BIOBIBLIOGRAPHIE
Née en Ardèche,Mireille Fargier Caruso enseigne la philosophie plusieurs années puis devient bibliothécaire en banlieue parisienne.Collabore à de nombreuses revues et anthologies,écrit une vingtaine de recueils .Elle participe à diverses lectures publiques et festivals , travaille avec des artistes peintres .Traduite en anglais, allemand, grec.
Dans « Même la nuit persiennes ouvertes » , elle écrit : « Nous sommes ces rêves qui défient l'usure des corps . » , « nous sommes cet absurde désir de durer » alors que « manque de toute sa chair un monde qui serait le nôtre » .
A propos de sa poésie Jean-Marie Barnaud écrit : « ce souffle qui ne cesse de tenir sa note juste,qui ne cède jamais à la tentation de briller,qui réussit à dire, dans la simplicité et dans la fermeté,le passage du temps ,et la déchirure qui s'augmente de jour en jour entre les choses,les êtres et nous-mêmes. Ecoutez cette parole qui « dit plus loin que nous »
Dans une présentation ,Florence Trocmé parle de « la force de l'ambivalence » dans « ses textes qui questionnent le monde ». Elle note : « ..l'abstrait et le concret sont tressés en permanence l'un avec l'autre, le vocabulaire nomme et pense dans le même mouvement .. la tension, au sein même de l'évocation , du bonheur et du deuil.. A peine dit, mais sous-jacent, ce sentiment de perte qui est comme la musique de fond de cet univers : « rien n'allège l'inaccompli » on peut se demander si ce n'est pas la raison d'être de son écriture et sa visée profonde , sinon accomplir ,mais au moins alléger le sentiment de l'inaccompli.. .que le poème soit « une entaille dans la trame du temps ».
Recueils parus :
« Couleur coquelicot » éditions Pré carré, 2016
« Un lent dépaysage » éditions Bruno Doucey , 2015
« Un peu de jour aux lèvres » éditions Paupières de terre, 2010
« Ces gestes en écho » Paupières de terre, Prix Aliénor 2006
« Silence à vif » Paupières de terre ,2004,réedition 2006
« Dimanche je vous aime » Pré carré ,2001
« Même la nuit persiennes ouvertes » éditions Le Dé Bleu, 1998
« Lettre à L. » ,Prix Froissart,1993
« Blues-notes » Le Pré de l'âge ,1992
« Heures d'été ou l'envers de l'ombre » , Arclettres édtions, 1991
« Séquences au loin » ,Prix Poésimage,1991
« Contre-ciel »,Le Pré de l'âge ,1990
« Visage à édifier » ,Le pont de l'épée ,Chambelland,1988
« Limites » Le pont de l'épée , Chambelland,1984
« Entre les points et la parole »,Le Cherche Midi,1981 .
Livres d'artistes :
« l'essouflement des fleurs » poème manuscrit avec des illustrations de Sarah Wiame,
éditions Céphéides,2011
« Ce serait un dédale » livre-ardoise paru chez Transignum , 2011
« Le don des arbres » éditions Céphéides 2007, avec des peintures de Sarah Wiame
« Au bord des routes » poème manuscrit avec des aquarelles de Sarah Wiame , Céphéides,2006
« De l'horizon » Paupières de terre ,2005
« Rendez-vous Septembre » Transignum,2004, avec des collages de Christos Makridakis ,
édition bilingue français-grec
« Liberté » poème manuscrit ,calligraphié et traduit en chinois par Camille Louvier ,avec des
aquarelles de Vla.Alexandre Micodin, éditions Transignum,2004
« Revers des voix » avec des aquarelles et encres originales de Chan Ky-Yut, Lyric éditions Canada, 2001
« La lumière ébruitée » Céphéides ,2001, avec des dessins et collages de Sarah Wiame
« Quelques gouttes de soleil et après », Céphéides,2000 ,avec des encres et collages de S.Wiame
Ouvrages collectifs et anthologies :
« 15 éme voix de la Méditerranée » ,Festival de Lodève ,2012
