ou l’autre
les lèvres
ne sont plus
n’énoncent plus
accoutumées qu’elles sont
au rien qui les dessine
un jour ou l’autre et nuit
nuit et jour
effondrés déjà
dépossédés
d’aubes et de ténèbres
après que la lumière a quitté les yeux
un feu follet
peut-être
gémit
derrière les dents
contre la carie des heures
on ne sait rien
on connaît
ce penchant vers l’inerte
qui nourrit le vivant
ainsi
oui ainsi
cela oui cela
simplement cela
aller vers le rien
nous ne sommes rien
outils du vivant
qui se perpétue
surnuméraires
outils de la matière
modalités de la matière
une donnée statistique nous sommes
chacun moment possible
incertain nécessaire
vient le temps
de peser les gestes
la question à quoi bon
pèse si peu
chacun ne fait que ce peu
en répond face au rien
et le rien
ne répond de rien
ou bien
/ c’est fin de vie à se jeter
par la fenêtre / mais pourquoi
et si corps / dans sa chute
venait à souiller / l’enfer
d’une marelle / où danse
un enfant /
ou bien
/ pas une vie ça / une vie
ouvrir le gaz oui peut-être
mais / si quelqu’un
en sonnant à la porte /
venait à faire sauter
l’immeuble /
ou bien
qu’est-ce que j’ai fait /
fatigue / lasse / dit-elle /
vivre lasse / use / et souffrance /
qu’est-ce que j’ai fait / vieilles /
prières / vieilles / de l’enfance /
prières / font retour dans la
bouche / un goût d’enfance /
dans la bouche / prières inutiles /
depuis l’enfance / qui raccrochent
à / une autre langue / je perds
le langage / dit-elle / je perds
ou bien tout le corps lové dans la douleur
langues fragmentées / bribes
d’hébreu / allemand / tchèque / slovaque / yiddish /
hongrois / et nomination des lieux /
l’histoire ah / l’histoire / rien
ne change / rien ne marche /
marcher me fait si mal / si mal /
dit-elle / j’ai voyagé pourtant
parfois au bout du voyage
la pensée s’arrête avant le corps
esprit plus essoufflé que
la matière esprit-matière
plus épuisé encore
obstination du corps obstination
quand la pensée lâche prise
on je rien
l’indifférencié rien
un jour ou l’autre on
se demande quand
ont commencé jour et nuit
le déclin
sur les étagères
les livres nous ressemblent
s’empoussièrent
/ je veux / être / incinérée /
qu’on disperse / après / la lignée
après / rien
le temps me brise le temps
se brise entre les dents
s’arrête avec
les derniers mots
une ampoule de verre
entre les dents la nuit
la lumière
dans la bouche la lumière
l’illusion des premiers mots
/ ça dure / trop dure
la vie pas une vie ça /
éditions Le temps volé, février 2006
améthyste djoldjolân bâdindjân (fragments)
pour des peintures d’anne slacik
le moindre mot posé
tire toute la langue
l’écheveau n’en finit pas
échevelé de dévider
ses nuages d’encre
alors des pâles parmes
aux très sombres vineux
la palette écolière
décline son lexique
à l’envers des buvards
il pleut des violettes
sur la porcelaine
au coin de la table
l’enfant rêve l’orthographe
déchirant sa blouse grise
djoldjolân djoldjolân
un mot de passe suffit
les yeux s’ouvrent
le zinzolin s’éveille
au fond de la caverne
c’est un grain de sésame
écrasé pour la nuit
dans le mortier du vif
ou bien un trait de fard
qui dort sous les paupières
le moindre mot fait tache
la couleur se répand
entre ligne des yeux
et ligne de vie
sur les cahiers de brouillon
le moindre mot se cache
sous l’émouvante gorge
de pigeon qui roucoule
sans jamais trop comprendre
la beauté de son chant
colombin colombine
il y a des pierrots
à collerette mauve
qui se pendent parfois
au croissant de la lune
et chacun lit entre les lignes
ligne de vie ligne d’amour
il y a des violuptés de Laforgue
qui chantent blues entre deux ciels
ciel bleu ciel rouge
ciel contre ciel ciel lilas
qui se souvient du sang
autant que de l’azur
ciel tombé dans l’herbe
ciel timide sous les feuilles
allez savoir pourquoi
la Sanseverina
traverse la pelouse
pourquoi les pages tournent
et fondent les glaciers
il y a des couchants
plus violets que les larmes
un cordon de velours
