Mounira Chatti est Tunisienne. A dix-huit ans, elle quitte son pays natal pour suivre des études supérieures à l’Université de Provence où elle obtient un doctorat en littérature comparée. De 1998 à 2001, elle enseigne à l’Université de Nice. Depuis 2002, elle est maître de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie.
DERNIERE PARUTION
Sous les pas des mères, Paris, Editions de l’Amandier, 2009, 460p.
ECRITURE LITTERAIRE
Sous les pas des mères, Paris, Editions de l’Amandier , 2009, 460 p.
Les rumeurs de Ksour (Prix d’excellence du concours de nouvelles 1997 du Forum Femmes Méditerranée – UNESCO), in : Forum Femmes Méditerranée. Recueil de nouvelles, Marseille, 1998, pp.13-20.
Profession : téléprospectrice , in : Précarisation du travail et lien social, F. Abécassis et P. Roche (dir.), Paris, L’Harmattan, 2001, pp.147-155.
OUVRAGES
Pouvoirs et politiques en Océanie, M. Chatti, N. Clinchamps, S. Vigier (dir.), actes du 19ème colloque CORAIL, Paris, L’Harmattan, collection « Portes Océanes », décembre 2007, 372 p.
L’écriture de la déportation et de la Shoah ou la double impossibilité : entre le silence et le dire, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1999, 415 p.
ARTICLES
« Migritude et hybride : une identité autre, une identité impossible », in : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris X - Nanterre : http://www.revue-silene.com, 2008 (13 p.).
« L’effet de témoignage : l’ère du soupçon », in : Revue Silène, Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris X - Nanterre : http://www.revue-silene.com, 2008 (20 p.).
« Mythe, histoire et mémoire », in : Libres horizons, hommage à Arlette et Roger Chemain, textes réunis par Micéala Symington et Béatrice Bonhomme, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 383-387.
« Pour une littérature mineure. À propos de la littérature aborigène d’Australie », in : Pouvoirs et politiques en Océanie, M. Chatti, N. Clinchamps, S. Vigier (dir.), actes du 19ème colloque CORAIL, Paris, L’Harmattan, 2007.
« D’elle à je : une trajectoire identitaire et poétique », in : Femmes et écriture de la transgression, dir. H. Gafaiti et A. Crouzières, Paris, L’Harmattan, 2006.
« Le témoignage rwandais en représentations : de la parole à l’écriture », in : Dix ans après : réflexions sur le génocide rwandais, dir. de B. Gallimore et C. Kalisa, L’Harmattan, 2005, pp. 161-188.
« Fictions identitaires polynésiennes », in : Stéréotypes et représentations, dir. de V. Fillol et J. Vernaudon, Nouméa, CORAIL, 2005, pp. 215-231.
« Quel statut pour la fiction (arabe) ? », in : Littératures d’émergence et mondialisation, dir. de S. Faessel et M. Pérez, Paris, In Press Éditions, 2004, p. 283-297.
« Culture et politique dans Kanaké : le schisme ? », in : Littératures du Pacifique. Voix francophones contemporaines, dir. de S. André et A. Marchetti, Panozzo Editore, 2004, pp. 81-95.
« Récit de métamorphose. Le point de vue kanak », in : IRIS : Le fantastique francophone, Les Cahiers du Gerf, université de Grenoble 3, numéro 26, Hiver-été 2004, pp. 39-53.
« Des Tahitiens, des Français, leurs représentations réciproques aujourd’hui », in : La Nouvelle-Calédonie. Terre de métissages, F. Angleviel (dir.), Paris, Les Indes Savantes, 2004, p. 245-246.
« La nouveauté de l’ancien selon Mahmoud Messâdi », in : CELAAN, revue du centre d’études des littératures et des arts d’Afrique du Nord, Skidmore College, New York, 2003, p. 133-148.
« L’envers de l’Algérie ou l’exil intérieur », in : Rachid Boudjedra : une poétique de la subversion, tome 2, dir. de H. Gafaïti, Paris, L’Harmattan, 2001, pp. 237-249.
« Le palimpseste ou une poétique de l’absence-présence », in : La Shoah: témoignages, savoirs, œuvres, dir. de C. Mouchard et A. Wieviorka, CERCIL/Presses de Vincennes, 1999, pp. 297-312.
REVUE DE PRESSE
LES LETTRES FRANÇAISES NOUVELLES DU MAGHREB
L’homme qui descend des montagnes,
d’Abdelhak Serhane. Le Seuil. 260 pages, 18,50 euros.
Sous les pas des mères,
de Mounira Chatti. Éditions de l’Amandier. 458 pages, 20 euros.
