BIOBIBLIOGRAPHIE
Laure Gauthier vit à Paris. Elle enseigne la littérature de langue allemande et les études filmiques à l’Université de Reims.
Dans ses textes poétiques, la fragilité et la transparence de l’être entrent en tension avec les obsessions de la société – la violence, l’étouffement du langage poétique, le sacrifice de l’intime notamment dans les clichés photographiques et les faits divers, l’obsession de l’origine et l’exotisme. Laure Gauthier entend faire sortir le langage de ses gonds, l’arracher à sa géographie : dans sa première œuvre marie weiss rot / marie blanc rouge (Delatour-France, 2013), écrite en allemand avant d’être retraduite en français par Laurent Cassagnau en collaboration avec elle-même, l’étouffement qui menace la voix de marie fait surgir un « langage avalanche », entre les langues, sans territoire.
La violence faite à la langue menace l’intégrité du texte poétique et influence sa forme : insertion de didascalies et éléments dramatiques dans marie blanc rouge, faits divers retravaillés qui envahissent le récit dans La cité dolente. Elle accorde une place particulière à l’énonciation, au statut de la voix poétique : trois voix contre une dans marie weiss rot, les voix de villon et de ses « autres » dans je neige, ou encore une voix circulaire qui « saute » par-delà la marge et se déroule par-delà les pages dans Le terme des lamentations (inédit).
Ses textes sont également publiés en revues notamment dans Vacarme, Babel heureuse, PLS, manuskripte, Phoenix ou encore Remue.net.
Ce travail poétique sur la voix se poursuit par une collaboration avec des compositeurs/trices dans la recherche de nouvelles architectures poétiques, scéniques et musicales : « Nun hab’ ich nichts mehr » (commande du Teatro Regio di Parma, créé le 13.10.2016) est une pièce pour soprano coloratura, ensemble et électronique composée par Fabien Lévy ; tandis que « Back into Nothingness » est un monodrame essentiellement parlé pour actrice-soprane, chœur et électronique, composé par Nuria Gimenez-Comas (production Grame cncm et Spirito, coprod. Ircam, Festival Archipel-Genève et TNP) qui sera créé au TNP les 16 et 17 mars 2018.
Ses publications scientifiques (articles, essais) portent sur les liens entre la musique et le texte dans les œuvres vocales de l’espace germanique (XVIIe-XXIe s.), et sur la création multimédias contemporaine.
Recueils poétiques :
marie weiss rot / marie blanc rouge, Delatour, 2013
La cité dolente, Châtelet-Voltaire, 2015.
kaspar de pierre, La lettre volée, novembre 2017.
Publications en revue :
Nun hab’ ich nichts mehr, dans Babel Heureuse n°1, avril 2017, p. 188-203 (https://www.gwencatalaediteur.fr/babel-heureuse-1-laure-gauthier-1 )
Je neige (entre les mots de villon). Parution d’un extrait in : PLS, n°7, mai 2017, p. 83-88.
Ich schneie (zwischen den Wörtern villons), parution d’un extrait traduit en allemand par Andreas Unterweger : manuskripte, n°215, mars 2017, p. 110-115.
kaspar de pierre. Parution d’un extrait « maison 1 » : remue.net, août 2017 (http://remue.net/spip.php?article9031 )
Les monologues de marie, texte et deux extraits du film de Jean-Marc Chouvel (2016, réalisé avec le soutien du CNC, Commission DICRéAM 2013) d’après marie weiss rot / marie blanc rouge (Delatour, 2013), in : remue.net, septembre 2017 (http://remue.net/spip.php?article9063 )
« lecture de kaspar de pierre », Le Cahier du Refuge, n°265, octobre 2017, p. 9-17.
entre les mots de villon. Parution d’un extrait, in : Phoenix, n°26, été 2017, p. 120-121.