« Pas d'ici ,pas d'ailleurs » anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines,
éditions Voix d'encre, 2012
« Enfances » regards de poètes,éditions Bruno Doucey,2012
« anthologie poétique , poètes contemporaines » ,Terres de femmes ,2012
« Nous, la multitude »,editions le temps des cerises,2011
« Femmes prétextes »avec Juliette Darle , Danièle Corre et peintures de S.Wiame, Céphéides,2010
« Les riverains du feu » anthologie du nouvel Athanor ( C Dauphin)2009
« Anthologie des poètes de l'année » éditions Seghers ,2007
« Anthologie des poètes des parvis poètiques » La Passe du vent ,Marc Delouze ,2007
« Carnavalesques anthologie des poètes francophones » éditions Aspect , 2006
« 111 poètes contemporains en Rhône -Alpes , Maison de la Poésie de Rhône-Alpes ,éditions le Temps des Cerises ,2005
« Sept écrits de femmes » éditions Cidèle ,2003
« Ce que disent les mots » anthologie de 30 auteurs du Dé Bleu choisis par Pierre Maubé ,éditions Eclats d'encre, 2004
« Passages » Scottish Poetry Library ,Edinburgh,français-anglais,2003
« Lignes de métro » éditions l'Hexagone, VLB Québec, 2002
« La Fête de la vie « anthologie de poètes français contemporains , éditions En Forêt ,Verlag Im
Wald, Rimbach , édition français-allemand ,2001
« Des peintres et des poètes » éditions Poésie-Rencontres ,2001
« Etres femmes » éditions Les Ecrits des Forges , Québec , et Le Temps des cerises,1999
C D : Poèmes mis en musique par Gérard Pitiot : CD « féminins poèmes » ,2010
Dans « Même la nuit persiennes ouvertes » , elle écrit : « Nous sommes ces rêves qui défient l'usure des corps . » , « nous sommes cet absurde désir de durer » alors que « manque de toute sa chair un monde qui serait le nôtre » .
A propos de sa poésie Jean-Marie Barnaud écrit : « ce souffle qui ne cesse de tenir sa note juste,qui ne cède jamais à la tentation de briller,qui réussit à dire, dans la simplicité et dans la fermeté,le passage du temps ,et la déchirure qui s'augmente de jour en jour entre les choses,les êtres et nous-mêmes. Ecoutez cette parole qui « dit plus loin que nous »
Dans une présentation ,Florence Trocmé parle de « la force de l'ambivalence » dans « ses textes qui questionnent le monde ». Elle note : « ..l'abstrait et le concret sont tressés en permanence l'un avec l'autre, le vocabulaire nomme et pense dans le même mouvement .. la tension, au sein même de l'évocation , du bonheur et du deuil.. A peine dit, mais sous-jacent, ce sentiment de perte qui est comme la musique de fond de cet univers : « rien n'allège l'inaccompli » on peut se demander si ce n'est pas la raison d'être de son écriture et sa visée profonde , sinon accomplir ,mais au moins alléger le sentiment de l'inaccompli.. .que le poème soit « une entaille dans la trame du temps ».
Recueils parus :
« Couleur coquelicot » éditions Pré carré, 2016
« Un lent dépaysage » éditions Bruno Doucey , 2015
« Un peu de jour aux lèvres » éditions Paupières de terre, 2010
« Ces gestes en écho » Paupières de terre, Prix Aliénor 2006
« Silence à vif » Paupières de terre ,2004,réedition 2006
« Dimanche je vous aime » Pré carré ,2001
« Même la nuit persiennes ouvertes » éditions Le Dé Bleu, 1998
« Lettre à L. » ,Prix Froissart,1993
« Blues-notes » Le Pré de l'âge ,1992
« Heures d'été ou l'envers de l'ombre » , Arclettres édtions, 1991
« Séquences au loin » ,Prix Poésimage,1991
« Contre-ciel »,Le Pré de l'âge ,1990
« Visage à édifier » ,Le pont de l'épée ,Chambelland,1988
« Limites » Le pont de l'épée , Chambelland,1984
« Entre les points et la parole »,Le Cherche Midi,1981 .