Ainsi c’était donc cela que l’on pressentait au fil des 240 pages de L’homme qui descend des montagnes, du romancier marocain Abdelhak Serhane, réparties en 24 chapitres ou séquences. 240 pages d’un récit rageur, captivant pour dénoncer l’incurie, pour employer un mot relativement doux, des gouvernants du pays, puis celle de sa famille vivant dans la misère au coeur d’un petit village de montagne du Haut-Atlas. 240 pages pour raconter l’enfance désastreuse du narrateur, perdu entre un père tyrannique au-delà de toute mesure, guidé par son seul plaisir sexuel et s’en remettant aux bienfaits d’Allah, une mère réduite à l’état de machine à reproduction, corps détruit à l’âge où les jeunes femmes commencent à peine à s’établir dans la vie. Une esclave n’existant que comme réceptacle de la semence du maître, mais louant dieu, elle aussi, par-dessus tout, incapable de défendre son enfant, préférant de loin son premier fils, un être désagréable, ne pensant qu’à martyriser son frère… Le tableau est terrifiant, narré de manière crue, bourré d’anecdotes toutes plus parlantes les unes que les autres.
C’était donc cela… le livre s’achève sur quarante pages à la gloire de la mère du narrateur, une femme, ou plutôt « un corps pris en otage », comme il est dit au commencement de ce dernier chapitre, qui se termine sur cet aveu : « Au-delà de tout, c’est mon attachement, ma gratitude et mon affection que je lui témoigne dans ce livre… » Renversement étonnant ? Pas tout à fait, je l’ai dit. Le lecteur n’a qu’à se remémorer ce qu’il vient de lire à la lueur (c’en est une, et pratiquement la seule de l’ouvrage) de cette révélation. Pour le reste, ce n’est que rage et dénonciation placée sous l’exergue - on comprend aisément pourquoi - de Mohammed Khaïr-Eddine, poète marocain de talent trop tôt disparu.
Très curieusement - mais est-ce si curieux que cela ? - le premier roman d’une jeune femme, tunisienne elle, suit la même paradoxale trajectoire pour aboutir à un résultat diamétralement opposé à celui d’Abdelhak Serhane. Entre-temps, le constat sur la situation sociale et politique du pays dans lequel vit Mounira Chatti aura été impitoyable, plus féroce encore. Pourtant tout débute comme dans un conte des Mille et Une Nuits, entre folklore et images convenues, du moins dans notre imaginaire occidental. Pourtant, petit à petit, de manière presque subreptice, le trait de Mounira Chatti se fait plus précis, plus incisif aussi. Et nous voilà renvoyés à ce qu’annonce clairement le titre de son ouvrage : Sous les pas des mères. Peinture terrifiante, à la fois drôle et horrible, du pouvoir des femmes dans la société tunisienne. Alors qu’en contrepoint les portraits des hommes, et particulièrement du père de la narratrice, dans leurs dérisoires affaires, entre violence - exercée contre des membres de la famille - que la tradition autorise et même appelle, et combines claniques, pourraient sombrer dans le ridicule s’ils ne cachaient pas une vraie tragédie. C’est vers ce père, agriculteur, qui a fini, en usurpant l’identité de son frère mort, par faire des études et devenir instituteur, que va toute la tendresse de la narratrice dont on soupçonne qu’elle a maints traits de l’auteur. Un homme qui, entre deux crises de violence, avec ses petites habitudes ritualisées, fait en effet preuve d’une rectitude, d’une détermination et d’un courage qui le mèneront vers la mort : serait-ce la seule issue pour les hommes de sa trempe dans ce pays en proie à la montée de l’intégrisme (décrite sans concession et avec une belle précision) ? La matière romanesque de Mounira Chatti est d’une extrême richesse : l’histoire de sa très nombreuse famille perdue dans un douar, en butte à une lutte clanique d’un ancien temps, est d’une grande force, car elle parvient à mêler l’intime et l’universel (c’est bien aussi l’histoire du pays qui est décrite) dans une sorte de grande saga à vous couper le souffle. Superbe roman qui joue d’un étonnant retournement de situation : alors que les femmes « interprètent les recluses et les soumises », qu’il est admis que « la femme est un être inférieur et (que) personne ne proteste ! La femme est battue et personne ne proteste ! (…) Qu’est-ce donc que cette civilisation édifiée sur la misogynie et la violence ? », ce sont elles qui, en fin de compte, tirent toutes les ficelles, comme le montre la transformation de la mère de la narratrice, Nejma, après la mort de son mari. Étonnant et terrifiant matriarcat…
Jean-Pierre Han
LITTERATURE : PREMIER ROMAN
« SOUS LES PAS DES MERES » DE MOUNIRA CHATTI
par Fanny Tell, vendredi 13 mars 2009
La condition féminine est au cœur du premier roman de Mounira Chatti que les Éditions L’Amandier présentent à l’occasion du Salon du Livre de Paris. Une écriture subversive, magnifiquement poétique, promise à concourir au Fémina
Quelque part dans un village au cœur du Maghreb, deux clans s’affrontent. Avec le souffle épique des grands récits mythologiques, « Sous les pas des mères » donne la parole à une multitude de personnages qui livrent des bribes de l’histoire de la famille.
