BIOBIBLIOGRAPHIE
Daniel BIGA est né à Nice le 23 mars I940 - Nombreux métiers d’occasions, aventures et voyages en sa jeunesse. Puis enseignant dans les écoles d’art ( Nice, Nimes) et surtout à l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nantes depuis 1988. Il présidait la Maison de la Poésie de la Ville. Retraité en 2005 vit de nouveau dans le midi entre mer ( Nice) et montagne ( Amirat).
Longtemps marginal par vocation, à jamais rebelle par nécessité, demeuré humaniste - malgré tout et sans aucune illusion sur l'homme! -, il souscrit toujours pleinement à la définition de son ami Robert Filliou: " l'art c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art" comme à l'affirmation de William Carlos Williams: - le lieu du poème c'est le monde -!Et sa poévie- c'est le Conte ( ou le compte) des jours ordinaires.
Sociétaire de la SGDL, de la SCAM, de la SACD- Membre de la SACEM- Chevalier des Arts et des Lettres- Président de la Maison de la Poésie de Nantes et Région de 2000à 2007, il a publié près d’une quarantaine d'ouvrages - essentiellement de poésie d’ Oiseaux Mohicans ( auto-édition 1966 – réédité par la Librairie Saint Germain puis le Cherche Midi éd.) à Impasse du Progrès ( Traumfabriken 2009) – dont aux éditions gros.textes Arrêts Facultatifs et Poévie ( ouvrage collectif
Bibliographie
Oiseaux Mohicans ( 1966 auto-édition puis I969 éd. Saint Germain des Près- Paris)
Kilroy was here! ( I972 " " " )
Octobre ( I973 éd. Pierre-Jean Oswald - Paris)
Esquisses...du rivage de l'Amour Total ( I975- éd. St Germain)
Moins ivre ( I983 - éd. revue Aléatoire - Nice)
Pas un jour sans une ligne ( I983 - Fonds Ecole de Nice)
Histoire de l'Air ( I983 éd. Papyrus - Paris)
l'Amour d'Amirat ( I984 éd. Le Cherche-midi - Paris)
Né nu ( précédé d'Oiseaux Mohicans et Kilroy...) ( 1984 éd. Le Cherche Midi - Paris)
Bigarrures ( I986 éd. Telo Martius - Toulon)
L'immigré ( I989 atelier Cigogne - Caen)
Oc ( I989 les Cahiers de Garlaban- Hyères)- illustrations de Ben-
Stations du chemin ( I990 éd. le Dé Bleu- La Roche sur Yon)
C'est l'été! ( I99I Cadex éd. -Montpellier)
Eclairs entrevus ( I992 éd. Tarabuste - St Benoit du Sault)
Le bec de la plume ( I994 Cadex éd. - Montpellier)
Carnet des Refuges (1997 L'Amourier éd. - Coaraze - Alpes Maritimes)
Mammifères (1997 L'Amourier éd. - Coaraze - Alpes Maritimes)
Sept Anges ( 1997 L' Arbre éd. - Aizy-Jouy- Aisne)
La chasse au Haïku ( 1998 Les éditions du chat qui tousse - Cordemais- Loire Atlantique)
Détache-toi de ton cadavre ( 1998 Tarabuste éditeur)
Ernest Pignon-Ernest: Opéra ( dramma giocoso) ( 1998 Le Rectangle - Lyon)
Eloges des joies ordinaires ( 1999 éditions Wigwam - Rennes)
Le chant des batailles ( 1999 éd. L'Amourier)- dessins d'Ernest Pignon-Ernest
TOI...( 2000 AB Rochefort du Gard) - illustrations Leinad Agib
Dits d'Elle ( 2000 Cadex éditeur)- dessins Ernest Pignon-Ernest
Arrêts facultatifs - (2001 Gros Textes éd.- Fontfourane- Hautes Alpes)
Cahier de textes - ( 2001 La Belle Ecole - Nantes)
L'Afrique est en nous - (2002- éd. l'Amourier - Coaraze - Alpes Maritimes)
Capitaine des myrtilles - ( 2003 - éd. le dé bleu )- ill.Kélig Hayel
Le poète ne cotise pas à la sécurité sociale - anthologie personnelle ( 2003 - éd. le Castor astral/ Ecrit des forges)
L’ Apologie de l’Animal ( Collodion, 2005)
Dialogues, discours & Cie ( Tarabuste, 2005)
Poévie- (Gros Textes, 2005)
Le sauvage des quatre-chemins ( Le castor astral, 2007)
Impasse du Progrès ( TraumFabriK, 2008)
Méli-mémo ( Gros Textes, 2011)