Livres d'artistes :
« l'essouflement des fleurs » poème manuscrit avec des illustrations de Sarah Wiame,
éditions Céphéides,2011
« Ce serait un dédale » livre-ardoise paru chez Transignum , 2011
« Le don des arbres » éditions Céphéides 2007, avec des peintures de Sarah Wiame
« Au bord des routes » poème manuscrit avec des aquarelles de Sarah Wiame , Céphéides,2006
« De l'horizon » Paupières de terre ,2005
« Rendez-vous Septembre » Transignum,2004, avec des collages de Christos Makridakis ,
édition bilingue français-grec
« Liberté » poème manuscrit ,calligraphié et traduit en chinois par Camille Louvier ,avec des
aquarelles de Vla.Alexandre Micodin, éditions Transignum,2004
« Revers des voix » avec des aquarelles et encres originales de Chan Ky-Yut, Lyric éditions Canada, 2001
« La lumière ébruitée » Céphéides ,2001, avec des dessins et collages de Sarah Wiame
« Quelques gouttes de soleil et après », Céphéides,2000 ,avec des encres et collages de S.Wiame
Ouvrages collectifs et anthologies :
« 15 éme voix de la Méditerranée » ,Festival de Lodève ,2012
« Pas d'ici ,pas d'ailleurs » anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines,
éditions Voix d'encre, 2012
« Enfances » regards de poètes,éditions Bruno Doucey,2012
« anthologie poétique , poètes contemporaines » ,Terres de femmes ,2012
« Nous, la multitude »,editions le temps des cerises,2011
« Femmes prétextes »avec Juliette Darle , Danièle Corre et peintures de S.Wiame, Céphéides,2010
« Les riverains du feu » anthologie du nouvel Athanor ( C Dauphin)2009
« Anthologie des poètes de l'année » éditions Seghers ,2007
« Anthologie des poètes des parvis poètiques » La Passe du vent ,Marc Delouze ,2007
« Carnavalesques anthologie des poètes francophones » éditions Aspect , 2006
« 111 poètes contemporains en Rhône -Alpes , Maison de la Poésie de Rhône-Alpes ,éditions le Temps des Cerises ,2005
« Sept écrits de femmes » éditions Cidèle ,2003
« Ce que disent les mots » anthologie de 30 auteurs du Dé Bleu choisis par Pierre Maubé ,éditions Eclats d'encre, 2004
« Passages » Scottish Poetry Library ,Edinburgh,français-anglais,2003
« Lignes de métro » éditions l'Hexagone, VLB Québec, 2002
« La Fête de la vie « anthologie de poètes français contemporains , éditions En Forêt ,Verlag Im
Wald, Rimbach , édition français-allemand ,2001
« Des peintres et des poètes » éditions Poésie-Rencontres ,2001
« Etres femmes » éditions Les Ecrits des Forges , Québec , et Le Temps des cerises,1999
C D : Poèmes mis en musique par Gérard Pitiot : CD « féminins poèmes » ,2010
EXTRAITS
Le bruit du monde tout ce bruit
une déchirure profonde dans les signes
de pauvres mots décolorés sur des écrans géants
pressent le cœur le ciel la tête trouent l'opacité du dedans
où étions- nous tandis que des sons cannibales rongeaient la parole
où étions-nous toutes ces heures vaines ces journées écrasées
sous les rails ces années englouties sous le morcellement du monde
planète confisquée avec le temps
ensevelis sous les choses immobiles portes fermées espoir
en loque au fond des poches attendant un soubresaut du dehors ...
..quel sommeil au-dedans quel abandon de nous dans cet assentiment
nous restions arrêtés si loin de l'extrême guettant une clarté
venue de quel côté ?
( Un peu de jour aux lèvres )
________________________
Qui parle
dans nos corps ?
Qui creuse
sans aucun bruit
Qui officie
dans notre dos ?
Qui décide
de la beauté
de son effondrement ?
(Silence à vif)
____________________________
Tous les villages les préaux vides
les graffiti sans nom
toutes les maisons pour toujours fermées
l'inachevé des paroles
les ballons perdus
tout là-haut les corbeaux
les blessures où germe la foudre
tu vas les cils baissés
(Silence à vif)
___________________
De sa main lentement
il effeuille le silence
il caresse son corps
lui donne sa parole
ainsi naît l'inoubliable
ça ressemble à l'origine
c'est plein de rayonnement
une rencontre une préférence
il était une fois
trouver dans le partage
ce dont on ignorait avoir besoin
Il lui offre ce qu'il y a de plus haut
cet amour
quand l'un pour l'autre
on devient nécessaire
Et lui permet ainsi de croire
Que vivre peut être facile
( Un lent dépaysage )
_______________________
Nos demeures s'attardent en nous
longtemps après notre départ
leur odeur la couleur des murs
le réconfort des lampes
jusqu'à leur manière singulière
d'accueillir les voix
qui montaient de la cour
elles gardent l'écho des cœurs
(Quelques gouttes de soleil et après)
_____________________
Des brins de paille dans les cheveux
nos cris et ceux des hirondelles
frôlant les champs de lavande
dans la lourdeur de l'air
tant de chaleur tant de secrets
les cachettes du buis
le froid de l'arrosoir sur les lèvres
et les grelots des chèvres le soir
à la même heure sur les mêmes chemins
on serre contre soi
ces images sans serrure
comme on vole
une fleur sur un talus
(Quelques gouttes de soleil et après )
___________________
N'ont pas hurlé
à l'imposture
n'ont pas dit non
se sont protégés
dans les écailles du silence
leur fuite justifiée
par l 'épaisseur des choses
Mais n'ont pu endiguer
cette soif de forcer le passage
qu'ont toujours eue
ceux qui sont sur le bas-côté
quelle force emprisonne ?