au cou d’une Olympia
qui meurt sous le pinceau
djoldjolân djoldjolân
un mot de passe suffit
bâdindjân lilas lilag
entend-on ce que l’on voit
les cris étouffés sous les draps
cramoisi magenta
c’est comme une
longue litanie des morts
sous les balles de Mac-Mahon
le sabreur de la Commune
ou d’autres corps encore
la peau violace sous les coups
des domesticités ordinaires
n’en restent que les bleus de l’âme
noyée d’ivresse et de misère
sésame ces améthystes
qu’on baise et qui blesse les lèvres
pierre du châtiment sacré coeur
sur la main de l’évêque
ah ce violet robe des prostituées
quelque chose aussi comme
ce qu’on dit au Poète à propos des Fleurs
crachats sucrés
des Nymphes noires… O bleu…
O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux
jardin de mauve et de réglisse
entre les fleurs la mort se glisse
puant la peur le sang la pisse
les araignées lentement tissent
gris de lin seul dans le Grévisse
le moindre mot posé
travaille la grammaire
mot posé contre mot
le nuancier des phrases tremble
sur l’éventail de l’Histoire
rivières, août 2007
le repos (fragments)
01
pose tout
le corps
et les outils
du corps
pose la faim
au bord de l'assiette
l'eau dans la cruche
la soif entre les lèvres
pose les yeux
sur la nuit
pose la peau
hors de ses plis
laisse les draps
sur le fil
pose
pose la poussière
au milieu des mots
pose tes mains
sur les côtés du livre
pose
sur la chaise le temps
élime
les vêtements du jour
02
pose tout
l'incendie
la soif
le sexe
contre la cuisse
pose les os
sous les muscles
le couteau
au pied du lit
pose le livre
pose
pose-le
sur la table
pose la douleur
derrière
les dents
la rancune
sous le miel
dans l'armoire
est pendu le manteau
la fatigue
dort dans les poches
pose le front
contre le ciel
un mot
s'y retire
03
pose le pied
sur le sol
respire
pose
le poids de la semaine
pose-le sur le sol
de l'empreinte du pas
renais
pose la voix
dans le nid
de la bouche
n'avance pas
vers la meule
ni l'échange
rien ne vaut
pose
pose
oublie
04
pose tout
le moins
laisse le lendemain
à la lenteur
pose l'attente
le chemin au clou
laisse le pas
à la boue de la veille
laisse la pluie
contre le carreau
ou le givre
ou la neige
ou l'ocre
après le sirocco
pose les vieux chiffons
le fagot des genêts
pose la pensée
le pur et l'impur
les portulans
les astrolabes
pose l'horloge
les bougeoirs
05
pose le crayon
dans les marges
une voyelle
entre les pierres
le grain de la voix
sous la farine
pose la joie
sur le seuil
pose le deuil
la tristesse
n'éprouve rien
si ce n'est
la venue du rien
06
pose l'oreille
contre le bois
ou le sommeil
écoute
frottements d'élytres
consonnes
renonce au métier
de la prière
ne tisse pas les noms
pose tout
et tout pose
ce peu de toi
tout
papiers d'identité
sous un verre d'eau
pose en un lieu
ce qui n'est d'aucun
un cil
perd mesure
clepsydre
07
pose la boue
sur le seuil
le pain
sous le linge
un vélo rouille
dans l'ombre du mur
le pédalier
est soleil arrêté
pose les gestes
pose les gants
les scalpels
08
pose tout
la sueur
la carpe
les grains de pavot
renonce
à l'oeuvre
renonce
pose
syllabe
après syllabe
égrène
le souffle
sur la chaise
la robe est dénudée
les bas
sans mémoire
pendent
ne dors pas
vénère
09
pose tout
ce qui est fait
est fait
a été
fut
pose
tu n'es plus
dans ce que tu as fait
pose
pose tes biens
jette
ouvre tes mains
à qui se dérobe
10
pose le jour
pose la nuit
ce sont draps
de ton lit
berceau
cercueil
autre
vient
pose tout
dans l'ombre
soleil ou lune
pose
ne refais pas
l'ourlet
rouvre
la cicatrice
l'éloge du
temps
11
à quoi bon
l'effort d'un jour
encore
la lumière est là
vacillante
un peu ivre
une danse
oui cela
une danse
un verre de vin
dans la chaleur des paumes
à quoi bon
ni bon
ni mal
la plaine est là
un ventre
des yeux humides
12
récit fut donné
des commencements
de la séparation
des commencements
ce qui commence
entre les épaules
colonne vertébrale
de la parole
ce qui commence