Bienvenue à l’athanée ( L’Amourier, 2012)
La séparation ( Gros Textes,2013)
L’Amour d’Amirat et Né Nu, Oiseaux Mohicans, Kilroy was here (réédition Le Cherche-midi, 2013)
Alimentation Générale ( éd. UNES - mai 2014)
en collaboration:
avec Sylvie Berger : Décor à coeur ( A.C.S. Martigues I985)
" Claire Poulain: Ernest Pignon; un autre regard, une autre image
( Collodion-La Mandragore - Marseille I986)
" Alin Avila : Jean-Pierre Le Boul'ch, peintre ( I99O - éd. Pernod Mécenat- Paris)
" Jean-Luc Pouliquen: Sur la page chaque jour- entretien et textes ( I99I- Z'éditions- Nice)
« Christian Bulting : La Poévie de Daniel Biga – textes, études, témoignages, images de 28 auteurs et artistes…( éd. Gros Textes- 2006)
« Alex Grillo ( compositeur-vibraphoniste) : L’Afrique est en nous livre et CD (2008 - L’Amourier éditeur)
Livres d'artistes - interventions picturales ou plastiques de - et avec:
Ben, Alain Boullet, Sylvie Berger, Jacques Clauzel, Claire Cuneot, Thierry Delaroyère, Alain Diot, Olivier Goullet, Robert Groborne, Guansé, Kelig Hayel, Michel Houssin, Patrick Lanneau, J.N. Laszlo, Daniel Nadaud, Bernard Pagès, Benoit Pascaud, Edouard Pignon, Pignon-Ernest, Yves Reynier, Gérard Serée, Claude Viallat,...
Nombreuses expositions personnelles et manifestations collectives, lectures-performances, etc... de 1960 à aujourd'hui.
Nombreux ateliers d'écriture poétique depuis I984 ( écoles, collèges, lycées, faculté des lettres, écoles des beaux-arts, centres pénitentiaires, maisons d'arrêt, bibliothèques, diverses associations...) avec publication d'une dizaine d'anthologies.
Articles, notes ou poèmes dans une centaine de journaux, revues, anthologies, catalogues, ouvrages d'art , collectifs, etc... ( dont : Le Monde, Combat, le Provençal, la Marseillaise, l'Humanité, Ouest France...; Action poétique, Actuel, Poésie I, Poésie 85..., Quinzaine littéraire, Magazine littéraire, Cahier CIPM, catalogue Mamac , etc, etc...)
Principales collaborations : Identités, Chemin, Chorus, Archipels,...Poésie d’Ici, Décharge, Noniouze, Gare maritime…
Fort nombreuses lectures de poèmes ou autres textes et interventions diverses en France et à l'étranger ( notamment depuis la Semaine Internationale de la Contre-Culture - Montréal mai 1975… à " l' Afrique est en nous" {– Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros 2007– section parole enregistrée- lecture-concert avec le vibraphoniste Alex Grillo : Théâtre de l'Athénor à Saint Nazaire et Pannonica-Jazz-Club de Nantes en décembre 2004 ; Théâtre des Bambous – La Réunion- avril 2005 ; Acropolis –Nice-avril 2006 ; Médiathèque de Gap et Festival du livre de Chateauroux les Alpes : 19/20mai 2006 ; Atelier du Plateau – Paris- 20 janvier 2007 ; Théâtre des Tafurs-Bordeaux-mars 2007 ; Cabaret de la Gare au Théâtre- Vitrysur seine- 7 juin 2007 ; MPAA –auditorium St Germain- Paris 11et 12 juin 2008- ; Leda Atomica Musique – Marseille : 28/11/2008 – ; Rochefort sur Loire : le printemps des poètes -13 mars 2009 ; Les poétiques de Saumur – 12/13 juin 2009… et nombreuses autres représentations}
Longtemps marginal par vocation, à jamais rebelle par nécessité, demeuré humaniste - malgré tout et sans aucune illusion sur l'homme! -, il souscrit toujours pleinement à la définition de son ami Robert Filliou: " l'art c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art" comme à l'affirmation de William Carlos Williams: - le lieu du poème c'est le monde -!Et sa poévie- c'est le Conte ( ou le compte) des jours ordinaires.