(Ces gestes en écho )
_______________________
Ce qui cède en nous quelquefois
ces brèches au bonheur
par à-coups
qui nous étonnent
peut-être l'immensité ?
(Même la nuit persiennes ouvertes )
_______________________
A cloche-pied l'enfant avance
un manteau trop grand sur l'épaule
fatiguée sans savoir qu'elle porte
ce qui ne lui appartient pas
avec ses semelles de plomb
elle ne peut grandir plus vite
elle voudrait tant ressembler à
dans ses rêves
elle incendie le seuil
(Un lent dépaysage)
________________________
Pas facile alors
de vivre
avec la crainte de
ne pas être à la hauteur
elle ne savait même pas de quoi
( Un lent dépaysage)
_______________________
Sous les branches du figuier
s'aimer sans hâte
nudité célébrée
un goût de raisin noir dans la bouche
lèvres accordées effacent le précaire
flammes gravées en soi comme les initiales
enlacées sur le tronc de l'arbre
fragile rempart pour vivre
sans terreur l'innommable
(Un lent dépaysage )
________________________
Dites encore ce qui vous hante vos révoltes rouges au fond des larmes
l'insolence têtue de la vie qu'on ne veut pas entendre
vos insomnies lentes vos chansons désertées sur la peau
rêves figés bas les masques cultivez vos rages
ne vous couchez jamais devant les portes dites encore
qu'on ne peut à la longue cracher en vain sur vos matins
déshabiller l'espoir briser les nuques la parole dites très fort
que déjà l'aube se mêle à la nuit arrachez les yeux du malheur sauvage
à force de crier au loup du bois sortira le mensonge à bout portant...
Dites surtout que c'est étrange d'aimer d'amour encore malgré tout ça
d'aimer chez l'autre ce qui danse hors de notre portée cet au-delà
du geste du regard qui nous échappe
(Un peu de jour aux lèvres)
_______________________
Elle donne naissance
s'impose la séparation
couper le lien
pour qu'un autre librement
vienne au monde
naître et mourir
contenus dans le geste
désormais
ce lien l'accompagne
il fonde le désir d'union
celui d'éternel retour
amour et sang mêlés
(Un lent dépaysage)
________________________
Encore faudrait- il
ouvrir les yeux
pour voir
tapie derrière la vie
l'ombre portée de la mort
remettre les choses
à l'endroit
solitudes
solidaires
ce qu'on appelle
destin
(Un lent dépaysage)
Mais les vibrations de la voix
les gestes à perte de vue
cet au-delà au plus profond
ce manque absolu qui taraude ?
Voué à l'éphémère on rêve de définitif
Au bout du compte qu'a-t-on choisi ?
(Un lent dépaysage)
_________________________
Une presqu'île un Sud
où la peau prendrait source
traversée d'une soif inépuisable
lent voyage
où le corps épouse la terre
ses élans ses mouches ses promesses
tous les contes des hommes pour frontières
sans date ni épave
une accalmie une chanson d'enfance
au-delà des pourquoi des troubles
on resterait de ce côté
dans l'évidence
(Même la nuit persiennes ouvertes)
___________________________
.
.
une déchirure profonde dans les signes
de pauvres mots décolorés sur des écrans géants
pressent le cœur le ciel la tête trouent l'opacité du dedans
où étions- nous tandis que des sons cannibales rongeaient la parole
où étions-nous toutes ces heures vaines ces journées écrasées
sous les rails ces années englouties sous le morcellement du monde
planète confisquée avec le temps
ensevelis sous les choses immobiles portes fermées espoir
en loque au fond des poches attendant un soubresaut du dehors ...
..quel sommeil au-dedans quel abandon de nous dans cet assentiment
nous restions arrêtés si loin de l'extrême guettant une clarté
venue de quel côté ?
( Un peu de jour aux lèvres )
________________________
Qui parle
dans nos corps ?
Qui creuse
sans aucun bruit
Qui officie
dans notre dos ?
Qui décide
de la beauté
de son effondrement ?