ne raconte plus
maintenant
oui montre
maintenant
après la déchirure
montre
13
bélier
couteau
la clarté d'un mot
chant d'une lettre
maison
échelle meunière
cave et grenier
saisons sommeils
dans les silos
l'encre engrange
les voyelles perdues
tu dis
la main
le pain
le sexe
tu dis
sans réserve
14
ce jour-là
ce jour posé là
ce jour d'absence
là
dans le compte des jours
ce jour-là
sans compte
sans récit non plus
ce jour-là
est de la bouche
entre la faim et le poème
ce jour-là
de la nuit à la nuit
15
poser sur la table
quelques assiettes
plus nombreuses
que la faim
poser autour de la table
plus de chaises
que de convives
poser les bougeoirs
la lumière du temps
le repas
le repos
il y a toujours
plus qu'il ne faut
pour aller
jusqu'au lendemain
commencer
recommencer le temps
plus
plus
16
suspendre
l'économie des jours
poser
entre la fourche et le couteau
le peu
même cela le peu
à partager
deux mesures de farine
sont ce jour-là
plus que deux
l'assiette pour l'absent
le verre tourne
la mémoire
redresse la table
elle est une porte
l'étranger
franchit le seuil
17
il n'y a
qu'un poème
à se mettre
sous la dent
il n'y a
que cela
nos molaires
broient l'encre
la faim
la grande faim
est toujours à venir
pose ce jour-là
la faim de ce jour
un peu d'eau
un peu de lumière
une table
quelques chaises
le livre sur la table
est un vase
dans l'attente du bouquet
18
ne rien faire
dans le temps de l'horloge
dans l'exactitude des heures
ne rien faire
dans ce temps-là des pointeuses
et des cours de la Bourse
rythme des pages tournées
ce rythme seulement
le livre sur la table
le temps des yeux
entre les mots
laisser aux mots le temps
de descendre dans la bouche
avec le vin
avec la salive
19
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
épeler
nommer
appeler
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
ce jour-là
rien d'autre
épeler
nommer
appeler
convoquer chaque lettre
l'inviter à danser
dans les yeux
dans la bouche
de la lumière qui tombe
à la lumière qui tombe
dans la nuit
veiller
chaque lettre
une flamme
20
ce jour-là au moins
ce jour-là sans image
la présence dans tes yeux
pas plus
la présence
le vacillement de la présence
dans tes yeux
pas plus
trou noir de la pupille
où la lumière s'abîme
ce jour-là au moins
ce jour-là sans image
éditions de l’Amourier, 2008
impératif
1.
ne rien montrer
dire et nommer
un chien est un chien.
la lune aboie,
quelqu’un écoute
2.
un mot épuise et tire
toute langue.
ce qui est enfoncé
dans les yeux
fut sans voix.
6.
on oubliera la lampe
le chevet tatoué
l’insomnie
le journal plié
qui brûle sur l’ampoule.
8.
nous fûmes
stèles et fumées
nous fûmes
interlignes du sang.
qui parlera?
10.
nous ne cessons de
marcher dans les bottes
dont nous avons
dépouillé les ancêtres.
bourreaux fils de bourreaux.
14.
la main maigre
écrit maigre
dépèce les mots
cherche
le squelette sous la voix.
16.
nommer nommer
une rose une rose
un vase vide
une table muette
un livre fermé.
22.
l’oiseau
en vol
chie sur nos têtes.
alors nous regardons
le ciel.
24.
il y eut même des violons,
orchestre d’âmes.
l’âme n’eut jamais
d’autre nom
musique, musique.
28.
que faire
du mot : enfance?
une bougie
un chandelier
une torche.
32.
dans l’encadrement
de la fenêtre, au loin
la haute cheminée
d’un four.
le pain des hommes.
33.
l’exercice quotidien.
tenir un vers
une strophe.
tenir un mot
dans un peu de soupe.
42.
folie de croire
que le pire
a eu lieu.
folie d’attendre
son retour.
50.
pas d’espoir, il ne s’agit
pas de cela. descendre
est aussi marcher.
la dignité est dans le pas.
la pensée n’est qu’un bâton.
54.
la faim bien sûr
et la soif
détruisent la langue.
les mains font le bol
où tombe la nuit.
57.
ceux qui ne m’ont
jamais embrassé
dans la nuit parfois
je dessine leurs lèvres.
absentes, absentes.
62.
qu’ai-je fait dans la cave?
me suis caché dans un tonneau.
qu’ai-je fait au grenier?
me suis noyé dans l’encrier.
lapin pendu, chapelet d’ails.