Il y a d’abord la figure fantomatique de Yagouta, l’aïeule sacrifiée le soir de ses noces, coupable de ne pas avoir saigné. Amina, la tante sans fils et sans foyer. Zina l’intouchable « matrice des mâles ». Khawla, l’ogresse, mangeuse d’hommes et d’enfants. Mélia, l’étudiante exilée en France. Béchir, son père, l’instituteur épris de justice et tyran domestique. Nejma, sa femme, illettrée, victime et bourreau à la fois. Tariq, le frère schizophrène. Wassila, la vierge folle… Et bien sûr, l’ombre tutélaire et terrorisante des patriarches.
Tous ces personnages sont loufoques, pathétiques, ambivalents et attachants ; tous à des degrés divers sous la triple houlette d’Allah, de l’Hyper-Président, et des « Djiins » (esprits).
Choral, hybride, jouant avec les temps, cassant linéarité et chronologie, ce roman tient de l’archéologie, du palimpseste. Emergent la mémoire des paroles censurées, la trace des souvenirs honteux.
Bousculant les tabous ( sexualité, laïcité, antisémitisme, maladie mentale), ce roman à l’écriture poétique a pour thème central la condition des femmes , sorte de baromètre mesurant l’état de santé et de développement social du monde arabo-musulman contemporain. Si elle dénonce l’obscurantisme et la bêtise, l’auteure par la voix porteuse d’espoir de Mélia, s’attache à mettre en exergue la beauté magique et la richesse de la culture du Maghreb. Une culture métisse, complexe, où le berbère se mêle au français et à l’arabe. Celle où l’islam non soumis à une lecture figée des textes sacrés est une « exigence de savoir, d’intelligence et de progrès ».
Avec la force des tragédies grecques, « Sous les pas des mères » propose plusieurs niveaux de lecture où Kafka fait écho à Bettelheim, Freud, Kateb Yacine, aux « Mille et une nuits » ou encore à la métaphore du rizhome chère à Deleuze et Guattari.
Aussi, Henri Citrinot, (Éditions L’Amandier) ne s’y est pas trompé lorsqu’il parle d’un « véritable choc littéraire » lors de la découverte de ce premier opus. L’éditeur a tant de foi dans ce livre qu’il projette de le présenter au Fémina. Gageons qu’il sera l’étoile qui fera rayonner la brillante Mounira ( textuellement la lumineuse en Arabe) Chatti.
L’auteure. Mounira Chatti est tunisienne. Bac en poche, elle est venue étudier à Aix-en-Provence où elle a obtenu un doctorat en littérature comparée. Elle se distingue dès lors par le thème de sa thèse : « L’écriture de la déportation et de la Shoah ou la double impossibilité : entre le silence et le dire ». Maître de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, elle a mené de nombreux travaux sur les littératures post-coloniales (arabe, océanienne, africaine…).
Lire aussi l’interwiew de l’auteure.
Cf aussi
Brigitte Aubonnet: encres-vagabondes.com
Jean-Yves Faberon, Ombres et lumière de Tunisie: ecriture-et-societe.com
DERNIERE PARUTION
Sous les pas des mères, Paris, Editions de l’Amandier, 2009, 460p.
ECRITURE LITTERAIRE
Sous les pas des mères, Paris, Editions de l’Amandier , 2009, 460 p.
Les rumeurs de Ksour (Prix d’excellence du concours de nouvelles 1997 du Forum Femmes Méditerranée – UNESCO), in : Forum Femmes Méditerranée. Recueil de nouvelles, Marseille, 1998, pp.13-20.
Profession : téléprospectrice , in : Précarisation du travail et lien social, F. Abécassis et P. Roche (dir.), Paris, L’Harmattan, 2001, pp.147-155.
OUVRAGES
Pouvoirs et politiques en Océanie, M. Chatti, N. Clinchamps, S. Vigier (dir.), actes du 19ème colloque CORAIL, Paris, L’Harmattan, collection « Portes Océanes », décembre 2007, 372 p.
L’écriture de la déportation et de la Shoah ou la double impossibilité : entre le silence et le dire, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1999, 415 p.
ARTICLES
« Migritude et hybride : une identité autre, une identité impossible », in : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris X - Nanterre : http://www.revue-silene.com, 2008 (13 p.).
« L’effet de témoignage : l’ère du soupçon », in : Revue Silène, Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris X - Nanterre : http://www.revue-silene.com, 2008 (20 p.).
« Mythe, histoire et mémoire », in : Libres horizons, hommage à Arlette et Roger Chemain, textes réunis par Micéala Symington et Béatrice Bonhomme, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 383-387.