Sociétaire de la SGDL, de la SCAM, de la SACD- Membre de la SACEM- Chevalier des Arts et des Lettres- Président de la Maison de la Poésie de Nantes et Région de 2000à 2007, il a publié près d’une quarantaine d'ouvrages - essentiellement de poésie d’ Oiseaux Mohicans ( auto-édition 1966 – réédité par la Librairie Saint Germain puis le Cherche Midi éd.) à Impasse du Progrès ( Traumfabriken 2009) – dont aux éditions gros.textes Arrêts Facultatifs et Poévie ( ouvrage collectif
Bibliographie
Oiseaux Mohicans ( 1966 auto-édition puis I969 éd. Saint Germain des Près- Paris)
Kilroy was here! ( I972 " " " )
Octobre ( I973 éd. Pierre-Jean Oswald - Paris)
Esquisses...du rivage de l'Amour Total ( I975- éd. St Germain)
Moins ivre ( I983 - éd. revue Aléatoire - Nice)
Pas un jour sans une ligne ( I983 - Fonds Ecole de Nice)
Histoire de l'Air ( I983 éd. Papyrus - Paris)
l'Amour d'Amirat ( I984 éd. Le Cherche-midi - Paris)
Né nu ( précédé d'Oiseaux Mohicans et Kilroy...) ( 1984 éd. Le Cherche Midi - Paris)
Bigarrures ( I986 éd. Telo Martius - Toulon)
L'immigré ( I989 atelier Cigogne - Caen)
Oc ( I989 les Cahiers de Garlaban- Hyères)- illustrations de Ben-
Stations du chemin ( I990 éd. le Dé Bleu- La Roche sur Yon)
C'est l'été! ( I99I Cadex éd. -Montpellier)
Eclairs entrevus ( I992 éd. Tarabuste - St Benoit du Sault)
Le bec de la plume ( I994 Cadex éd. - Montpellier)
Carnet des Refuges (1997 L'Amourier éd. - Coaraze - Alpes Maritimes)
Mammifères (1997 L'Amourier éd. - Coaraze - Alpes Maritimes)
Sept Anges ( 1997 L' Arbre éd. - Aizy-Jouy- Aisne)
La chasse au Haïku ( 1998 Les éditions du chat qui tousse - Cordemais- Loire Atlantique)
Détache-toi de ton cadavre ( 1998 Tarabuste éditeur)
Ernest Pignon-Ernest: Opéra ( dramma giocoso) ( 1998 Le Rectangle - Lyon)
Eloges des joies ordinaires ( 1999 éditions Wigwam - Rennes)
Le chant des batailles ( 1999 éd. L'Amourier)- dessins d'Ernest Pignon-Ernest
TOI...( 2000 AB Rochefort du Gard) - illustrations Leinad Agib
Dits d'Elle ( 2000 Cadex éditeur)- dessins Ernest Pignon-Ernest
Arrêts facultatifs - (2001 Gros Textes éd.- Fontfourane- Hautes Alpes)
Cahier de textes - ( 2001 La Belle Ecole - Nantes)
L'Afrique est en nous - (2002- éd. l'Amourier - Coaraze - Alpes Maritimes)
Capitaine des myrtilles - ( 2003 - éd. le dé bleu )- ill.Kélig Hayel
Le poète ne cotise pas à la sécurité sociale - anthologie personnelle ( 2003 - éd. le Castor astral/ Ecrit des forges)
L’ Apologie de l’Animal ( Collodion, 2005)
Dialogues, discours & Cie ( Tarabuste, 2005)
Poévie- (Gros Textes, 2005)
Le sauvage des quatre-chemins ( Le castor astral, 2007)
Impasse du Progrès ( TraumFabriK, 2008)
Méli-mémo ( Gros Textes, 2011)
Bienvenue à l’athanée ( L’Amourier, 2012)
La séparation ( Gros Textes,2013)
L’Amour d’Amirat et Né Nu, Oiseaux Mohicans, Kilroy was here (réédition Le Cherche-midi, 2013)
Alimentation Générale ( éd. UNES - mai 2014)
en collaboration:
avec Sylvie Berger : Décor à coeur ( A.C.S. Martigues I985)
" Claire Poulain: Ernest Pignon; un autre regard, une autre image
( Collodion-La Mandragore - Marseille I986)
" Alin Avila : Jean-Pierre Le Boul'ch, peintre ( I99O - éd. Pernod Mécenat- Paris)
" Jean-Luc Pouliquen: Sur la page chaque jour- entretien et textes ( I99I- Z'éditions- Nice)
« Christian Bulting : La Poévie de Daniel Biga – textes, études, témoignages, images de 28 auteurs et artistes…( éd. Gros Textes- 2006)
« Alex Grillo ( compositeur-vibraphoniste) : L’Afrique est en nous livre et CD (2008 - L’Amourier éditeur)
Livres d'artistes - interventions picturales ou plastiques de - et avec:
Ben, Alain Boullet, Sylvie Berger, Jacques Clauzel, Claire Cuneot, Thierry Delaroyère, Alain Diot, Olivier Goullet, Robert Groborne, Guansé, Kelig Hayel, Michel Houssin, Patrick Lanneau, J.N. Laszlo, Daniel Nadaud, Bernard Pagès, Benoit Pascaud, Edouard Pignon, Pignon-Ernest, Yves Reynier, Gérard Serée, Claude Viallat,...