63.
le journal est sur la table.
chaque matin
la profanation côtoie
le bol, une tranche de pain.
fluctuations de la bourse.
98.
des étoiles
des croix des roues
le rouet de la haine.
l’urine cristallise
en plein midi.
106.
certains jours
il faisait si beau.
nous disions
il fait beau.
pour y croire.
108.
rien n’est grave.
rien, rien.
rien ne pèse.
un jour se lève.
un jour de moins.
114.
comment l’ombre
pouvait-elle
toucher l’ombre.
un sein d’ombre
un enfant d’ombre.
116.
qu’est-il devenu
celui qui collectionnait
pour son père rescapé
des bouts
de fil barbelé?
119.
une carpe dans la baignoire
odeur de vase trois jours
durant et changer l’eau.
les morceaux frétillent
sur la planche près du couteau.
127.
ombre, non
la fumée
âme, non
la fumée.
nulle métaphore.
136.
ils vont mourir
en épelant
les premiers mots
du livre.
enfants.
154.
paroles de chaque jour.
j’ai chaud j’ai froid
j’ai faim j’ai soif
j’ai sommeil j’ai peur.
et les paroles d’aucun jour.
266.
je n’écris pas.
des voix
déposent dans l’encre
la fumée de l’absence.
choeur.
267.
les morts réclament
l’accès à la parole.
ils sont là sur nos lèvres
un peu de salive
coule sur l’oreiller.
Impératif est une suite de 365 poèmes.
Les quarante premiers ont paru in Theodore Balmoral n°26/27,
dirigé par F-M. Deyrolle qui en a repris l’intégralité dans sa revue
L’Atelier contemporain n° 1.
Impératif sera édité cette année par les éditions Jacques Brémond
passion canavesio
moi, judas
chant I
dans un ciel d’hiver tremble
l’étoile de Judas
un visage est frappé
sous la doublure de la nuit
des hommes attablés
rêvent de longs couteaux
les commensaux rompent le pain
chacun
mâche le reniement
ils sont là les Treize
et deux plus seuls encore
partagent la faim brûlante
l’un est la face
l’autre le profil
monnaie des morts
Douze ont monnaie des morts
qui nimbe le visage
l’incendie brode
la tête du treizième
où sont les noms
les chandeliers et les servantes
dans le vin pâle
quatre flammes se noient
consonnes absentes
où sont les femmes qui les portent
où sont leurs mains
la farine et l’eau
le pain le vin l’agneau
nimbes et limbes
âmes errantes
l’homme au pied nu
trois sont les heures de la nuit
la face et l’endormi
le profil
trois sont amande ouverte
dont l’un l’amertume
ou bien ou bien
treize hommes sont entrés dans la ville
ont trouvé table mise
l’un d’eux a parlé
un seul est sans visage
l’homme au pied nu
un seul est sans visage
car n’est pas un visage
ce profil de Judas
dont les dents de la mort
mangent déjà les lèvres
un seul n’est plus qui nous ressemble
treize sont là
moins un homme
avers de la monnaie profil bas
un homme moins un
profil bas moins que rien
n’est pas n’est plus moins un
moins que rien ecce
homo
voici l’homme
qui n’est pas
un homme
couteau de Pierre
car n’est pas un visage ce nom
qui décline les noms de son peuple
ecce homo judeo
voici la table du procès
passion-Judas
bouche ouverte
quels mots sont descellés
le cercle des convives
est brisé
le cercle des hommes
est rompu
lui au bout du banc
est assis de travers
lui
est mis au ban
quel diable déchire
le symbole
quand ils viennent
les fidèles
quand ils viennent dans l’hiver de l’homme
les cierges à la main
dans la nef l’épouvante
les saisit
ils ne voient pas ce qu’ils savent déjà
ils ne voient que l’apôtre
qui n’est plus
l’apôtre
les mèches de cheveux dressées
l’enfer qui ouvre le crâne
la pensée-trahison qui prend feu
feu qui brûle le feu
l’auréole noire
quand ils viennent
les fidèles
ils ne voient pas ce qu’ils savent déjà
mais l’homme là
qui leur ressemble
le Juif en chacun d’eux
celui qui va
quitter la table
mille
quatre cent
quatre vingt
douze
sang et vin
inédit
à paraître éditions de l’Amourier 2010
en écoutant Philip Glass string quartet n° 5
1. Allez savoir pourquoi au bord des larmes je suis, savoir pourquoi cette simplicité de la ligne mélodique m’attrape et je ne sais où m’attrape allez savoir pourquoi je suis près de fondre en larmes comme un enfant après je ne sais plus quel premier chagrin quelle première douleur quelque chose toujours ici se brise malgré un je ne sais quoi de jubilation quelque chose entre saut à la corde et pendaison