« Pour une littérature mineure. À propos de la littérature aborigène d’Australie », in : Pouvoirs et politiques en Océanie, M. Chatti, N. Clinchamps, S. Vigier (dir.), actes du 19ème colloque CORAIL, Paris, L’Harmattan, 2007.
« D’elle à je : une trajectoire identitaire et poétique », in : Femmes et écriture de la transgression, dir. H. Gafaiti et A. Crouzières, Paris, L’Harmattan, 2006.
« Le témoignage rwandais en représentations : de la parole à l’écriture », in : Dix ans après : réflexions sur le génocide rwandais, dir. de B. Gallimore et C. Kalisa, L’Harmattan, 2005, pp. 161-188.
« Fictions identitaires polynésiennes », in : Stéréotypes et représentations, dir. de V. Fillol et J. Vernaudon, Nouméa, CORAIL, 2005, pp. 215-231.
« Quel statut pour la fiction (arabe) ? », in : Littératures d’émergence et mondialisation, dir. de S. Faessel et M. Pérez, Paris, In Press Éditions, 2004, p. 283-297.
« Culture et politique dans Kanaké : le schisme ? », in : Littératures du Pacifique. Voix francophones contemporaines, dir. de S. André et A. Marchetti, Panozzo Editore, 2004, pp. 81-95.
« Récit de métamorphose. Le point de vue kanak », in : IRIS : Le fantastique francophone, Les Cahiers du Gerf, université de Grenoble 3, numéro 26, Hiver-été 2004, pp. 39-53.
« Des Tahitiens, des Français, leurs représentations réciproques aujourd’hui », in : La Nouvelle-Calédonie. Terre de métissages, F. Angleviel (dir.), Paris, Les Indes Savantes, 2004, p. 245-246.
« La nouveauté de l’ancien selon Mahmoud Messâdi », in : CELAAN, revue du centre d’études des littératures et des arts d’Afrique du Nord, Skidmore College, New York, 2003, p. 133-148.
« L’envers de l’Algérie ou l’exil intérieur », in : Rachid Boudjedra : une poétique de la subversion, tome 2, dir. de H. Gafaïti, Paris, L’Harmattan, 2001, pp. 237-249.
« Le palimpseste ou une poétique de l’absence-présence », in : La Shoah: témoignages, savoirs, œuvres, dir. de C. Mouchard et A. Wieviorka, CERCIL/Presses de Vincennes, 1999, pp. 297-312.
REVUE DE PRESSE
LES LETTRES FRANÇAISES NOUVELLES DU MAGHREB
L’homme qui descend des montagnes,
d’Abdelhak Serhane. Le Seuil. 260 pages, 18,50 euros.
Sous les pas des mères,
de Mounira Chatti. Éditions de l’Amandier. 458 pages, 20 euros.
Ainsi c’était donc cela que l’on pressentait au fil des 240 pages de L’homme qui descend des montagnes, du romancier marocain Abdelhak Serhane, réparties en 24 chapitres ou séquences. 240 pages d’un récit rageur, captivant pour dénoncer l’incurie, pour employer un mot relativement doux, des gouvernants du pays, puis celle de sa famille vivant dans la misère au coeur d’un petit village de montagne du Haut-Atlas. 240 pages pour raconter l’enfance désastreuse du narrateur, perdu entre un père tyrannique au-delà de toute mesure, guidé par son seul plaisir sexuel et s’en remettant aux bienfaits d’Allah, une mère réduite à l’état de machine à reproduction, corps détruit à l’âge où les jeunes femmes commencent à peine à s’établir dans la vie. Une esclave n’existant que comme réceptacle de la semence du maître, mais louant dieu, elle aussi, par-dessus tout, incapable de défendre son enfant, préférant de loin son premier fils, un être désagréable, ne pensant qu’à martyriser son frère… Le tableau est terrifiant, narré de manière crue, bourré d’anecdotes toutes plus parlantes les unes que les autres.
C’était donc cela… le livre s’achève sur quarante pages à la gloire de la mère du narrateur, une femme, ou plutôt « un corps pris en otage », comme il est dit au commencement de ce dernier chapitre, qui se termine sur cet aveu : « Au-delà de tout, c’est mon attachement, ma gratitude et mon affection que je lui témoigne dans ce livre… » Renversement étonnant ? Pas tout à fait, je l’ai dit. Le lecteur n’a qu’à se remémorer ce qu’il vient de lire à la lueur (c’en est une, et pratiquement la seule de l’ouvrage) de cette révélation. Pour le reste, ce n’est que rage et dénonciation placée sous l’exergue - on comprend aisément pourquoi - de Mohammed Khaïr-Eddine, poète marocain de talent trop tôt disparu.