Nombreuses expositions personnelles et manifestations collectives, lectures-performances, etc... de 1960 à aujourd'hui.
Nombreux ateliers d'écriture poétique depuis I984 ( écoles, collèges, lycées, faculté des lettres, écoles des beaux-arts, centres pénitentiaires, maisons d'arrêt, bibliothèques, diverses associations...) avec publication d'une dizaine d'anthologies.
Articles, notes ou poèmes dans une centaine de journaux, revues, anthologies, catalogues, ouvrages d'art , collectifs, etc... ( dont : Le Monde, Combat, le Provençal, la Marseillaise, l'Humanité, Ouest France...; Action poétique, Actuel, Poésie I, Poésie 85..., Quinzaine littéraire, Magazine littéraire, Cahier CIPM, catalogue Mamac , etc, etc...)
Principales collaborations : Identités, Chemin, Chorus, Archipels,...Poésie d’Ici, Décharge, Noniouze, Gare maritime…
Fort nombreuses lectures de poèmes ou autres textes et interventions diverses en France et à l'étranger ( notamment depuis la Semaine Internationale de la Contre-Culture - Montréal mai 1975… à " l' Afrique est en nous" {– Grand Prix du disque de l’Académie Charles Cros 2007– section parole enregistrée- lecture-concert avec le vibraphoniste Alex Grillo : Théâtre de l'Athénor à Saint Nazaire et Pannonica-Jazz-Club de Nantes en décembre 2004 ; Théâtre des Bambous – La Réunion- avril 2005 ; Acropolis –Nice-avril 2006 ; Médiathèque de Gap et Festival du livre de Chateauroux les Alpes : 19/20mai 2006 ; Atelier du Plateau – Paris- 20 janvier 2007 ; Théâtre des Tafurs-Bordeaux-mars 2007 ; Cabaret de la Gare au Théâtre- Vitrysur seine- 7 juin 2007 ; MPAA –auditorium St Germain- Paris 11et 12 juin 2008- ; Leda Atomica Musique – Marseille : 28/11/2008 – ; Rochefort sur Loire : le printemps des poètes -13 mars 2009 ; Les poétiques de Saumur – 12/13 juin 2009… et nombreuses autres représentations}
EXTRAITS D'OUVRAGES
EXTRAITS D'ALIMENTATION GÉNÉRALE
POURQUOI
…les sources recoulent-elles
quand le monde est en danger ?
pourquoi élaguer un orme énorme ?
pourquoi Tahar a-t-il peur en enfonçant sa main
toute entière dans le trou sur la berge du fleuve ?
pourquoi sur de longues tiges d’herbe
les fourmis font-elles leurs Tarzanes ?
pourquoi aimons-nous l’eau claire
dans un verre transparent ?
pourquoi faut-il méditer ? ou au moins écrire ?
pourquoi faut-il lire Arno Schmidt et Tarjei Vesaas
et André Dhôtel et Aaron Shabtaï… et…
(pourquoi les noms s’effacent-ils de ma mémoire ?)
quand ? tant qu’il est temps
ces questions essentielles superficielles
et tant d’autres ALIMENTATION GÉNÉRALE tente de poser
sinon de répondre
ORAGE
orage dans les collines
l’été à peine entamé ça finit
dans un passé qui se rapproche
ce soir encore mal aux lombes
démonté une pauvre armoire de défunte
à transformer en bois de chauffage
à moins que ce ne soit d’échafaudage
- ou de potence
rhus tox plus arnica montana 7 ou 9 ch
massage à quelque huile essentielle
peur de ne pas se lever au matin
la vieillesse ne laisse rien (dé)passer
du passé
TOUS CES PETITS
tous ces petits visages ridés froncés préoccupés
ces masques crispés ces loups noirs ces guignols
alors que l’être est lumière ouverte
phare universel
chauffage central permanent
alors que l’œil unique est le luminaire du monde
lampe des tempêtes et apaisements
- guignols figés sur nos masques et grimaces
méchants agressifs que nous est-il arrivé ?
aveugles ou presque sourdingues
bien mal-entendants dingues (ou presque)
que nous sommes advenus ?
