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09/02/2011



L'invité du mois

Sylvestre CLANCIER



BIOBLIOGRAPHIE

Sylvestre CLANCIER
Poèmes et fantaisies en prose : les poèmes de Sylvestre Clancier ont été traduits en plusieurs langues : anglais, croate, espagnol, grec, hébreu, italien, macédonien, néerlandais, portugais, roumain, slovaque, slovène.

Saisons et rivages, en collaboration avec Julia Reix, éditions de la Tour de Feu, 1967. (Epuisé)
Profil du songe, éditions Encres vives, 1971. (Epuisé)
Textructions, numéro spécial de la revue Métamorphoses, 1973. (Epuisé)
L’Herbier en feu, éditions Proverbe, 1994.
Enfrance, éditions Proverbe, 1994.
Le Présent composé, coédition Écrits des Forges et Proverbe, 1996.
L’Animal animé, éditions Proverbe, 1999.
Pierres de mémoire, coédition Écrits des Forges et Proverbe, 2000.
Poèmes de la baie, Les Cahiers bleus, 2001.
L’Âme alchimiste, éditions Proverbe, 2002.
Poèmes de l’avant / Poème de l’après, La Porte, 2003.
Une couleur dans la nuit, coédition PHI et Écrits des Forges, 2004.
Écritures premières, éditions L’Improviste, 2004.
La lingua improbabile della memoria, La Porte, 2005.
L’Éternel Éphémère des visages et des corps, éditions Prodromus, 2005.
Un jardin où la nuit respire, coédition PHI et Écrits des Forges, 2008.
Généalogie du paysage / Quatrains limousins, L’Harmattan, 2008.
La Promesse des morts, La Porte, 2009.
Le Livre d’Isis, Al Manar, 2009.
Expansion du domaine de la bulle, Le Grand Incendie, 2010.
La Mémoire improbable, coédition Henry et Écrits des Forges, 2010.
Un souffle ancien, La Porte, 2012.
Dans l’incendie du temps, éditions de L’Amandier, 2013.
Le Temps fait corps avec la terre, éditions de la Lune bleue, 2013.
D’un feu secret, La Porte, 2014.
La Musique de l’herbe et les fleurs du poète, éditions du Petit Flou, 2014.
Ce pays d’ombres, éditions du Douayeul, 2014.
Anima mia, éditions Tensing, 2014.
Corps à corps, Ecrits du Nord / éd. Henry, 2015.
La Source et le Royaume, à paraître en 2016 à La Rumeur libre
Le Témoin incertain, à paraître en 2016 aux éditions L’Herbe qui tremble


Essais :

La Vie quotidienne en Limousin au XIXe siècle, en collaboration avec Georges-Emmanuel Clancier, éditions Hachette, 1976.
Freud, concepts fondamentaux de la théorie et de la psychanalyse freudiennes, édition Erès, 1998.
La voie des poètes, éditions J-P. Huguet, 2002.
Poésie de langue française, 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, en collaboration avec Stéphane Bataillon et Bruno Doucey, éditions Seghers, 2008.


Fictions :

Le Testament de Mao, (sous le pseudo Gérard Boulakian) éditions J-P. Delville, 1976.
Sur les pas de Maigret, photographies de Gyula Zarand, coédition Agone et éditions du Polar, 2009.
NB : sous le pseudonyme de Valéry Damoclès, la fiction Monsieur Blingbling n’a jamais été éditée, mais a été diffusée via l’internet. Ce pamphlet rédigé début 2008 s’inspirait de Monsieur Teste et faisait écho aux débuts de la présidence de Nicolas Sarkozy.

Livres d’artistes :

Sylvestre Clancier a réalisé plus de quarante livres d’artistes. La plupart d’entre eux ont été réalisés avec des peintres, graveurs ou photographes, notamment Anne Ar Moal, Auck, Georges Badin, Dan Barichasse, Claude Bellegarde, Juliette Damville, Didier Guth, Lydia Padellec, Andoche Praudel, Augusta de Schucani, Richard Texier, Sarah Wiame, Gyula Zarand.