Voir :
https://www.laure-gauthier.com
http://www.cipmarseille.com/auteur_fiche.php?id=2451
http://www.m-e-l.fr/laure-gauthier,ec,1094
Dans ses textes poétiques, la fragilité et la transparence de l’être entrent en tension avec les obsessions de la société – la violence, l’étouffement du langage poétique, le sacrifice de l’intime notamment dans les clichés photographiques et les faits divers, l’obsession de l’origine et l’exotisme. Laure Gauthier entend faire sortir le langage de ses gonds, l’arracher à sa géographie : dans sa première œuvre marie weiss rot / marie blanc rouge (Delatour-France, 2013), écrite en allemand avant d’être retraduite en français par Laurent Cassagnau en collaboration avec elle-même, l’étouffement qui menace la voix de marie fait surgir un « langage avalanche », entre les langues, sans territoire.
La violence faite à la langue menace l’intégrité du texte poétique et influence sa forme : insertion de didascalies et éléments dramatiques dans marie blanc rouge, faits divers retravaillés qui envahissent le récit dans La cité dolente. Elle accorde une place particulière à l’énonciation, au statut de la voix poétique : trois voix contre une dans marie weiss rot, les voix de villon et de ses « autres » dans je neige, ou encore une voix circulaire qui « saute » par-delà la marge et se déroule par-delà les pages dans Le terme des lamentations (inédit).
Ses textes sont également publiés en revues notamment dans Vacarme, Babel heureuse, PLS, manuskripte, Phoenix ou encore Remue.net.
Ce travail poétique sur la voix se poursuit par une collaboration avec des compositeurs/trices dans la recherche de nouvelles architectures poétiques, scéniques et musicales : « Nun hab’ ich nichts mehr » (commande du Teatro Regio di Parma, créé le 13.10.2016) est une pièce pour soprano coloratura, ensemble et électronique composée par Fabien Lévy ; tandis que « Back into Nothingness » est un monodrame essentiellement parlé pour actrice-soprane, chœur et électronique, composé par Nuria Gimenez-Comas (production Grame cncm et Spirito, coprod. Ircam, Festival Archipel-Genève et TNP) qui sera créé au TNP les 16 et 17 mars 2018.
Ses publications scientifiques (articles, essais) portent sur les liens entre la musique et le texte dans les œuvres vocales de l’espace germanique (XVIIe-XXIe s.), et sur la création multimédias contemporaine.
Recueils poétiques :
marie weiss rot / marie blanc rouge, Delatour, 2013
La cité dolente, Châtelet-Voltaire, 2015.
kaspar de pierre, La lettre volée, novembre 2017.
Publications en revue :
Nun hab’ ich nichts mehr, dans Babel Heureuse n°1, avril 2017, p. 188-203 (https://www.gwencatalaediteur.fr/babel-heureuse-1-laure-gauthier-1 )
Je neige (entre les mots de villon). Parution d’un extrait in : PLS, n°7, mai 2017, p. 83-88.
Ich schneie (zwischen den Wörtern villons), parution d’un extrait traduit en allemand par Andreas Unterweger : manuskripte, n°215, mars 2017, p. 110-115.
kaspar de pierre. Parution d’un extrait « maison 1 » : remue.net, août 2017 (http://remue.net/spip.php?article9031 )
Les monologues de marie, texte et deux extraits du film de Jean-Marc Chouvel (2016, réalisé avec le soutien du CNC, Commission DICRéAM 2013) d’après marie weiss rot / marie blanc rouge (Delatour, 2013), in : remue.net, septembre 2017 (http://remue.net/spip.php?article9063 )
« lecture de kaspar de pierre », Le Cahier du Refuge, n°265, octobre 2017, p. 9-17.
entre les mots de villon. Parution d’un extrait, in : Phoenix, n°26, été 2017, p. 120-121.
Voir :
https://www.laure-gauthier.com
http://www.cipmarseille.com/auteur_fiche.php?id=2451
http://www.m-e-l.fr/laure-gauthier,ec,1094
EXTRAITS
1/ Extraits de « kaspar de pierre » ( La lettre volée, 2017, p. 7-10)
MARCHE
ai couru, nu d’automne vers les maisons basses
avec la lourdeur du gravier
et mes semelles de peau
Ce chemin vers rien de certain
qui se brise en bruissements rances
pas même une ronce connue, ni le terme, ai caché donc
mon visage en terre,
apaisé à la douceur de la motte, son odeur
Et que faire du dédale de l’air ?