Très curieusement - mais est-ce si curieux que cela ? - le premier roman d’une jeune femme, tunisienne elle, suit la même paradoxale trajectoire pour aboutir à un résultat diamétralement opposé à celui d’Abdelhak Serhane. Entre-temps, le constat sur la situation sociale et politique du pays dans lequel vit Mounira Chatti aura été impitoyable, plus féroce encore. Pourtant tout débute comme dans un conte des Mille et Une Nuits, entre folklore et images convenues, du moins dans notre imaginaire occidental. Pourtant, petit à petit, de manière presque subreptice, le trait de Mounira Chatti se fait plus précis, plus incisif aussi. Et nous voilà renvoyés à ce qu’annonce clairement le titre de son ouvrage : Sous les pas des mères. Peinture terrifiante, à la fois drôle et horrible, du pouvoir des femmes dans la société tunisienne. Alors qu’en contrepoint les portraits des hommes, et particulièrement du père de la narratrice, dans leurs dérisoires affaires, entre violence - exercée contre des membres de la famille - que la tradition autorise et même appelle, et combines claniques, pourraient sombrer dans le ridicule s’ils ne cachaient pas une vraie tragédie. C’est vers ce père, agriculteur, qui a fini, en usurpant l’identité de son frère mort, par faire des études et devenir instituteur, que va toute la tendresse de la narratrice dont on soupçonne qu’elle a maints traits de l’auteur. Un homme qui, entre deux crises de violence, avec ses petites habitudes ritualisées, fait en effet preuve d’une rectitude, d’une détermination et d’un courage qui le mèneront vers la mort : serait-ce la seule issue pour les hommes de sa trempe dans ce pays en proie à la montée de l’intégrisme (décrite sans concession et avec une belle précision) ? La matière romanesque de Mounira Chatti est d’une extrême richesse : l’histoire de sa très nombreuse famille perdue dans un douar, en butte à une lutte clanique d’un ancien temps, est d’une grande force, car elle parvient à mêler l’intime et l’universel (c’est bien aussi l’histoire du pays qui est décrite) dans une sorte de grande saga à vous couper le souffle. Superbe roman qui joue d’un étonnant retournement de situation : alors que les femmes « interprètent les recluses et les soumises », qu’il est admis que « la femme est un être inférieur et (que) personne ne proteste ! La femme est battue et personne ne proteste ! (…) Qu’est-ce donc que cette civilisation édifiée sur la misogynie et la violence ? », ce sont elles qui, en fin de compte, tirent toutes les ficelles, comme le montre la transformation de la mère de la narratrice, Nejma, après la mort de son mari. Étonnant et terrifiant matriarcat…
Jean-Pierre Han
LITTERATURE : PREMIER ROMAN
« SOUS LES PAS DES MERES » DE MOUNIRA CHATTI
par Fanny Tell, vendredi 13 mars 2009
La condition féminine est au cœur du premier roman de Mounira Chatti que les Éditions L’Amandier présentent à l’occasion du Salon du Livre de Paris. Une écriture subversive, magnifiquement poétique, promise à concourir au Fémina
Quelque part dans un village au cœur du Maghreb, deux clans s’affrontent. Avec le souffle épique des grands récits mythologiques, « Sous les pas des mères » donne la parole à une multitude de personnages qui livrent des bribes de l’histoire de la famille.
Il y a d’abord la figure fantomatique de Yagouta, l’aïeule sacrifiée le soir de ses noces, coupable de ne pas avoir saigné. Amina, la tante sans fils et sans foyer. Zina l’intouchable « matrice des mâles ». Khawla, l’ogresse, mangeuse d’hommes et d’enfants. Mélia, l’étudiante exilée en France. Béchir, son père, l’instituteur épris de justice et tyran domestique. Nejma, sa femme, illettrée, victime et bourreau à la fois. Tariq, le frère schizophrène. Wassila, la vierge folle… Et bien sûr, l’ombre tutélaire et terrorisante des patriarches.
Tous ces personnages sont loufoques, pathétiques, ambivalents et attachants ; tous à des degrés divers sous la triple houlette d’Allah, de l’Hyper-Président, et des « Djiins » (esprits).
Choral, hybride, jouant avec les temps, cassant linéarité et chronologie, ce roman tient de l’archéologie, du palimpseste. Emergent la mémoire des paroles censurées, la trace des souvenirs honteux.
Bousculant les tabous ( sexualité, laïcité, antisémitisme, maladie mentale), ce roman à l’écriture poétique a pour thème central la condition des femmes , sorte de baromètre mesurant l’état de santé et de développement social du monde arabo-musulman contemporain. Si elle dénonce l’obscurantisme et la bêtise, l’auteure par la voix porteuse d’espoir de Mélia, s’attache à mettre en exergue la beauté magique et la richesse de la culture du Maghreb. Une culture métisse, complexe, où le berbère se mêle au français et à l’arabe. Celle où l’islam non soumis à une lecture figée des textes sacrés est une « exigence de savoir, d’intelligence et de progrès ».