Présence dans les anthologies :

La Ville des poètes, Fleurs d’encre / Le Livre de poche, Hachette jeunesse, 1997.
La Révolte des poètes, Fleurs d’encre / Le Livre de poche, Hachette jeunesse, 1998.
Jouer avec les poètes, Fleurs d’encre / Le Livre de poche, Hachette jeunesse, 1999.
La Poésie française contemporaine, de Jean Orizet, éditions Le Cherche Midi, 2004.
Anthologie de la poésie française, de Jean Orizet, éditions Larousse, 2007.
Poésies de langue française, 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, Seghers, 2008.
La Poésie est dans la rue, 101 poèmes protestataires pour aujourd’hui, éditions Le Temps des cerises, 2008.
Anthologie poétique amoureuse, de Marc Alyn, éditions Écriture, 2011.
Poésie de langue française, Anthologie thématique de Jean Orizet, Cherche Midi, 2013.


Sylvestre Clancier est vice-président de l’Académie Mallarmé et président d’honneur du P.E.N. Club français dont il a été le président, il est administrateur de la Maison de Poésie, de l’Association internationale de la critique littéraire et de l’IMEC (Institut pour la Mémoire de l’Edition Contemporaine).
Il a été administrateur du PEN International et pendant plus de 15 ans de la Société des Gens de Lettres. Il a été élu à ce titre administrateur, puis vice-président de l’European Writers Council.de 2009 à 2013.

TEXTES

Ce qu’est pour moi la poésie


Si je dis, la poésie : une couleur dans la nuit, est-ce une conviction ou n’est-ce pas plutôt le signe que j’invite le lecteur à s’interroger sur une valeur essentielle pour moi, cette alchimie des mots qui me viennent pour dire mon secret espoir que la vie vaut la peine d’être vécue, que l’homme ou plutôt l’humain adviendra un jour, si l’homme accepte de reconnaître que l’autre est lui-même quelles que soient les différences qu’il lui trouve.

Quand je plaçais en tête de mon précédent recueil, intitulé précisément Une Couleur dans la nuit, les vers suivants d’André Frénaud: Les légendes se forment sous nos pas. Déjà la nostalgie embrume les éclats d’un pays qui se défait, va l’anéantir pour le parfaire plus poignant. J’ai trop tardé à l’honorer, il est temps, j’entendais souligner le rôle de chantre du poète qui est là pour sacrer le monde, l’honorer de son regard et de sa voix, redonner sens aux mots de la tribu.

Quand j’honorais la mémoire de Gaston Miron, poète dans la cité s’il en fut, ardent défenseur de l’identité et de la langue de ses compagnons des Amériques, en évoquant le rôle du poète qui « refuse l’inacceptable et la désespérance et qui, debout, parie pour demain et s’insurge », je ne faisais que dire, à travers ce portrait d’un poète singulier, qu’à mes yeux tous les poètes vont ainsi « au rendez-vous de l’espérance » et qu’en marchant ainsi vers l’humain, ils nous sauvent.

En parlant ensuite de Poésie blanche, j’ai voulu dire que le génie propre de la poésie nous exalte et éclaire notre vie, si nous voulons bien le reconnaître. En nommant « la plume – étoile », j’ai voulu chanter cette prodigieuse magie qu’est l’écriture qui « par delà les saisons, trace les repères, définit l’archipel des mots et des couleurs, des plaisirs et des peines et enfante l’esprit pour exprimer le sens de la matière inerte ».

Enfin, quand j’ai dit voir Derrière la grille du poème, les zébrures fauves du fleuve amour, l’esprit de Rilke en son poème, la marche circulaire du tigre, la trame de ma vie, de mes rêves et de mes nuits, j’ai fait part au lecteur de ma plus intime conviction, l’esprit humain s’incarne dans l’âme des poètes qui forment une vaste chaîne entre eux depuis la nuit des temps et s’imprègnent des mots, des rêves et des pensées des uns et des autres. C’était là l’intuition de Borgès, je la partage.

En fait, Orphée est un, même s’il peut prendre différents visages et s’incarner à travers les siècles dans différentes voix, sa parole est la même, elle est le chant du sacré, le fil qui nous permet d’atteindre l’harmonie secrète, oubliée trop souvent, mais qu’il sait animer comme un souffleur de braises.
Toujours il retrouve le son juste, le mot unique que l’homme a murmuré à son premier matin, le sourire aux lèvres, il est le magicien de la langue, pourtant si simple qu’il purifie pour nous en faire offrande, il sait la langue universelle, cette harmonie secrète souvent oubliée par les hommes, mais qui seule peut les réconcilier avec eux-mêmes, la poésie.


***

Poèmes inédits de Sylvestre Clancier (janvier 2016)


Malgré la nuit
Ici
derrière l’iris
une couleur

Ce qui se vit
impressionne
l’écran.