Jl bombb le poumon, ne sait que le tournoiement,
Tendu au monde ai louché vers le soleil là-bas, et titubé plus
loin, blanc d’absences et
Sans questions
Et jamais d’exclamation en moi, pas d’étonnement, ni même un
trait ni le point,
Les orteils cramponnés sur les mottes inconnues
Jl courrrr tronqué vers le champ toujours à nouveau de tourne-
sols des larmes perdues, qui pourraient s’étouffer sous le menton,
si avais un jabot!
Ma tête est l’estomac d’une poule,
chaque image vient que dois digérer, concasser, en dedans la poche
sourde éloquence d’une tête pleine d’air et de bruits de bris,
qui s’arrêtent, de verre, en moi,
Mais pourquoi la chronique ne raconte-t-elle pas que perdu dans le jaune?
et qu’alors le genou posé devant la première fleur ?
Moi qui allais découvrir les nuages et l’écrit à la même seconde,
(ce que me dit l’évasement du souvenir)
entendis le papier se froisser à la lettre illisible
que jl devvv tracer
soudain et qui signifia bientôt : MARCHER
En sortant me souvenais des nuages
Comme l’aveugle se figure le cercle
***
Jl courrrr tronqué vers le champ toujours à nouveau de tourne-
sols
des larmes perdues, qui pourraient s’étouffer sous le menton,
si j’avais un jabot !
Ma tête est l’estomac d’une poule,
chaque image vient que je dois digérer, concasser,
en dedans la poche
sourde éloquence d’une tête pleine d’air et de bruits de bris,
au rythme des images
qui s’arrêtent, de verre, en moi,
Mais pourquoi la chronique ne raconte-t-elle pas que me suis perdu dans le jaune ?
et qu’alors le genou posé devant la première fleur ?
Moi qui allais découvrir les nuages et l’écrit à la même seconde,
(ce que me dit l’évasement du souvenir)
entendis le papier se froisser à la lettre illisible que
jl devvv tracer
soudain
et qui signifia bientôt : MARCHER
En sortant me souvenais des nuages
comme l’aveugle se figure le cercle
Et là parmi les hautes fagnes, me fraie un passage à hauteur d’épaules
Et vois le phototrope s’incliner à mes pas
Et plus jl marchch ch ch plus les soleils devenaient lourds et noirs
arrivai donc au pays capitulé,
la terre me donnait froid sous les ongles
mes plantes usées un peu rouges déjà
d’où ?
2/ « La cité dolente » (paru aux éditions Châtelet-Voltaire, 2015, p. 33-35)
Homme lézardé, qui relâche le lien, je t’éloigne sans reproche.
Je suis parti, hier, comme mon chat jadis
À la gorge verte
Me coucher dans les framboisiers pour y demeurer.
Comprends- le !
Laisse-moi donc au fond du potager
Contempler, en âge,
Les légumes un à un.
Ne viens pas – torturer
Mon ventre sans semence. Laisse-moi mes plaisirs de saison
Le kaléidoscope de l’âge.
Je ne veux plus broyer
De nouvelles coques
Laisse-moi rouvrir mes vieux coffres à bijoux
Les hommes aussi en ont certains,
Égrainer de mes doigts trop longs les perles désassorties.
Saute par la fenêtre de l’hospice,
brise toi les jambes,
jusqu’aux genoux.
Porte alors l’humilité de cette blessure,
tu prendras le ressac à bras le corps, à hauteur de sein,
tu sauras ce que cela fait,
jambes brisées de boire la tasse
Du grand bassin,
sentiment de plastique
Ton sourire se figera au moment du ressac,
Et tu verras comment l’on se sent, toujours à marée basse,
d’une mer qui ne veut plus remonter,
Les pieds nus dans ce sable brun, trop loin d’un rivage escarpé ;
L’horizon humide, les regrets vifs, se massant comme des buvards, aspirant les souvenirs, la dernière lumière, et que, la peau rêche, l’œil sans éclat, tu pleureras à grosses larmes, appelant ta mère morte.