Avec la force des tragédies grecques, « Sous les pas des mères » propose plusieurs niveaux de lecture où Kafka fait écho à Bettelheim, Freud, Kateb Yacine, aux « Mille et une nuits » ou encore à la métaphore du rizhome chère à Deleuze et Guattari.
Aussi, Henri Citrinot, (Éditions L’Amandier) ne s’y est pas trompé lorsqu’il parle d’un « véritable choc littéraire » lors de la découverte de ce premier opus. L’éditeur a tant de foi dans ce livre qu’il projette de le présenter au Fémina. Gageons qu’il sera l’étoile qui fera rayonner la brillante Mounira ( textuellement la lumineuse en Arabe) Chatti.
L’auteure. Mounira Chatti est tunisienne. Bac en poche, elle est venue étudier à Aix-en-Provence où elle a obtenu un doctorat en littérature comparée. Elle se distingue dès lors par le thème de sa thèse : « L’écriture de la déportation et de la Shoah ou la double impossibilité : entre le silence et le dire ». Maître de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, elle a mené de nombreux travaux sur les littératures post-coloniales (arabe, océanienne, africaine…).
Lire aussi l’interwiew de l’auteure.
Cf aussi
Brigitte Aubonnet: encres-vagabondes.com
Jean-Yves Faberon, Ombres et lumière de Tunisie: ecriture-et-societe.com
Sous les pas des mères
de Mounira Chatti. Éditions de l’Amandier . 458 pages, 20 euros
Extrait 1 :
« Durant cette noce, les voix de Massoûda et Mabrouka racontaient de façon alternée, indifférenciée les derniers instants de Yagouta dont elles seules furent témoins, à l’aube, sur la place du douar. Yagouta était nue comme le jour où sa mère l’avait mise au monde. Elle traînait, avec la main gauche, des lambeaux, les restes de son costume de mariée. Elle se dirigea vers ses cousines sans hâter le pas comme si elle redoutait d’attirer l’attention de quelqu’un.
Là, sidi Farès apparut, comme d’habitude, penché sur sa béquille. Quelques mètres le séparaient de sa sœur qu’il interpella calmement :
- Ô la putain, où vas-tu ?
Il était manifeste que sidi Farès ne voulait pas qu’un scandale force les habitants à sortir de chez eux. Il était soucieux d’exécuter un plan sans témoin, sans public. Connaissant les retombées de sa colère, Mabrouka et Massoûda se recroquevillèrent derrière un tas de foin afin d’échapper à sa vision, tout en observant ce théâtre sinistre où une ombre en traquait une autre.
Yagouta s’immobilisa mais ne se retourna pas lorsque la voix de sidi Farès lui parvint. Elle tenta de se couvrir avec le tissu déchiré et certainement taché du sang que son frère avait finalement réussi à faire couler en la frappant à coups de ceinture et de béquille.
- Reviens par ici ! Tu ne voudras pas réveiller tout le douar, n’est-ce pas ?
Yagouta rebroussa chemin. Désormais, peu lui importait son sort. Son juge était face à elle, il lui faisait signe de ne pas s’avancer vers lui, non, il n’allait pas la ramener à la maison. Sidi Farès pointait avec sa béquille un lieu où la femme devait, apparemment, aller. Celle-ci semblait étonnée, hésitante. Avait-elle interprété justement les signes de l’homme qui continuait de désigner le lieu avec la béquille pendant que sa jambe solide supportait le poids de son corps entier ?
- Là ?
Massoûda et Mabrouka crurent entendre cette brève interrogation formulée par notre aïeule.
- Va !
Ce fut toute la réponse de sidi Farès. Était-ce un humain ou un démon, était-ce un vrai croyant, un vrai musulman, celui qui exhortait Yagouta à aller dans le puits ? Ainsi les témoins rapportaient-ils continûment cette scène en y incluant des commentaires et des digressions ayant trait à la théologie, à la sociologie, à n’importe quoi d’autre. Tapies derrière du foin, elles n’osèrent ni bouger ni crier quand elles virent la victime se retourner vers elles, faire un signe de la main, et dire :
- Adieu les filles ! Que la paix soit avec vous !
Yagouta laissa tomber ce qui était son costume ; nue, elle fixa son frère, qui baissa les yeux devant cette créature diabolique, et elle se dirigea vers le puits où, quelques secondes après, elle plongea. Sidi Farès rejoignit les siens à qui il annonça que Yagouta était introuvable dans sa chambre et dans les parages. Sa mère et son épouse, telles des alarmes, poussèrent des cris et coururent vers la place. Mabrouka et Massoûda quittèrent leur cache et leurs cris intensifièrent le vacarme. Quelques mois après l’enterrement de la jeune mariée, des bribes de leur témoignage commençaient à circuler.
Mais ce n’était pas un conte à faire circuler.