 ***


L’âme
est l’essence

Elle qualifie le temps
ignore les sens

Pour le vrai, dans l’instant
elle s’inquiète. Capte
les impressions du vif
sans laisser d’autres traces
que le diamant qui l’accomplit.


  ***


Espérer l’embellie
un crayon à la main
tendre ou dur.

Par ses incises
quelques segments du voile
se lèveront.

L’espace du tracé
sur le blanc
infini de la page
intrigue ou apaise le lecteur
ne peut satisfaire le poète.


 ***


La neige et l’ombre
entremêlées Formes
d’une étonnante pureté

Désir commun d’éternité.

Un silence et un mot
construisent la vérité
détruisent toute vérité.


 ***


Une moiteur vespérale
apparaît
et dure.

Est perceptible
ce qui reste et soutient
le temps du désir.







SUR LA POÉSIE DE SYLVESTRE CLANCIER

Sylvestre Clancier, Une couleur dans la nuit, poèmes (avec les dessins d’Anne Ar Moal), Collection G.R.A.P.H.I.T.I / Éditions Phi, en coédition avec Écrits des Forges, Québec.

Donner du sens au temps qui nous travaille tous. Par là même, atteindre la vérité de la présence au monde. Cette vérité nous étreint, elle a pour nom le Beau, l’alchimie discrète du mystère si l’on préfère. Il ne s’agit pas dans ce livre de sentences assénées du haut d’une tradition mortifère mais au contraire de ce que la vie apprend et que le poète lui rend, dans cette simplicité exigeante, lapidaire, que l’on nomme le chant, la grande partition que trace la main qui écrit. L’évidence, cette grande timide qui s’impose dans un murmure inflexible creuse le sillon, avec la force du discours qui va droit au but. Il n’y a pas que le signe écrit, le noir et le blanc pour dire le Néant et l’éblouissement vertigineux que la nuit même procure. Au détour de la page, voici le retour de la feuille verte, la nature en train de se peindre elle-même au festival de ses couleurs, la fragrance inédite des fleurs et de l’herbe, la rosée, la rivière, les hirondelles, le bruit du vent, le ciel à déchiffrer, la vie qui brûle… La couleur dans la nuit, c’est celle de l’espoir. Il fallait être aveugle à la liberté pour ne pas la voir s’élever, et sourd à la poésie pour ne pas l’entendre chanter au matin. Sylvestre Clancier sait le temps qu’il faut prendre pour que mûrisse le poème. Qui irait lui reprocher de nous rappeler qu’il y a urgence ? Ce petit volume en poche, que l’on n’ira pas brandir, est de ces livres qui illuminent le chemin, qui inventent les fleurs pour que demain fleurisse, ce matin espéré depuis si longtemps, que chérissaient déjà les Anciens. Au feu de l’émotion d’un enfant aboli, la poésie est une arme. Celle de l’amour cherchant le mot enfui. Comme le soleil, la poésie éclaire les jours, justifie l’avenir. Sylvestre Clancier l’entretient, qui seule a le pouvoir mélancolique, dérisoire dit-on, d’étrangler la barbarie et de rendre les ricanements inaudibles. Définitive dignité d’Orphée.

Ni soie ni baume
n’apaisent la blessure
n’assemblent les lèvres.
Il faut le temps
indifférent au temps
pour apaiser.

Il s’arrête quand il veut.

*
Voudrais-tu compter les minutes
de bonheur bleu
depuis l’enfance à cet instant
tu t’arrêterais soudain
voulant oublier
quand tu aurais donné ta vie pour elles
qu’à peine une heure les contient.

(Note parue dans Aujourd'hui Poème n°55 en 2008)

© Jean-Luc Despax


***

Sylvestre Clancier


L’homme des bois ouvre
les sentiers de la tendresse

Chaque poème à la découverte
du premier alphabet
au chant du labyrinthe

Sur les lèvres l’énigme
du silence fait signe

De la voix naît un partage
de la main amie une chaleur
anime la chaîne des poètes

Dans la clairière une présence
l’homme la femme leur sang
leur histoire habite les mots

Un feu ancien sous la pierre
ce qu’on nomme poésie
une couleur dans la nuit

Dans sa marche l’homme des bois
défie les trous noirs de nos solitudes
au rendez-vous de l’espérance.


Poème portrait du poète Sylvestre Clancier par JEAN ROYER 20 mai 2007.





Dimanche 28 Février 2016
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La beauté, éphéméride
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Le désir aux couleurs du poème,
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22/11/2010