VOIX ET VOIES
je n’ai jamais appris à rire
(si Belle en couleurs quand j’essaie je m’asphyxie)
m’a-t-on appris à prier ? à chanter ? à danser ?
en coïncidence rien du tout toux du rien
un tourbillon d’oiseaux creuse l’espace
vrai volume vide propriété sans borne
alors j’ai inventé mon patois voix
et/ou voies du poème mon dialecte
(ma poésie patois païgran)
naturlicht mon françouze language
mon charabia pataugas il n’est pas zucculent
pourtant pâquerettes en bord
dure de grand totoroute l’ignoble place vôtre
vous l’occupez noblement
soyez remerciées ô gracieuses
LES LIVRES QUI DORMENT
les livres qui dorment sur leurs étagères
(comme une assurance contre la vie)
essentiel de les avoir posés ici ceux-là
aussi essentiel sans doute de ne pas les lire
(comme une assurance sur la mort)
ou alors bien rarement
montagne : brisure de miroir
au mur de bergerie perdue
un vieux partisan y rase soigneusement
son non-visage
o partigiano porta mi via che mi voglio di morir
ALIMENTATION
la couleuvre poursuit le lézard lambert
oh ! ils jouent t’exclames-tu
oui ils jouent et celui qui gagne
bouffe l’autre
QUI RASE QUI ?
chaque matin dans le miroir je me rase
(mon dieu que c’est barbant !)
le visage de mon père m’y regarde
comme je l’observe moi-même
je connais les cicatrices de vie
sur son visage devenu le mien
chaque matin découvre le monde
chaque geste que l’image de mon père
dans le miroir fait ceci n’est pas une pipe
je le refais aussitôt
à moins que ce ne soit mon geste
que mon père reproduit ou moi
qui reproduis le sien à la seconde même
et que je sois moi de l’autre côté du miroir
est-ce ta barbe bleue de barbelés
tes poils rudes que la lame attaque ?
tu me possèdes disent tes yeux
fouillent moi en toi toi en moi
mousse le savon à barbe
le blaireau l’étale sur
l’image du père
vieux sanglier solitaire
sa peau âgée usée
ses rides ses cicatrices ses ravines
la mousse blanche et onctueuse
sur son reflet sur le mien
lis la peur des vieillards
la peur unique de tous
mousse le savon à barbe
glisse la lame sur la peau rêche
PRUNES
je l’ai secoué comme un prunier (qu’il était)
j’ai remplacé dans la glacière
les prunes dont William Carlos s’était régalé
(je n’ai pas laissé de mot à sa femme)
j’ai gardé les autres
ALIMENTATION GÉNÉRALE n° 23
(tout ça pour des prunes ! même pas un panier !
même pas une poignée de figues sèches !)
et je m’en suis retourné
via nos chemins de Patterson
en mille neuf cent 33
CHEZ MADAME BLANC DE COLLONGUES
…il y a bien des années des décennies
chez Madame Blanc de Collongues
dans sa cuisine sombre en son minuscule village
dans l’immense montagne nous sommes restés
une longue après-midi des plus belles de ma vie
le poêle ronflait bûche après bûche
buvant du chocolat ou du café très chaud
nous n’avions rien à dire
le soir lent remplissait la cuisine
dehors le village la montagne
soit le reste du monde
enfin Monsieur Blanc le Forestier est rentré
quelqu’un a allumé l’électricité
- à contre-cœur m’a-t-il semblé
POURQUOI
…les sources recoulent-elles
quand le monde est en danger ?
pourquoi élaguer un orme énorme ?
pourquoi Tahar a-t-il peur en enfonçant sa main
toute entière dans le trou sur la berge du fleuve ?
pourquoi sur de longues tiges d’herbe
les fourmis font-elles leurs Tarzanes ?
pourquoi aimons-nous l’eau claire
dans un verre transparent ?
pourquoi faut-il méditer ? ou au moins écrire ?
pourquoi faut-il lire Arno Schmidt et Tarjei Vesaas
et André Dhôtel et Aaron Shabtaï… et…
(pourquoi les noms s’effacent-ils de ma mémoire ?)