Dans les légendes bibliques, un agneau a été substitué à Isaac ; chez les Grecs, Diane a substitué une biche à Iphigénie. À Ksour et ailleurs, chez nous, le jour du grand aïd, on sacrifie le mouton et, les autres jours, on sacrifie les femmes. Aucun Prophète, aucun Envoyé n’a jamais intercédé, pour elles, auprès de quiconque, ni d’un Dieu, ni d’un Diable, ni d’un autre homme. Nos femmes n’ont jamais été que des biches, des êtres inférieurs, la propriété des hommes dont tous les caprices ont été admis. La réclusion, la répudiation, la polygamie…
Où a-t-on vu des femmes et des hommes s’apitoyer sur le malheur d’une femme ?
N’a-t-on pas institué jusqu’au Jour Dernier que les hommes prévalaient sur les femmes ? » (Sous les pas des mères, Editions de l’Amandier, 2009, p.121-124).
Extrait 2 :
« La voix de la conteuse est calme, fatale. Elle dévoile la faille de mon origine. Pourquoi ne nommes-tu pas les grands-pères, les oncles, les cousins, m’interroge Mélia. Nommer les hommes, que leurs noms soient effacés, ce serait trahir mes aïeules, que leur mémoire demeure, que leurs cris retentissent… […] Les cris des revenantes montent jusqu’au ciel très haut, très bleu, très étoilé de mon pays. Les âmes reviennent. Les rumeurs persistent. Combien de femmes ont-ils assassinées ? Je veux leurs noms, je veux leur nombre, ou que la honte couve mon nom. » (« Les rumeurs de Ksour », Recueil de nouvelles, édité par Forum Femmes Méditerranée, Marseille, 1998, p. 18).
Extrait 3 :
« J’explore mon listing sur Martigues grâce auquel j’ai réussi à tanquer dix rendez-vous le jour où le patron m’a convoquée. Hier matin, j’ai trouvé, dans ma bannette, une lettre de félicitations : « J’ai noté une belle réaction de ta part. C’est bien. Je suivrai de près les résultats obtenus. Je compte sur toi pour persévérer dans ce sens ».
La Pause. Betty :
- J’ai vu la mort. Pour faire un gosse avec quelqu’un, il faut être vachement accro. Il était Algérien. Après, j’ai trop haï les Arabes. Maintenant, je sais qu’il faut pas généraliser. Il m’a fait trop souffrir, il m’a menti. J’étais enceinte. Pour moi, c’était clair, je faisais ma vie avec lui. Comment je l’ai appris ? J’ai rencontré son cousin. Ça faisait un moment qu’il me draguait. Il m’a dit qu’il voulait passer la soirée avec moi. Je lui ai dit : Mais t’as pas honte, tu sais bien que je sors avec ton cousin ! Il était mort de rire. Il m’a dit : C’est vrai que t’es au courant de rien. Mon cousin a une fiancée algérienne et il se marie samedi. Tout a basculé… » (« Profession : téléprospectrice », in : Précarisation du travail et lien social, F. Abécassis et P. Roche (dir.), Paris, L’Harmattan, 2001, p.152-153).
de Mounira Chatti. Éditions de l’Amandier . 458 pages, 20 euros
Extrait 1 :
« Durant cette noce, les voix de Massoûda et Mabrouka racontaient de façon alternée, indifférenciée les derniers instants de Yagouta dont elles seules furent témoins, à l’aube, sur la place du douar. Yagouta était nue comme le jour où sa mère l’avait mise au monde. Elle traînait, avec la main gauche, des lambeaux, les restes de son costume de mariée. Elle se dirigea vers ses cousines sans hâter le pas comme si elle redoutait d’attirer l’attention de quelqu’un.
Là, sidi Farès apparut, comme d’habitude, penché sur sa béquille. Quelques mètres le séparaient de sa sœur qu’il interpella calmement :
- Ô la putain, où vas-tu ?
Il était manifeste que sidi Farès ne voulait pas qu’un scandale force les habitants à sortir de chez eux. Il était soucieux d’exécuter un plan sans témoin, sans public. Connaissant les retombées de sa colère, Mabrouka et Massoûda se recroquevillèrent derrière un tas de foin afin d’échapper à sa vision, tout en observant ce théâtre sinistre où une ombre en traquait une autre.
Yagouta s’immobilisa mais ne se retourna pas lorsque la voix de sidi Farès lui parvint. Elle tenta de se couvrir avec le tissu déchiré et certainement taché du sang que son frère avait finalement réussi à faire couler en la frappant à coups de ceinture et de béquille.
- Reviens par ici ! Tu ne voudras pas réveiller tout le douar, n’est-ce pas ?