(Silence à vif)
____________________________
Tous les villages les préaux vides
les graffiti sans nom
toutes les maisons pour toujours fermées
l'inachevé des paroles
les ballons perdus
tout là-haut les corbeaux
les blessures où germe la foudre
tu vas les cils baissés
(Silence à vif)
___________________
De sa main lentement
il effeuille le silence
il caresse son corps
lui donne sa parole
ainsi naît l'inoubliable
ça ressemble à l'origine
c'est plein de rayonnement
une rencontre une préférence
il était une fois
trouver dans le partage
ce dont on ignorait avoir besoin
Il lui offre ce qu'il y a de plus haut
cet amour
quand l'un pour l'autre
on devient nécessaire
Et lui permet ainsi de croire
Que vivre peut être facile
( Un lent dépaysage )
_______________________
Nos demeures s'attardent en nous
longtemps après notre départ
leur odeur la couleur des murs
le réconfort des lampes
jusqu'à leur manière singulière
d'accueillir les voix
qui montaient de la cour
elles gardent l'écho des cœurs
(Quelques gouttes de soleil et après)
_____________________
Des brins de paille dans les cheveux
nos cris et ceux des hirondelles
frôlant les champs de lavande
dans la lourdeur de l'air
tant de chaleur tant de secrets
les cachettes du buis
le froid de l'arrosoir sur les lèvres
et les grelots des chèvres le soir
à la même heure sur les mêmes chemins
on serre contre soi
ces images sans serrure
comme on vole
une fleur sur un talus
(Quelques gouttes de soleil et après )
___________________
N'ont pas hurlé
à l'imposture
n'ont pas dit non
se sont protégés
dans les écailles du silence
leur fuite justifiée
par l 'épaisseur des choses
Mais n'ont pu endiguer
cette soif de forcer le passage
qu'ont toujours eue
ceux qui sont sur le bas-côté
quelle force emprisonne ?
(Ces gestes en écho )
_______________________
Ce qui cède en nous quelquefois
ces brèches au bonheur
par à-coups
qui nous étonnent
peut-être l'immensité ?
(Même la nuit persiennes ouvertes )
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A cloche-pied l'enfant avance
un manteau trop grand sur l'épaule
fatiguée sans savoir qu'elle porte
ce qui ne lui appartient pas
avec ses semelles de plomb
elle ne peut grandir plus vite
elle voudrait tant ressembler à
dans ses rêves
elle incendie le seuil
(Un lent dépaysage)
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Pas facile alors
de vivre
avec la crainte de
ne pas être à la hauteur
elle ne savait même pas de quoi
( Un lent dépaysage)
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Sous les branches du figuier
s'aimer sans hâte
nudité célébrée
un goût de raisin noir dans la bouche
lèvres accordées effacent le précaire
flammes gravées en soi comme les initiales
enlacées sur le tronc de l'arbre
fragile rempart pour vivre
sans terreur l'innommable
(Un lent dépaysage )
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Dites encore ce qui vous hante vos révoltes rouges au fond des larmes
l'insolence têtue de la vie qu'on ne veut pas entendre
vos insomnies lentes vos chansons désertées sur la peau
rêves figés bas les masques cultivez vos rages
ne vous couchez jamais devant les portes dites encore
qu'on ne peut à la longue cracher en vain sur vos matins
déshabiller l'espoir briser les nuques la parole dites très fort
que déjà l'aube se mêle à la nuit arrachez les yeux du malheur sauvage
à force de crier au loup du bois sortira le mensonge à bout portant...
Dites surtout que c'est étrange d'aimer d'amour encore malgré tout ça
d'aimer chez l'autre ce qui danse hors de notre portée cet au-delà
du geste du regard qui nous échappe
(Un peu de jour aux lèvres)
_______________________
Elle donne naissance
s'impose la séparation
couper le lien
pour qu'un autre librement
vienne au monde
naître et mourir
contenus dans le geste
désormais
ce lien l'accompagne
il fonde le désir d'union
celui d'éternel retour
amour et sang mêlés
(Un lent dépaysage)
________________________
Encore faudrait- il
ouvrir les yeux
pour voir
tapie derrière la vie
l'ombre portée de la mort
remettre les choses
à l'endroit
solitudes
solidaires
ce qu'on appelle
destin
(Un lent dépaysage)
Mais les vibrations de la voix
les gestes à perte de vue
cet au-delà au plus profond
ce manque absolu qui taraude ?
Voué à l'éphémère on rêve de définitif
Au bout du compte qu'a-t-on choisi ?
(Un lent dépaysage)
_________________________
Une presqu'île un Sud
où la peau prendrait source
traversée d'une soif inépuisable
lent voyage
où le corps épouse la terre
ses élans ses mouches ses promesses
tous les contes des hommes pour frontières
sans date ni épave
une accalmie une chanson d'enfance
au-delà des pourquoi des troubles
on resterait de ce côté
dans l'évidence
(Même la nuit persiennes ouvertes)
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