quand ? tant qu’il est temps
ces questions essentielles superficielles
et tant d’autres ALIMENTATION GÉNÉRALE tente de poser
sinon de répondre
ORAGE
orage dans les collines
l’été à peine entamé ça finit
dans un passé qui se rapproche
ce soir encore mal aux lombes
démonté une pauvre armoire de défunte
à transformer en bois de chauffage
à moins que ce ne soit d’échafaudage
- ou de potence
rhus tox plus arnica montana 7 ou 9 ch
massage à quelque huile essentielle
peur de ne pas se lever au matin
la vieillesse ne laisse rien (dé)passer
du passé
TOUS CES PETITS
tous ces petits visages ridés froncés préoccupés
ces masques crispés ces loups noirs ces guignols
alors que l’être est lumière ouverte
phare universel
chauffage central permanent
alors que l’œil unique est le luminaire du monde
lampe des tempêtes et apaisements
- guignols figés sur nos masques et grimaces
méchants agressifs que nous est-il arrivé ?
aveugles ou presque sourdingues
bien mal-entendants dingues (ou presque)
que nous sommes advenus ?
VOIX ET VOIES
je n’ai jamais appris à rire
(si Belle en couleurs quand j’essaie je m’asphyxie)
m’a-t-on appris à prier ? à chanter ? à danser ?
en coïncidence rien du tout toux du rien
un tourbillon d’oiseaux creuse l’espace
vrai volume vide propriété sans borne
alors j’ai inventé mon patois voix
et/ou voies du poème mon dialecte
(ma poésie patois païgran)
naturlicht mon françouze language
mon charabia pataugas il n’est pas zucculent
pourtant pâquerettes en bord
dure de grand totoroute l’ignoble place vôtre
vous l’occupez noblement
soyez remerciées ô gracieuses
LES LIVRES QUI DORMENT
les livres qui dorment sur leurs étagères
(comme une assurance contre la vie)
essentiel de les avoir posés ici ceux-là
aussi essentiel sans doute de ne pas les lire
(comme une assurance sur la mort)
ou alors bien rarement
montagne : brisure de miroir
au mur de bergerie perdue
un vieux partisan y rase soigneusement
son non-visage
o partigiano porta mi via che mi voglio di morir
ALIMENTATION
la couleuvre poursuit le lézard lambert
oh ! ils jouent t’exclames-tu
oui ils jouent et celui qui gagne
bouffe l’autre
QUI RASE QUI ?
chaque matin dans le miroir je me rase
(mon dieu que c’est barbant !)
le visage de mon père m’y regarde
comme je l’observe moi-même
je connais les cicatrices de vie
sur son visage devenu le mien
chaque matin découvre le monde
chaque geste que l’image de mon père
dans le miroir fait ceci n’est pas une pipe
je le refais aussitôt
à moins que ce ne soit mon geste
que mon père reproduit ou moi
qui reproduis le sien à la seconde même
et que je sois moi de l’autre côté du miroir
est-ce ta barbe bleue de barbelés
tes poils rudes que la lame attaque ?
tu me possèdes disent tes yeux
fouillent moi en toi toi en moi
mousse le savon à barbe
le blaireau l’étale sur
l’image du père
vieux sanglier solitaire
sa peau âgée usée
ses rides ses cicatrices ses ravines
la mousse blanche et onctueuse
sur son reflet sur le mien
lis la peur des vieillards
la peur unique de tous
mousse le savon à barbe
glisse la lame sur la peau rêche
PRUNES
je l’ai secoué comme un prunier (qu’il était)
j’ai remplacé dans la glacière
les prunes dont William Carlos s’était régalé
(je n’ai pas laissé de mot à sa femme)
j’ai gardé les autres
ALIMENTATION GÉNÉRALE n° 23
(tout ça pour des prunes ! même pas un panier !
même pas une poignée de figues sèches !)
et je m’en suis retourné
via nos chemins de Patterson
en mille neuf cent 33
CHEZ MADAME BLANC DE COLLONGUES
…il y a bien des années des décennies
chez Madame Blanc de Collongues
dans sa cuisine sombre en son minuscule village
dans l’immense montagne nous sommes restés
une longue après-midi des plus belles de ma vie
le poêle ronflait bûche après bûche
buvant du chocolat ou du café très chaud
nous n’avions rien à dire
le soir lent remplissait la cuisine
dehors le village la montagne
soit le reste du monde
enfin Monsieur Blanc le Forestier est rentré
quelqu’un a allumé l’électricité
- à contre-cœur m’a-t-il semblé