Je veux vivre une saison
Sans amour
Transparence indésirante
Dépossédé
Sans objets.
Voir !
je ne hurle pas dans mon lit automatique.
Je n’ai que blêmi à la vue de la chemise de nuit vert d’eau qu’on m’a tendue ; pas un son en découvrant, parsemées dans la pièce, les cordelettes d’appel. J’ai perdu la vue, un instant, ébloui par l’avenir qu’elles me promettent, j’ai perdu la vue ce jour.
Enfant, j’ai pleuré devant une maison de pierre
dont l’on obstruait les ouvertures.
Je me suis vu tituber, à la recherche des issues, souriant vers le
cadre merveilleux de l’horizon
(mais plus de passage entre dehors et dedans)
Nous ne pouvons plus que finir courbes.
À pleurer sur des tables en formica.
3/ Extrait inédit de « je neige (entre les mots de villon) » ( La Lettre volée, 2018)
villon
On publie mes œuvres
reliées avec du cuir comme on rassemble des livres saints comme le sang
coagule
dans le bac de l’hommage
Et personne donc pour déchirer le papier du verdict ?
Trop de brèches à colmater
Mot mortier
Re-tiens
Creuser ailleurs la faille
de dire
J’écris toujours dans la neige
me figure le doigt
sans le froid
Pour un mot inarticulé
qui, magie blanche
s’écrit
Voix 1
Que reste-t-il quand on se départit du brillant ?
Toutes les voix
Partir dans la langue pour se départir
Voix 2
Secouer le cocotier des préséances à coup de huitains
Se dédire du bruit de l’avoir
tombant au sol
voix de villon, de loin
je blanc, suis arrivé te voir
à sept ans les mains vides
suis resté dans le murmure au chaud
près de toi, à chuchoter tout /
ce que je n’avais pas
Et à me balader léger sans obsession patrimoniale
Léguer, c’est dilapider / lapider ses biens / pour les entendre résonner
vides
MARCHE
ai couru, nu d’automne vers les maisons basses
avec la lourdeur du gravier
et mes semelles de peau
Ce chemin vers rien de certain
qui se brise en bruissements rances
pas même une ronce connue, ni le terme, ai caché donc
mon visage en terre,
apaisé à la douceur de la motte, son odeur
Et que faire du dédale de l’air ?
Jl bombb le poumon, ne sait que le tournoiement,
Tendu au monde ai louché vers le soleil là-bas, et titubé plus
loin, blanc d’absences et
Sans questions
Et jamais d’exclamation en moi, pas d’étonnement, ni même un
trait ni le point,
Les orteils cramponnés sur les mottes inconnues
Jl courrrr tronqué vers le champ toujours à nouveau de tourne-
sols des larmes perdues, qui pourraient s’étouffer sous le menton,
si avais un jabot!
Ma tête est l’estomac d’une poule,
chaque image vient que dois digérer, concasser, en dedans la poche
sourde éloquence d’une tête pleine d’air et de bruits de bris,
qui s’arrêtent, de verre, en moi,
Mais pourquoi la chronique ne raconte-t-elle pas que perdu dans le jaune?
et qu’alors le genou posé devant la première fleur ?
Moi qui allais découvrir les nuages et l’écrit à la même seconde,
(ce que me dit l’évasement du souvenir)
entendis le papier se froisser à la lettre illisible
que jl devvv tracer
soudain et qui signifia bientôt : MARCHER
En sortant me souvenais des nuages
Comme l’aveugle se figure le cercle
***
Jl courrrr tronqué vers le champ toujours à nouveau de tourne-
sols
des larmes perdues, qui pourraient s’étouffer sous le menton,
si j’avais un jabot !
Ma tête est l’estomac d’une poule,
chaque image vient que je dois digérer, concasser,
en dedans la poche
sourde éloquence d’une tête pleine d’air et de bruits de bris,
au rythme des images
qui s’arrêtent, de verre, en moi,
Mais pourquoi la chronique ne raconte-t-elle pas que me suis perdu dans le jaune ?
et qu’alors le genou posé devant la première fleur ?