2. relance dés jetés hâte ça va ça vient ça va ça vient ce mouvement fort und da fort und da primitive primitive like a nursery rime excès excès allez ça voir pourquoi savoir rien savoir ça bruisse bruisse et voluptueuse la tueuse voluptueuse va et vient primitive nursery rime primitive je ne sais écoute et tremble et pleure pleure pourquoi pourquoi pleure qui pleure
3. lente lente plainte lente lente plainte plainte lente douceur et plainte et pleure et je ne sais qui moi qui est moi écoutant cela ce lent mouvement de plainte ou je ne sais si plainte et cette ligne comme pourtant dérisoire des pompiers devant l’incendie qui mais qui dites-moi qui brûle sous les sons qui brûle derrière quelle douleur d’être qui et puis s’éteint lentement si long longuement
4. et cela comme flots de printemps cela jaillit avec éclats de cristal ou je ne sais quoi éclat brusquement je me perds j’entends je ne sais ce que j’entends sinon cette précipitation notes notes qui surgit entre les notes ou quoi plainte plainte encore
5. trop vite trop vite et cette insistance si vive à être entre les notes entre les silences déchirure et vl’a v’la cela va vl’al cela musique lancinante comme façon d’en finir avec le bâillon là enfoncé dans la bouche et cri oui cri contre bâillon enfoncé dans la nuit de la bouche j’ n’en peux plus je ne peux dire ni taire cela me hante et harcèle dire j’aime cette musique non ne s’agit pas de cela ne s’agit pas d’aimer la musique ne s’agit pas d’aimer
en écoutant Philip Glass string quartet n° 4
1. autre chose longue entame dans le temps et temps qui récidive temps qui appelle et répète et temps qui vague et vaque temps qui avance et lance relance et temps que je ne sais nommer je ne sais appeler de cris en cris de notes brisées pizzicati et notes non mais entendez-vous cela me vient cela m’emporte où je ne sais j’écris dans ce temps j’écris entre les notes à l’écart et je ne sais ce que j’écris je me perds je laisse venir notes après notes et quiconque viendrais entendre après moi entendre dirait ne dirait rien rien à dire laisser musique laisser musique avancer dans la tendresse pourquoi tendresse vient et violence
2. et encore encore se répète se répète se prolonge façon de ne pas finir de ne pas en finir please une ligne encore please une mélodie une lamentation ou presque lamento douceur d’un lamento vous entendez cela ce qui n’est pas écrit vous entendez sous ce qui n’est pas écrit
3. comme une scie musicale ce serait presque un cliché un sirupeux commentaire d’une scène voluptueuse ou presque vous entendez c’est je ne sais ce que c’est vous entendez la musique quand l’image se tait la musique quand le baiser s’estompe dans
4. la lumière c’est un peu ridicule je vous l’accorde désaccorde mais c’est ou autre chose lentissimo long baiser d’écran ou autre chose sur une image sonore n’importe quelle chute pourrait ou rien allez allez cliché cliché et pourtant
en écoutant Philip Glass string quartet n° 2
1.
2. hurler lentement hurler à voix basse hurler comme s’il fallait en finir et que rien ne pouvait advenir qu’en finir rien sinon pire encore dissoudre dissoudre toute possibilité même d’en finir
3. l’à quoi bon de toute parole l’aqua où toute parole quoi qu’il en soit finit par se dissoudre et rien de triste à cela seulement cela à quoi bon même dissoudre
4. et cela reprend reprend reprend et gémit ce pourrait être je ne sais quel os au travers de la gorge ou jene sais quel os qui se plante dans la pupille et quelque chose dit quelque chose commence recommence à n’en pas finir de finir et rien cela pleure sans quiconque cela pleure cela vivre à quoi bon cela cap je ne dis pas cap vers quoi que quoi
en écoutant Philip Glass string quartet n° 3
1. je ne sais je
2. ni qui se tue ni qui
3. ni rien de ce qui
4. quoi ne commence
5. quoi ne commence pas ni ne s’achève ni qui ne se tue d’épuisement ni quand ni quelle histoire à laquelle je ne peux ni meurtre ni meurtre ni fin de qui ni commencement de qui ni lumière ni ténèbre non plus ni quoi ni que ni silence
6. je peux toujours écrire ce nom là mishima je peux mais je ne sais nô je ne sais quel terme
inédits