Yagouta rebroussa chemin. Désormais, peu lui importait son sort. Son juge était face à elle, il lui faisait signe de ne pas s’avancer vers lui, non, il n’allait pas la ramener à la maison. Sidi Farès pointait avec sa béquille un lieu où la femme devait, apparemment, aller. Celle-ci semblait étonnée, hésitante. Avait-elle interprété justement les signes de l’homme qui continuait de désigner le lieu avec la béquille pendant que sa jambe solide supportait le poids de son corps entier ?
- Là ?
Massoûda et Mabrouka crurent entendre cette brève interrogation formulée par notre aïeule.
- Va !
Ce fut toute la réponse de sidi Farès. Était-ce un humain ou un démon, était-ce un vrai croyant, un vrai musulman, celui qui exhortait Yagouta à aller dans le puits ? Ainsi les témoins rapportaient-ils continûment cette scène en y incluant des commentaires et des digressions ayant trait à la théologie, à la sociologie, à n’importe quoi d’autre. Tapies derrière du foin, elles n’osèrent ni bouger ni crier quand elles virent la victime se retourner vers elles, faire un signe de la main, et dire :
- Adieu les filles ! Que la paix soit avec vous !
Yagouta laissa tomber ce qui était son costume ; nue, elle fixa son frère, qui baissa les yeux devant cette créature diabolique, et elle se dirigea vers le puits où, quelques secondes après, elle plongea. Sidi Farès rejoignit les siens à qui il annonça que Yagouta était introuvable dans sa chambre et dans les parages. Sa mère et son épouse, telles des alarmes, poussèrent des cris et coururent vers la place. Mabrouka et Massoûda quittèrent leur cache et leurs cris intensifièrent le vacarme. Quelques mois après l’enterrement de la jeune mariée, des bribes de leur témoignage commençaient à circuler.
Mais ce n’était pas un conte à faire circuler.
Dans les légendes bibliques, un agneau a été substitué à Isaac ; chez les Grecs, Diane a substitué une biche à Iphigénie. À Ksour et ailleurs, chez nous, le jour du grand aïd, on sacrifie le mouton et, les autres jours, on sacrifie les femmes. Aucun Prophète, aucun Envoyé n’a jamais intercédé, pour elles, auprès de quiconque, ni d’un Dieu, ni d’un Diable, ni d’un autre homme. Nos femmes n’ont jamais été que des biches, des êtres inférieurs, la propriété des hommes dont tous les caprices ont été admis. La réclusion, la répudiation, la polygamie…
Où a-t-on vu des femmes et des hommes s’apitoyer sur le malheur d’une femme ?
N’a-t-on pas institué jusqu’au Jour Dernier que les hommes prévalaient sur les femmes ? » (Sous les pas des mères, Editions de l’Amandier, 2009, p.121-124).
Extrait 2 :
« La voix de la conteuse est calme, fatale. Elle dévoile la faille de mon origine. Pourquoi ne nommes-tu pas les grands-pères, les oncles, les cousins, m’interroge Mélia. Nommer les hommes, que leurs noms soient effacés, ce serait trahir mes aïeules, que leur mémoire demeure, que leurs cris retentissent… […] Les cris des revenantes montent jusqu’au ciel très haut, très bleu, très étoilé de mon pays. Les âmes reviennent. Les rumeurs persistent. Combien de femmes ont-ils assassinées ? Je veux leurs noms, je veux leur nombre, ou que la honte couve mon nom. » (« Les rumeurs de Ksour », Recueil de nouvelles, édité par Forum Femmes Méditerranée, Marseille, 1998, p. 18).
Extrait 3 :
« J’explore mon listing sur Martigues grâce auquel j’ai réussi à tanquer dix rendez-vous le jour où le patron m’a convoquée. Hier matin, j’ai trouvé, dans ma bannette, une lettre de félicitations : « J’ai noté une belle réaction de ta part. C’est bien. Je suivrai de près les résultats obtenus. Je compte sur toi pour persévérer dans ce sens ».
La Pause. Betty :
- J’ai vu la mort. Pour faire un gosse avec quelqu’un, il faut être vachement accro. Il était Algérien. Après, j’ai trop haï les Arabes. Maintenant, je sais qu’il faut pas généraliser. Il m’a fait trop souffrir, il m’a menti. J’étais enceinte. Pour moi, c’était clair, je faisais ma vie avec lui. Comment je l’ai appris ? J’ai rencontré son cousin. Ça faisait un moment qu’il me draguait. Il m’a dit qu’il voulait passer la soirée avec moi. Je lui ai dit : Mais t’as pas honte, tu sais bien que je sors avec ton cousin ! Il était mort de rire. Il m’a dit : C’est vrai que t’es au courant de rien. Mon cousin a une fiancée algérienne et il se marie samedi. Tout a basculé… » (« Profession : téléprospectrice », in : Précarisation du travail et lien social, F. Abécassis et P. Roche (dir.), Paris, L’Harmattan, 2001, p.152-153).