Moi qui allais découvrir les nuages et l’écrit à la même seconde,
(ce que me dit l’évasement du souvenir)
entendis le papier se froisser à la lettre illisible que
jl devvv tracer
soudain
et qui signifia bientôt : MARCHER
En sortant me souvenais des nuages
comme l’aveugle se figure le cercle
Et là parmi les hautes fagnes, me fraie un passage à hauteur d’épaules
Et vois le phototrope s’incliner à mes pas
Et plus jl marchch ch ch plus les soleils devenaient lourds et noirs
arrivai donc au pays capitulé,
la terre me donnait froid sous les ongles
mes plantes usées un peu rouges déjà
d’où ?
2/ « La cité dolente » (paru aux éditions Châtelet-Voltaire, 2015, p. 33-35)
Homme lézardé, qui relâche le lien, je t’éloigne sans reproche.
Je suis parti, hier, comme mon chat jadis
À la gorge verte
Me coucher dans les framboisiers pour y demeurer.
Comprends- le !
Laisse-moi donc au fond du potager
Contempler, en âge,
Les légumes un à un.
Ne viens pas – torturer
Mon ventre sans semence. Laisse-moi mes plaisirs de saison
Le kaléidoscope de l’âge.
Je ne veux plus broyer
De nouvelles coques
Laisse-moi rouvrir mes vieux coffres à bijoux
Les hommes aussi en ont certains,
Égrainer de mes doigts trop longs les perles désassorties.
Saute par la fenêtre de l’hospice,
brise toi les jambes,
jusqu’aux genoux.
Porte alors l’humilité de cette blessure,
tu prendras le ressac à bras le corps, à hauteur de sein,
tu sauras ce que cela fait,
jambes brisées de boire la tasse
Du grand bassin,
sentiment de plastique
Ton sourire se figera au moment du ressac,
Et tu verras comment l’on se sent, toujours à marée basse,
d’une mer qui ne veut plus remonter,
Les pieds nus dans ce sable brun, trop loin d’un rivage escarpé ;
L’horizon humide, les regrets vifs, se massant comme des buvards, aspirant les souvenirs, la dernière lumière, et que, la peau rêche, l’œil sans éclat, tu pleureras à grosses larmes, appelant ta mère morte.
Je veux vivre une saison
Sans amour
Transparence indésirante
Dépossédé
Sans objets.
Voir !
je ne hurle pas dans mon lit automatique.
Je n’ai que blêmi à la vue de la chemise de nuit vert d’eau qu’on m’a tendue ; pas un son en découvrant, parsemées dans la pièce, les cordelettes d’appel. J’ai perdu la vue, un instant, ébloui par l’avenir qu’elles me promettent, j’ai perdu la vue ce jour.
Enfant, j’ai pleuré devant une maison de pierre
dont l’on obstruait les ouvertures.
Je me suis vu tituber, à la recherche des issues, souriant vers le
cadre merveilleux de l’horizon
(mais plus de passage entre dehors et dedans)
Nous ne pouvons plus que finir courbes.
À pleurer sur des tables en formica.
3/ Extrait inédit de « je neige (entre les mots de villon) » ( La Lettre volée, 2018)
villon
On publie mes œuvres
reliées avec du cuir comme on rassemble des livres saints comme le sang
coagule
dans le bac de l’hommage
Et personne donc pour déchirer le papier du verdict ?
Trop de brèches à colmater
Mot mortier
Re-tiens
Creuser ailleurs la faille
de dire
J’écris toujours dans la neige
me figure le doigt
sans le froid
Pour un mot inarticulé
qui, magie blanche
s’écrit
Voix 1
Que reste-t-il quand on se départit du brillant ?
Toutes les voix
Partir dans la langue pour se départir
Voix 2
Secouer le cocotier des préséances à coup de huitains
Se dédire du bruit de l’avoir
tombant au sol
voix de villon, de loin
je blanc, suis arrivé te voir
à sept ans les mains vides
suis resté dans le murmure au chaud
près de toi, à chuchoter tout /
ce que je n’avais pas
Et à me balader léger sans obsession patrimoniale
Léguer, c’est dilapider / lapider ses biens / pour les entendre résonner
vides